Comment la montagne accoucha de quatre souris trempées .Récit

Forum Écosse

J’ai déjà raconté sur ce forum les deux premiers épisodes des aventures écossaises de joyeux archers de la forêt de Fontainebleau-Sherwood, de Bridge of Orchy à Fort William sur le West Highland Way et de Glenfinnan à Inverie en 2010, puis d’Inverie à Poolewe en 2012. J’avais réussi à convaincre les participants de l’an dernier, ceux que j’appelais Théodorine, notre Whymper,et Cyrus Smith-Mac Gyver de reprendre la marche vers le Nord sur le Cap Wrath Trail.
L’été dernier, nous avions marché et bivouaqué avec Robin Hood, notre chef bien-aimé, et toute sa bande, pendant neuf jours dans le Mercantour. Au début de l’automne, Théodorine, Cyrus et moi, avions randonné pendant six jours en complète autonomie autour du Carlit, sur un itinéraire à nous, pour comparer les lochs pyrénéens et les lochs écossais, le loch Maree avec le lac des Bouillouses et l’étang de Lanoux. Nous avions eu de la neige nous étions trop chargés, mais tout s’était bien passé.
A suivre.
Calamity jane

L’hiver fut beaucoup moins favorable : temps exécrable, tendinite ou ennui de ce genre, problèmes divers : nous ne nous sommes guère entraînés, et, jusqu’au dernier moment, nous n’avons pas été sûrs de partir. J’ai beaucoup travaillé cependant sur le projet, posé beaucoup de questions sur ce forum. Nous sommes partis comme prévu le 25 Avril. Le projet était de partir d’Achnashellach et de traverser le Great Wilderness, puis, en rejoignant Inchadamph par le bus, de gagner le Cap Wrath. Les conditions météorologiques, les tendinites, et les manœuvres du Cap Wrath, en ont décidé autrement. Sur les onze étapes prévues (nous ne sommes pas des rapides), nous en avons fait deux et demie. La montagne a accouché de quatre souris trempées.
ravitaillement ,et tout est scanné au poste frontière britannique . Nous redoutons de nous voir privés d’une partie de notre matériel, en ces temps de paranoïa antiterroriste, mais finalement tout se passe bien, nous rejoignons le bus et attendons donc d’entrer dans le tunnel .
A suivre

Prologue : De Paris à Aschnashellach
Pour la troisième fois, nous partons par Eurolines. Le plus pratique pour nous Parisiens, serait de prendre le soir Eurostar puis le Caledonian Sleeper, si le voyage par Eurostar ne nous empêchait pas de prendre avec nous tout notre matériel, afin de randonner dès notre descente du train. Nous nous retrouvons donc tous les quatre à 7h30 à la gare routière de Galliéni, toujours un peu sordide, avec nos gros sacs, nos bâtons de marche, et cinq jours de ravitaillement, et partons une heure plus tard pour Londres. En chemin, je vais admirer les échangeurs de Roissy ; nous allons comparer les terrils aux hills écossaises (elles se vengeront) ; Théodorine, chargée comme d’habitude de nous préparer des sandwichs de luxe, va photographier le tissu du dos des sièges du bus (bleu veiné de couleurs diverses), projetant de faire passer cela pour un ciel écossais . Nous nous retrouvons au bout de quelques heures au contrôle de la frontière, que nous devons passer par le tunnel.
Contrôle désagréable à la frontière. Nous devons sortir nos gros sacs du bus, notre Nous n’aimons pas le tunnel : on ne voit rien, ni mer, ni bateaux, ni oiseaux, ni falaises, pas de gâteaux anglais aux carottes, pas de bière. Les clôtures de la zone du tunnel et les rames destinées à transporter les véhicules nous évoquent les départs en camp de concentration . Une affiche nous vante les mérites écologiques du tunnel . Nous proposons un moyen encore plus écologique, la traversée en galère, avec réduction pour les passagers qui acceptent de ramer.
Le tour de notre bus vient enfin, il est enfermé dans son compartiment, serti comme une boîte de conserve, et finalement le passage sous la Manche commence . J’ai gardé avec moi mon altimètre, et nous passerons donc la traversée à lire et commenter les altitudes négatives indiquées par l’altimètre, Théodorine, notre géologue, nous expliquant que le tunnel est creusé à travers différentes couches de craie bleue . Nous retrouvons finalement avec soulagement l’air libre et arrivons à Londres avec le soleil, étonnés malgré tout de voir londoniens et londoniennes légèrement vêtus alors que nous gardons nos polaires.
A Londres, nous prenons le métro pour rejoindre London Euston, et après avoir déposé nos sacs à la consigne (un peu déshonorant et contraire à notre éthique de l’épargne), nous partons pour une promenade pédestre en direction de Regent’s Park.
Pour la première fois, je suis séduite par Londres, par ce mélange invraisemblable pour une Parisienne de buildings futuristes (l’un d’entre eux évoque un obus ou un suppositoire (à chacun son imaginaire) ), de jardins et d’immeubles traditionnels. Nous sommes étonnés par les attroupements devant les pubs (s’agit-il d’une coutume londonienne quotidienne ?) et séduits par Regent’s Park, plus particulièrement par les jardins de la reine Mary, les pélicans, les écureuils et la fausse cascade. Nous allons jalouser les étudiants d’une école installée dans le parc. Nous la remplacerions volontiers par une pension pour vieux retraités de notre espèce, séjournant à Londres entre deux expéditions montagnardes pour randonner dans la National Gallery ou au British Museum. Nous quittons finalement à regret Regent’s Park pour retrouver London Euston où nous attend un Caledonian Sleeper direct pour Inverness.
A suivre
Calamity Jane

Nous sommes désormais des habitués du Caledonian Sleeper, certes très confortable, mais peu fait pour des randonneurs avec gros sacs : les couloirs sont bien étroits, les compartiments aussi, mais nous apprécions beaucoup le café du matin, et le shortbread qui l’accompagne . Je vais me réveiller peu avant Perth, et je vais en profiter pour observer le paysage jusqu’à Inverness. Par chance, je vois pour la première fois les lieux sous un soleil timide et intermittent . Les environs de Pitlochry m’évoquent la vallée cantalienne de l’Allagnon, du côté de Laveissière. Je suis ensuite intéressée par les formes étrangement rabotées des collines du côté Ouest, je rêve un peu plus loin à une traversée possible dans cette direction, et pour la première fois, je vois un peu mieux à l’Est le massif des Cairngorms . Nous arrivons à Inverness sous une pluie battante, après avoir redouté de manquer la correspondance avec le train pour Kyle of Lochalsh, qui doit sur demande auprès du contrôleur, nous permettre de descendre au milieu de nulle part, à Achnashellach dans le glen Carron. Il pleut assez abondamment, et nous arrivons enfin un peu avant onze heures . L’abri de la “gare” est trop exigu pour nous quatre, amis par bonheur, la pluie s’arrête et nous permet d’achever la préparation de nos sacs. La randonnée commence…
A suivre
Calamity Jane

