Haute-Savoie : 10 raisons d’y aller cet été

Annecy, la Venise des Alpes

Annecy revient inlassablement en tête du classement des villes où il fait bon vivre en France. Sa rivière tutélaire, le Thiou, irrigue d’un sang de jade le cœur historique, au gré de multiples canaux qu’enjambent des ponts. Les bordées de maisons multicolores, les clochers d’églises et tourelles médiévales du palais de l’Île y trempent délicatement leur reflet. Pas de doute, Annecy mérite son jumelage de cœur avec la Sérénissime !

Le centre ancien recèle aussi un superbe patrimoine architectural dont la rue Sainte-Claire ou celle de la Filaterie sont incontestablement les fleurons. De vénérables hôtels particuliers surmontent de longues enfilades d’arcades des XVI-XVII^e siècles. Trônant sur la colline attenante, le château médiéval accueille un musée du Patrimoine régional.

Lorsque l’on sera ivre de ces vieilles pierres, on ira ouvrir son horizon dans l’un des chics parcs bordant le lac d’Annecy – le plus pur d’Europe dit-on ! –, bordé de montagnes ciselées. Une autre aventure…

D’un château l’autre, entre Annecy et l’Albanais

Point pivot entre le royaume de France, le duché de Savoie et celui de Genève, les cliquetis des conflits de jadis ont laissé ici le plus admirable des patrimoines historiques : deux châteaux, embellis par les siècles.

Tour des Religieuses (XIII^e siècle), logis des chevaliers et des comtes (XIV-XV^e siècles), aile (XIX^e siècle), le château de Montrottier remonte les aiguilles du temps. Au centre, l’imposant donjon d’apparat date du XV^e siècle. Collectionneur compulsif, le dernier châtelain empila au début du XX^e siècle un incroyable méli-mélo d’objets d’antiquaires qui transforment cette magnifique demeure en un cabinet de curiosité XXL !

Quelque 20 km plus à l’ouest, le château de Clermont ouvre à qui veut son cœur Renaissance. Superbe, la cour d’honneur s’entoure de hautes galeries sur trois côtés et deux niveaux, donnant au sud sur la douce campagne de l’Albanais. Cuisines, escalier d’apparat, salles d’honneur se succèdent jusqu’au cabinet de travail et à la chambre à coucher de Gallois de Regard, géniteur de cette merveille.

Trouver son paradis dans les gorges du Pont-du-Diable

Entre Morzine et Thonon-les-Bains, les eaux impétueuses de la Dranse de Morzine ont tailladé les gorges du Pont-du-Diable dans le massif karstique du Haut-Chablais. Ouverte au public dès 1896, cette incroyable robe de falaises froncées fut classée en 1908 parmi les Sites et Monuments naturels de caractère artistique.

À grand renfort d’escaliers quasi verticaux, de passerelles, de plateformes, on s’enfonce dans ce ventre vertigineux où le soleil peine à se frayer un chemin. Lorsqu’il y parvient, il révèle un chatoiement de jaunes, verts, bruns, laissés par le ruissellement sur les parois grises.

Le clou de ce spectacle est le Pont-du-Diable : deux immenses blocs enchâssés au-dessus des gorges dont la partie supérieure se serait partiellement effondrée, selon les géologues.

Tramway du Mont-Blanc : le toit de l’Europe à portée d’un train de sénateur

Ambitieux, ce tramway à crémaillère visait, lors de sa construction en 1913, à acheminer sa clientèle fortunée jusqu’au sommet du mont Blanc. La Première Guerre mondiale enterra ce projet un peu fou…

Depuis Saint-Gervais, la ligne du Tramway du Mont-Blanc se « contente » donc de rejoindre le Nid-d’Aigle (2 372 m d’altitude) au gré d’une pente accusant 8 à 9 %. La vitesse de pointe de 15 km/h laisse le temps d’admirer un paysage sublime. Tout cela sur le seul territoire de Saint-Gervais, commune de France possédant le plus important dénivelé, depuis la vallée de l’Arve (580 m d’altitude) jusqu’au sommet du mont Blanc (doit-on vous en rappeler l’altitude ?).

La plus haute ligne de chemin de fer de France termine sa course au pied du glacier de Bionnassay. De là, les plus courageux régaleront leurs mollets d’agréables randonnées.

Les Glières : l’Histoire sur un plateau

Perché à 1 450 m d’altitude, le plateau des Glières est une citadelle naturelle sertie de hautes crêtes érigées en remparts. Trois routes seulement s’y hissent depuis les plaines alentour. Un atout dont la Résistance s’empara pour installer sa base arrière. Quelque 149 maquisards seront tués ou déportés en mars 1944, à la suite des assauts conjoints des miliciens et des Allemands. C’est pourtant de ce plateau que partira, en août 1944, la libération de la Savoie par la seule Résistance, fait unique en France.

