Les beaux jours sont de retour : c’est le moment de visiter la France, côté jardin.
Une question de style, tout d’abord : « Renaissance », c’est avec des parterres ordonnés et des sols colorés ; « à la française », c’est du classique XVIIe s, taillé et aligné ; « à l’anglaise », c’est du romantique XIXe s, vallonné, sinueux et décontracté.
Rareté des espèces, curiosités de l’art topiaire, intimité des coloris en demi-teintes, collections botaniques exotiques, vergers et potagers, splendeurs d’une société disparue… toutes les facettes végétales se conjuguent dans les jardins de France.
*Se renseigner sur les horaires, certains jardins étant fermés en hiver.
Evidemment qu'à Paris il n'y a pas que de la grisaille, des immeubles datés (aussi beaux qu'ils soient) et le tumulte d'une grande ville ! Les espaces, où fleurs, plantes et arbres règnent en rois et reines, sont également bien présents. Partez donc à la découverte des plus beaux jardins au sein et autour de la capitale.
Jardin des Plantes - 5e arr., Paris
Un havre de verdure et de botanique en plein Paris.
Créé en 1635 après celui de Montpellier en 1593, le « Jardin du Roi » devint « Jardin des Plantes de Paris » à la Révolution. De nos jours, il est le jardin botanique du campus du Muséum national d’Histoire naturelle.
Muse des poètes et des écrivains, symbole parisien, le Jardin des Plantes lutte contre les problèmes financiers, malgré la restauration réussie de ses grandes serres et de la Grande Galerie.
Les fantômes des naturalistes Buffon, Daubenton et Cuvier se croisent sous les arbres remarquables et le labyrinthe de la Gloriette.
Jardins alpin, écologique et potager, collections de roses, d’iris et de pivoines, autant d’attraits botaniques pour ce jardin au charme suranné inoubliable.
Le château ? Un défi entre Marie-Antoinette et le comte d’Artois en 1775, relevé par sa construction en 64 jours seulement. Le parc ? Une réalisation de Thomas Blaikie sur une conception de Belanger, dans un style anglo-chinois, avec cascades et grottes artificielles. Bref… une bagatelle !
Bagatelle a été racheté en 1905 par la ville de Paris. C’est Nicolas Forestier qui réhabilita le jardin ainsi que la célèbre roseraie avec 1 200 variétés, objet d’un concours international depuis 1907.
Les arbres remarquables, tels l’araucaria du Chili et le hêtre pleureur, côtoient les lotus et les nénuphars des étangs. Les jardins des iris, des clématites, des plantes vivaces et des expositions horticoles s’épanouissent après la floraison incomparable des bulbeuses printanières.
1656. Le surintendant des finances du roi, Nicolas Fouquet, confie l’aménagement des jardins de son tout nouveau château de Vaux-le-Vicomte au paysagiste Le Nôtre et à l’architecte Louis Le Vau.
On connaît la triste fin : en 1661, Louis XIV, jaloux de la splendeur de ce domaine construit avant Versailles, enverra Fouquet en prison… à vie.
Mais on y admire toujours les effets de perspective du génial Le Nôtre sur l’axe de plus de 3 km des jardins à la française.
Ils sont animés de bassins, de canaux, de cascades, d’une grotte, de statues et d’un miroir d’eau. Le sol rouge des broderies en brique pilée contraste avec le vert des arbustes taillés. La fantaisie des promenades interpelle les enfants qui découvrent les énigmes des jardins, en jeux de piste.
Jardins et parc du château de Versailles - Yvelines
Le chef-d’œuvre monumental des jardins à la française !
Les fenêtres de la galerie des Glaces du château de Versailles offrent une vue idéale sur l’œuvre colossale des jardins réalisés par Le Nôtre autour de la perspective du Grand Canal.
Colbert, Mansart, Le Brun le soutiennent à l'aide de leurs créations, car Le Roi veut « le détail de tout ». Des milliers d’hommes participent à cette vaste entreprise où « la nature est disciplinée ». Malgré les tempêtes dévastatrices, les jardins du château ont repris toute leur majesté.
Le parterre d’eau, les bassins, les bosquets et l’Orangerie sont à visiter, avant de se rendre aux jardins de Trianon évoquant les fantaisies de Marie-Antoinette. Sans compter la visite voisine de l’admirable potager du Roi conçu par La Quintinie pour fournir la table de Louis XIV. Pommes et poires à croquer !
Très étendue avec ses 200 hectares, le parc du domaine de Sceaux, dessiné par Le Nôtre pour son propriétaire Colbert, réserve des surprises.
