Souvenirs de Chine … et de la ville de Xi’an. Cette historique cité de la Chine intérieure est devenue depuis quelques années un must lors d’un voyage dans le grand Empire du Milieu.
Xi’an rime désormais avec armée … mais une armée figée et pacifique, un véritable trésor archéologique particulièrement impressionnant.
Mais Xi’an, c’est aussi une ville située à l’extrémité de la fameuse « Route de la Soie », on y découvre avec étonnement son quartier commerçant de la minorité musulmane. Autre héritage du passé à Xi’an, une surprenante mosquée … à l’architecture en forme de pagode.
Bienvenue à Xi’an et pour débuter, honneur à la fameuse armée de soldats d’argile.
Autant que je m’en souvienne, la première fois que j’ai entendu parler de cette originale armée chinoise toute pétrifiée, c’était il y a (déjà) de nombreuses années. Lors d’une soirée diapos entre collègues. Ces chanceux vacanciers revenaient plein d’enthousiasme d’un voyage en Chine, ce n’était pas si fréquent il y a de cela une trentaine d’années. Et après l’incontournable tour d’horizon des diapositives de Pékin et de la Grande Muraille, nous avions découvert les vues de ces soldats … récemment mis au jour par les archéologues chinois.
Dès ce soir-là, je m’étais bien promis qu’un jour … si j’avais l’occasion de voyager en Chine, Xi’an et sa fascinante armée de terre cuite seraient immanquablement au programme.
Me voici donc face à cette imposante armée en ordre de marche et pourtant totalement immobile.
Ainsi dans cette vaste Fosse N°1, ce serait quelques 2000 soldats qui auraient été déjà mis au jour ; mais ce lieu en contiendrait, dit-on, beaucoup plus : environ 6000 combattants et chevaux seraient encore ensevelis sous la terre et les gravats !
Pour protéger cette légion, un immense hall a été construit sur le site. Une structure qui s’étire sur 230 mètres de long. Et pour faciliter la visite, des passages surélevés encadrent de chaque côté les alignements de militaires. Ils constituent de parfaits belvédères pour bien les observer.
On est jamais vraiment seul en Chine lorsqu’on visite un site historique mais devant cette armée statufiée, on oublie très vite la présence de cette foule de visiteurs qui vous entoure.
Ces visages très expressifs ont quelque chose de fascinant. Tous ces regards concentrés donnent une impression de guerriers déterminés, fins prêts à combattre.
En les fixant si attentivement, je me dis que c’est bien la première fois que je me trouve ainsi captivé et admiratif devant un défilé militaire, certes celui-ci est pacifique ainsi figé pour l’éternité … cela me rassure !
En tête de troupe, ont été placés quelques officiers, leurs coiffes et leurs armures témoignent de leur rang au sein de cette compagnie. Puis ce sont ensuite, alignés au cordeau, les archers puis les arbalétriers et enfin suivent les centaines, que dis-je, les milliers de fantassins.
Cette armée de terre cuite à nulle autre pareille, on la doit au souhait de l’Empereur Quin Shi Huang, le premier empereur ayant unifié une grande partie de la Chine, un souverain tyrannique et mégalomane qui a régné d’une main de maître sur l’Empire du Milieu, il y a de cela plus de 2000 ans.
Son soucis d’immoralité et de protection jusqu’en l’au-delà a motivé son désir d’entourer sa sépulture d’une garde rapprochée constituée de milliers de soldats.
Un projet que l’on pourrait qualifier de complètement fou … l’objectif était donc d’assurer sa protection après sa mort et pourquoi pas, être prêt aux nouvelles conquêtes en cas de résurrection …
La découverte de ce corps d’armée enterré est le fruit du hasard comme c’est souvent le cas en archéologie. Ce sont en effet des paysans qui en 1974, en creusant un puits, ont découvert ces statues … d’abord une tête puis les morceaux d’un corps.
Les archéologues alertés ont poursuivi les fouilles de cette immense nécropole … Ce site dans une plaine de Xian s’est avéré être une des découverte****s archéologiques ma****jeures du XXe siècle.
On le constate lors de la visite, ces reproductions de soldats sont grandeur nature … enfin, pas tout à fait. L’Empereur Quin fidèle à son souhait de puissance a voulu impressionner avec des guerriers d’argile dont la taille moyenne avoisine les 1m80 alors que les spécialistes de cette époque nous apprennent qu’en c’est temps-là, la taille moyenne des hommes était plutôt d’ 1m60 !
Pour parvenir à réaliser cet ambitieux projet, l’empereur Quin a fait appel à une « armée » d’esclaves et d’artisans. Des artisans qui se sont avérés de véritables artistes. La qualité de ces sculptures de terre cuite en témoigne.
En observant les détails de ces visages, tous différents, ceux des parures ou même des armures, on ne peut être qu’admiratif devant un tel résultat.