D’Achnashellach à Kinlochewe
L’an dernier, nous avions franchi le bealach na Lice pour aller de Strathcarron dans le glen Carron à Torridon, et nous avions renoncé ,en raison du mauvais temps, à une étape difficile entre Torridon et Kinlochewe passant par le loch Coire Mhic Fearchair, puis un tous terrains problématique pour rejoindre le pony track de Kinlochewe. Nous avions rejoint Kinlochewe, il y a exactement un an, peu glorieusement, par la route, sous les coups de vent et les averses de grésil.
Cette année, nous adoptons, pour varier les plaisirs, l’itinéraire classique du cap Wrath Trail par le sentier de Drochaid Coire Lair, les chutes d’Easan Dorcha, la Tea House bothy , le loch Coulin et le loch Clair, sur l’itinéraire classique du Cap Wrath Trail.
C’est une belle montée sur un sentier de montagne classique avec vue sur des munros enneigés. Le seul problème est de franchir une clôture à cerfs par une véritable trappe à randonneurs (ce n’est pas évident avec 17 kilos sur le dos), mais nous y parvenons sans trop de peine et nous arrivons à Drochaid Coire Lair, très bel endroit où bifurquent la descente sur le loch Coulin et le sentier du bealach Ban , dans une ambiance hivernale.Nous perdons un peu de temps à chercher un passage pour aller contempler le loch Coire Lair (je n’ai pas regardé la carte au bon moment, je me précipite sur un sentier de munro qui nous conduit à un gué difficile à franchir, alors que ce n’était pas nécessaire). Nous renonçons finalement au loch ,mais cela nous a fait perdre du temps. Incident pittoresque : un hélicoptère arrive , se pose et il en sort un vététiste hautain qui, sans un regard pour les misérables marcheurs que nous sommes, entame la descente vers le loch Coulin, tandis que l’on filme ses exploits de l’hélicoptère. Nous croiserons deux jours plus tard des vététistes moins hautains, et plus respectables à nos yeux, qui eux, montent les côtes à vélo.
La montée a été facile, la descente vers les chutes d’Easan Dorcha me paraît curieusement longue. Il fait froid, et les kilomètres écossais, que notre Whymper qualifie de hantés ,me paraissent ici curieusement longs. Nous atteignons enfin les chutes, bien abondantes, et la toute petite Tea House Bothy, où nous arrêtons pour déjeuner. A partir de là, un large chemin doit nous conduire au loch Coulin,d’où nous ne verrons pas la totalité du sommet du Beinn Eighe enneigé, puis au loch Clair dans le glen Torridon . Cela prendra nettement plus de temps que prévu, et lorsque nous atteignons la route, nous commençons à être las. Les quelques kilomètres qui nous séparent de Kinlochewe, sous la pluie, seront pénibles, Cyrus et notre Whymper, qui l’année dernière souffrait d’une tendinite, traînent à l’arrière, et j’apprends en arrivant à Kinlochewe que Cyrus sent sa tendinite se réveiller.Il est déjà 19 h (beaucoup trop tard) quand nous arrivons à Kinlochewe où tous nos espoirs se tournent maintenant vers le bunkhouse qui n’ a que douze places (heureusement, il peut nous accueillir) et nous nous rendons au Whistle Stop Café, qui nous avait si bien reçus un an jour pour jour auparavant. Nous en informons la dame du Whistle Stop Café, qui s’en montrera ravie, nous y mangeons fort bien (pour ma part, j’ai pris une excellente pie au bœuf Angus). L’an dernier, nous avions commencé par un pèlerinage à Inverie, découvert en 2010. Cette année, c’est notre pèlerinage à Kinlochewe.

« Ci-gît l’amiral Ganteaume , qui navigua de Brest à Bertheaume, puis par un bon vent d’Ouest, s’en revint de Bertheaume à Brest »
De Kinlochewe au lochan Fada (deuxième jour de randonnée) et du lochan Fada à Kinlochewe (troisième jour)
De Kinlochewe au lochan Fada.
La nuit a été plutôt bonne au bunkhouse. Nous ne démarrons pas très tôt (‘étape n’est pas très longue) et le temps n’est pas mauvais, sans être vraiment beau. Les cours d’eau paraissant bien abondants, nous ne choisissons pas de nous rendre au lochan Fada en suivant l’Abhainn an Fhasaigh par le gleann Biasnadail (il faudrait franchir un gué difficile) mais par la variante du cap Wrath Trail qui passe par le chemin des Hauts de Kinlochewe.
Nous rencontrons comme l’année dernière des moutons, de très jolis agneaux (beaucoup de jumeaux), dont l’un bêle avec insistance dans notre direction (indignation contre des criminels potentiels amateurs de tendres gigots ?) Après un coup d’œil au Slioch enneigé et un regard en arrière sur le Beinn Eighe (nous avons parcouru l’an dernier le Beinn Eighe Mountain trail),nous remontons sans problème particulier le cours de l’Abhainn Bruachaig jusqu’aux Hauts de Kinlochewe, regardant au passage quelques cascades. Nous remontons ensuite toujours sans aucune difficulté, le gleann na Muice, et déjeunons près de la bifurcation entre l’itinéraire du bealach Gorm et celui du bealach na Croise par le lochan Fada, dans un creux du chemin un peu abrité du vent. Devant nous apparaissent des sommets enneigés : un bout du massif du Slioch, le Mullach Coire Mhic Fearchair, le Beinn Tarsuinn. Nous commençons à examiner le terrain à la recherche d’un lieu de camp (pas question de passer un col ce soir après la journée de la veille), mais nous ne voyons que des marécages. Le temps est de plus en plus gris et froid. Nous arrivons au loch Gleann na Muice et au loch an Sgeireach, qui précèdent le grand lochan Fada, mais le seul « abri » que nous avons trouvé est une cabane sans toit dont la charpente s’est effondrée.
A suivre

Depuis un an , je rêve du lochan Fada . Le loch Maree était, paraît-il, le loch où l’on immergeait les fous dans l’espoir de les guérir, la dame du Whistle Stop Café nous avait accueillis l’année dernière en s’exclamant « you are crazy ! », en nous voyant arriver à pied par un temps pareil, et c’est donc une plaisanterie facile pour nous de parler du loch des fadas. Le paysage est tel que je l’espérais, bien que le temps soit sombre, mais pas de terrain herbeux où planter les tentes. On a normalement le choix dans les Highlands sauvages entre l’humide, le spongieux, le marécageux, et l’aquatique. Les deux dernières variétés semblent seules représentées ici. Le seul espace « campable »pour trois tentes sera une longue plage de galets roses au-dessus du loch . Planter les tentes sur des galets est fort désagréable pour les genoux, et difficile. Les petits piquets de la tente toute neuve de Théodorine ne conviennent pas, et elle devra s’installer assez loin sur une toute petite zone herbeuse. Finalement, les galets se révèleront plus confortables que prévu, et s’il n’y avait le vent, nous passerions une très bonne nuit.
A suivre
Calamity Jane

…un grand merci pour vos réçits de voyage ! J’ai beaucoup aimé le “titre” de votre sujet…:slight_smile:
Je n’ai jamais passé par ce Tunnel sous la Manche…:slight_smile: Vrai, ça ne doit pas etre terrible, heureusement que ça ne dure pas plus longtemps !! :slight_smile:
Ce batiment en forme d’obus…en anglais on dit “The Gherkin”, donc “Cornichon” ! En ce qui concerne les attroupements devant les Pubs…depuis la loi qui interdit de fumer dans les établissements publiques…il y a souvent plus de personnes dehors qu’à l’intérieur ! :slight_smile: (pas seulement à Londres !)
L’Histoire du VTT-iste et l’helico était assez inhabituel ! :slight_smile: Soit un “snob” avec trop d’argent…ou une affaire pour le TV ?! Je dirais si j’entends/vois quelquechose ainsi sur la BBC…!!!
Vous n’avez vraiment pas été gaté par le méteo…mais, il faut se dire que nous avons eu un Printemps affreux partout au nord de l’Europe ! (En ce qui me concerne, j’ai allumé mon chauffage ici dans le sud de la Belgique le mois d’octobre 2012…et, à ce jour, mon chauffage n’a pas encore été coupé depuis…ça commence à couter…chèr !!! )…Donc, si mauvais partout, pas à demander en hauteur en Ecosse ! Il y a encore eu de la neige, en hauteur,en Ecosse, cette semaine…

Bonjour Joyce,
Mon récit n’est pas terminé (je vais bientôt le reprendre . Il y a une erreur de copié-collé entre les deux premiers messages. Et jen’ai pas encore transmis toutes les photos correspondantes. Le tempsétait affreux, c’est pour ça que j’insiste sur cette question dans mesremarques adressées aux randonneurs. Et l’impossibilité de trouver deslieux où planter sa tente ainsi que la durée surprenante des parcourspeut produire des situations difficiles. Je parle ici du Nord du NordOuest, pas du West Highland Way, ni même du Knoydart où les bothiessont bien situées.
Calamity Jane

Bonjour à nouveau, Joyce.
Si l’on regarde bien, on voit l’hélicoptère près de se poser (ilest marron) sur la photo de Drochaid Coire Lair (actuellement en têtedes photos Ecosse du forum). J’ai lu sur l’hélicoptère les lettres PDG. PDG de quoi? Si vous arrivez à savoir, cela nous intéressera. Celanous avait à la fois divertis et agacés . Et habituellement ,nous avons en montagne des échanges de politesses avec les hélicoptères !