On parle ici de plaines, de Tapis Vert, de bosquets, de jeux d’eau et de bassins décentrés autour du Grand Canal. Le château fut rasé sous le Directoire, remplacé en 1856 par le pavillon actuel (musée de l’Île-de-France).
Repris par le conseil général du département en 1923, le parc fut restauré par Louis Azéma. Il ne faut pas hésiter à partir à l’aventure pour découvrir les peupliers d’Italie du Grand Canal, la sapinière du pavillon de Hanovre, la pinède du duc de Penthièvre, les collections de pélargoniums de l’Orangerie ou des iris du pavillon de l’Aurore.
Roseraie du Val-de-Marne - L’Haÿ-les-Roses, Val-de-Marne
« Un jardin savant à l’équilibre parfait ». On doit cette première roseraie à Jules Gravereaux, propriétaire au village de l’Haÿ au XIX e siècle.
En 1894, pour plaire à sa femme, Jules fait appel au paysagiste Édouard André qui créé un jardin de roses, joignant les collections à l’agrément. La roseraie devient vite un rendez-vous mondain où l’on croise aussi bien le président Raymond Poincaré, la danseuse Isadora Duncan que le poète Jean Cocteau…
Devenu un véritable conservatoire de la rose à L’Haÿ-les-Roses, 13 collections font découvrir au fil des allées, les roses thés, rugueuses, pimprenelles, anciennes, sauvages ou cultivées, avec des espèces disparues des jardins et du commerce.
Un enchantement de couleurs, de formes et de senteurs, mais aussi une connaissance historique et internationale de la rose.
Jardins de villas, de manoirs, de palais ou exotiques (oui, on voulait casser le rythme), vous trouverez des jardins de tous les goûts dans le sud de la France. Amoureux de plantes, bienvenue !
Jardins de la villa Ephrussi de Rothschild - Saint-Jean-Cap-Ferrat, Alpes-Maritimes
Au pied de ce palais rose à l’Italienne, sur la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat, l’enchantement du jardin poursuit la villa de rêve de Béatrice de Rothschild. Elle oublia ses déboires conjugaux en les faisant édifier en 1905-1912.
Harold Peto et Achille Duchêne aménagèrent le parc paysager de 4 hectares, repensé en jardins thématiques par Louis Marchand en 1934.
Espagnol, français, florentin, lapidaire, japonais, provençal, exotique, les styles horticoles se succèdent pour finir par une éblouissante roseraie.
Mais c’est la fantasque Béatrice qui créa elle-même le jardin à la française que l’on aperçoit depuis la villa, en faisant poser ses employés déguisés en cyprès ou en simulant des bassins et des plates-bandes… en tissus !
Certes ce n'est pas la France mais cela vaut la peine de franchir la frontière. Ce jardin exotique, fleuri toute l’année et unique en Europe, s’ouvre en 1933 sur les pentes du rocher de Monaco. Un environnement méditerranéen idéal pour 6 000 variétés originaires des zones sèches et lointaines.
Les agaves centenaires, dont le Beaucarnearecurvata du Mexique, se mêlent aux extravagantes succulentes d’Afrique et d’Arabie. Les euphorbes candélabres, les aloès géants et les cactus épineux forment un décor fantastique. Les grappes blanches printanières du Yucca elephantipes et les fleurs roses du Chorisia speciosa font place aux panaches du Beaucarnearecurvata.
En hiver, les milliers de fleurs jaune pâle d’Agave attenuata ne s’épanouissent qu’une seule fois avant de mourir.
L’Ars topiaria ou « art topiaire » nous vient de la Rome antique, où les haies et les massifs des jardins étaient taillés en formes géométriques et décoratives.
Au cœur du Périgord Noir, près de Sarlat, les jardins du manoir d’Eyrignac présentent de superbes exemples de sculptures végétales sur 10 hectares.
Parcourir les deux sentiers botaniques, partager un verre avec les propriétaires, suivre les explications du chef jardinier, dormir à la demeure de la Roseraie ou à l’annexe du manoir, choisissez suivant votre budget…
Les fleurs blanches sont de rigueur dans ce cadre du bon goût à la française où les cônes de buis, les ifs à plateaux, les spirales, les boules et arabesques sont réalisés manuellement.
Nouveautés : le Jardin Fleuriste, le Jardin Potager, le Jardin des Sources et les Prés Fleuris.
Le dépaysement est total dans ce paysage exubérant de forêt tropicale, sur 10 hectares arrosés par le Gardon. Les tiges vertes, jaunes et noires des innombrables espèces de bambous géants témoignent de son créateur en 1856, le botaniste Eugène Mazel.
