La vallée de la Bruche, entre Vosges et Alsace
Un héritage protestant toujours présent en Alsace
Peu après sa source, la Bruche traverse la Clairière du Hang, qui accueillit, au 18e s, des paysans suisses de la communauté mennonite. Ces protestants étaient devenus anabaptistes au moment de la Réforme, au 16e s. C'est-à-dire qu’ils ne reconnaissaient pas la valeur du baptême pour les enfants, estimant qu’il fallait être plus âgé pour être capable de choisir sa religion. Réfugiés dans la vallée de la Bruche, ils vivaient d’agriculture et d’élevage. Puis la plupart ont émigré, au 19e s, vers les Amériques : États-Unis, Canada, Belize, etc.
Ce sont les comtes de Salm qui les avaient acceptés sur leurs terres. Les ruines du château de Salm subsistent dans le hameau du même nom, à 800 m d’altitude. Érigé au début du 13e s, il fut détruit plusieurs fois avant d’être définitivement abandonné environ 350 ans plus tard. Sur le plateau que domine l’ancienne forteresse, un immense chêne déploie sa silhouette majestueuse : vieux de plus de 200 ans, on dit qu’il a été planté par des Mennonites en 1793.
Sur le versant opposé de la vallée, Fouday, bourgade en bord de Bruche, est le point de départ du sentier Oberlin. C’est le patronyme d’un pasteur né à Strasbourg en 1740 et mort ici en 1826. Il est enterré dans le cimetière de l’église protestante, dont le clocher remonte au 12e s.
Un chemin fléché conduit au musée Jean-Frédéric Oberlin, installé dans le presbytère de Waldersbach, où il résida durant une grande partie de son existence. Sur ce territoire de Ban de la Roche, il mena à bien sa mission d’amélioration des conditions de vie. À partir de 1769, il donna accès à l’éducation pour tous : garçons et filles, et ce dès le plus jeune âge, dans des lieux appelés « poêles à tricoter », avec des « conductrices de la tendre enfance » chargées de développer l’apprentissage par le jeu et l’éveil au monde. Ce grand pédagogue ouvrit des écoles dans les villages des environs et rendit les cours obligatoires jusqu’à 16 ans. Il contribua aussi à améliorer l’agriculture et l’accès à la région en faisant construire routes et ponts.
Il faut donc bien tout un musée pour retracer son œuvre sociale : des collections variées de jouets, herbiers, fiches pédagogiques et cartes sont exposées de façon ludique et didactique. Dans ce lieu vivant et interactif, agrémenté d’un potager et d’un verger, sont régulièrement organisés concerts, conférences et ateliers.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Stéphanie Condis