Ágios Nikólaos, le Saint-Tropez de la Crète

Flâner dans la station balnéaire d'Agios Nikolaos

Fréquentée, c’est vrai, elle l’est… mais Ágios Nikólaos garde son charme. La promenade du front de mer nous immerge déjà dans un doux méli-mélo de blanc et de bleu, jusqu’au centre-ville. Ruelles fleuries en escaliers d’un blanc immaculé, grandes jarres décoratives, clochers qui dépassent, drapeau national au gré du vent, petit port aux bateaux colorés… Tout y est, jusqu’à la végétation typique : lauriers roses, ibiscus et autres oliviers.

La grande fierté d’Ágios Nikólaos reste son lac, en plein centre. Il est vrai que le lac Voulismeni, au pied de hautes falaises et bordé de terrasses, a un charme fou. Et ce n’est pas tout : on lui prête de nombreuses légendes ! On dit que les déesses Athéna et Artémis viennent y nager au clair de lune, qu’il serait sans fond, ou encore qu’il communiquerait, sous terre, avec le volcan de Santorin… Eh oui, rien que ça !

Pour un beau panorama sur le lac, on grimpe jusqu’au sommet, en empruntant un agréable petit sentier. Là-haut, quelle vue ! On distingue bien le canal le reliant à la mer, enjambé par un petit pont. Bien accrochés à leur rocher, quelques cafés sympathiques nous invitent à prolonger cet agréable moment. En regardant en contrebas, on se plaît à se remémorer les légendes liées au lac…

D’ailleurs, les amoureux de la mythologie grecque seront également comblés un peu plus loin en bord de mer, devant deux statues liées à l’histoire de Zeus. La première, colossale, représente l’enlèvement d’Europe par le roi des dieux, déguisé en taureau blanc. La seconde, un peu plus loin, la corne d’Almathée, nom de la chèvre qui a nourri Zeus bébé de son lait dans une grotte sur le mont Ida, en Crète. Par accident, il cassa sa corne et, pour réparer ce geste malheureux, la bénit, de sorte qu’elle prodigue tout le nécessaire à son propriétaire. C’est de là que vient la fameuse corne d’abondance.

Juste à côté, la jolie plage de Kitroplatia incite au farniente. Côté édifices religieux, la cathédrale Agia Triada, de style byzantin, vaut le coup d’œil.

Plus loin, à 2 km du centre, la belle plage de sable d’Almyros mérite le détour. Au nord, direction Elounda, on trouve aussi Ammoudi Beach, petite plage caillouteuse avec transats à louer. Un peu plus loin, mais plus longue, celle d’Havania (sable).

Découvrir le joli village de Kritsa et ses gorges

Après la mer, la montagne ! Une petite dizaine de kilomètres et nous y voilà déjà. D’un blanc immaculé, à flanc de falaise et entouré d’oliviers, le village de Kritsa est un véritable enchantement. Dans les ruelles, pleines de cachet, quelques boutiques mettent l’artisanat crétois à l’honneur, comme des napperons en crochet. Juste avant, ne pas manquer la Panagia Kera, l’une des plus belles églises de Crète (XIII^e s.), entourée de hauts cyprès et d’oliviers, et ses magnifiques fresques restaurées des XIV^e et XV^e s. témoignant d’une belle maîtrise du clair-obscur.

Pour se régaler, nul besoin de chercher très loin : on s’arrête en plein centre à la taverne, typique, à l’ombre d’un majestueux platane, dont elle tire d’ailleurs son nom : Taverna Platanos. À nous délicieux mezze : l’indétrônable salade grecque, les fameuses feuilles de vigne farcies (dolmadakias), le pain à la tomate et à la feta (dakos), les escargots… et en dessert, un onctueux yaourt à la grecque avec du miel crétois, évidemment.

En contrebas du village, une jolie balade dans les gorges prend son départ. À la fraîche, de préférence, car ici, il fait vite très chaud pour la rando. On évolue à travers les rochers, au milieu des lauriers-roses sauvages et des cactus, accompagné par le chant incessant des cigales. Vraiment dépaysant ! Quelques passages étroits donnent à celle balade des airs d’aventure : mieux vaut être bien chaussé.

Explorer l’île-forteresse de Spinalonga

Accessible par la mer – 1 h de bateau au départ d’Ágios Nikólaos –, c’est l’un des sites touristiques les plus importants de Crète. L’arrivée dans la baie d’Elounda est inoubliable, d’autant plus à mesure que l’île-forteresse de Spinalonga se rapproche. On sent, déjà, le poids de l’Histoire…

Cette île mystérieuse a, dès l’Antiquité, occupé un emplacement stratégique. Les Vénitiens y avaient construit un château. Puis les Ottomans ont conquis l’île en 1715. Une ribambelle d’échoppes aux devantures colorées rappelle cette époque ; elles abritent aujourd’hui un musée, qui revient sur l’histoire de l’île à travers les siècles.

Bien plus tard, de 1903 à 1957, Spinalonga devient « l’île des Lépreux ». Environ 2 000 malades ont été amenés ici, pour être isolés du reste du monde. L’île n’avait vraiment rien de paradisiaque : ils devaient survivre dans des conditions de vie extrêmement difficiles. Il n’y a qu’à faire le tour de l’île sous la chaleur, pour vite s’en rendre compte !

À partir de 1935, une vraie communauté s’établit, avec un village typique, des animaux domestiques, une église… Et bien sûr, un hôpital, toujours visible. Le tout cerclé de fortifications vénitiennes remarquables. Pour un beau panorama, on grimpe tout en haut de la grande tour.

En 1957, les malades ont été transférés dans les environs d’Athènes et l’île fut abandonnée… jusqu’en 1970, année où elle devient un site archéologique protégé. Depuis 2016, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.