Bonsoir. “PDG” est une societé de location situé près d’Inverness…!
Donc, ce VVT-iste pourrait etre quelqu’un avec “assez d’argent”…ou peut-etre autre chose…car la societé est “specialisé” dans le tournage à partir d’un helicoptère et il parait que le BBC, entre autres, utilise leurs services…
Si je vois/entends quelquechose, je ne manquerais pas de vous en informer ! :slight_smile:

J’ai fort bien dormi sur la plage de galets (je dors en général aussibien qu’un chat) . Cyrus aussi, ce qui est plus étonnant, car ilressemble beaucoup à la princesse au petit pois d’Andersen. Mais peuaprès notre réveil, le vent qui n’a guère dû cesser de la nuit va sedéchaîner: mon altimètre indique une variation soudaine de 80 mètres.La tente est violemment secouée. Je crains pour les arceaux, et jem’interroge sur le niveau du loch . Personne ne sort pendant cetépisode. Nous allons sortir lorsque le vent faiblit (relativement) etje vais en profiter pour faire des photos des vagues sur le loch. Nousapprenons alors que si Théodorine a bien dormi sur son petit carréd’herbe, notre Whymper n’a pu fermer l’oeil de la nuit, dans sa petitetente ultralégère: il recevait sans arrêt des claques, le vent agitanttrop violemment les parois de la tente. Finalement rassemblés pour lepetit déjeuner, nous aurons la mauvaise surprise de sentir une odeur degaz: le réchaud fuit, et il n’est guère possible, vu les conditions, defaire une recherche précise de la cause, et le vent va se réveillerlorsqu’il s’agira de démonter les tentes . Nous devrons tous coopérerau démontage de chaque tente, plus ou moins couchés sur la toile pouréviter de perdre notre matériel dans le loch (c’est très agréable surdes galets…). Il nous faut ensuite prendre une décision sur la suite.
Le passage du bealach na Croise, d’après le guide du Cap Wrath Trail,semble un peu délicat par endroits. Ce qui ne poserait pas de problèmepar temps moyen peut s’avérer redoutable si nous avons la tempête à cemoment-là . Le bothy de Shenavall n’est tout de même pas très proche,et il faudra par la suite rejoindre Dundonnell.Si les tendinites seréveillent, la situatio npeut devenir vraiment difficile: j’ai lu qu’onpouvait camper facilement au bord du loch an Nid, mais comment planterles tentes dans la tempête ?Si le réchaud est inutilisable, nousdevrons nous contenter de mastiquer de la semoule crue.INous écartonsaussi la solution qui consisterait à rejoindr Carnmore en longeant entous terrains le lochan Fada, toujours parce que nous redoutons latempête . Imitant l’amiral Ganteaume, qui n’est pas sorti de la rade deBrest par crainte de la marine britannique, nous décidons finalement derevenir, peut glorieusement à Kinlochewe.
Peut-être n’avons-nous pas été suffisamment audacieux: la tempête ne vapas se réveiller, et finalement le problème du réchaud n’était dû qu’àune cartouche défectueuse. La déception de ne pas poursuivrel’itinéraire prévu nous conduira plus tard à une décision discutable.
A suivre

Le retour à Kinlochewe, par le même itinéraire, s’est révélé facile,sous un temps pluvieux seulement par intermittences . Nouscroisons un groupe de vététistes (eux nous saluent !)qui montent,semble-t-il ,vers le lochan Fada (c’est le week end). Non seulement lamontée est difficile, mais il y a du vent. Nous en concluons que lesEcossais sont plus résistants (normal pour un peuple de lanceursde troncs d’arbres) et encore plus fous que nous. Nous ne les verronspas redescendre. Qu’ont-ils fait? Cela reste pour nous une question,mais dans l’immédiat, nous redoutons qu’ils ne soient installés auBunkhouse de Kinlochewe, où il n’y a que douze places. En arrivant auxHeights of Kinlochewe peu après midi, nous rencontrons unpersonnage entièrement couvert d’une cape rouge qui descend presquejusqu’à ses pieds, tel que j’imagine un grand Hobbit, avec une têteronde joviale, visiblement heureux de nous voir. C’est un Suédois quis’est lancé sur le Cap Wrath Trail en solitaire. S’il a vu une foule detouristes à Shiel Bridge au bord du loch Duich (ceux qui veulent voirEilean Donan Castle y passent), nous sommes les premières personnesqu’il rencontre depuis ce bref passage dans la civilisation. Nous nesaurons pas où il compte passer la nuit. Il ira au Cap Wrath"maybe".Théodorine, qui a fait une expérience de randonnée solitaired’une semaine , nous dit que, souffrant trop de ne plus pouvoir parler,elle avait engagé la conversation …avec un cochon de rencontre, puisavec des dindons. Si le cochon avait répondu avec des grognementsaimables, les dindons, apparemment peu versés dans les languesétrangères, n’auraient guère apprécié ses avances, la forçant à battreprudemment et rapidement en retraite.
Nous avons souvent par la suite pensé au Suédois. Qu’a-t-il fait par ce temps ?
A Kinlochewe, celle qui étudie les lichens est toujours là, avec sadocumentation. Il y a fort heureusement plus de place pour nous qu’iln’est nécessaire. Cette fois -ci , nous irons tester les bières du pub.Apprenant que le temps du lendemain doit être exécrable, nous réservonsune nuit de plus à Kinlochewe.
A suivre.
Calamity Jane

Le Bunkhouse de Kinlochewe est un lieu où les randonneurs se sententchez eux. Grande cuisine, avec une grande table, immensegazinière, suffisamment de place pour déposer une partie de sonmatériel avant d’envahir le dortoir, bulletin météo montagne ethoraires des trains et des bus affichés. Juste en face se trouventl’arrêt de bus et la poste-épicerie qui vend à peu près tout ce dont lerandonneur peut avoir besoin ,même des chaussures si les siennesont rendu l’âme après une vie trop difficile et de superbes cartespostales pour rendre envieuses ses connaissances qui s’imaginent que lavie dans la montagne, à défaut d’être une vallée de roses, est unenchantement perpétuel: n’y soufflent que de doux zéphyrs, n’y tombentque des gouttelettes de pluie rafraîchissante, et n’y coulent qued’aimables ruisseaux aux berges accueillantes. Et pour en revenir ànotre sujet, c’est-à-dire à Kinlochewe, il y a en plus unestation-service épicerie et juste un petit peu plus loin, l’inoubliable Whistle Stop Café.
Le bulletin météo nous annonce des conditions peu engageantes (ventviolent, averses de neige, déplacement très difficile dans leshauteurs, mais nous avons droit à un rayon de soleil et nous décidonsde partir en exploration sur le pony track de Kinlochewe pourrejoindre, à partir du col qui permet d’accéder à la mystérieuse valléede l’Allt’ Toll a’ Ghiubais, le Beinn Eighe Mountain Trail que nousavons parcouru l’année dernière. Le mauvais temps nous avait empêchésen effet d’aller du Glen Torridon à Kinlochewe en passant par le lochCoire Mhic Fearchair, la vallée de l’Allt’ Toll a’ Ghiubais et le ponytrack, puis le lendemain (brouillard, froid, averses de grésil)derejoindre le pony track à partir du sommet du Beinn Eighe MountainTrail.
Cette fois-ci, nous faisons donc une tentative à partir de Kinlochewe,en empruntant un sentier que nous trouvons facilement, juste à lasortie du village, un sentier excellent qui sous un temps acceptable(faible pluie par intermittences), va nous conduire jusq’au col.
Au col, j’ai juste le temps (comme l’année dernière) de jeter un regard(et de faire deux photos sur cette vallée perdue entre deux séries demontagnes, qui me fait rêver. Un vent violent se lève, qui nousdéséquilibre et nous envoie de la mitraille de glace à l’horizontale .Notre Whymper se sent cependant prêt à nous conduire vers le sentier duBeinn Eighe Mountain Trail , en tous terrains (marécages, microbarresrocheuses) Nous apercevons le sentier, mais les conditions devenanttrès pénibles, nous nous abritons derrière une barre rocheuse biensituée, le temps de manger le strict nécessaire. La décision esrtprise, contrairement à l’année dernière , de descendre par l’itinérairede descente officiel, pas par l’tinéraire de montée qui passe presquedroit dans la falaise, par crainte du vent. Une fois la descenteamorcée le temps va s’améliorer, un bel arc-en-ciel va s’éleverau-dessus du loch Maree, et nous éviterons une bonne partie de la routeau retour en empruntant un sentier pédagogique, au bord duquelThéodorine et notre Whymper verront des Trolls déguisés en touffesd’herbes “sèches”.
C’est une journée finalement satisfaisante . Seule déception: ce soir, le Whistle Stop café est fermé !
A suivre
Calamity Jane

