A la découverte du peuple Kagabas avec le musicien Lion's Drums
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Harold Boué aka Lion’s Drums a répondu à nos questions pour présenter son nouveau projet musical qui l’a emmené en Colombie à la rencontre du peuple Kagabas. L’écoute de cet album, qui sort maintenant chez tous les bons disquaires et en ligne, est un apaisement bienvenu en ces jours incertains. Vous vous sentirez empli d’une certaine sérénité, un disque indispensable pour se mettre à la méditation. Une véritable invitation au voyage éco-responsable.
Pouvez-vous présenter votre nouveau projet musical ?
J'ai commencé à composer sous le nom d'Abstraxion en 2005 en créant le label Biologic records, avec plusieurs sorties d'EPs et d'albums.
En 2018, j'ai lancé en parallèle le projet Lion's Drums qui est pensé à l’image de ma ville, Marseille, dure, gorgée de lumière et traversée de nombreuses influences. Après une première sortie sous le label de John Talabot, Hivern Discs et un remix pour Altin Gün (excellent groupe Turc), je sors maintenant l'album Kagabas.
Comment est venu le processus de création ?
J'ai enregistré cet album dans un village Kagabas (ou Koguis) dans la Sierra Nevada près de Santa Marta en Colombie.
J'avais entendu les Kagabas dans un podcast, peuple autochtone qui s'inquiète des dynamiques destructrices des sociétés contemporaines. J'ai été touché par leur parole et leur volonté de transmettre ce message. J'ai contacté Franz Florez qui dirige l'organisation Nativa et travaille avec eux depuis quinze ans en leur proposant de venir enregistrer. Ils ont accepté de m'accueillir en souhaitant transmettre des chants spécifiques à leur culture, car c’est une manière de se connecter à l’environnement. Il existe par exemple la chanson du singe, du cerf, du serpent - chanter permet de se sentir en sécurité parmi ces animaux et ces concepts, de vivre paisiblement avec eux sans peur et sans avoir besoin de les repousser, permettant aussi une connexion permanente entre la vie et la mort.
L'album combine des chansons, des enregistrements du village et de la nature environnante ainsi que des compositions musicales réalisées dans mon studio. La communauté qui m'a accueilli a apprécié le résultat et a autorisé la sortie de l'album.
Combien de temps êtes-vous parti en Colombie à la rencontre du peuple Kagabas ? Que retenez-vous de cette aventure ?
J’ai été accueilli au sein de cette communauté pendant une semaine, qui est le temps maximum pour ne pas perturber leur équilibre. J'ai vécu principalement aux côtés du Máma du village (les Mámas sont des guides spirituels et intellectuels qui sont dépositaires de la mémoire de la civilisation), de son fils Camilo et de Franz.
J'avais un concert à Bogota avant et j'ai passé plusieurs jours avec Franz à Santa Marta pour préparer mon arrivée dans le village Kagabas en discutant beaucoup sur leurs intentions à travers cet album, car j'avais la volonté de respecter ce qu'ils voulaient transmettre et de rester fidèle à leur pensée dans mes compositions musicales.
C'est une société fondée il y a plus de 5 000 ans, tandis que la nôtre a seulement 2 000 ans.
Ils sont comme le grand frère qui alerte le petit frère des effets négatifs sur la planète du mode de vie actuel. Tout est basé sur l'oralité : la musique et le chant assurent la transmission de la mémoire et du savoir à travers les générations. Le désastre écologique en cours, les incertitudes des temps actuels et la tentation pour de nombreux·ses jeunes de quitter la montagne pour la vie urbaine rendent cette transmission d'autant plus cruciale.
J'étais donc le petit frère qui a appris de son grand frère.
Quel est votre rapport au voyage et à la rencontre de l’autre ?
À travers mon métier de musicien, je suis amené à voyager pour faire des concerts et partager ma musique. Ce sont des moments que j'apprécie, car c'est l'aboutissement d'un travail d'enregistrements en studio, et parfois dans la nature où j'aime capter certaines ambiances pour raconter des histoires sonores.
J'aime voyager dans ce contexte pour rencontrer de nouvelles personnes et je suis conscient de l'enjeu de devoir adapter les moyens de déplacement pour privilégier les transports doux, comme le train.
De cette expérience en Colombie, quel souvenir gardez-vous ?
Je me souviens d'une anecdote. Le premier jour où je suis arrivé au village Kagabas, un petit peu avant l'arrivée de Franz, j'ai attendu sans vouloir déranger pendant quelque temps. Le Máma est ensuite venu me voir pour me faire une cérémonie d'accueil et me transmettre leur confiance en m'expliquant la responsabilité qui découlerait de cet album. J'ai le souvenir ensuite de beaucoup de rires partagés lorsque nous marchions dans la montagne pour rejoindre les villages en haut de la Sierra Nevada.
Pouvez-vous présenter l’association Nativa ?
Nativa combat autour des enjeux de reforestation et de restitution des terres kagabas.
Conscient des responsabilités qui découlent de cette confiance, j'ai décidé de sortir cet album sous mon propre label. Les bénéfices des ventes de disques seront reversés à l'organisation Nativa.
Un dernier mot ?
J'ai un projet de résidence en mars pour la création d'un live en immersion pour présenter l'album, avec une exposition de photographies de Nativa et des vidéos projetées.
Il y a l'idée de générer de la musique avec des plantes et des arbres, de créer un moment intimiste et de rencontre autour de la musique de l'album Kagabas.
Merci à Harold qui a répondu à nos questions et nous dévoile un projet qui nous emmène loin ! En cette période bien particulière, ça nous fait du bien de nous transporter ailleurs par l’esprit et les sens.
Retrouvez Lion’s Drums sur Internet
https://lionsdrums.bandcamp.com/album/kagabas
Pour contacter Nativa : https://www.nativa.org
Texte : Routard.com
Mise en ligne :