Janvier 2023
Sans vouloir détourner ceux qui voudraient se lancer dans une croisière aux Komodo (Flores) , je voudrais vous inviter à la prudence et à bien inspecter les moyens de lutte contr el feux à bord des bateaux. Vous rendre service au Tour Operator en forçant graduellement les propriétaires de bateaux qui se contrefichent du danger et restent en background sans se montrer quand il y a eu un accident.
Seul le Tour Operator se retrouvera démuni devant vous.
La croisière est magnifique, donc ne vous privez pas de ce plaisir inoubliable.
Voici ce que nous avons vécu ce 16 janvier 2023 à bord du Dunia Baru
Voici le joli bateau à l’ancre devant l’île Legong Pulau Padar. (Pulau = île en Indonésien)
Le dernier jour de la croisière, pendant que nous prenons le repas, les marins n’arrivent plus, une fois encore, à remettre le moteur principal en route.
La veille les ennuis avaient déjà commencé.
Nous devons pourtant nous rendre près de l’île de Kanawa pour une dernière séance de snorkling avant de retourner au port de Labuan Bajo
Les marins n’arrivent pas à redémarrer le magnifique moteur Mitusbishi, pourtant pas très vieux !
Ce bateau a bénéficié d’une restauration récente à bois l’état du bois côté proue.
Toutes les cinq minutes, nous entendons le démarreur qui fait faire trop lentement un tour ou deux au moteur puis s’arrête.
Cela se répète pendant une heure.
Un beau moteur avec des mauvaises connexions ne démarrera jamais facilement.
On verra par la suite, les conséquences dramatiques très probablement dues à des problèmes électriques.
Ce démarreur ne tourne pas assez vite et le groupe auxiliaire qui fonctionne pourtant bien pour alimenter l’AC, ne semble pas pouvoir recharger les batteries.
Le problème vient d’ailleurs.
Avec opiniâtreté, ils essaient à intervalles réguliers de démarrer, sans succès.
Je suis ingénieur et connait assez bien les moteurs et leur demande s’ils ont un multimètre pour les aider. Ils n’en n’ont pas et sans instrument de mesure, ce serait difficile de les aider.
Entre deux essais, les marins font tourner le volant moteur à la main pour bien lubrifier les cylindres. C’est la bonne technique quand le démarreur ne tourne pas bien.
Ah, voilà qu’à 12h11 exactement, presque par hasard, le moteur principal a démarré car le démarreur était toujours aussi lent!
Youppie, nous pourrons, croyons-nous, retourner ce soir sur la terre ferme pour prendre une bonne douche, car l’air marin nous rend tous collants.
Après un dernier arrêt plongée prévu près de l’île de Kanawa, ce sera le retour vers Labuan Bajo où nous avons trouvé un autre hôtel en ville pour ne plus avoir à grimper tous les escaliers de l’hôtel précédent dans une chaleur étouffante…
Mais les choses ne se passent pas souvent comme on pense en Indonésie !
J’avais coutume de dire quand nous habitions en Indonésie (Bandung): « Ce qui ne devrait pas se passer, se passe et ce qui devrait se passer, ne se passe pas comme on croit. »
Le bateau file vers notre destination, l’île de Kanawa, quand soudain, c’est le chaos.
Nous sommes en train de terminer notre repas quand nous entendons des cris de marins qui gesticulent. Il y a le feu à l’arrière du côté de la cuisine !
Un marin saute à l’eau.
Le capitaine arrête le navire, heureusement sans couper le moteur !
Il ne sait rien évaluer, car sa cabine de pilotage est au milieu du bateau, sur le pont supérieur.
Un marin de l’équipage crie quelque chose au sujet de l’air conditionné et je le vois couper les fusibles et interrupteurs aux cabines.
Rapidement, une épaisse fumée noire se dégage à l’arrière, puis au fond de la coursive, nous voyons des flammes à travers une cloison de bois.
Le marin qui avait sauté à l’eau grimpe agilement sur le bateau par le côté, et passe en courant, trempé, à côté de nous.
Il avait sans doute été récupérer le youyou attaché à l’arrière du bateau et hors de portée à cause du feu en plongeant à l’eau.
Il fallait absolument que ce petit bateau soit placé sur l’échelle latérale du bateau pour évacuer notre petit monde.
Le feu prend de l’ampleur et quand on l’entend crépiter, nous savons que l’affaire est perdue.
Un marin hurle au capitaine de redémarrer dans le vent pour que le feu et la fumée soient repoussés vers l’arrière.
Bonne réaction, car le navire tourne tout seul pour se mettre dans le vent , et les fumées reviennent vers nous, à l’avant du bateau.
Je vais rapidement dans notre chambre chercher les bagages pour les amener sur le pont avant. Nous étions en effet déjà prêts pour la fin de la croisière, le soir-même.
Nous voyons un marin qui, pathétiquement, a en main une ridicule de petite écuelle utilisée pour verser de l’eau dans le w-c comme on en trouve partout dans les w-c en Indonésie…
Notre fils est remonté sur le pont supérieur pour aller vers la seconde cabine qu’ils occupent pour récupérer des bagages.