Comme je l’ai exposé précedemment, nous avons abandonné l’itinéraire du Cap Wrath Trail en faisant demi-tour au lochan Fada et la décision a été prise de rejoindre Ullapool en passant par Poolewe. A Ullapool, nous devrions prendre le bus pour Inchnadamph et marcher ensuite jusqu’au Cap Wrath.Les horaires de bus affichés au Bunkhouse nous ont appris que nous pouvions prendre tôt le matin un car de ramassage scolaire en direction de Poolewe. En attendant, je parle brièvement (à vrai dire, c’est moi qui les interroge, en curieuse impénitente) avec deux jeunes Français plutôt réservés qui ont passé la nuit à Bunkhouse et se déplacent en voiture. Je crois comprendre plus tard d’après ce qu’ils se disent entre eux qu’ils ont l’intention de s’arrêter en route pour se lancer sur le Beinn Eighe Mountain trail et qu’ils comptent faire en cela en une heure avant de reprendre la route. S’il en était vraiment ainsi , ils ont certainement dû reconnaître leur erreur: le Beinn Eighe Montain Trail occupe bien une demie journée . Il ne faut jamais sousestimer la durée nécessaire pour effectuer un parcours en Ecosse. Malgré les expériences passées, je commettrai moi-même cette erreur deux jours plus tard.
Le temps est revenu au beau lorsque nous quittons Kinlochewe et le conducteur du bus accepte aimablement de nous déposer à Slattadale, où nous avons l’intention d’emprunter le Tollie path pour rejoindre Poolewe . Les écoliers écossais du bus sont calmes et polis (nettement plus que beaucoup de mes compatriotes), et la vue sur le loch Maree et le Slioch est magnifique. Le Tollie path qui commence à Slattadale est un sentier facile ,qui longe un certain temps le loch Maree avant de franchir un tout petit col . C’est une promenade très agréable, qui nous permet de découvrir l’extrémité de la rive Ouest du loch Maree (l’an dernier, nous avions suivi une partie de sa rive Est pour rejoindre Poolewe en passant par le très luxueux bothy de Carnmore dont on trouve de nombruese photos sur Google). Nous arrivons assez tôt à Poolewe, où la rivière Ewe est impressionnante, mais après une bière au pub, les courses nécessaires à l’épicerie et le montage des tentes sur le camping officiel , équipé d’abris permettant aux randonneurs campeurs de prendre leur repas au sec, il sera trop tard pour que nous ayons le courage de visiter les jardins d’Inverewe. Craignant de possibles restrictions à venir , nous complèterons notre pélerinage à Poolewe par un repas au pub de l’hôtel où je vais commander mon premier Haggis de l’Ecosse 2013.
A suivre;
Calamity jane

Bonsoir et encore merci pour autant de détails…qui peuvent etre très utiles aux “randonneurs d’un jour” qui pensent que…! :slight_smile:
Nous avons aussi utilisé, l’an dernier, les bus écoliers assez souvent, et, en effet, nous avons trouvé ces jeunes très sympa !

L’année précedente ,au terme de notre randonnée d’Inverie à Poolewe, nous avions pris à Poolewe le bus pour Inverness. Cette fois-ci, nous devons nous arrêter à Braemore Junction, tout près des chutes de Measach, pour changer de bus et rejoindre ainsi Ullapool. La route le long du loch Ewe, de la baie de Gruinard, et du Little loch Broom est fort intéressante ,et je regrette pour la seconde fois que nous n’ayons eu pas le loisir de nous rendre à Scoraig :les horaires du bateau entre Badrualach et Scoraig ne nous convenaient pas et nous ne pouvions donc marcher de Scoraig à Dundonnell comme je l’avais un temps projeté (Scoraig est un tout petit village qui n’est accessible qu’à pied et en bateau, moins isolé tout de même qu’Inverie dans le Knoydart). je continuerai donc à rêver de la presqu’île de Scoraig et de son curieux sommet, le Beinn Ghoblach. Le bus que nous avons pris à Poolewe se remplit de plus en plus et je crains que nous ne trouvions plus de place dans celui qui doit nous conduire à Ullapool. Crainte totalement vaine: le bus Inverness-Ullapool qui nous attend à Braemore Junction est totalement vide, et nous apprécierons beaucoup l’amabilité des conducteurs qui vont transférer spontanément nos lourds sacs d’un bus à l’autre. Au milieu de la matinée ,nous arrivons à Ullapool.

Bonjour. Regardez ce video pour voir si “votre” VTT-iste ! :slight_smile:
www.youtube.com/watch?v=39PFOC6X8Y0

J’ai vu ceci sur une page Facebook nommée “Love Ecosse” et ça sera un champion de VTT Steve Peat dans les environs de Torridon…
Ca lui ressemble ?!

…n’a pas l’air de fonctionner !
Mais, si vous allez sur “youtube” puis tapez “Santa Cruz Solo” dans la recherche, vous devez le retrouver…!

Bonjour Joyce, Il me semble bien qu’il s’agisse de ce VTTiste au nom prédestiné de" Peat". “Peat Hags”, ce serait évidemment encore mieux! Il n’empêche que, si nous l’avons bien vu porter son vélo pour traverser le torrent juste après sa descente de l’hélicotère, cette video fait croire qu’il a tout enchaîné (montée du col à pied, ascension du petit sommet), alors qu’il a été déposé au col sous nos yeux par l’hélicoptère. D’autre part, il franchit la barrière à cerfs par une vraie porte et non par la trappe que nous avons été contraints d’emprunter (je ne reconnais pas vraiment la montée à Drochaid Coire Lair alors que je reconnais bien à la fin de la vidéo le sommet qui domine Achnashellach , mais il me semble sans la pellicule de neige qui le recouvrait ce jour-là). Nous nous étions justement posé la question du franchissement de cette trappe par un VTTiste .Je reconnais très bien en revanche la vue sur le cirque qui conduit au bealach Ban et les conditions d’enneigement au moment de notre passage à cet endroit.Maissans nier sa valeur sportive, j’avoue ma préférence pour les VTTistes anonymes, courageux et aimables qui montaient au lochan Fada.
Je vois à la fin de cette vidéo la référence à Visitscotland . Je reproche un peu, à tort sans doute, à ce site, dans sa publicité légitime pour l’Ecosse, de ne pas donner une information entièrement honnête, même si c’est une pratique commerciale courante.Ainsi, dans la présentation du concours, “gagnez un voyage de rêve en Ecosse”, la première image de loch est celle du loch Hourn vu d’hélicoptère au-dessus de Runival , je crois,( entre la baie de Barrisdale et Kinloch Hourn)., Ce loch, les gagnants du oncours auxquels on propose une croisière sur le loch Ness ne le verront jamais Le loch Hourn est peut-être mon loch préféré, mais il se mérite !
Calamity Jane