Selon les études des archéologues, les conditions de travail pour les milliers d’ouvriers enrôlés dans ces gigantesques travaux étaient on ne peut plus dures. On ne plaisantait pas à l’époque impériale, les récalcitrants, les malhabiles ou autres tire-au-flanc subissaient d’horribles sévices … on parle même d’ouvriers enterrés vivants !
En balayant du regard ces rangées de soldats, mes yeux s’arrêtent sur ce visage aux traits fins, la reproduction de sa peau paraît teintée presque rouge.
Il faut savoir qu’à l’origine ces statues de terre étaient colorées, mais les teintes élaborées à partir de pigments naturels se sont estompées avec le temps. Plus loin, un panneau explicatif nous renseigne en détail à ce sujet. Notamment avec des précisions à propos de la représentation des mains et des pieds teintés souvent de bleu.
Autant il faut saluer le talent des artisans-artistes qui ont réalisés ces œuvres sculpturales, autant on se doit de féliciter également le fabuleux travail des archéologues. Car mettre au jour les soldats de cette grande armée est un travail titanesque.
Au bout de cet interminable hangar, on a un aperçu de la difficulté de la tâche à laquelle sont confrontés les archéologues. Voici un exemple d’un chantier de fouilles en cours.
Une fois les monticules de terre dégagés, les « corps » se présentent dans un piteux état en un amas de fragments disloqués, brisés, éparpillés … Ici un bras cassé, là une tête en mille morceaux !
Déblayer, répertorier, conserver … constituent les premières étapes, la suite est on l’imagine encore plus délicate. A l’image d’un puzzle géant, il faut reconstituer les « soldats ». Pour cela, les spécialistes s’aident d’une technologie de pointe : scanners et logiciels de représentation virtuelle en 3 D … et surtout ils s’arment de patience et de persévérance.
En passant auprès d’un atelier que l’on domine depuis la coursive, on peut voir à l’œuvre les travailleuses et travailleurs de l’ombre de ce chantier, ainsi elles et ils sont mis en lumière. Toutes et tous le méritent bien.
Des chevaux en cours de reconstitution sont aussi alignés comme ces dizaines de guerriers.
Un détail accroche le regard, l’attitude des mains des soldats figés au garde à vous. Une telle position fait imaginer qu’ils tenaient un objet entre leurs doigts … C’était en fait des armes, des lances, des haches ou des arbalètes que portaient ces guerriers prêts à combattre, un armement qui a disparu, très probablement par pillages.
Après la visite de la grande fosse, la poursuite du parcours découverte nous mène dans un autre fosse où les fouilles sont loin d’être achevées. Une épaisse couche de terre bien compacte recouvre encore un corps d’armée et donc, les corps de terre des soldats.
En quarante années de travaux les archéologues estiment avoir mis au jour et reconstitué seulement un quart de l’armée impériale de l’Empereur Quin, il faudra donc plusieurs générations pour venir à bout de cet immense site archéologique.
Signalons également un des problèmes auxquels se heurtent les spécialistes : les difficultés de conservation de ces statues et autres sépultures. En effet, les techniques de conservations nécessitent quelques progrès car c’est bien de mettre au jour ces œuvres antiques, encore faut-il avoir la possibilité de parfaitement les conserver.
Au vu des découvertes dans ce secteur du site, les historiens pensent qu’il s’agissait-là du quartier général de l’armée impériale. On y trouve les officiers supérieurs en tenue d’apparats. Les sculptures exhumées sont exposées derrières des vitrines où la foule des visiteurs s’agglutinent. Il m’a fallu jouer des coudes pour m’approcher et observer la finesse de ces gradés de terre cuite.
Remarquez les détails … notamment sur la vue de ce cavalier tenant par le licol son cheval. Un harnais et un licol eux aussi en terre cuite.
Des pièces miniatures parfaitement réalisées qui confirment une fois encore le talent des ouvriers, ils maîtrisaient avec perfection le travail de cette terre argileuse comme les techniques de cuisson de tous ces objets.
On termine la visite de cet extraordinaire site archéologique avec la présentation d’une œuvre magistrale. Découvert et sorti de terre à proximité du tombeau de l’Empereur Quin ce chariot et ces chevaux de bronze constituent une œuvre maîtresse de cette salle faisant office de musée.
L’œuvre exceptionnelle est exposée à l’intérieur d’une vitrine, une bonne protection mais pour ce qui est du rendu des photos … difficile, en effet d’éviter les reflets des halos lumineux et des silhouettes de visiteurs. Bon, la vue des personne donne une échelle à cette œuvre de grande dimension.
Une réalisation d’exception qui témoigne une fois encore du talent des artistes de l’époque et de leur maîtrise, ici, du travail du bronze.
A observer les expressions et les détails de ces sculptures on est captivé par l’ensemble et peut-être encore plus par la finesse de tous les détails remarquablement réalisés.