On trouve majoritairement des messages très positifs concernant la Martinique ou des critiques très ciblées (loueurs de voitures par exemple). Je souhaite apporter un éclairage critique pensant qu’il pourrait être utile à des personnes qui recherchent le même type de vacances que moi. Critique ne veut pas dire négatif pour le plaisir bien français de râler, mais expliquer pourquoi je n’ai pas été satisfait de ce séjour (dernière quinzaine de janvier 2023). Quelles ont été mes erreurs? Qu’est-ce qui ne dépendait pas de moi et ne m’a pas convenu? Quels ont été les points positifs?
Commençons donc par le positif:
il fait chaud et les martiniquais sont vraiment des personnes très gentilles, souriantes et serviables, vous mettant sur la bonne voie si vous êtes perdus, etc. C’est très plaisant quand on change de région d’être accueilli aussi chaleureusement et dans mes voyages, les contacts avec les locaux sont importants pour moi. Les Guadeloupéens - pour rester aux Antilles - ne m’ont pas laissé la même impression. Les plages sont plutôt sympathiques, sans être forcément exceptionnelles cependant.
Poursuivons par mes erreurs:
je n’ai choisi qu’un seul point de chute (erreur n°1) dans le sud de l’île entre les Trois Ilets et les Anses d’Arlet (erreur n°2) car j’adore rester des heures dans l’eau à faire du snorkeling et les sites semblent nombreux dans cette région . Il aurait probablement mieux valu passer une semaine sur les deux au nord de Fort de France, soit vers Saint Pierre (côte Ouest) soit vers Le Robert/La Trinité. Je me suis enclavé dans le sud-ouest pendant quinze jours et c’était une mauvaise idée. J’ai cru que durant cette période de l’année, hors vacances scolaires, la Martinique serait moins fréquentée même s’il s’agit dans les calendriers de voyages de la haute saison (erreur n°3). Ces erreurs me sont clairement imputables.
Qu’est-ce qui ne dépendait pas de moi et a rendu ce séjour très décevant:
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le monde, la foule, partout à partir de 9 heures du matin dans le meilleur des cas.
Je recherche le calme et c’était mission impossible : plages bondées, randonnées plus proches des promenades dans les parcs de nos grandes villes que d’immersions dans la nature, etc. -
les embouteillages au quotidien.
Je pensais avoir connu le pire avec Pointe-à-Pitre, mais j’étais loin du compte! A titre d’exemple, en partant à 6h30 du matin, il m’a fallu trois heures (!) pour arriver à l’anse Couleuvre (environ 80 km). Certes, mon choix de logement n’était pas idéal, mais de là à vivre ces heures dans la voiture… Je précise que je n’avais pas vraiment le choix: soit je passais par Fort de France, soit je traversais par Saint Esprit en direction du François, soit je faisais le tour par le Diamant, le Marin, le Vauclin, etc. et qu’en terme de temps de parcours, on arrivait à peu près à la même chose. Embouteillages de locaux allant travailler, embouteillages de touristes, franchement ce ne sont plus des vacances pour moi. Les locaux m’ont conseillé de partir à 5h du matin pour éviter les bouchons. Sans commentaire. -
les dos d’âne sur les routes.
Là-aussi je pensais en avoir vu pas mal en métropole (j’ai fait environ 30 000 km par an pendant presque 40 ans en métropole dans des zones rurales) mais la Martinique c’est un autre monde en terme de quantité et de taille. Avec une voiture de location à l’embrayage en fin de vie et aux amortisseurs bien fatigués, ce n’est que du bonheur. -
le temps.
Ayant choisi le début de la saison sèche j’avais lu que la moyenne était de 10 jours de pluie sur le mois. Nous avons eu la pluie (souvent plusieurs fois dans la même journée) 10 jours sur 14, ce qui finit par être lassant: arrivés sur la plage on pose sa serviette, au bout de 5 mn on se met à l’abri 1/4 d’heure, quand la pluie cesse on recommence… la pluie aussi… Ce n’est pas la faute des Martiniquais ou de la Martinique, c’est juste pas de chance mais ce n’est pas très plaisant. -
les “randonnées”.
Comme partout ailleurs, il y a foule partout. Je précise que nous nous levons en général vers 6h et sommes sur le départ à 6h30. Le monde fait fuir les animaux et ne permet pas de profiter vraiment de la nature. De plus, ces parcours ne sont pas du tout comme les chemins de randonnées auxquels nous sommes habitués dans les Alpes par exemple, puisque c’est là que j’habite. Les sentiers sont entrecoupés de très nombreuses marches artificielles faites en planches et ça enlève, pour moi, une partie du plaisir. On peut trouver quelques marches sur un parcours (lac Blanc), voire des échelles (Semnoz), mais pas systématiquement et pas autant. Certes le relief naturel ce sont les mornes, mais je ne crois pas que ce soit toujours moins pentu dans les Alpes et nous avons de vrais sentiers tracés dans la nature. Nous ne sommes pas aller à la Montagne Pelée et c’est un regret, mais j’avais lu qu’il fallait prévoir cette randonnée un jour de beau temps et qu’il n’ait pas plu la veille pour que les rochers ne soient pas trop glissants: la météo n’était pas avec nous! -
les fonds blancs.
Alors ça c’est vraiment une arnaque pour touristes très âgés qu’on débarque en masse sur quelques petits îlets. On arrive à un stade quand même où il y a des couloirs de bouées pour que les touristes puissent se baigner (dans 40 cm d’eau, mais ça au moins on le sait au départ) sans risquer de se faire heurter par un des trop nombreux bateaux qui viennent y jeter l’ancre. D’ailleurs, “jeter l’ancre”, ça fait partie des choses qui m’ont choqué: quand on a autant de bateau qui viennent tous les jours, si l’on veut protéger les fonds on crée des mouillages fixes! Vous imaginez les dégâts causés par toutes ces ancres sur les fonds marins? D’ailleurs parlons-en des fonds: voir point numéro n°7. -
les fonds marins.
Quelle déception pour moi: il y a quelques coraux, quelques poissons de petite taille, mais tout cela reste bien pauvre et j’ai terminé le séjour en laissant mes palmes, masque et tuba dans le sac. Circulez, y a rien à voir ou presque. Comment pourrait-il en être autrement avec ce tourisme de masse dévastateur? Le point d’orgue, c’est la plage de l’anse Dufour où dès 9h du matin au plus tard il y a en permanence au moins 25 personnes en train de traquer les malheureuses tortues pour tenter un selfie malgré les panneaux expliquant qu’il ne faut pas les approcher à moins de 5 mètres. Pauvres tortues, triste humanité…
Voilà le genre de témoignage qui m’aurait intéressé, qui m’aurait permis de savoir à quoi m’attendre en toute honnêteté et sans vouloir dénigrer cette île que j’apprécierais sans doute différemment dans un autre contexte.
J’espère n’avoir pas froissé les Martiniquais qui sont des personnes adorables, mais mon ressenti est bien tel que je l’ai exprimé ici.
J’espère que ce témoignage forcément subjectif pourra être utile à certains, sans esprit de polémique, car c’est bien son objectif.