Dans les Hautes Pyrénées, teintes d’automne et blancheur hivernale
Depuis plusieurs années, j’ai le plaisir de séjourner dans les montagnes pyrénéennes lors de quelques vacances hivernales. Aussi, la vision des Pyrénées qui m’est la plus familière est celle où les sommets sont couverts de neige.
Récemment, en octobre dernier, j’ai eu l’occasion de retrouver tout le charme des paysages des vallées de Luz-St-Sauveur**,** de Cauterets, de Barèges ou du Val d’Azun … mais cette fois avec des panoramas parés de teintes d’automne.
Au cours de mes randonnées buissonnières l’idée m’est venue de prendre en photos certains des points de vue appréciés et déjà photographiés en saison hivernale. Ce sont ces différents aspects et donc ces contrastes automne-hiver que je me propose de partager dans ce récit à l’aide de nombreuses vues.
Alors prêts pour la balade virtuelle et visuelle, entre versants et plateaux, villages et sommets et également entre crêtes et vallées ?
Luz, au coeur des vallées
En ce mois d’octobre, l’automne est bien là, les feuilles rougeoyantes de ce liquidambar en témoignent comme celles jaunies de ce tilleul.
Le festival de teintes des feuillages donne l’ambiance et le soleil encore timide ne demande qu’à mettre en valeur ces paysages de vallées et de montagnes.
Nous sommes sur un versant de la vallée de Luz Saint-Sauveur, au pied des sommets du département des Hautes Pyrénées.
La petite église d’Esquièze est en premier plan, plus loin sur un éperon rocheux ce sont les ruines du château Ste Marie et masqué en fond de décor par la brume, on devine la silhouette du massif du Bergons (2068 mètres).
En hiver, les pentes du Bergons, exposées au nord, restent en permanence enneigées comme celles d’un glacier. Ce panorama glacé vu d’un peu plus bas dans la vallée est un de mes points de vue favori de ce vallon où coule le Gave de Gavarnie.
Ici, une photo de la version hivernale où le massif paraît encore plus grandiose, au bas de l’image, c’est le village de Saligos.
Niché dans le fond de cette vallée de «lumière »: Luz-Saint-Sauveur, une petite ville d’à peine 1000 habitants.
Voici donc Luz, sous les lumières, celles des rayons d’un soleil d’automne puis sous les lumières artificielles d’une soirée d’hiver blanchie par les flocons.
Après une rapide présentation de la ville, continuons avec celle d’un des sommets qui l’encadre.
A l’honneur, le Sardey avec ses pentes boisées mises en relief par la lumière latérale de ce soleil de début de journée.
Sur ce versant, ce sont les feuillus qui sont en nombre et à l’automne … place à la palette de teintes chaudes. Je me souviens d’une ancienne balade automnale parmi les sentiers en lacets du Sardey, elle m’a laissé un souvenir singulièrement coloré avec des feuillages en « feu », c’était de toute beauté.
En continuant la randonnée jusqu’à la hauteur du rocher nommé justement « Belvédère », on bénéficie d’un superbe point de vue sur l’ensemble de la vallée et sur les ruines d’un château médiéval.
Le Château Sainte Marie constitue un autre belvédère mais un peu moins haut, idéalement situé sur un éperon rocheux entre les vallées de Luz et celle de Barèges.
Un édifice défensif construit dès le XIe siècle par le Seigneur de Bigorre. Cette bâtisse est de nos jours en ruine, ne persiste que deux tours reliées par une muraille.
Voilà deux photos du Château Sainte Marie, une prise en octobre dernier et cette autre sous la neige, c’était il y a quelques années.
Toujours les ruines du château mais à présent en version rouge. Avec les illuminations en hiver et également lors d’un lever de soleil cet automne avec cette fois, des teintes rose-rouge mais là en arrière-plan.
Depuis la terrasse du château Sainte Marie, la vue se déploie sur le bourg étagé d’Esquièze-Sere. Un bourg aux deux églises, un détail qui a capté mon regard. Clic clac !