Le vent refoule la fumée vers l’avant du bateau et il inspire l’épaisse fumée noire et âcre.
Il ne parvient qu’à récupérer un minimum, la valise encore ouverte répandant son contenu sur le sol quand il veut la prendre. Des chaussures et vêtements seront la proie des flammes.
Le feu crépite juste en dessous de lui et il s’enfuit rapidement vers l’avant pour évacuer le bateau.
Image extraite d’une vidéo : Le zodiac des pompiers arrive au Dunai Baru
Je vois un marin qui a pris la grande bassine d’eau d’un des w-c pour tenter plus efficacement de lutter contre le feu et qui la plonge dans l’eau.
Quand il remonte la manne, le fond s’était brisé tant le plastic était vieux.
Quand nous quitterons le bateau, le marin est toujours avec ce morceau de manne en main.
On mettrait cette scène dans un fil humoristique.
Seuls, ils ne peuvent plus rien faire, car l’unique extincteur vidé, ils n’ont plus de moyens de lutte contre le feu.
Incroyable, ils n’ont pas de pompe autonome ou connectable sur le générateur auxiliaire.
Une barque s’approche de nous et le gars dedans crie : « Give me the baby, give me the baby! »
Mon épouse lui passe notre petit-fils de 8 mois par-dessus le bastingage et nous voyons une image dramatique.
Une image qui restera indélébile dans ma mémoire et très certainement celle de sa jeune mère, est celle de l’indonésien, debout dans la barque motorisée, qui s’éloigne vers l’ile proche en tenant le bébé qui pleure dans ses bras et en nous regardant.
Sa mère suivra dans une autre embarcation et rejoindra son petit bout dans l’hôtel sur l’île de Sebayur à proximité.
Un autre bateau rapide arrive et accoste au côté du Dunia Baru.
Tous les bagages regroupés à l’arrière sont jetés par-dessus bord dans le bateau et les marins nous aident à y descendre par l’échelle latérale.
La vedette rapide nous débarque sur un ponton qui mène à un magnifique abri recouvert de chaume sous lequel les propriétaires du Komodo Resort sont occupés à travailler.
C’est le propriétaire très professionnel du Resort de l’ile de Sebayur qui a vu la fumée sur le bateau et a immédiatement envoyé sa vedette rapide pour nous secourir.Pendant que la vedette nous récupère il a aussi envoyé son équipe de pompiers en zodiac avec des pompes à moteur.
Nous sommes à l’abri et ne pouvons que regarder le bateau qui brûle.
Heureusement l’équipe de pompiers de l’hôtel, envoyée immédiatement vers le Dunia Baru par le patron, arrivera rapidement à éteindre le feu.
Nous sommes arrivé à prendre quelques photos et films de l’incendie qui ravage tout l’arrière.
Nous sommes évacués du bateau et emmenés sur l’ile de Sebayur.
Le propriétaire du Resort Komodo lodges, nous offrira de nous reconduire à Labuan Bajo sur son fast boat.
Nous repassons devant l’épave et les marins sont alignés en nous criant “We are sorry, we are sorry”.
Qu’auraient-ils pu faire avec si peu de moyens de lutte contre le feu.
Un bateau croise le nôtre en flammes et ne s’arrête même pas.
Avant de choisir votre bateau, visitez-le mais avec l’œil sécurité.
Vous n’avez qu’une vie, préservez là.
Les Tour Operators vous les font visiter, si vous le demandez.
Souvent le feu démarre dans les cuisines avec une cuisinière à gaz à flammes nues.
Si les cuisines sont équipée de fourneaux à induction, c’est un plus qui réduit les risques !
Vérifiez s’il y a bien des extincteurs de capacité suffisante.
Y-a-til des extincteur dans le compartiment moteur?
Le cablâge électrique que vous pouvez apercevoir a-t-il l’air d’être en assez bon état?
S’il y a une paroi coupe-feu derrière les fourneaux et au plafond, c’est encore mieux.
Demandez s’il y a une pompe d’incendie à eau motorisée.
Vérifiez qu’un youyou motorisé est bien toujours en remorque.
Ne dispersez pas vos effets partout au risque de tout perdre en cas d’évacuation urgente.
Ce faisant vous rendrez service aux Tours Operators, assez démuni face aux propriétaires des bateau.
Ils leur répercuteront les exigences des clients et le niveau de sécurité pourra s’améliorer.
Malgré mon insistance, le propriétaire du Dunia Baru a refusé de se montrer. Nous savons pourtant bien qui il est, car nous avons photographié les documents de bord évacués en même temps que nos bagages.
La police du port qui nous regardait débarquer à Labuan Bajo a annoncé qu’elle n’irait même pas examiner l’épave vu qu’il n’y avait pas eu de blessés ou de morts.
A bon entendeur … soyez prudents et vous ferez une visite inoubliable des Komodos !
Dans les Breaking News de TV locales : https://www.youtube.com/watch?v=0GoQ3rbiZ6A
Yves