Bonjour calamity jane. Au moins nous aurons trouvé l’identité de la personne en question…et la raison ! :slight_smile: A l’occasion, j’irais mettre une petite commentaire à ce sujet sur la page de ce video sur “youtube” ! :wink:
Il est sans doute un très bon VTTiste, mais, vrai, le video montre une autre image vis-à-vis de ce que vous avez vue/vecu sur place ! En effet, on peut déviner que certains images du video ont été filmé “d’en haut”, i.e. d’un helicoptère, mais on ne parle nul part qu’il a été transporté par l’engin ! Peut-être pour cela qu’il n’était pas trop bavard vu qu’il y avait “témoins” sur place ?! :wink:

Bonjour à nouveau Joyce,Merci pour vos informations et votre réponse, mais il faudrait tout de même être absolument sûres qu’il s’agit du même VTTiste , mais il me paraît à peu près évident qu’il ne s’ agit pas d’un itinéraire réel (successions de montées et descentes et de paysages qui ne correspondent pas à la réalité géographique (montage de prises de vue effectuées dans différents endroits (toujours il est vrai à proximité du glen Carron et entre glen Carron et glen Torridon. Je crois reconnaître le haut des chutes d’Easan Dorcha (à proximité de Tea House bothy et efffectivement dans la descente de Drochaid Coire Lair sur le loch Coulin, mais le tout ne me paraît pas très cohérent…
Je vais reprendre sous peu la rédaction de la suite( peu glorieuse…) de nos aventures.
Beaucoup plus triste: j’ai lu en faisant une recherche à partir de son son nom sur internet que le corps du journaliste dont on signalait la disparition sur une affiche apposée dans le bubkhouse de Kinlochewe avait été retrouvé plus d’un mois après du côté de Kinloch Hourn (il avait d’après ce que j’ai compris laissé sa voiture sur la route qui conduit au loch Quoich).
Calamity Jane

…il ne faut accuser quelqu’un à tort…mais vu les paysages…et l’époque de l’année/quand le video a été posté…je pense qu’il est "votre “homme” ! :wink:
Et, vous avez raison, meme si un super VVTiste…dur-dur ce qu’on voit…sans l’aide d’un…helicoptère ! Ca pouvez meme induire certains VTTistes amateurs…en erreur, non ?!

Bonjour,En fait, ,il semblerait bien qu’il s’agissait du tournage d’un film publicitaire pour un nouveau modèle de VTT, le Santa Cruz Solo. Nous étions là le 26 Avril vers midi.
Ainsi s’explique un certain manque de cohérence géographique dans l’enchaînement des séquences . Je déplore tout de même que, même dans un tel environnement ,on ne puisse échapper à ce que l’on voulait fuir de la civilisation
contemporaine.
Calamity Jane

…la marque du VTT en question !
Juste pour changer du sujet…un Randonneur a été porté disparu ( dans les environs de Knoydart) le mois de mars …on a trouvé son cadavre dans les environs de Kinlochourn le 31 mai…donc, encore pour dire que l’Ecosse n’est pas si simple que cela ! (surtout cette année !)

Le passage par Ullapool est pour nous très important. D’abord, jedois acheter une carte au 25000ème couvrant l’étape que nousdevons entamer à partir d’Inchnadamph . Nous envisageons,en effet si letemps le permet de gagner Glencoul bothy en passant au pied deschutes Eas Chual Aluinn, les plus hautes de Grande Bretagne, etla descente est délicate. Nous tombons rapidement, juste aucommencement d’une belle averse, sur une librairie-cartothèque bienachalandée où je trouve sans problème la fameuse carte, bien meilleureque ce que j’attendais, très semblable aux nôtres, avec seulement descourbes de niveau un peu pâles. C’est donc l’euphorie, d’autant plusque la pluie cesse, et nous nous mettons en quête des horaires de buspour Inchnadamph (je ne suis pas très au clair sur la question, c’estle premier Mai, jour du changement d’horaires, et je n’ai pas suinterpréter avec certitude les renseignements de Traveline Scotland).Nous n’envisageons pas d’aller à pied d’Ullapool à Inchnadamph:beaucoup de landes marécageuses, et nous sommes intéressés surtout parles étapes les plus montagneuses . Nous sommes accueillis trèsaimablement à l’Office du Tourisme, où l’on nous dit, ce qui est unedéception, qu’il n’y aurait pas de bus l’après-midi pour Inchnadamphcomme je le croyais ,et où l’on nous donne pour le lendemain unhoraire qui se révèlera l’horaire d’hiver (je vais heureusement m’enapercevoir à temps) alors que c’est précisément le jour du passage àl’horaire d’été. Les prévisions météo ne sont pas bonnes , mais nousavons maintenons du soleil à Ullapool et l’euphorie persiste. Il s’agitmaintenant de trouver hébergement et ravitaillement.
A suivre

Pour l’hébergement, le Guide du Routard nous indique trois possibilitésqui peuvent nous intéresser: un camping à côté du port, un bunkhouse,et une auberge de jeunesse.
La camping est superbement situé, mais personne à l’accueil et les prixnous paraissent bien élevés pour de simples tentes (nous avonspeut-être mal compris , mais personne pour nous renseigner) . D’autrepart, il est bien venté et nous avons eu au bord du lochan Fadaune expérience suffisamment intéressante du grand vent pour ne passouhaiter la renouveler trop rapidement si ce n’est pas indispensable.Le Bunkhouse est nettement plus cher que celui de Kinlochewe. Nous nousrendons donc à l’auberge de jeunesse, et là personne à l’accueiljusqu’au milieu de l’après-midi. Nous entreprenons de faire les courses. Nous ne trouvons pas le supermarché (nous le verrons du bus lelendemain) et nous nous rabattons sur un magasin de produits régionauxet bio, de bonne qualité, mais chers . Nous achetons en particulier,sur mon insistance, un énorme morceau de saucisson à l’ail pour 40livres, un paquet de quinoa dont nous nous apercevronsqu’il réclame des opérations de cuisson fort compliquées (notre Whymperqui le détient depuis le début du mois de Mai, n’a pas encore eu lecourage de s’attaquer à cette opération de longue haleine), des painsazymes pour remplacer nos wasa, et des choses fort molles et friablesqui peuvent tenir lieu de pain. Enfin, nous faisons d’abondantesprovisions, qui, dans notre esprit, doivent nous permettre d’êtreautonomes d’Inchnadamph à Kinlochbervie.
Et comme la faim commence à se faire sentir, et que nous avons tous lesbénéfices de la civilisation, nous nous mettons en quête d’un breakfastvers midi.
A suivre.