L’église de Sere vaut le détour. Cet édifice St Jean Baptiste date du XI e siècle, classé monument historique, il est de style roman.
Une autre présentation sous un angle différent et en dessin à l’encre, une de mes réalisations pour immortaliser le point de vue.
Il faut découvrir son intérieur avec son retable de style baroque qui date du XVIIIe siècle, il représente une scène du baptême du Christ. Ce retable en bois magnifiquement restauré est recouvert de feuilles d’or.
En voyant sur la photo la présence de la crèche, on se doute du moment de la prise, c’était bien sûr lors d’une période de Noël.
Autre souvenir de fêtes de fin d’année à Luz, le feu d’artifice de la Saint Sylvestre et une vue surprenante et éphémère. Des palmiers dorés flamboyants qui donnaient un air exotique et réchauffaient l’atmosphère plutôt froide de la soirée.
En hiver, parfois la neige tombe en abondance et pas seulement sur les sommets mais aussi jusque dans la vallée. Un aubaine pour l’amateur de photos car après la grisaille, l’horizon embrumé et les flocons … place à des panoramas enchanteurs dès qu’un soleil radieux apparaît.
Cet hiver là, l’occasion était on ne peut plus favorable pour une balade photographique.
En fond de décor et au-delà des crêtes sont situées les pistes de la station de ski locale, Luz Ardiden (1700/ 2500 mètres d’altitude).
Une station de ski certes, mais c’est aussi un lieu connu des amateurs de cyclisme. Car combien de fois le Tour de France y a fait étape … pour toujours une arrivée mémorable au sommet d’une route où les lacets se succèdent sans fin !
Évoquer cette station d’altitude me remémore quelques souvenirs vécus sur ces pistes et aussi ces quelques photos prises en hiver pendant les vacances scolaires.
Dans la vallée, chaque village et presque chacun des quartiers possède une église ou une chapelle … alors continuons la série luzienne … avec la Chapelle Solférino. Son site vaut que l’on y fasse un tour car elle est juchée sur une colline dominant les alentours. Pour la présentation, je ne résiste pas au diptyque photo de deux saisons, automne et hiver, bien sûr.
On doit cette chapelle à Napoléon III qui avait ses habitudes dans cette contrée. Avec l’impératrice Eugénie, ils appréciaient particulièrement les montagnes pyrénéennes pour la beauté de leurs paysages et le calme bienfaisant de l’atmosphère d’altitude. 1859 est la date du début de la construction de cette chapelle où l’on remarque cette tour qui prend des allures byzantines.
Depuis ce balcon naturel, on se plaît à admirer le paysage avec cette vue qui s’étire de la petite ville de Luz vers la vallée de Barèges, bien ensoleillée cet après-midi-là.
Encore une église sur la photo diront certains, en effet c’est celle dite des Templiers. Le lieu de culte catholique principal de la cité situé en son centre. Une église fortifiée au XIV e siècle par les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem qui craignaient les attaques de belliqueux espagnols.
Et toujours des teintes d’automne au centre de Luz avec ce tulipier de Virginie aux feuilles jaunies qui tranchent avec le gris ardoise des toitures traditionnelles.
Sur les hauteurs de Cauterets
Changeons maintenant de vallée. Direction Cauterets. Passons la petite ville lovée au fond d’une vallée encaissée. Située à 900 mètres d’altitude, la cité s’est d’abord fait un nom depuis les années 1900 pour ses eaux thermales, sulfureuses et bienfaisantes.
De nos jours c’est plus son aspect station de sport et son écrin de montagnes qui attirent les amateurs : glisse en hiver et randonnées d’altitude en période estivale.
En octobre, les versants sur les hauteurs de Cauterets flamboient avec les feuillages qui se parent de teintes d’automne …
La route en lacets me fait prendre de l’altitude, elle chemine en croisant et en surplombant le Gave. Un « gave » est l’appellation des ruisseaux pyrénéens coulants au fond des étroites vallées, entre rochers et bouillonnantes cascades … à l’image de celle du Cerisey.