Le monument national à la Résistance et un parcours historique commémorent ces faits d’armes, à découvrir au rythme du pas d’homme. Une seconde balade jalonnée de panneaux décrypte le paysage magique de tourbières entouré de crêtes rocheuses où batifolent des troupeaux de bouquetins. Du moins ceux qu’une décision préfectorale très controversée aura épargnés : 61 de ces caprinés hyperprotégés furent abattus dans un massif voisin, l’espace d’un week-end d’octobre 2022, à grand renfort d’hélicoptères, de gendarmes et de fusils à lunettes…

Des Gets de lumière

On l’attendait avec impatience ce crépuscule qui n’en finit pas de tomber. Le soleil est passé derrière la montagne, ses rayons ont quitté le ciel un à un et, à l’heure où le firmament allume ses milliards de lumignons, l’attention se focalise sur une forêt que l’on dit enchantée à la nuit tombée. Voyons voir ce que l’imagination de l’homme a pu créer aux Gets…

Passé un portail de bois frappé d’un énigmatique « Alta Lumina » un bon kilomètre de poésie lumineuse décline ses vers et ses rimes tantôt sur le sol, tantôt sur le fût ou la frondaison des hauts conifères. On suit les aventures d’un colporteur de musique : hologrammes, lasers, feu d’artifice lumineux et pluie d’étoiles donnent vie à une dizaine de tableaux où notre artisan prend les airs dans sa montgolfière, compose des sons illustrés par des jaillissements lumineux, subit un orage… Les yeux des enfants brillent de mille étoiles. Ceux des adultes voudraient s’en défendre, mais la magie est bien là !

Quand l’art moderne prend de la hauteur, dans le massif du Faucigny

On rejoint Flaine par une route en mille épingles. Marcel Breuer, maître incontesté du Bauhaus (le palais de l’Unesco à Paris, c’est lui !), se pencha en 1967 sur le berceau de cette « Sarcelles des Neiges », inaugurée le 17 janvier 1969. Les amateurs d’architecture contemporaine découvrent, ravis, cet urbanisme classé « patrimoine architectural du XX^e siècle », où béton et ligne droite font loi. Des oeuvres monumentales de Dubuffet, Picasso ou Vasarely, ainsi qu’une galerie d’art contemporain donnent un relief supplémentaire à ce tableau.

Sur le versant sud du même massif, l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce relie le culturel au cultuel. Bâtie dans les années 1950, elle fit appel au saint-frusquin de l’Art moderne : Fernand Léger signa les mosaïques de la façade sur le thème des litanies de la Vierge, Rouault les vitraux, Braque la porte en bronze du tabernacle, Bonnard et Matisse décorèrent les autels latéraux, Germaine Richier le Christ en croix du cœur, Jean Lurçat des tapisseries et Chagall des céramiques... Un chef-d’œuvre mi-ra-cu-leux !

Un pas dans le vide au pic de l’aiguille du Midi

L’aiguille du Midi, cette dent acérée, hérissée des antennes les plus élevées de France, domine Chamonix de sa superbe. Un premier téléphérique rejoint le plan de l’Aiguille (2 317 m d’altitude), au pied d’arêtes déchiquetées dominées par le mont Blanc, immense et cotonneux. Un second tronçon relie l’aiguille à la vitesse vertigineuse de 45 km/h, survolant les Grandes Jorasses, l’aiguille du Géant, l’aiguille Verte, les séracs du glacier du Pèlerin. On en a déjà plein les mirettes, mais ce n’est pas fini !

À 3 777 m d’altitude, on passe un temps infini, et pourtant toujours insuffisant, à savourer sans modération la beauté vertigineuse du paysage depuis une série de terrasses panoramiques.

Pour finir en apothéose, un ascenseur vous hisse ensuite au sommet de l’aiguille (3 842 m d’altitude) où vous attend le frisson de votre vie : Le Pas dans le vide, une cage de verre en encorbellement de la plus haute des terrasses et sous vos pieds, 1 000 m de vide !

Les fromages : tout un roman en plusieurs tommes

Le fromage est à la Haute-Savoie ce que le miel est à l’abeille ! Chaque village, chaque hameau, presque, possède sa « fruitière ». Ces fromageries où le lait des fermes est collecté pour en tirer d’onctueux fromages, tous protégés par une AOP ou une IGP : tomme de Savoie, reblochon, abondance, beaufort, raclette, emmental de Savoie...

De quoi se ménager un plateau crémeux et fruité à souhait, voire confectionner une de ces multiples déclinaisons de plats caloriques à base de fromage fondu, typiquement savoyardes : raclette, fondue, croziflette (sur un lit de crozets, des pâtes savoyardes), tartiflette, berthoud (à base d’abondance) …

Cette belle voie lactée dans le ciel de Haute-Savoie ne saurait cacher des intérêts économiques bien ancrés à ces hautes pentes. Car c’est pour protéger la rentabilité laitière des bovins d’une bactérie portée par certains bouquetins que 20 % de ce cheptel sauvage ultra-protégé ont été abattus indistinctement (malades ou pas !) en octobre 2022… La raclette n’aura plus tout à fait le même goût à la lumière de cet écocide !

Yvoire, cité médiévale par excellence

On franchit le rempart médiéval d’Yvoire par une porte gothique pour s’enfoncer dans un treillis d’une dizaine de ruelles, pas plus, dont la robe de pierre grise renvoie aux cottes de mailles des seigneurs du Moyen Âge.

Le moindre balcon explose des couleurs joyeuses de bouquets de géraniums, de glycines ou de clématites. Rien d’étonnant que le lieu soit dans le peloton de tête du très couru label des villages fleuris.

Dans la rubrique végétale, le jardin des Cinq sens accroche son titre de jardin remarquable à la poitrine médaillée du patelin, classé aussi parmi les plus beaux villages de France.

La déambulation est vite magnétisée par le haut clocher à bulbe de l’église Saint Pancrace, couvert d’écailles en inox assez atypiques, puis par la massive silhouette du château qui veille sur le lac Léman où s’ébattent sereinement quelques cygnes. Yvoire, « Perle du Léman », vraiment !