Nous trouvons notre bonheur au Gallery Cafe, situé au premier étage d’unmagasin de sport très bien achalandé. Nous sommes intéressés enparticulier par un choix extraordinaire de piquets de tente, voyantpour la première fois de notre vie des piquets prévus pour être fixésdans des rochers (le bivouac en Ecosse est décidément très spécial) .L’étage est un lieu très agréable, orné de très belles photos. Nousadmirons en particulier, Théodorine et moi des photos de Sandwood Bay,qui doit être le terme de notre randonnée: nous venons d’apprendre àl’Office du Tourisme qu’il doit y avoir des manoeuvres au Cap Wrath.
J’ai expérimenté par deux fois en compagnie de Cyrus desmanoeuvres avec tirs de mortier dans les Pyrénées Orientales prèsde Montlouis . La première fois , nous étions arrivés par unitinéraire improbable (ascension le long de conduites forcées,puis chemins enneigés utilisés en hiver comme pistes de ski defond) dans un champ de tir que nous croyions inactif ; d’ailleursles signaux indiquant normalement aux skieurs ou randonneurs les tirsen cours ne donnaient pas d’indications dans ce sens: ce n’était plusla saison de ski , ce n’était pas encore la saison d’été, et seuls desfous comme nous devaient arriver de ce côté…Ayant été repérés à temps(contrairement à nos habitudes de discrétion, je m’étais montrée lorquej’avais entendu le bruit d’un convoi militaire), nous avions étéévacués vers une zone plus sûre. Nous nous sommes rendus une secondefois quelques années plus tard dans ce secteur, mais en prenantbien soin de nous installer hors du champ de tir et en faisant bienattention aux courbes de niveau et donc à la trajectoire possibledes obus. Cette fois encore, nous avons entendu des tirs de mortier(c’est impressionnant), auxquels répondaient les coups de tonnerre del’orage qui se déchaînait juste en face au fond de la vallée dePrats Balaguer. Le champ de tir du Puig de la Tossa, où s’entraîne, oudu moins s’entraînait le Centre National de formation des commandos estpetit mais est ou était très actif. Qu’on se le dise…
Je n’ai vraiment pas envie que nous fassions l’expérience desmanoeuvres du Cap Wrath. J’ai vu à ce sujet des vidéos trèsimpressionnante, et donc, ni le cap, ni Kervaig bothy (bien dommage) nesont plus au programme.
A suivre

Bonsoir. En effet, ,il n’y a pas quelqu’un sur place dans ce camping en permanence …il suffit de s’installer et on paie le lendemain…je ne me souviens plus pour les prix mais, en generale moins chèr pour les tentes “randonneurs” je pense… J’ai beaucoup apprécié la proximité de ce camping pour arriver au port/commerces etc. Meme le supermaché n’était pas bien loin à pied…mais, je savais ou c’était ! :slight_smile: Il y avait aussi une camionette de boulangerie qui passait dans le camping le matin…

Le breakfast du Gallery Café est à la fois bon marché et très copieux,oeufs, bacon, haricots à la tomate, saucisses, et haggis. J’hérite mêmedu haggis de Cyrus qui prétend bannir de so nalimentation tout ce qu iaun rapport avec les tripes, alors qu’il raffole de l’andouillette…Pour nous remettre de nos excès de breakfast et d’ale, nous décidons defaire une petite balade avant de revenir à l’AJ , voyant sur la carteun chemin qui semble monter sur une butte. Peu près avoir quittéUllapool, et nous être engagés sur un large chemin carrossable, Cyrus,fanatique de bivouac sur des terrains herbeux, secs et plats, croittrouver le lieu de camp de ses rêves, interrompt nos projetsd’ascension. Nous (les trois autres) réprouvons fortement maisdiscrètement cette perte de temps, nous voyons à quelque distance uncamion avec des ouvriers procédant à de mystérieux travaux et ceterrain semble normalement clos par une barrière métallique, mais nousnous laissons fléchir. De fait, le terrain est idéal: les moutons l’onttondu parfaitement il y a peu (en témoignent une densité tout de mêmeacceptable de crottes fraîches, un red deer se montre à proximité etnous avons en face de nous la presqu’île de Scoraig. Apparemment, c’estun terrain dont on enlève les souches après des coupes de bois. Nousnous installons donc, un peu gênés malgré tout, à l’exception de Cyrus.Lorque nous quittons le terrain , nous avons la surprise de trouver leportail fermé et cadenassé. Nous devons trouver comment franchir laclôture pour en sortir. C’est une peu laborieux mais nous repartonsenfin sur l’itinéraire prévu. Nous nous retrouvons sur un sentier trèsplaisant ,avec des bancs pour admirer le paysage ,qui nous conduit surune hauteur d’où nous avons une vue magnifique sur tout le loch Broom,et au Nord sur le loch Achail et toute une partie du glen Achail queparcourt une section d ucap Wrath trail que nous n’avons pas prévu deparcourir. Nous voyons aussi par dessus une première ligne de crête, lesommet du Ben More Coigach et des sommets non identifiés de l’Assynt.Une très jolie promenade, par beau temps. Nous redescendons à regretpar un itinéraire un peu différent. Nous devons revenir à Ullapool etdescendre jusqu’aux toilettes pour avoir de l’eau potable. Nousrepartons dans les hauteurs, franchissons à nouveau la clôture etpassons une délicieuse soirée sur le terrain cadenassé, au soleil.Après examen par ceux qui le veulent bien, de la carte, et lecture dutopo-guide du Cap Wrath Trail par les mêmes , il est décidé de faire lelendemain l’étape en passant par le bealach na H-Uidhe. Il seraitpossible de passer par le bas, pas très loin de la routeInchnadamph-Kylescu, mais la frustration serait trop forte, et nousaviserons ensuite pour voir si nous allons vers Glencoul Bothy ou sinous redescendons sur la route, près du loch na Gainmhich.
La nuit s’annonce sereine. Mais près de ma tente, une souchem’évoque irrésistiblement un troll ricanant. Sinistre présagedont je ne tiendrai pas compte. Mais le lendemain ,ce sera la Berezina.
Calamity Jane

J’affirme que ce café et sympa et pas trop chèr !
Et, encore une fois, un grand merci pour votre récit en détail…

La journée qui commence nous a fait passer d’Ullapool à Scourie .C’estune journée mémorable, qui n’ajoute rien à ma gloire, mais instructive.
La nuit a été claire . Il ne pleut pas lorsque nous sortons de nostentes . Il nous faut à peu près 35 minutes (franchissement de laclôture avec gros sac bien chargé compris )pour parcourir la distancequi sépare notre lieu de bivouac de l’arrêt de bus près du portd’Ullapool, et ce trajet matinal (nous partons vers 8h de notre lieu decamp) est agréable. Très peu de monde encore une fois dans le bus. Letemps devient bien gris. Nous voyons fort bien le Ben More Coigach,puis dans le lointain le Stac Pollaidh. Je serai seulement dépitée dene pas avoir identifié à coup sûr le Suilven et vers 9h45, le bus nousdépose à Inchnadamph .
Inchnadamph ne peut pas vraiment être qualifié de village: quelquesrares maisons, un hébergement, Inchnadamph Lodge, malheureusementcomplet (je le sais depuis longtemps). On voit au loin le loch Assyntdominé par le Quinag. Le temps est bien gris, mais nous décidons àl’unanimité de passer par la montagne, par le bealach na h-Uidhe, qui à630 mètres est le point culminant de l’itinéraire prévu, alors qu’unitinéraire beaucoup plus court et facile nous permettrait de rejoindrele loch na Gainmhich en passant par la route puis en empruntant unsentier au niveau d’Ardvreck Castle. J’ai commis la faute de ne pasm’opposer à ce choix, la tentation était trop forte, après toutce à quoi nous avions dû renoncer précedemment, mais l’heure de départétait beaucoup trop tardive.
A suivre