Mais la cascade la plus célèbre et la plus impressionnante est bien celle de Pont d’Espagne. Lors de la fonte des neiges son débit s’avère encore plus impressionnant.
Avec ces stalactites de glace formés par la succession de périodes de gels et de fontes, le froid se fait mordant. On croirait voir-là d’effrayants crocs, acérés, ceux de quelques bêtes de légende … mais ils sont si fragiles qu’ils se brisent spontanément, comme du verre.
Les paysages de Pont d’Espagne me sont bien plus familiers en version hivernale que sous un aspect estival ou même automnal.
Depuis plusieurs années, je les fréquente, toujours admiratif, lors de vacances d’hiver. J’aime m’y balader appareil photo en bandoulière et le plus souvent avec des skis de fond aux pieds. Cauterets-Pont d’Espagne est en effet un site nordique particulièrement plaisant, on y glisse au milieu d’un décor grandiose et enchanteur.
Au programme, en ce jour de fin d’octobre : une randonnée sur le tracé des pistes de ski de fond … j’ai troqué les skis pour des chaussures de marche. Bien sûr, le manteau neigeux que je connais habituellement ici est totalement absent, c’est bien ce que je suis venu observer.
Je reconnais bien cette piste qui mène au plateau du Cayan. Dans cette portion à l’ombre, différentes variétés de mousses verdoyantes et spongieuses tapissent les rochers des talus des bords piste.
Un peu plus loin et cette fois en plein soleil, les rochers sont couverts de lichens dentelés. Gris, vert pâle on même ici de teinte orangée.
Les lichens se répandent aussi sur les arbres, sur certains troncs et branches. Voici là une branche que l’on dirait barbue avec cette végétation filiforme suspendue et bien accrochée à l’écorce.
En longeant cette petite mare où se mirent les versants de la montagne, je reconnais ce point d’eau. Je l’avais déjà photographié mais en hiver, entouré qu’il était d’une généreuse couche de neige.
Arrivé sur le P****lateau du Cayan, je tente de retrouver d’autres points de vue immortalisés en saison hivernale. Ce n’est pas toujours évident de recadrer avec précision les mêmes lieux.
Ici, le lit du torrent s’est modifié en s’élargissant, les bords ont été grignotés par le gave en crue lors de la fonte printanière …
Parfois, certains conifères se sont brisés lors des tempêtes ou ont poussé, c’est bien logique. Aussi leur aspect devient différent. Finalement il n’y que les rochers qui ne bougent pas, comme ces deux blocs que je cadre à l’identique pour un parfait contraste, automne-hiver.
Sur ce plateau de la vallée du Marcadau, même si les conifères, surtout des sapins, représentent l’espèce majoritaire à cette altitude (1700 m), on observe quelques feuillus arborant de belles teintes d’automne.
Le nuancier est complété par le rouge de ces baies. Elles persistent en hiver, je me souviens en avoir photographié alors qu’elles ployaient sous une neige épaisse et lourde.
Chaque hiver en janvier a lieu sur ces pistes de Cauterets un trail blanc. Une course sur la neige glacée pour sportifs entraînés et endurants : 10 ou 20 bornes dans de telles conditions méritent le respect.
Même lieu, même perspective et un runner remplacé ici par un randonneur.
Assurément l’observation de ce superbe décor montagneux comble le randonneur … en automne mais aussi en toute saison. Quel beau miroir d’eau !
Cependant, par moments, ce sont les détails qui captent mon attention de randonneur photographe.
Cette colchique en fleur en est un exemple.
Imaginez le making-of de cette prise de vue pour laquelle je me suis allongé à plat ventre sur ce sol de tourbe … euh, mais que c’est humide !
Un rocher et deux lézards, que font-ils au soleil ? Ils lézardent bien sûr ! Drôle de position, ils semblent presque enlacés par leur queue.
