Pays basque : en Biscaye, autour de Bilbao

Pays basque : en Biscaye, autour de Bilbao
San Juan de Gaztelugatxe © jon_chica - stock.adobe.com

Le Pays basque ne se résume pas à Bilbao, son énergique capitale. Car la Biscaye, c’est aussi 150 km de côtes découpées, de chapelets de ports charmeurs à picorer, de plages animées. C’est encore sa ruralité au patrimoine historique éclectique saupoudré d’une certaine mélancolie les jours de pluie. C’est enfin la rugueuse minéralité de ses montagnes emmitouflées dans une incroyable palette de verts et de bruns. Vamos !

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Getxo, aller à la plage en métro…

Getxo, aller à la plage en métro…
Plage et habitations de Getxo © mimadeo - stock.adobe.com

Ici, la plage n’est jamais très loin… On prend le métro à Bilbao et, une demi-heure plus tard, il ne reste qu’à choisir son coin de plage à Getxo, dans la baie d’El Abra. On peut aussi arriver en bateau, et passer sous le pont-transbordeur Puente Bizkaia. Avec un peu de temps, on peut même y grimper – en ascenseur – pour une vue sensationnelle.

Getxo ? Cinq quartiers pour autant d’ambiances. L’océan comme bouclier, et le vieux port d’Algortaportu Zaharra – qui livre volontiers ses secrets. Ses origines remontent aux 17e et 18e s, lorsque la pêche côtière se développe et que les marins, habitués aux traîtres bancs de sable, pilotent aisément les navires pour leur éviter le naufrage. Pour les plus malchanceux, ils créent même un poste de Sauvetage des Naufragés et, en 1634 la Confrérie des Marins de San Nicolás d’Algorta afin de réglementer les activités portuaires.

Moulin d'Aixerrota © petrrgoskov - stock.adobe.com

Le quartier a une âme, avec ses maisons de pêcheurs qui dégringolent la colline et ses bars étriqués. Les plus sportifs grimpent jusqu’à la route des falaises pour voir le moulin d'Aixerrota, le fort de La Galea et l'église d'Andra Mari avec sa déco baroque. Quel contraste avec les villas cossues de Neguri ! Érigées à la fin du 19e s et au début du 20e s, c’est un petit florilège d’architecture. Traditionnelles d’abord, et reconnaissables à leurs toits à deux versants peu inclinés. Anglaises pour la majorité, qui se targuent d’être les plus chics – et plus alambiquées ! – ou un doux mélange entre gothique et baroque. Vous choisiriez laquelle ?

Le + de routard.com :

Réservez votre dîner au restaurant Tamarises Izarra, face à la plage d’Ereaga. Chic juste ce qu’il faut, on y déguste une cuisine bistronomique et locale, où terre et mer se répondent avec une jolie finesse. Demandez une table à l’étage, les larges baies vitrées assurent le show de superbes couchers de soleil.

Flâner dans le village de pêcheurs basque de Bermeo

Flâner dans le village de pêcheurs basque de Bermeo
Port de Bermeo © Jose Ignacio Soto - stock.adobe.com

De là, une demi-heure suffit pour arriver à Bermeo, lové dans l’estuaire d’Urdaibai au nord-est de Bilbao. Autour du pittoresque port où se balancent doucement les bateaux de plaisance, une armée de maisons colorées fait la ronde.

Véritable image de carte postale, l’ancienne capitale de la Biscaye distille un patrimoine médiéval aussi charmant que disparate. On y va le matin, lorsque le village s’éveille doucement. On se laisse happer par les ruelles qui grimpent à l’assaut de l’église Santa Maria, plus loin celle de San Francisco et de son joli cloître.

Une tour gothique ? C’est Ercilla, monument national qui abrite le musée du Pêcheur. On ne manque pas les vues, nombreuses, sur l'îlot d'Izaro. De son couvent franciscain du 16e siècle ne subsiste que des vestiges, inaccessibles depuis que la Réserve de la biosphère en interdit l’accès. Les seuls habitants à vous narguer ? Les colonies d’oiseaux marins.

Un coup d’œil au singulier casino érigé à la fin du 19e s et reconverti en restaurant et voilà comme une envie de revenir vers le port... Les bars s’animent, les vitrines des comptoirs s’emplissent de pintxos : Bermeo se prête volontiers à une halte pour déjeuner.

Le + de routard.com :

Dans un recoin du port, une petite boutique Arroyabe, l’endroit parfait pour faire le plein de sardines, coques, moules, anchois ou ventrêche de thon. Le choix est limité mais les conserves joliment présentées. Idéal en cadeau…. Ou à garder pour soi !

