Road trip en Norvège : 5 routes de rêve
Quelles sont les plus belles routes de Norvège ? Le choix est difficile dans ce pays scandinave où la route la plus banale explore des prodiges d’eau et de glace, de rocs et de bois, de feuilles et de coton neigeux. Une nature pur sucre, nappée de blanc jusqu’en mai, parée de vert l’été et voilée d’une explosion de couleurs à l’automne. Des fjords au cercle polaire et jusqu’au cap Nord, chaque virage révèle une merveille. Et des virages, il y en a sur ces terres montagneuses ! En route pour les plus beaux road trips de Norvège !
Préparez votre voyage avec nos partenairesDe Trondheim à Kirkenes (1 600 km) : cap plein Nord !
Située au centre de la Norvège, à près de 500 km au nord d’Oslo, Trondheim est une agréable ville estudiantine qu’on peinerait à quitter si l’on n’avait pas hâte de rejoindre ce fameux cap Nord, point le plus septentrional du continent européen.
Les 700 premiers kilomètres égrainent quelques parenthèses, tels les sites pétroglyphiques d’Helleristninger et de Bølareinen, vieux de 3 000 à 6 500 ans. Entre Steinkjer et Bodø, les plus pressés resteront sur la E6, les autres lui préféreront la Kyrstriksveien (route FV 17). Plus longue de 120 km, elle tortille entre fjord et mer, enchaînant 6 passages en ferry, dont l’un franchit le cercle polaire, rêve absolu de voyageur ! La route jouxte ensuite le Svartisen, second glacier de Norvège.
Bodø est la porte d’entrée du grand nord. Outre un musée de l’Aviation qui donne des ailes, on ne ratera pour rien au monde le Saltstraumen, un époustouflant tourbillon d’eau de 40 millions de mètres cubes, qui traverse quatre fois par jour le détroit à 40 km/h !
Plus au nord, Narvik, capitale du fer, est célèbre pour le raid franco-britannique de 1940 contre les troupes nazies, qui a inspiré un Krigsmuseum bien agencé. On atteint Tromsø, 130 km plus loin. Cette ancienne capitale de l’industrie baleinière étonne par son dynamisme à une telle latitude. De mai à août, le soleil brille à minuit comme à midi. Du 21 novembre au 21 janvier, l’obscurité épaissit le « jour ». L’occasion rêvée pour observer – de septembre à mars – les aurores boréales, qui comptent ici leur musée.
Tromsø marque l’entrée du Finnmark, pays des Samis dont la langue s’inscrit sur certains panneaux également déclinés en norvégien, finnois et même en russe. Suivent 380 km de fjords mouillant un paysage semi-désertique infesté de moustiques en été, où paissent les troupeaux de rennes. Un aller-retour de 60 km, depuis Langfjordbotn, permettra d’admirer le glacier Øksfjordjøkelen lécher les eaux sombres du fjord.
À Alta, ne pas rater les gravures rupestres inscrites au patrimoine de l’Unesco. Quelque 140 km plus loin, la route aboutit à la ville la plus septentrionale au monde : Hammerfest. Le but de ce road trip se situe 200 km encore plus au nord.
Par une route bordée de paysages désolés, on atteint un immense globe en fer forgé et une falaise haute de 300 m qui tombe dans la mer de Barents : le cap Nord, vous voilà enfin au bout du monde !
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Environ 100 km au nord de Narvik, un crochet vers l’île de Senja, d’étendue modeste et peu touristique, représente une alternative intéressante à la visite des îles Lofoten (qui suppose un détour minimal de 350 km).
De Stavanger à Åndalsnes (720 km) : au cœur des fjords
Le périple débute dans l’agréable ville de Stavanger. Sur l’autre rive du superbe Lysefjord, le Preikestolen, incroyable promontoire perché 604 m au-dessus des eaux vertes, est l’un des sites les plus spectaculaires de Norvège. Les téméraires se font photographier au bord du vide, sans garde-fou ni barrière, avant de revenir tout ébahis et les jambes flageolantes !
Vers le nord, la route 13 déroule 150 km de paysages essaimés de maisons rouges aux ouvertures coquettement soulignées de blanc et aux toits végétalisés. Après Skåre, d’impressionnantes chutes d’eau se fracassent en torrents furieux en bord de route. Essuie-glaces obligatoires !