Chut ! Le moment se doit d’éviter tout bruit ainsi que tout mouvement brusque. Surtout ne pas effaroucher cet isard immobile et aux aguets.
Il est seulement à quelques mètres de moi. Une situation idéale et pas si fréquente que cela pour tenter de lui tirer le portait.
Parfait, il m’aura laissé suffisamment de secondes pour figer l’instant. L’amateur de photo est comblé.
Autre détail, mais hivernal. J’avais apprécié ici le graphisme de la surface de la neige avec ces étincelants cristaux de glace. Et là, j’avais eu le temps de choisir le cadrage et la mise au point en gros plan.
Continuons la balade, en hiver, vers le pont de l’Estalounquet, il marque la fin des pistes de ski de fond. La balade peut continuer … mais avec des raquettes ou des skis de randonnée, l’environnement est magnifique. Un bel enneigement auquel s’ajoute un généreux soleil rend les panoramas encore plus photogéniques, c’est peu de le dire !
Un dernier souvenir d’une randonnée sur les hauteurs de Cauterets jusqu’au Lac de Gaube (1725 mètres).
Un début de saison hivernal sans trop de neige comme cela arrive certaines années. La montée jusqu’au bord du lac était donc possible sans difficulté et ce soleil qui va disparaître derrière les montagnes était le dernier de l’année. Nous étions un 31 décembre et les prochains rayons de soleil ne sont apparus que … l’année suivante !
Accroché au versant, Vizos.
Retour dans la vallée de Luz. Cette petite route qui serpente à flanc de colline mène au village de Vizos**.** Village est un bien grand mot car seule une quarantaine d’habitants y réside.
L’emprunter permet de bénéficier de jolis points de vue sur la vallée de Luz. Des pentes qui, en octobre, se sont mises aux couleurs de l’automne.
Vizos, le hameau perché constitue un terminus pour la route asphaltée, on débouche en y parvenant sur un cul de sac avec pour seule issue pour les véhicules, une place de retournement.
On est ici en plein Pays Toy, c’est l’appellation de cette région de vallées des Hautes Pyrénées (Luz, Barèges, Gavarnie).
Un nom qui vient du Gascon « toï » qui signifie « petit ». Ce serait le sobriquet donné autrefois aux habitants de cette région.
En revanche, ici au hameau isolé de Vizos on ne parle pas des habitants d’antan comme de petits hommes, non, pas du tout ! Selon l’histoire (ou la légende), ce lieu aurait été habité par des géants !
En effet, le curé du bourg aurait mis au jour en 1775 des ossements de très grandes tailles ainsi que des ustensiles, également aux mesures hors-normes … étrange, n’est-ce pas ? D’où la conclusion (hâtive ?) de la présence autrefois sur ces terres pentues de quelques géants …
Alors, petits hommes (Toï) ou géants … décidément, on est en pleine contradiction !
Plus concrètement, c’est la vue de ce panorama qui m’a souvent attiré à Vizos. La vue de ce grandiose cirque montagneux en fond de décor avec la silhouette en premier plan de cette **église S****aint-**Michel (XIIe siècle) forment une composition parfaitement photogénique, que ce soit en version automnale ou alors hivernale avec ce beau manteau neigeux.
J’ai même tenté de reproduire cette vue, modestement, en la dessinant à l’encre de Chine sur papier à dessin.
Continuer le sentier nécessite donc de randonner à pied, à longer des estives, à traverser des torrents, à passer dans des bosquets et à y découvrir ça et là, de splendides points d’observation …
Et quand on se balade dans le Pays Toy, régulièrement, on se trouve nez à nez avec des troupeaux de moutons : Bêêê … bêêê … bêêê !