Avec la famille Nègre, la Bambouseraie s’agrandit de séquoias au tronc rouge, de ginkgos bilobas porte-bonheur, de palmiers de Chine non gélifs, de lotus, de plantes carnivores, d’énormes nénuphars des pays chauds et de rocailles fleuris en toutes saisons.
Un décor digne des premiers explorateurs où surgissent, au détour d’une clairière, un village laotien et des cases en bambous. Un cadre idéal pour tourner entre autres, Paul et Virginie et Le Salaire de la Peur.
Sur les bords du Tarn et son Pont Vieux, les jardins de l’ancien palais épiscopal (XIIIe s) de la Berbie sont classés « jardins remarquables ».
Arabesques de buis taillés sur gravier blanc, arceaux de vigne sauvage et fleurissement de qualité, dont le rosier Iceberg blanc, subliment les parterres colorés. Une esthétique qui a remporté le label « Quatre fleurs », puis « Fleur d’Or » donné par le Conseil National des Villes et Villages fleuris à la cité du peintre Toulouse-Lautrec.
Ce sont sans doute les faucons pèlerins de la cathédrale voisine qui ont le meilleur coup d’œil sur ces jardins dont le passé remonte à l’évêque Serroni. Il les fit aménager en terrasses, encadrées par le chemin de ronde, à la fin du XVIIe siècle. Voir également le parc Rochegude avec labyrinthe et roseraie.
Les célèbres frères Bühler, paysagistes suisses, sont les auteurs de ce parc citadin incontournable de la ville de Lyon.
Ouvert en 1857, le jardin botanique et l’orangerie s’agrandirent bientôt des serres et du grand Dôme. Sur plus de 110 hectares autour d’un lac, on explore de nos jours le jardin botanique et ses serres, dont celle de Madagascar, sur 8 hectares de collections végétales diffusant des graines dans le monde entier.
Trois roseraies avec 16 000 rosiers racontent l’histoire de la rose, les nouvelles variétés et les roses internationales. Près de 9 000 spécimens d’arbres, dont les plus âgés dépassent les 150 ans…
Un trésor à découvrir plus certain que la tête de Christ en or cachée dans le parc, selon la légende.
Et le nord dans tout ça ? Du jardin à la française en passant par celui à l'anglaise, jusqu'à celui à la japonaise, la partie "nordique" du territoire français vous revèlera bien des surprises fleuries !
Jardins de Claude Monet à Giverny - Eure
Claude Monet ne pensait sans doute pas au succès de son jardin lorsqu’il s’installa à Givernyen 1883 dans le Vexin normand. Les célèbres nymphéas de l’étang, exposés en 1909, marqueront l’évolution impressionniste.
Jusqu’à sa mort, en 1926, il y accueillit de nombreux artistes. Pont japonais, végétaux orientaux, fleurs du Clos Normand et du jardin d’Eau composent un paysage coloré, au pied de la maison rose aux volets verts et du salon-atelier.
Un émerveillement intimiste où l’on oublie les visiteurs noyés dans la palette végétale bleue des agapanthes, rose et violette des agérates, jaune des alchémilles, orange des anthémis et foncée des amarantes.
Bambous, cerisiers, pommiers, ifs, glycines et saules pleureurs protègent de leurs ombrages ces compositions de toutes les saisons.
Sur l’extrême pointe venteuse et maritime nord-ouest du Cotentin, les 4 hectares du « Jardin des Voyageurs » de Vauvilleexposent une collection scientifique de 800 espèces de plantes de l’hémisphère austral.
Ses propriétaires expliquent comment ce jardin en mouvement est tempéré par le Gulf Stream. Arbres et arbustes à feuilles persistantes abritent l’eucalyptus, l’amaryllis, l’aloès, l’echium pinana, le senecio et le dimorphotheca dans une succession de chambres de verdure.
Une végétation étonnante à 300 m de la mer, où des centaines de palmiers côtoient les herbes de la pampa argentine, le cordyline de Nouvelle-Zélande, le panicaut maritime d’Amérique du Sud et le gunnera géant, aux feuilles très décoratives.
Parc floral du Bois des Moutiers - Varengeville, Seine-Maritime
Ces jardins sont actuellement fermés au public pour restauration
C’est une histoire de famille que celle du parc floral du Bois des Moutiers, créé en 1898 à Varengevillepar Guillaume Mallet sur une valleuse de 12 hectares.
Le mouvement britannique Art and Crafts inspire la décoration du manoir. Sir Edwin Lutyens dessine les jardins, et la paysagiste anglaise Gertrud Jekyll dispose les plantes selon l’harmonie des couleurs.
Théosophe, Mallet appelle à la méditation face à la nature. La présence forte des falaises, le vallonnement du parc boisé de pins et de chênes attirent poètes et philosophes.