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Plus au nord, la bourgade d’Odda dessert deux magnifiques parcs nationaux : le glacier Folgefonna et le plateau du Hardangervidda dont les imposantes crêtes enneigées culminent à plus de 1 200 m. Depuis la rive sinueuse du Sørfjorden, on admirera en aller-retour la spectaculaire Trolltunga, « la langue du troll ». Un éperon dominant de 700 m le très beau lac de Ringedal. Sujets au vertige, s’abstenir !
Suivent 160 km de chutes d’eau, de lacs et de fjords entremêlés jusqu’à Vik, où la magnifique stavkirke de Hopperstad hérisse sa cascade de toits vers le Sognefjord. Mémorable traversée en ferry pour atteindre la coquette bourgade de Balestrand. Oh qu’elle est belle la route qui file ensuite vers le nord ! Plus de 250 km d’histoires d’ø douce et de lacs émeraude, d’ø salée et de sombres fjords, d’ø blanc bleu du glacier Jostedalsbreen, le plus grand d’Europe continentale.
Au Geirangerfjord, le spectacle se fait éblouissant. Depuis Dalsnibba, à 1 476 m d’altitude, le panorama d’ensemble est somptueux ! Une incroyable série de lacets dévalent de 1 000 m en 10 km seulement. On domine l’un des panoramas les plus emblématiques de Norvège, le Geirangermotiv. Encaissé entre des montagnes grandioses, le fjord étroit est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
Direction ensuite la célèbre Trollstigen (l’échelle des trolls). Depuis le plateau Stigrøra, vue imprenable et parfois saisissante sur la profonde vallée et l’incroyable route à flanc de montagne. Ses 11 boucles à 10-12 % de pente, ainsi que la Stigfossen, une superbe cascade de 180 m de haut qui dévale vers la vallée, inspirent les exclamations. Vingt kilomètres plus loin, Andalsnes finit en douceur cette exploration extraordinaire.
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Plus long fjord d’Europe et second au monde, le Sognefjord balafre la Norvège sur la moitié de sa largeur. Profond par endroits de 1 300 m, il côtoie des sommets culminant jusqu’à 2 405 m. Soit près de 4 000 m de dénivelé, bonjour le vertige glaciaire !
De Lom au Sognefjord (90 km) : incroyable Sognefjellsvegen !
Lom, dotée d’une belle stavkirke, est la base idéale pour parcourir la Nasjonal turistveg Sognefjellet. Une tranche de pur bonheur !
Après 25 km d’une route qui suit sans encombre la rivière Bøvra, on atteint la Sagasøylen, une colonne de 34 m de haut commémorant la Constitution norvégienne de 1814. Puis, les traces de civilisation s’étiolent jusqu’à disparaître et laisser place à deux lignes de crêtes encadrant strictement la route. D’immenses dalles de schiste noir dévalent de ces hautes pentes vers des lacs gris-vert.
La pente de 8 % part à l’assaut d’un massif envoûtant par la grandeur de ses paysages et leur beauté sauvage, hérissés de rochers et de kerns sur fond de glaciers et de lacs. Ces landes poudrées de neige en hiver présentent à la belle saison un superbe camaïeu de verts, de bruns et de gris.
Après avoir franchi le col du Sognefjellet, à 1 434 m d’altitude, la route déroule sa perspective à l’infini entre deux géants de cette partie de la Norvège, les parcs nationaux du Breheimen – « la terre des glaciers » – et le Jotunheimen, « Jotun » signifie géant. De fait, on cumule ici des records : le plus grand parc national du pays (1 145 km²) comptant 255 sommets à plus de 2 000 m, dont les 20 plus hauts de Norvège. Géant, on vous dit !
Alors que la route entame sa redescente, une étonnante table d’orientation en verre avec réticule décrypte les sommets à l’horizon. En bas, à Skjolden, une dernière œuvre d’art : une pomme rouge monumentale s’ouvre sur un autre monument naturel qui n’attend que vous… Le Sognefjord !
Des aménagements agrémentent la route, comme le sognefjellshytta, un refuge d’altitude avant-gardiste dont une forêt de poutres supporte la carapace vitrée ; l’aire de pique-nique de Metfjell et son immense roche taillée en forme de cadre ; les toilettes ultramodernes d’Oskarshaug, comme débarquées d’un épisode de Star Wars.
De Lillehammer à Trondheim (440 km) : l’essence de la Norvège secrète
Ce road trip s’élance depuis l’impressionnant tremplin de saut à ski des J.O. d’hiver de 1994, à Lillehammer. Une petite ville qui cultive sa mémoire au travers d’une belle architecture, son musée des J.O. et celui des traditions populaires.