Nous quittons Inchnadamph par un large chemin qui se dirige vers l’Est.On voit au loin les sommets arrondis de l’Assynt (Conival ? Ben MoreAssynt? Vraisemblablement le Conival. Je crois identifier l’échancruredu breabag Tarsainn, empruntée par ceux qui sur le Cap Wrath Trailviennent du glen Oykel et décident de rejoindre Inchnadamph. Nousarrivons bientôt à la bifurcation où notre sentier se sépare del’itinéraire du breabag Tarsainn et commençons à monter. Il s’agit d’unsentier de montagne bien classique et facile (nous ne redoutons pas lesmontées, qui sont d’ailleurs beaucoup plus sévères dans nos montagnes)et nous découvrons à côté du sentier un tout petit abri non fermé oùdeux personnes, en se serrant bien , doivent pouvoir s’abriter de lapluie. Mais le temps, quoique bien gris, reste acceptable et nousatteignons sans problème quelques petits lochs sans nom, puis, au termed’une petite descente, le loch Fleodach Coire, juste au pied duBeinn Uidhe . Lorsque nous franchissons l’Allt a’ Chalda Mor, déversoirdu loch Fleodach Coire, je reconnais le pont de bois effondré que j’aivu en photo sur internet (il est encore plus effondré d’ailleurs, etinutilisable, mais nous passons assez facilement à gué un peu plusloin. Il y a seulement par là une zone marécageuse assez intéressanteque je prends en photo (j’ai transmis cette photo au forum), parcequ’elle est tout à fait typique des obstacles que l’o ndoit contourner.Nous franchissons également quelques petits gués supplémentaires. Alorsque nous avions jusque là progressé à une vitesse tout à faithonorable, nous allons passer beaucoup de temps (l’heure indiquée parmon appareil photo l’atteste )à franchir cette zone ( vraiment très peude centimètres sur la carte). Le sentier se perd ensuite, lorsque nousquittons ces marécages pour monter au bealach na h-Uidhe en longeantles parois du Beinn Uidhe. Nous avons maintenant du brouillard, maisnous pouvons malgré tout bien identifier le lochan bealach na h- Uidhe.La fin de cette montée, assez fastidieuse, me paraît interminable (nousavons peu de visibilité et je crois à plusieurs reprises que nousatteignons le col, alors que ce n’est qu’une apparence), et il esttreize heures passéeslorsque nous arrivons au col . C’est de lacaillasse. Nous mangeons assez rapidement, assis sur des rochers, ilfait froid et nous avons droit à une averse de grésil qui ne nousincite pas à nous attarder, d’autant plus que nous ne sommes qu’àmi-chemin, mais je suis relativement optimiste, (Cyrus, à en juger parune question, beaucoup moins ,parce que nous avons surtout de ladescente en perspective. Mon principal motif d’inquiétude concerne legué sur le cours d’eau des chutes d’Eas a’ Chual Aluinn.
A suivre

C’est peu avant le col, dans la montée, que j’ai fait ma dernière photode cette journée. L’averse de grésil au col, puis la descente raide,puis les intempéries m’ont dissuadée de me servir de mon appareil ,qui,pourtant, insuffisamment protégé, a été temporairement victimede l’humidité . Je le regrette, car après une descente raide, maisfacile, d’une centaine de mètres sur un sentier honnête, nous noussommes dirigés vers le Nord-Est sur un plateau marécageux d’où nouspouvions voir le haut des chutes Eas a’Chual Aluinn, la vallée del’Abhainn an loch Bhig, le loch Beag lui-même, qui est l’extrémité duloch Glencoul ,et presque juste en face des chutes Eas a’ Chual Aluinnleurs soeurs jumelles, presque aussi hautes, les chutes Easan t-Strutha Ghil. Il y a malgré tout de la brume, le terrain estcomplexe, tantôt rocheux, tantôt spongieux, nous devons nous suivre deprès notre Whymper qui trouve malgré tout sans hésiter l’itinéraire,sans consulter la carte, mais il tombe un mélange de plus en plusdésagréable de pluie et de neige fondue. J’ai malgré tout lasatisfaction de bien identifier la bifurcation qui nous permettrait denous diriger vers le fond de la vallée de l’Abhainn an loch Bhig, puisvers Glencoul Bothy, mais, en raison des conditions météorologiques,nous n’envisageons pas d’adopter cette solution et nous dirigeons versle gué qui permet de franchir le cours d’eau des chutes Eas a’ ChualAluinn, à quelques centaines de mètres des chutes (visibles auparavantd’un peu plus haut). A vrai dire, depuis un certain temps, je n’aiguère d’inquiétude au sujet de ce gué: j’ai vu dans haut que cetterivière n’était pas très abondante, et comme prévu, nous lafranchissons sans problème. Je pense donc, bien à tort, que le reste nesera plus qu’une formalité. un peu plus de 100 mètres de montée pourarriver au-dessus du loch na Bhuirich, puis une descente vers loch naGainmhich où j’espère que nous trouverons à camper.
A suivre

Après la traversée du fameux gué, nous sommes d’après la carte à moinsde deux kilomètres du loch Bealach a’Bhuirich, mais ce serainterminable. D’abord une zone relativement plate, mais agrémentée dequelques aimables “Peat hags”. (Que ceux qui ne connaissent pas fassentcette intéressante découverte…) puis une montée rocheuse, sansdifficulté mais sinueuse, raide, qui nous paraît interminable,d’a utant plus que la pluie mêlée de grésil ou deneige, a fait place à une neige bien humide et de plus en plusabondante. Seuls deux “reds deers” qui semblent se défier sur un rochersemblent à l’aise (Théodorine, dotée d’un appareil étanche, a lecourage de les photographier), et bien que notre Whymper avancetoujours sans hésitation, nous commençons à douter d’atteindre le petitcol qui nous sépare du loch . Nous l’atteignons dans le brouillard,amorçons une raide descente qui suscite quelque inquiétude, le temps devérifier (très mauvais pour ma carte au 25000ème toute neuve, nonprotégée) qu’il ne s’agit pasd d’une erreur. En fait, ce n’est pasdifficile, mais il faut malgré tout avancer assez prudemment car cen’est pas le moment de se faire une entorse, et nous pateaugeonssouvent dans l’eau. Nous devinons le loch plus que nous le voyons. Onne peut pas vraiment dire que nous profitions du paysage, et depuisquelque temps, nous ne pensons qu’à nous sortir de là. L’objectifsuyivant, c’est le loch na Gainmhich, situé juste à côté de la route A894, la principale route du pays, qui va d’Inchnadamph à Kylesku. Lesdeux lochs ne sont éloignés l’un de de l’autre que d’un kilmètre etdemi, et nous ne traînons pas , mais il neige de plus en plus et leloch na Gainmhich n’apparaît jamais. Peu avant d’arriver à celoch il y a une bifurcation que nous allons manquer (en fait, il yavait une grande mare qui la masquait et nous prenons le sentierde la rive Est du loch, celui qui conduit droit a parking. Jesais qu’il vaut mieux ne pas adopter cette solution (si le coursd’eau qui sert de déversoir au loch est en crue, cela peut êtretrès dangereux ,d’autant plus que juste après , il y a une grandecascade. Je réclame une consultation de carte (ma malheureuse cartecommence à fondre sous l’effet de l’humidité (je l’ai bien rafistoléedepuis) et nous deécidons de rejoindre en tout terrainl’tinéraire plus sûr mais nettement plus long de la rive Sud puis laroute qui contourne le loch l’Ouest. C’est facile et dans danger, maistrès marécageux et glissant. Théodorine chute par deux fois dans cettegrande éponge saturée d’eau (sans dommage : une éponge, c’est mou) Noustraversons des petits gués faciles. Nous marchons le plus vite possibleen direction de la route sur un sentier transformé en cours d’eau. Meschaussures sont pleines d’eau, mais j’y suis totalement résignée. Nousatteignons enfin la route, où nous voyons dans la brume passer unevoiture. Il est plus de 19 heures, nous sommes loin de Kylesku, etnulle part, nous n’avons trouvé un endroit où nous pourrions camper.
A suivre

