La vallée de la Bruche, entre Vosges et Alsace
La Bruche, une vallée alsacienne marquée par l’histoire
Saâles, commune à l’extrémité sud de la vallée de la Bruche, se trouvait sur la frontière entre la France et l’Allemagne de 1871 à 1918. C’est pourquoi, un peu plus au nord dans la vallée, l’empereur Guillaume II fit bâtir le fort de Mutzig à partir de 1893, pour empêcher une éventuelle attaque française sur la plaine d’Alsace.
Cet incroyable ouvrage, en grande partie enterré dans la colline, s’étend sur plus de 250 hectares et pouvait héberger 7 000 militaires. Protégée par 22 tourelles, la forteresse est la première à avoir été bétonnée et électrifiée, servant par la suite de modèle à d’autres systèmes de défense, comme la ligne Maginot. La visite se déroule sur 2 km, entre salle des machines, dortoirs, cuisine, infirmerie, tranchées et postes de tir qui offrent une superbe vue panoramique.
Ce sont ensuite les Nazis qui ont occupé la région et implanté à Natzwiller, en 1941, un camp de travail et de concentration. Jusqu’en 1944, le Struthof a été un enfer sur terre pour 52 000 prisonniers, dont 20 000 n’ont pas survécu aux mauvais traitements destinés à les faire mourir d’épuisement. Ces forçats étaient des résistants, opposants politiques, déportés juifs, témoins de Jehovah, tziganes et homosexuels, de 32 nationalités différentes. Les Nazis cherchaient à les faire disparaître sans laisser de trace, selon les directives « Nacht und Nebel », ou nuit et brouillard.
Aujourd’hui, le site de 4,5 hectares est dédié au souvenir de ces victimes avec un musée ainsi que le Centre européen du résistant déporté (CERD) et une sculpture géante sur le Mont Louise, symbolisant une flamme blanche.
Elle est visible depuis la terrasse du Mémorial de l’Alsace-Moselle à Schirmeck, sur l’autre rive de la Bruche. Cet espace interactif rappelle qu’entre 1871, date de l’annexion par le Reich de l’Alsace et de la Moselle, jusqu’en 1945, les habitants de ces deux régions ont dû changer quatre fois de nationalité.
La muséographie très moderne reconstitue les étapes clés de cette période, dans des décors représentant un ouvrage de défense de la ligne Maginot ou une forêt la nuit comme lors des passages en zone non occupée. Sont relatés le déplacement de 600 000 personnes du front vers les départements de la Dordogne et la Haute-Vienne ou encore la germanisation forcée menée par le IIIe Reich, modifiant les noms et prénoms des gens ainsi que les plaques des rues.
La visite se termine par l’espoir et la paix, engendrés par la construction de l’Union européenne, avec des films, jeux et témoignages précieux, pour ne rien oublier du passé tout en regardant vers l’avenir.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Stéphanie Condis