San Juan de Gaztelugatxe, la forteresse de pierre basque

San Juan de Gaztelugatxe, la forteresse de pierre basque
Escalier de San Juan de Gaztelugatxe © Pascale Missoud

Il faut compter 25 minutes depuis Bermeo, 45 minutes de Bilbao pour atteindre San Juan de Gaztelugatxe. Il y a comme un air de déjà-vu pour les fans de Games of Thrones : la maison Targaryen et les dragons de Daenerys survolant l’escalier, c’est ici !

Narguant la mer Cantabrique, mais cramponné au continent par un pont, cet espace naturel protégé dépend de la ville de Bermeo. Deux chemins permettent de relier le rocher : Urizarreta, avec sa pente de 35 % est le plus court, mais le plus ardu à remonter ! Un coup d’œil à la plage, guère hospitalière en contrebas, et l’on s’arme de courage pour gravir les 241 marches du chemin de croix. C’est raide, ça tourne, mais chaque virage dévoile des vues spectaculaires sur la côte et ses falaises.

Chapelle dédiée à Saint Jean-Baptiste © Fotokon - stock.adobe.com

Il se dit que Saint Jean-Baptiste lui-même a laissé son empreinte sur la dernière des marches. Ce qui est sûr, c’est qu’on y trouve une ravissante chapelle du 9e s dédiée à ce même Jean-Baptiste. Pillée, remaniée, incendiée par le corsaire anglais Francis Drake, elle est toujours debout ! À l’intérieur, on grimpe sur l’escabeau pour faire tinter trois fois la cloche tout en faisant un vœu.

À côté, un petit refuge doté d’une cheminée et de tables pour pique-niquer. Comptez 35 minutes d’un bon pas et le cœur qui s’emballe parfois pour retourner jusqu’au restaurant près du parking. Quelques pintxos et un verre de mosto – moût de raisin – seront les bienvenus !

Le + de routard.com :

Le site, fragilisé, subit des travaux de réparation. La réservation est gratuite mais obligatoire  sur le site officiel.  Si l’îlot est accessible de 8 h à 19 h, de mars à novembre – mais pas tous les jours – l’église est rarement ouverte : renseignez-vous ! On n’oublie ni les chaussures de rando, ni la crème solaire et encore moins l’eau : il fait très chaud en été.

S’immerger dans l’histoire basque à Guernica-Lumo

S’immerger dans l’histoire basque à Guernica-Lumo
Guernica © tichr - stock.adobe.com

S’il est un endroit symbolique en Espagne, c’est bien Guernica. Située à une demi-heure de Bilbao, la cité républicaine a été bombardée sans relâche par les Allemands et les Italiens – soutenant les troupes nationalistes de Franco – le lundi 26 avril 1937. 85 % des bâtiments furent totalement détruits, c’est une certitude. Plus de 1 600 personnes auraient péri, le chiffre exact n’a pu être prouvé.

Passage obligé par l’émouvant musée de la Paix qui retrace, avec force détails et documents, les heures sombres de la ville. Si l’événement reste aujourd’hui gravé dans les mémoires, c’est surtout grâce au tableau éponyme de Picasso. Ce dernier est sujet à controverses depuis quelques années : la toile évoquait-elle vraiment les horreurs de la guerre ? Le peintre ne l’a-t-il pas utilisé, en la baptisant ainsi, pour accroître sa notoriété lors de l’Exposition universelle de 1937 à Paris ? Aujourd’hui exposée au musée national Reina Sofía à Madrid, on en voit, rue Pedro de Elejalde, une copie en céramique.

Casa de Juntas © Mark - stock.adobe.com

De la ville, reconstruite, on visite aussi la Casa de Juntas (Maison des Assemblées) où se réunissent toujours les membres de l’Assemblée de Biscaye. Dans le jardin contigu, l’arbre de la paix, un chêne, emblème officiel de Biscaye, descendrait de celui sous lequel se regroupaient déjà les représentants du peuple de Biscaye.

À deux pas, le parc des Peuples d’Europe avec son étang où se côtoient canards et tortues, ses pelouses émaillées de sculptures : une agréable tranquillité se dégage désormais de la ville martyr.

Le + de routard.com :

Couplez la visite de la ville à celle du marché, chaque lundi sous la halle du centre-ville. Le premier lundi d’octobre s’ajoute à l‘ambiance une exposition de bétail, et, le dernier du même mois, c’est une foire gastronomique particulièrement prisée qui déborde jusque dans les rues alentour, égayée de défilés et spectacles on ne peut plus basques.