Nous sommes à peu près à 6 kilomètres de Kylesku, sur une route. Aucunrisque de se perdre, mais il est tard, et c’est maintenant que nousallons sentir que nous sommes trempés ,que nous avons froid , que nousavons faim (j’ai toujours faim en pareil cas) que nous sommes fatigués.Jusqu’à la route, je pense que nous n’avons pas ressenti tout cela,tellement il était évident qu’il fallait à tout prix se sortir de là auplus vite (enfin, c’est tout relatif…), mais la route représentait unespoir de salut, et le salut est encore bien loin. J’entends Cyrus direque, ce soir, il accepterait même de dormir dans un Bed andBreakfast .De la part de ce fanatique du bivouac (sec, plat etdouillet, je précise) c’est quelquechose d’inouï. Nous sommes mouillésjusqu’aux os, il tombe toujours un mélange abondant de pluie et deneige, nous essayons malgré tout de marcher le plus vite possible(j’aimerais bien manger un peu , mais il faudrait pour cela s’arrêter,poser les sacs et se mouiller un peu plus) et j’a il’impression depuiser dans mes dernières ressources. Cyrus file devant parce qu’il atrop froid, nous sommes échelonnés sur la route, et je vois alors notreWhymper s’arrêter. Signe inquiétantt, cette arrrêt dure, il repart,lentement (l’année dernière ,il avait souffert de tendinite, mais çaparaît plus grave. Nous voyons apparaître un très grand virage (c’est àce niveau, d’après la carte que se situe le carrefour de la route deDrumbeg et le l’A 894). Mais je ne vois aucun espoir à l’horizon et ilfait de plus en plus sombre. Je décide d’attendre notre Whymper etj’apprends alors qu’i la senti un craquement dans son tendon d’Achille.La situation devient vraiment grave et je maudis tous les ducs etduchesses de Sutherland responsables des clearances . C’est à eux quenous devons la désolation de ce pays, l’absence de toute habitation, detout refuge. Nous n’avons souffert qu’un soir, mais cela a dû êtreinfiniment plus terrible pour ceux que l’o na jetés dans le froid ,levent , la pluie et la neige après avoir brûlé leurs maisons.
Je me sens vraiment coupable maintenant d’avoir engagé mes compagnonsdans une telle aventure, je crains que tout cela ne finisse mal.
A suivre

Théodorine, qui n’était pas très loin devant moi, s’est arrêtée, jel’informe de la situation de notre Whymper, qui , malgré tout, avance,lentement. Et peu après, nous retrouvons Cyrus qui s’est arrêté pournous attendre. Avec Théodorine, nous décuidons de faire du stop. Cyruspense que personne ne s’arrêtera popur prendre quatrte randonneurslourdement chargés et trempés. De fait, les premiers essais sontinfructueux, mais je suis décidée désormais à tout faire pour arrêterune voiture, pour que nous puissions au moins mettre notreWhymper en sécurité et que nous puissions trouver une solution.Finalement un minicamping-car s’arrête et Théodorine et moi, nouscommençons à nous exprimer dans un anglais laborieux (Théodrine n’a pasbeaucoup étudié l’anglais , nous sommes tous les quatre desgermanistes, et pour ma part, je ne connais l’anglais qu’à traversquelques lectures dans ma discipline qui n’a aucun rapport avec la viepratique, les oratorios de Haendel, les opéras de Purcell, quelquestopoguides et … walkhighlands. Je vois l’anglais comme une languemorte plutôt facile à traduire, et lorsque je m’avise de parler,parfois il est vrai avec audace, j’ai un accent épouvantable). Nosinterlocuteurs nous répondent en anglais, mais nous avons la surprisede les entendre parler entre eux en français. Ce sont de jeunescompatriotes qui logent à l’auberge de jeunesse de Durness. Ils nousproposent immédiatement de monter et de ne pas nous lâcher tant quenous n’aurons pas de gîte . Nous sommes maintenant entassés à 7 dans cepetit camping-car, ils craignent que nous ayons froid ou faim. En fait,nous avons tout ce qu’il faut en matière de provisions, duvets,vêtements de rechange, et pour l’heure, nous ne sommes pas sous lapluie.
Aucun de nous, je crois, ne fera attention au trajet jusu’à notrearrivée à Scourie, au premier Bed and Breakfast rencontré . Quelleheure est-il ? Peut-être pas loin de neuf heures du soir. IL s’agit deScourie Lodge . Le tarif (je crois qu’il s’agissait de 40 livres parpersonne , nous convient, nous sommes trop heureux que la journée setermine ainsi, et c’est ainsi que nous nous retrouvons, après quej’ai maudit ducs et duchesses de Sutherland, dans un manoir ayantappartenu à une duchesse de Sutherland.
A suivre

Je peux sentir le froid et l’humidité…à travers vos mots !

Nous remercions nos jeunes compatriotes si serviables qui nous ont transportés à Scourie et nous entrons à Scourie Lodge. où nous sommes accueillis par les propriétaires ,surpris, je pense ,de voir des individus aussi trempés débarquer à une heure pareille. C’est somptueux. Des tapis partout, dans les pièces ,les escaliers, et même dans l’entrée. Peu avant notre sauvetage sur la route, j’avais aperçu un bâtiment au loin (peut-être Newton Lodge: dans ce cas, le salutétait en fait assez proche), et Théodorine avait vu un abri à moutons. Elle était prête à squatter l’abri à moutons, rêvant de la chaleur de leur laine ,et nous l’aurions à coup sûr suivie, car lorsque c’est nécessaire ,nous sommes tous capables d’être fort peu délicats. Cela ne m’aurait pas déplu d’ailleurs. Le héros de Stevenson , Saint-Ives,(il apprendra un peu plus tard qu’i lest l’héritier d’un somptueux château) après s’être évadé du château d’Edimbourg en descendant par la falaise, trouve refuge dans le poulailler de sa belle dans les Pentland Hills, et j’aurais assurément été sensible au romanesque d’une nuit passée entre les moutons. Mais pour l’heure d’abord nous sommes au sec, et nous comprenons qu’il nous faut déposer dans l’entrée nos affaires mouillées : chaussures transformées en bassines ,Gore-tex dégoulinants et qui ne sont plus depuis longtemps que des passoires, guêtres boueuses et bâtons. Le maître des lieux , qui emporte au fur et à mesure nos affaires dans le séchoir, ne cesse de dire “wet”, “wet”, “wet”. Seule la décence nous empêchera de donner toutes nos affaires humides, comme nous en sommes priés, car nous sommes intégralement trempés. Malgré tout, il n’est pas question de laisser des flaques d’eau partout sur notre passage. Scourie Lodge n’est pas l’auberge de Jenny Mac Alpine, où Franck Osbaldistone retrouve Rob Roy, sans connaître encore son identité, dans le roman de Walter Scott. Un “burn” se déverse dans l’auberge de Jenny. A Scourie Lodge, nous sommes chez la Duchesse de Sutherland.
A suivre

Scourie Lodge est un ancien manoir construit en 1835 pour une nouvelleduchesse de Sutherland. Elle aurait dédaigné d’y habiter, préférantDunrobin Castle, et l’aurait plus ou moins abandonné à l’un de seshommes de confiance Evander MacIver, peu apprécié pour le zèleavec lequel il aurait contraint les paysans à payer les redevances et àpoursuivre les clearances. Je ne crois pas cependant que ce MacIver etses maîtres aient acquis une réputation aussi noire que le duc et laduchesse de la génération précédente, et par l’infâme Patrick Sellar,accusé d’avoir brûlé vive une vieille femme refusant de quitter samaison à Strathnaver. J’ai découvert les clearances, dont l’objectif aété d’abord politique, après le désastre de Culloden, puis économique,en lisant Les Aventures de David Balfour de Stevenson ,et la questionécossaise en général à travers la lecture des romans inspirés àWalter Scott par le jacobitisme : Rob Roy, Waverley, et Redgauntlet. Onparle bien dans l’enseignement français de la question irlandaise maispas de la question écossaise. Pourquoi ?Je ne peux d’autre part m’empêcher de regretter que l’on semble aller en Ecosse plus pourNessie et Harry Potter que pour son histoire, sa culture, etl’importance qu’a pu avoir Walter Scott à l’époque romantique.
Pour l’heure, nous sommes beaucoup moins difficiles que la duchesse deSutherland, et nous nous réjouissons de trouver dans les chambresbouilloire et sachets d’infusion. Tout est si soigné que nous n’osonsnous asseoir nulle part, tant que nous ne nous sommes pas intégralementchangés . Bien que je me sente accablée (beaucoup trop selon Théodorine,)par la façon dont s’est terminée notre aventure (j’ai cru à tort quenous pourrions camper au loch na Gainmhich, nous ne nous en sommes passortis par nous-mêmes, et notre Whymper marche difficilement) , jepasse une excellente nuit dans un lit délicieusement chaud. Cyrus m’apréparé avec force thé et infusions, avec dévouement, mais aussidiscernement car il ne connaît que trop bien mon aptitude à produiredes inondations…
A suivre

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