Je me souviens de cet automne-là où une première chute de neige avait surpris les moutons et leurs bergers. Les troupeaux n’étaient pas encore rentrés dans les bergeries ce qui donnait cette vision de moutons semblant grelotter à l’abri des arbres et des feuillages. Des arbres dont les feuilles jaunies n’étaient pas encore tombées. Pauvres bêtes ! elles ne sont pas vraiment habituées à gratter la neige pour pouvoir brouter l’herbe.
A Barèges, entre vallée, estives et plateau d’altitude
Lors d’un précédent automne, j’avais croisé un autre troupeau et son berger regagnant leur bergerie, la chute des premiers flocons les avait motivé à rejoindre les abris. C’était sur un sentier à flanc de montagne du côté des estives surplombant la vallée de Barèges.
Après un traditionnel salut, la conversation s’était poursuivie avec ce berger et j’avais eu droit à la complainte classique de la disparition progressive des bergers de montagne : « Maintenant que je suis à la retraite, il ne reste plus qu’un seul berger sur ce versant » m’avait-il dit en ajoutant : « Mais qui entretiendra ces pâturages et le paysage alentour ? ». Et de conclure*, « … d’ailleurs, sur ces pentes, dans de nombreux endroits, les fougères remplacent déjà l’herbe ! ».*
Avec cette neige, le troupeau se précipitait sur les herbes des talus non encore recouverts de flocons ; pas fous les moutons !
La photo à l’atmosphère hivernale avait été prise en automne, début novembre.
Et celle-là, ci-dessous ? Avec cette généreuse couche de neige, toute étincelante ? Une vue automnale ou hivernale ? La réponse est … une photo prise à l’automne dans les premiers jours d’un mois de novembre.
Un matin plutôt frisquet juste après une bonne chute nocturne, il faisait – 5 °C malgré le généreux soleil.
Ce Plateau du Lienz, à 1500 mètres d’altitude, est situé sur les hauteurs du village de Barèges.
Voici le C****amp Rollot avec ses refuges et sa coquette chapelle en bois. Un camp créé en 1922 par un prêtre et fréquenté par les membres de l’Association Catholique de la Jeunesse Française dont Bernard Rollot faisait partie.
Dans les années quarante, ces cabanes ont même servi d’abris et de caches à des parachutistes de la Résistance.
Aussi beaux sont les panoramas de montagne sous la neige, en version automnale et sans flocons, il faut reconnaître que la montagne est particulièrement belle … surtout lorsque les feuillages flamboient et que le sol se recouvre d’un tapis de feuilles mortes.
A l’automne les teintes sont chaudes et si colorées qu’en comparaison l’hiver apparaît presque en noir et blanc. Quant aux pas, ils bruissent sur le tapis de feuilles sèches à l’automne alors qu’ils crissent sur la neige en hiver.
En saison automnale des effluves d’humus et parfois d’humidité titillent les narines quant au froid sec de l’hiver, il vous picote le bout du nez, un air gelé qui semble faire disparaître toutes les odeurs et étouffer les bruits … Que d’aspects et de sensations si différentes mais pour moi, toujours un grand plaisir à me balader parmi ces paysages de montagnes.
En toile de fond trône et domine le sommet du Pic du Midi de Bigorre. Il culmine à 2876 mètres d’altitude. Un pic choisi pour la construction d’un observatoire astronomique où les scientifiques étudient les étoiles et la voûte céleste jusqu’aux confins de l’univers.
Les anciennes bergeries accrochées à ces estives pentues de Barèges constituent un point de vue qui a tout pour combler les amateurs de compositions photos, dont je suis. A ne pas rater ce panorama, toujours idéalement photogénique, en toutes saisons : à l’automne pour les teintes, en hiver avec la blanche neige et au printemps ou en été … pour la tonalité verte.
Sous un autre angle et en dessin à l’encre, deux de ces bergeries. Un dessin réalisé à partir d’une de mes photos hivernales.
Avec ce cadrage ci-dessous pris en octobre, j’ai été séduit par ces contrastes et le graphisme de ces formes géométriques.
Retour dans la vallée par la route qui rejoint Luz-Saint-Sauveur.
