Made in France
Parapluies et gants
Il fait froid, il pleut, il mouille... C'est la fête à la grenouille, ravie de s'équiper de deux produits de qualité fabriqués en France : le parapluie et le gant.
Le parapluie français
Importé de Chine au 18e siècle, le parapluie est aussitôt pris en main par l’élégante européenne. En 1705, il se replie déjà en trois, grâce à l’invention du français Jean Marius. Cent mille parapluitiers travaillent alors sur le parapluie fait main en France.
De nos jours, l’aluminium, la fibre de verre et le polyester ont remplacé le bois, les fanons de baleine et la toile d’alpaga. Les derniers ateliers de confection traditionnelle se font rares.
Aurillac, Cherbourg, Autun…
En Auvergne à Aurillac, l’entreprise familiale Piganiol (EPV), fondée en 1884, produit du parapluie français avec une quinzaine d’ouvriers. 65 € le premier prix ? Oui, mais justifié, avec une qualité et le pépin tendance à découpe laser qui s’exporte jusqu’au Japon…
En Normandie, le véritable Cherbourg remonte à 1986, en hommage au film de Jacques Demy (1964) : solide et testé en soufflerie, chic avec une finition à l’or fin. L’entreprise inaugure le ParaPactum, parapluie de protection résistant aux attaques… concept d’actualité!
En Bessin, l’Atelier Crepon fabrique également de lumineux parapluies H2O.
La fabrique des parapluies François Frères, fondée en 1882 à Poitiers, flirte dorénavant avec les Pyrénées.
Les parapluies Neyrat à Autun poursuivent leurs activités depuis 1852.
À Pau, la famille Pando assume le grand parapluie en toile bleue du berger des Pyrénées, avec un manche de hêtre. Il ne se retourne pas au vent grâce à ses neuf baleines.
Des mains bien gantées
Depuis l’Antiquité, le gant tient un rôle de protection et de prestige. La corporation des gantiers s’épanouit en France dans les lieux d’élevage dont le tannage est assumé par les mégisseries.
De nos jours, les peaux de crocodile, autruche, pécari, renne ou cerf s’ajoutent à la panoplie du tannage. La formation de la couture-main fait partie du savoir-faire local.
N’oublions pas qu’il faut près dix manutentions pour produire un beau gant doublé digne de ce nom, ce qui en explique le prix parfois élevé.
Parmi d’autres lieux de la ganterie française, la petite ville limousine de Saint-Junien (Haute-Vienne) vit au rythme de ses manufactures sur les bords de la Vienne. Plus d’un quart de ses 1 500 000 paires de gants sont exportées. À voir dans les magasins d’usine.
La ganterie de Saint-Junien (EPV) remonte à 1919 et fournit surtout Hermès. La ganterie Agnelle (EPV) fondée en 1937, s’adresse aux grandes maisons, de Dior à Vuitton. Madonna y cache ses menottes… La ganterie Morand (EPV) mérite sa collaboration avec Gucci et Dior.
De l’Aveyron à Hollywood
Il n’y a pas si longtemps, les gants blancs en chevreau étaient d’un bon usage. La Maison Fabre (EPV) à Millau dans l’Aveyron après avoir tanné et cousu ses propres peaux en 1924, voit ses ventes de luxe s’effondrer à la fin du 20e s.
La quatrième génération Fabre relève le défi avec la mitaine, succès du film Sex and the City. Elle invente également les gants parfumés de Marie- Antoinette et de Joséphine pour Versailles et La Malmaison, les gants de Nicole Kidman jouant Grace Kelly ou ceux de La Belle et la Bête pour le comité Cocteau.
Texte : Anne-Marie Minvielle