Nous sommes un couple de retraités de 63 et 58 ans et voyageons en individuel. Cette partie de notre carnet de voyage est consacrée à la découverte de la Malaisie en mai et juin 2023.
Le 12 mai, à Yogyakarta à Java un taxi nous conduit à l’aéroport situé à 60 kilomètres au bord de la côte. C’est un aéroport neuf, démesuré, froid et en grande partie vide de passagers et de boutiques. Par contre depuis la salle d’attente la vue est magnifique sur la mer.
Notre vol à destination de la capitale de la Malaisie, Kuala Lumpur, se déroule sans problème. Nous avons l’occasion d’admirer un magnifique orage, heureusement éloigné de l’avion. Les formalités sont rapides car on n’a pas besoin de visa. Nous prenons ensuite un train qui nous transporte jusqu’à la gare centrale, car l’aéroport est situé à 60 kilomètres de la ville. Puis un taxi nous conduit à notre hôtel situé en plein Chinatown qui est encore très animé à prés de minuit. Nous sommes accueillis par un automate pour nous enregistrer. Nos deux cartes bancaires ne sont pas acceptées et nous voilà bloqués à 23 heures 30 sans pouvoir rentrer dans l’hôtel. Heureusement un employé arrive et débloque la situation. C’est leur appareil qui ne fonctionne pas. La machine ne remplacera jamais le contact humain en toute occasion. Nous nous couchons à minuit.
Le lendemain nous commençons par un petit-déjeuner dans un restaurant de notre rue car notre hôtel ne fait que le logement et rien d’autre. Puis c’est la découverte de Chinatown à pied. Il y a déjà beaucoup de monde dans les rues, locaux et touristes. On voit de petites maisons chinoises, mais juste derrière apparaissent les grandes tours caractéristiques de Kuala Lumpur, en particulier la tour Merdeka qui culmine à 678 mètres. On s’apercevra plus tard qu’elle est visible depuis la chambre de notre hôtel. Nous allons en direction d’un premier temple, le See Shu Yuen Temple. La petite rue que nous empruntons est bordée de murs recouverts de peintures. Le street art est aussi très présent à Kuala Lumpur comme nous pourrons le constater tout au long de la journée. C’est un des plus vieux temples chinois de Malaisie. Il est très coloré. A l’extérieur on peut voir des frises en terre cuite. A l’intérieur des fidèles viennent se recueillir. Une odeur d’encens flotte dans l’air.
Nous poursuivons notre visite de Chinatown. Nous passons par une rue piétonne couverte. Elle est très touristique avec de chaque côté des boutiques pour touristes. Nous prenons une petite allée dans laquelle des petits restaurants locaux sont installés. Nous débouchons devant le temple hindou Sri Mahamariamman. C’est le plus ancien temple hindou de la ville. Malheureusement il est en travaux et nous ne pourrons pas voir sa porte principale surmontée d’un gopuram typique de l’Inde du sud avec sa foule de divinités multicolores. Quelques mètres plus loin nous visitons le temple taoïste Guan Di. Deux lions de pierre gardent sa porte d’entrée. A l’intérieur tout est en couleur, murs, plafonds, piliers, statues. Malgré tout il y règne une certaine sérénité.
Puis c’est un autre temple taoïste, le Sze Ya, plus difficile à trouver, car il se cache derrière des boutiques. Dans les fumées d’encens on y aperçoit de nombreuses statues de bouddha.
Puis nous traversons Central Market, un bâtiment art déco. Il a été transformé en marché de boutiques de souvenirs pour touristes et de restaurants. Les vendeurs de fruits, légumes et poissons ont apparemment été invités à déménager.
Nous traversons une rivière pour aller vers la place Merdeka. Au passage nous admirons deux maisons sur les quais de cette rivière transformées par des peintures en œuvre d’art.
Nous visitons le Musée Tekstil Negara. Il est situé dans un bâtiment de style Moghol et est consacré à la tradition textile en Malaisie. Les premières salles sont consacrées à l’histoire des textiles et aux techniques et outils traditionnels, broderie au fil d’or et batik en particulier. On découvre aussi de magnifiques étoffes et tissus brodés par les minorités et ethnies. Des tissus et motifs malais ainsi que des parures, bijoux, broches, colliers, bracelets et coiffes sont visibles dans d’autres salles. Un magnifique musée.
Nous faisons le tour de la place Merdaka où flotte un drapeau malais au sommet d’un mât de plus de 100 mètres de haut. La place est bordée d’impressionnants monuments de l’époque britannique. Le KL City Gallery, ancienne imprimerie gouvernementale, également de style moghol, contient une exposition intéressante sur l’histoire de la ville. A l’étage on y trouve une maquette monumentale de la ville actuelle et à venir. On y trouve aussi des créations d’artistes locaux montrant leur vision parfois délirante de leur ville.