Rhododendrons de l’Himalaya, azalées de Chine, eucryphias du Chili, érables du Japon atteignent des tailles impressionnantes. La clairière des camélias et celle des cryptomérias s’ouvrent dans le grand parc qui donne sur la mer.
« Le Thabor, Rennes », cela suffit pour désigner ce parc au nom biblique, situé sur 10 hectares en centre-ville.
Ouvert au public dès avant la Révolution, il s’agrandit d’un jardin botanique vers 1795, puis de jardins à la française et à l’anglaise aménagés par les frères Bühler vers 1866.
Le promeneur longe le boulingrin, ou tapis gazonné, Du Guesclin bordé de massifs floraux. Traversant l’espace arboré et ludique de l’Enfer, il arrive au jardin classique à la française où de magnifiques arbres environnent les bassins, les broderies et les parterres proches de l’Orangerie.
Les 3 000 espèces du très riche jardin botanique et les collections de dahlias et de roses séduisent vers l’est avant de reprendre vers le jardin romantique à l’anglaise, animé d’une volière et d’une ménagerie.
Parc oriental de Maulévrier - Maulévrier, Maine-et-Loire
L’Extrême-Orient dans les Pays de la Loire.
Sous forme de jardin japonais, le parc oriental de Maulévrierest le rêve abouti de l’architecte Alexandre Marcel, auteur, entre autres, des édifices asiatiques de l’Exposition Universelle 1900 à Paris.
Les rives sombres et boisées de la rivière La Moine s’ouvrent sur un toril-portique rouge, un pont, une pagode, un temple khmer. Bouddha, lanternes et sculptures de najas dépassent des azalées, des érables, des cerisiers et des essences exotiques rapportées d’Orient.
Un jardin sauvage avec cascade, une taille des arbres « en nuages », des îles « grues et tortues », sont autant d’exemples du XVII e siècle nippon. Les activités sont à l’honneur avec une collection de bonsaïs, l’art floral Ikébana, le tir à l’arc et des visites nocturnes pour rêveries et méditation.
Jardins du château de Villandry - Villandry, Indre-et-Loire
Villandry, le plus jeune des châteaux Renaissance sur la Loire, serait-il le plus dynamique ? Car les jardins de Villandry impressionnent : 6 jardins à thèmes traités en « bio », 8 stations d’interprétation, des animations sans cesse renouvelées, un restaurant inspiré du potager…
Par les terrasses donnant sur le fleuve, traversez les jardins d’ornement, d’eau, du soleil, des simples, le potager et le labyrinthe. 52 km de buis taillés forment les broderies des parterres au pied du château et de son donjon au panorama superbe.
Et pour tout cela, un nom : les Carvallo, dont le prince Joachim restaure le château en 1906, et restitue le jardin Renaissance en 1908. La famille anime toujours le château et ses jardins admirables.
Jardins du château de Chenonceau - Chenonceaux, Indre-et-Loire
Une histoire de femmes, un Jardin de Dames !
1547, le roi Henri II octroie Chenonceau à sa maîtresse Diane de Poitiers. 1559, il meurt, et sa veuve Catherine de Médicis reprend ses droits. Une rivalité artistique peu ordinaire s’épanouit dans la sérénité des jardins sur le Cher.
Louise Dupin, femme de lettres, sauvegardera le château à la Révolution. La décoration florale exprime cette empreinte toute féminine. L’harmonie Renaissance souffle sur le labyrinthe et le potager, et fait revivre le Jardin Vert dessiné par Palissy.
Aux fastueux parterres entourant le jet d’eau de Diane, Catherine répond par un jardin de curiosités avec ménagerie et grotte artificielle, orangers et rosiers. De nos jours, 130 000 plants de fleurs sont cultivés en toutes saisons sur ce domaine boisé de 70 hectares.
115 hectares dessinés par André Le Nôtre pour le Grand Condé, à la fin du XVIIe siècle. C’est à Chantilly, son jardin préféré, que le grand jardinier du roi s’exprima le mieux.
La perspective du Grand Canal décentrée du château, les jets d’eau des parterres à la française et la cascade forment un effet d’optique reflétant le ciel. Le jardin anglo-chinois du Hameau est construit en 1774 autour des cinq maisons du prince de Condé.
Proches des fontaines de Beauvais et des Grandes Écuries, l’île d’Amour et le temple de Vénus animent les courbes romantiques du jardin Anglais dessiné en 1819 par Victor Dubois. Le bois du Petit Parc et ses divertissements environnent le domaine de Chantilly, exemple innovateur de l’art des jardins en occident.