Parc naturel d’Urkiola : échappée verte à moins d’1 h de Bilbao

Parc naturel d’Urkiola : échappée verte à moins d’1 h de Bilbao
Mont Anboto - Urkiola © mimadeo - stock.adobe.com

À 40 minutes d’un trajet bucolique au sud-est de Bilbao, s’étire, sur près de 6 000 hectares, un des plus beaux parcs naturels du Pays basque, Urkiola. Hérissé de sommets, il brandit les montagnes de Durangalde et la chaîne Aramotz-Eskubaratz. Haut lieu de l’alpinisme – on y trouve un grand nombre de voies balisées et d’écoles d’escalade – son plus haut pic, le mont Anboto, ne culmine pourtant qu’à 1 330 m. 

Pays basque oblige, il chuchote aussi sa légende : son versant nord abrite en effet la grotte de Mari, déesse mère dans la mythologie locale. On y randonne également, à travers un maillage de sentiers qui permet, tous niveaux confondus, d’arpenter ces paysages rudes, survolés par des rapaces et que viennent adoucir pâturages et forêts de chênes, de hêtres et de pins. Comme ceux qui mènent à cette ferme, sur les pentes de l’Alluitz, autre sommet du massif d’Anboto. Pour un peu et l’on se croirait en Suisse !

Patxi vous attend, escorté par ses 3 border collies qui jappent joyeusement. Patxi ? c’est un berger, un vrai, qui veille avec soin sur son troupeau de 125 brebis Latxa, une race autochtone dont le nom signifie rugueux. Caressez donc ces bêtes rustiques pour vous en convaincre. En quelques heures de visite, on apprend à faire du caillé de façon artisanale ou à carder la laine. Selon la période à laquelle on vient, il est possible de s’essayer à la tonte et de nourrir les agneaux. On ne repart pas sans déguster l’Idiazabal, un fromage AOC naturel ou au goût légèrement fumé.

Le + du Routard : 

La ferme d'Alluitz propose de nombreux ateliers qui durent de 1 h à 4 h. Pour être berger d’un jour, comptez 18 € par personne, 8 € par enfant.

Fiche pratique

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Euskadi/Pays basque Tourisme 

Comment y aller et se déplacer ?

- En avion. Il existe des vols directs Paris-Bilbao toute l’année (1 h 25), notamment avec Transavia au départ d’Orly. Trouvez votre billet d'avion.

- Sur place, location de voiture.

Quand y aller ?

Le Pays basque est vert. Ce qui signifie abondance de pluie. La meilleure période pour profiter des plages comme des parcs naturels s’étend de juin à mi-septembre, où les températures peuvent même s’avérer élevées. Les surfeurs le savent, il y a des vagues toute l’année, mais l’automne remporte le suffrage des meilleures conditions. C’est aussi à cette saison que les paysages explosent de couleurs. L’hiver réserve parfois des températures douces, mais les nombreuses précipitations freinent souvent les ardeurs des touristes.

Où dormir ?

Tous les prix sont permis en Biscaye et l’agritourisme, bien développé, réserve de bonnes surprises en la matière. Se greffent également des hôtels de charme, voire de luxe, aux tarifs plutôt compétitifs, qui grimpent un peu naturellement dans les grandes villes.

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Où manger en Biscaye ?

Ne parlez pas de tapas au Pays basque, mais de pintxos ! Ils sont généralement très copieux, portés sur les fruits de mer et le chorizo local et s’accommodent fort bien de patatas bravas, de grosses frites.

Bar Ander Etxea : au cœur des 7 Calles à Bilbao, un bar à pintxos dans son jus. Généreux dans ses cocktails – son Martini preparado est agréablement corsé – à déguster avec de délicieuses olives au comptoir ou dans la rue, comme les locaux.

Restaurant Eneperi : barrio San Pelayo à Bakio. Vous êtes monté jusqu’au sanctuaire de San Juan de Gastelukatxe ? Vous avez amplement mérité un déjeuner dans cette ferme du 19e siècle convertie en restaurant. Aux pintxos, sans grand intérêt, si ce n’est de les déguster en terrasse face à l’océan, on préfère nettement la table, réfugiée dans l’ancienne étable, bonne et très généreuse.

Bodega Berroja : les amateurs de vin viennent découvrir le txakoli élevé dans ce domaine de 25 hectares.  Un vin de terroir unique – surtout blanc – qui a emprunté à la terre d’Urdaibai son âpreté et sa fraîcheur. On y vient par curiosité, mais aussi pour ce paysage, grandiose. Et pour ces accompagnements d’anchois et de ventrêche, de jambon et de lomo, de bonite et de fromage d’excellente qualité.

Texte : Pascale Missoud

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