Le bâtiment le plus beau est incontestablement le Sultan Abdul Samad Building. De style moghol il est surmonté de bulbes cuivrés et d’une grande tour d’horloge. En face le Royal Selangor Club est de style Tudor. C’est toujours un club réservé à une certaine élite. Le Dayabumi Complex situé en retrait est un gratte-ciel original avec sa façade aux motifs d’étoiles à 8 branches d’inspiration islamique. La Masjid Jamek, la mosquée du vendredi, est la plus ancienne de la ville. Entourée de jardins ses minarets et ses coupoles se reflètent dans la rivière. Ses murs alternent les briques rouges et le plâtre.
De grandes tentes sont alignées sur la place et les personnes présentes nous invitent à boire et à manger gratuitement. Ce sont les restes du repas d’une fête. Si le jus de fruit nous rafraîchit, la nourriture s’avère beaucoup trop épicée et difficilement mangeable pour nous. Fatigués nous regagnons notre hôtel en continuant à regarder les habitations de styles si différents. Nous passons par la rue couverte et un violent orage nous y surprend. Nous nous arrêtons pour boire. Ce soir nous mangerons une bonne soupe et des dumplings.
Notre deuxième journée à Kuala Lumpur commence par une visite à l’Heritage Old Station, l’ancienne gare ferroviaire de la ville. C’est un bâtiment mélangeant les styles indien, mauresque et victorien. Elle présente un nombre impressionnant de dômes et minarets. En face l’ancien bâtiment des bureaux des chemins de fer est dans le même style mais moins élancé et raffiné. Derrière ces bâtiments on aperçoit plusieurs gratte-ciels qui occupent le centre de la ville.
Notre prochaine visite est pour la Masjid Negara, la mosquée nationale. Nous devons enlever nos chaussures et revêtir un kaftan, un vêtement ample, violet, avec la tête couverte pour Catherine, pour y pénétrer. Un minaret de plus de 70 mètres la surplombe. Des bassins et des jardins apportent de la fraîcheur et de la tranquillité. Il n’y a pas de dôme mais une sorte d’ombrelle bleue. Nous pouvons entrer dans une partie de la grande salle de prière. L’intérieur est très sobre. Ses piliers sont ornés de motifs islamiques. Nous parcourons ce lieu avec sérénité.
Nous allons ensuite au Muzium Kesenian Islam, le Musée d’Art islamique. C’est un bel édifice moderne et lumineux entièrement consacré à l’art islamique. Le toit est surmonté d’une coupole aux céramiques turquoises et on trouve à l’intérieur un étonnant dôme inversé blanc. On commence la visite par une vingtaine de maquettes de mosquées et de mausolées. On en reconnaît plusieurs que nous avons visités lors de nos précédents voyages : la mosquée de Djenné au Mali, le Taj Mahal à Agra en Inde, le mausolée de Khoja Ahmed Yasawi à Turkestan au Kazakhstan, le mausolée de Bibi Khanym à Samarkand, la mosquée de Kalyan à Boukhara.
Les salles suivantes montrent les grandes régions du monde musulman à travers leur artisanat et patrimoine artistico-religieux. On y trouve des objets de grandeur valeur artisanale en provenance de Chine, Inde, Indonésie, Malaisie : porcelaines, poignards, vases, kriss, parchemins, bijoux, enluminures, tissus, boîtes et beaucoup d’autres objets. Tous ces objets sont magnifiques. Un peu plus loin de nombreuses représentations du Coran, des minuscules avec une loupe pour lire, des plus grands, des livres illustrés, etc. A l’étage d’autres objets en provenance du monde islamique sont classés par catégorie, orfèvrerie, armes, mobiliers, céramiques, textiles, bijoux, coiffes, cuivres. C’est une exceptionnelle découverte de la richesse de l’art islamique dans ce musée.
Notre visite suivante est pour le Bird Park. Ce serait la plus grande volière du monde dans laquelle on peut pénétrer. Nous la parcourons et sa taille est impressionnante, plusieurs centaines de mètres de long et plusieurs dizaines de mètres de haut. De nombreux oiseaux y vivent et nous côtoient. On remarque des paons, cigognes, aigrettes, flamants roses, ibis, hérons, calaos, goura de Victoria et d’autres oiseaux plus petits et plus cachés que nous avons du mal à reconnaître. D’autres sont dans des volières plus petites. Nous y rentrons pour voir des perroquets de toutes les couleurs. Un violent orage accompagné de fortes pluies nous y surprend. Nous nous abritons sous une tonnelle en bois. Des oiseaux nous y rejoignent. Nous finissons notre visite par une boisson au restaurant de la volière. Nous y dégustons des boissons froides car l’orage n’a pas rafraîchi l’atmosphère. Une aigrette et un calao nous regardent de près et même de très près, sans doute intéressés par nos consommations.