Grandiose Cirque de Gavarnie
A présent on se dirige vers le cirque … on ne peut manquer dans cette région de faire un tour vers le Cirque de Gavarnie.
Un site grandiose avec son écrin de sommets tutoyant le ciel de leurs 3000 mètres. Un lieu d’exception d’ailleurs classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Des pics et une ligne de crêtes qui marquent également la frontière avec l’Espagne.
Gavarnie, en hiver, c’est aussi une station de ski de pistes à l’ambiance familial.
J’ai le souvenir d’y avoir vu une neige teinte … beige. Surprenant n’est-ce pas ? Explication : c’était l’effet des vents en provenance du sud, l’effet foehn qui transporte parfois la poussière du Sahara et saupoudre ainsi la blanche neige ; elle se teinte alors d’une teinte sable.
Charmant Val d’Azun
On longe maintenant le Gave qui coule dans la vallée, on traverse le village de Gèdre et à nouveau celui de Luz-Saint-Sauveur puis on chemine dans des gorges hautes, étroites et sinueuses.
A peine une quarantaine de kilomètres parcourus et le panorama s’ouvre … on est arrivé à Argelès-Gazost.
A l’ouest de la petite sous préfecture des Hautes Pyrénées se déploie une autre vallée, un val, celui d’Azun. Pittoresque et charmant.
Ici, une vue automnale, haute en lumière et en nuances prise à Ar****cizan-Avant avec en arrière-plan le sommet déjà enneigé du Grand Gabizos. Il domine le val de ses quelques 2639 mètres.
J’aime beaucoup les paysages de cette large vallée dont les versants sud sont bien exposés et très ensoleillés. C’est à chaque fois un vrai plaisir de randonner parmi ces paysages entre une moyenne montagne vallonnée encadrée d’imposants sommets qui donnent là une vraie touche de hautes montagnes.
Nous voici arrivés au village principal du Val d’Azun, Arrens-Marsous paisiblement situé au pied du massif montagneux du Gabizos.
La voie continue en s’élevant vers les pentes et les virages en direction du Col du Soulor.
Sur ces versants, face au sud, alternent bosquets et prairies à moutons.
De belles bergeries traditionnelles ponctues les estives. Photographiées en automne ou en hiver, elles donnent toujours de beaux clichés.
Comme on peut le constater sur ces deux photos dont la prise est séparée de quelques années … certaines bergeries sont passées de l’abris à moutons à une transformation en résidence secondaire … quant d’autres paraissent à l’abandon !
Au détour d’une succession de lacets, on parvient au Col du Soulor (1471 mètres).
C’est ici que je laisse le volant pour poursuivre la balade cette fois à pied.
En voilà un qui prend certainement son pied, on imagine que les vues doivent être des plus splendides lors d’un vol en parapente au-dessus d’un tel décor.
Ces lieux et ces versants, j’ai plus l’habitude de les parcourir en hiver le long des pistes de ski de fond. En effet, les hauteurs sud du Val d’Azun constituent en saison hivernale un grand domaine nordique de ski de fond avec une centaine de kilomètres de pistes tracées et damées pour la pratique du skating ou du style classique, le long des traces .
En ce mois d’octobre, les pistes de fond sont plutôt boueuses, sans neige évidemment.
En passant dans ce tronçon forestier, me revient en mémoire l’aspect hivernal avec une belle couche de neige et des branches ployants sous la neige.
Mon regard s’attarde également sur d’autres détails : sur les colchiques d’automne en fleurs et sur une jolie tête rouge, celle d’un champignon … mais je n’en ferais pas mon repas, c’est une toxique amanite tue- mouche !
Progressons et prenons peu à peu de la hauteur, le paysage s’ouvre sur cet espace boisé où les mélèzes arborent une jolie teinte jaune claire qui tranche avec le vert sombre des autres conifères.
Un peu plus haut et toujours le long des pistes à flanc de montagne … piste de randonnée et piste de ski de fond en hiver.