Dans un environnement boisé de hautes collines, la E6 file ensuite vers le nord. Après 60 km, première halte au chevet de l’admirable stavkirke de Ringebu du XIIIe s. On reprend la navigation le long de la rivière Gudbrandsdalslågen. Tantôt large, elle prend des allures de lac ; parfois plus étroite, elle agite ses remous qui inspirent de nombreuses activités d’eaux vives à Otta, 100 km plus au nord.
Sur 80 km encore, on garde le cap jusqu’à Hjerkin. En retrait de la route par une piste damée de 3 km, puis 1,5 km de sentier pedibus, on y rejoint un panorama sensationnel sur le point culminant du parc national Dovrefjell, le Snøhetta (2 286 m).
Quelque 75 km au-delà, vers Ulsberg, on prend le chemin des écoliers vers Røros, ancienne ville minière inscrite au patrimoine de l’Unesco. Son centre-ville aligne une admirable compagnie de vieilles maisons peintes de couleurs vives, dominées par le clocher d’une superbe église octogonale.
L’agréable hors piste continue ensuite par la route 31 puis la FV 705 qui slaloment entre une noria de lacs ourlés de rives granitiques et de forêts de bouleaux. Des maisons de pêcheurs trempent leurs pilotis dans les eaux sombres. Les effets miroir sont magnifiques. Après une quarantaine de kilomètres, on traverse une réserve où paissent des troupeaux de rennes. On rejoint ensuite l’agréable ville estudiantine de Trondheim.
L’édicule du Snøhetta Viewpoint est l’œuvre du cabinet d’architecte à l’origine de l’opéra d’Oslo. À l’intérieur, un magnifique banc de bois tout en courbe regarde le panorama au travers d’une immense baie vitrée. On observe parfois des bœufs musqués parés de leur toison longue et fournie.
De Skien à Dalen (220 km) : Telemark, prêts, partez !
Le Telemark est cette « Norvège en miniature » où fleurissent les stavkirke. Des vaisseaux 100 % en bois, typiquement norvégiens. Mi-églises, mi-drakkars, des têtes de dragons hérissent leur enchevêtrement de toitures. Après avoir quitté Skien, ville natale d’Ibsen et point de départ du canal du Telemark, on rejoint, 65 km au nord, les 3 nefs de la stavkirke d’Heddal édifiée au XIIe s. Surnommée « cathédrale des stavkirke », elle est effectivement la plus grande des 28 églises en bois dressé subsistant dans le pays.
Au nord, les lacs n’en finissent pas d’étirer leur nuancier d’eaux allant du bleu profond à l’émeraude. À Miland, la route 37 amorce un virage plein ouest. Le décor change. La vallée se fait toujours plus encaissée jusqu’à Rjukan. Cette bourgade ne profite des rayons solaires que 4 mois par an : qu’à cela ne tienne, sur la crête, des miroirs géants suivent la course du soleil pour éclairer la place centrale ! Célébrité locale, l’impressionnante centrale électrique de Vemork. Acteur et témoin de la fameuse bataille de l’eau lourde durant la Seconde Guerre mondiale, elle est inscrite au patrimoine de l’Unesco.
Au-delà, la route pénètre une profonde estafilade de la montagne, pour cheminer ensuite entre lacs et forêts. Un environnement demeuré très sauvage. Quelques kilomètres avant Åmot, le hameau de Hylland recèle de magnifiques et robustes greniers à vivres, les stabburs.
Puis on fera un petit crochet vers le panorama vertigineux des gorges de Raven, avant de rejoindre Dalen, nichée au creux d’une vallée glaciaire baignée par un lac entouré de montagnes abruptes. Elle est aussi le point d’arrivée du canal du Telemark. La boucle est bouclée !
Laissez le bitume pour une itinérance douce sur le canal du Telemark ! Long de 105 km, c’est entre Dalen et Ulefoss (7-8 h de navigation) qu’il présente les paysages les plus somptueux. Temps fort, le franchissement des 5 écluses de Vrangfoss.
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Quelques informations pratiques
On risque peu en Norvège, outre des piqûres d’insectes au cœur de l’été et l’infarctus du porte-monnaie à tout bout de champ. Car hébergement, restauration (médiocre !) et carburant sont très chers. Sans compter qu’ici tout se paie : stationnement en ville (un casse-tête !), nombreux péages locaux, traversées en ferries, franchissements de ponts et de tunnels, entrées de villes ! L’achat d’un télépass amoindrira la douloureuse.
Bonne nouvelle, en revanche, le camping sauvage est très largement autorisé en pleine nature, à l’écart des habitations.
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Texte : Fabrice Doumergue
Mise en ligne :