Notre dernière visite de la journée est pour le Muzium Negara, le Musée national. Il retrace l’histoire du pays depuis la préhistoire. Ce musée paraît minuscule, écrasé par les nombreux gratte-ciels qui l’entourent. La première section du musée est consacrée à la préhistoire et aux premières traces de présence humaine. On y voit des ossements, silex, armes, poteries, sans oublier des tambours, cloches, sépultures en pierre et urnes. Une grotte est reconstituée. La deuxième section aborde les royaumes malais qui apparaissent au début du IIe siècle et la période indo-bouddhiste. L’accent est mis sur l’importance du bateau dans les échanges commerciaux, culturels et religieux. De nombreux objets relatifs à cette période sont exposés. On y voit aussi la montée de l’influence de l’Islam. La troisième section retrace la colonisation du pays par les Portugais d’abord, les Hollandais puis les Anglais. Les mines d’étain, le caoutchouc, le riz, la noix de coco, le café, le gambier sont exploités intensivement par les anglais. Puis c’est la seconde guerre mondiale avec l’occupation du pays par les Japonais et ses exactions. La dernière section montre la lutte pour l’indépendance qui n’aboutira qu’en 1957 et les difficultés pour unir les différents sultanats, états et îles. Le parcours de termine par les costumes traditionnels des différentes communautés du pays.
Nous retournons à notre hôtel fourbus, fatigués par les kilomètres parcourus, les visites et la chaleur. Notre journée se termine par un repas dans un restaurant chinois.
Nous avons gardé le dernier jour pour aller voir de près les fameuses Petronas Towers. Nous traversons d’abord le quartier indien. En architecture il y a peu de différence avec les autres quartiers de la ville, des maisons plus ou moins traditionnelles et derrière des tours. Par contre on y trouve des boutiques et des restaurants indiens. Nous poursuivons notre chemin au travers les gratte-ciels qui occupent cette partie de la ville. Il n’y en a pas deux identiques. Certains sont ordinaires, d’autres ont des formes plus recherchées. Nous avons une curieuse sensation en regardant ces gratte-ciels d’en bas, une impression d’étourdissement. De temps en temps nous apercevons une partie des tours.
Nous arrivons enfin aux pieds des tours. Elles semblent interminables et nous donnent le vertige. Ce sont deux tours jumelles d’acier et de verre reliées par une passerelle. Elles s’élèvent à 451 mètres et ressemblent à des épis de maïs fuselés. Elles sont devenues l’emblème de la ville. Nous entrons par le centre commercial situé devant. Il est monumental et a 6 niveaux. On y trouve surtout les boutiques des marques les plus prestigieuses du monde. Toute sorte de personne d’y croise, touristes et locaux plus ou moins habillés et femmes habillées en noir et voilées et hommes en djellabas. Tout ce monde cohabite sans problème. Nous quittons rapidement cette ambiance et nous promenons dans le quartier au milieu des gratte-ciels
Il faut quand même faire attention en traversant les rues de ne pas garder la tête en l’air. D’autres gratte-ciels sont en construction. Il ne reste pas grand-chose des maisons coloniales anglaises. Nous remarquons une tour ronde et incurvée d’inspiration islamique. Nous finissons par arriver dans un jardin situé derrière les tours Petronas. C’est un îlot de verdure au calme. Il est agréable de s’y promener au milieu des lacs, jets d’eau, arbres, jeux d’enfants. A certains endroits on ne voit plus de tours, mais elles ne sont jamais très loin.
Nous quittons ce quartier pour nous diriger vers la Menara Tower. C’est un relais de télévision et sa tour culmine à 421 mètres. Il y a surtout un restaurant panoramique tournant à 280 mètres. Il est possible d’y prendre un “afternoon-tea”, ce que nous allons faire. C’est en fait un buffet complet. Notre table est située contre la vitre et nous avons une vue magnifique sur la ville, bien que le temps soit couvert. Nous constatons que les gratte-ciels s’étendent à perte de vue. Ils sont de toutes les tailles. Il y a malgré tout des espaces verts, mais on voit bien qu’ils sont peu nombreux. Nous reconnaissons les sites que nous avons visités hier, la grande tour visible de notre chambre, les Petronas Towers. La vue est à couper le souffle. Le plateau supportant les tables tourne et fait un tour complet en un peu plus d’une heure, ce qui accentue la beauté du spectacle. Nous finissons par descendre après avoir pris de nombreux films et photos.
Nous rentrons à l’hôtel nous reposer. Demain nous quittons Kuala Lumpur pour Malacca.
A suivre.