Sur les rares et derniers feuillus présents à cette altitude, quelques feuilles brunes ou dorées sont encore accrochées aux branches. Je me souviens de cet endroit en mode hiver avec de la neige sur les branches, pour un peu on croirait voir là des fleurs de coton !
La piste mène au petit col de Cantau et à cette cabane en bois qui peut servir d’abri en cas de mauvais temps.
On connaît l’ivresse des profondeurs, est-ce pour moi l’ivresse de l’altitude ? En février, j’avais cru voir-là sur le toit de cette cabane, comme une queue de baleine … faite de neige, bien sculptée par le vent.
De ce point élevé la vue se déploie sur les versants nord de la chaîne et bien au-delà vers la plaine béarnaise, surtout par temps clair.
Et sur le sol, par endroits, c’est un tapis de colchiques fleuries et de buissons rabougris aux feuilles rouges.
Dans le silence d’altitude retentissent à présent quelques sonneries de clochettes, probablement celles d’un troupeau de moutons en train de pâturer … mais non, ce sont ces chevaux que j’aperçois en contrebas, ils broutent, crinière au vent.
Et pendant que je cadre ces chevaux, un œil et même deux m’observent. Un rapace plane et tournoie au gré des courants aériens juste au-dessus de moi. Le temps de diriger mon objectif et clic, je le capture, photographiquement parlant. Super, une des photos est bien réussie.
Après quelques petites recherches sur le web, j’ai pu identifier ce rapace à la belle allure, c’est un Milan royal dont l’envergure peut mesurer de 1,70 à 1,95 mètre. Cette espèce se ferait rare, elle est inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en France dans la catégorie vulnérable.
En hiver, avec la couche de neige qui adoucit le relief il n’est pas toujours aisé de sortir des pistes tracées pour le ski et/ou pour la randonnée à raquettes. Un sol entre rochers, fissures qui s’avère parfois piégeux ! En dehors des périodes enneigées cela devient moins risqué. Autant en profiter pour sortir des sentiers battus et donc bénéficier de points de vue différents.
Il est un site dans les parages que je ne tiens pas à rater, le lac de Soum (1510 mètres). Une cuvette lacustre que j’ai souvent admiré et contourné lors de mes sorties en ski de fond.
J’ai maintenant hâte de découvrir ce lac mais donc sans glace ni neige.
Depuis cet escarpement rocheux le site de ce lac dévoile en cette saison un croissant de tiges végétales jaunies. Cet aspect pour le moins original m’évoque avec (beaucoup) imagination la vue d’un œil cyclopéen !
Je vais faire ensuite faire le tour du lac et le cadrer à plusieurs reprises dans cette version d’automne qui me plaît bien.
Balades pédestres et balades à VTT, ce lacis de pistes de crêtes s’y prêtent… mais en VTT, il faut parfois mettre pieds à terre ! Ces VTTistes rencontrés m’avouent avec un large sourire que la descente est plus facile et agréable que la montée surtout avec ici ce relief si accidenté ! Bon, on pouvait s’en douter … et bon courage !
En contemplant ce paysage d’automne avec le Grand Gabizos, je ne peux m’empêcher de penser à nouveau à l’aspect hivernal de ces montagnes, toutes recouvertes d’un blanc manteau … et avec des randonneurs qui paraissent minuscules au milieu de ce décor grandiose !
La balade est maintenant terminée … Alors, en quelle saison les Pyrénées sont-elles les plus invitantes ? En automne ou en hiver ? La réponse semble évidente : lors de ces deux saisons car ces montagnes ont tant d’atouts pour séduire les randonneurs. Mais au-delà, on pourrait ajouter que toutes les saisons ont leur charme …
Donc, il ne me reste plus qu’à compléter mes impressions et ma collection de photos par une plus ample découverte avec des balades … printanières et estivales. Un joli programme en perspective.
Jean Saint-Martin - Hautes Pyrénées -Octobre2020