Juste un retour de mon expérience.
Cet itinéraire était sur ma wishlist et un coup de fil d’une amie en phase Prie-Mange-Aime m’a décidé de partir.
Dix jours après ce coup de fil et après en avoir donné quelques uns pour les réservations de nuitées, j’arrivais par la route à Puy en Velay.
J’ai dormi dans un ancien internat tenu par des jacquaires. Je suis agnostique et partagé le PDJ en priant a été pour moi une drôle d’expérience, les hospitaliers m’ont tout naturellement ensuite conduit à la Bénédiction des pélerins qui a lieu tous les matins à 7h à la cathédrale du Puy.
Le curé a fait une omélie rigolote, appuyant sur tous les travers de notre société culturelle “le fameux moi-moi-moi”, j’ai participé avec un certain bonheur à cette manifestation de partage. Habituellement à cette période il y a environ 200 pélerins, grace au Covid nous étions une bonne soixantaine avec quelques étrangers.
Le curé nous a tendu ensuite une feuille blanche ou nous devons écrire nos tracasseries puis nous échangeons nos lettres afin de les rendre anonyme et de les conduire à Saint Jacques…
Je ne crois pas à toutes ces bondieuseries…mais étrangement en quittant la cathédrale j’ai eu un clin d’oeil de peut-être l’existence de Dieu…et j’avoue que cela m’a un peu bouleversée. Rien n’arrive par hasard n’est ce pas ?
Après la messe, nous chargeons nos sacs à dos munis de nos précieuses créanciales en vente à la boutique de la cathédrale. Le chemin débute en bas des escaliers de la Cathédrale, il suffit de suivre soit les coquilles soit le marquage blanc et rouge du GR65.
J’avais 8 jours pour aller à Conques, soit 210kms. J’avais donc fait une division pour arriver à 26kms par jour. J’aurais pu marcher plus mais dès le deuxième jours mes pieds m’ont fait atrocement souffrir. J’ai mis de la crème, je les ai recouvert de pansement mais…c’était un enfer et à chaque étape j’ai constaté que tous le monde souffrait des pieds ! J’avais des demi tige dure, je ne sais pas quelles chaussures il aurait fallu avoir car le chemin comporte des tronçons goudronnés, des pierreux, des boueux, des gravillonneux, des herbeux avec ou sans dénivellé. La dernière semaine de juillet a été très chaude et je devais changer de chaussettes toutes les 2 heures.
Les paysages et villages traversés sur ce tronçon sont vraiment très beaux et le rapprochement qu’on fait avec la nature est important. Le rapprochement avec les autres pélerins encore plus…je remercie Olivia, Marie, David, Fred et sa Falbala, Danielle, Tanguy le breton et tous les autres pour les moments de partage sur ce chemin !
Mon amie a abandonné comme beaucoup d’autres au 4ème jour et grace aux soutiens des autres j’ai continué seule et c’est là que j’ai vraiment compris la nécessité de ces pélerinages. L’effort, la souffrance, aller à la rencontre de nos possibilités physique et mentale nous fait un bien fou.
J’ai adoré faire la sieste dans les champs de blé et papoter avec une autre France dont j’ignorais l’existence.
J’ai dormi dans des institutions religieuses, dans des gîtes et dans 2 B&B que je vous recommande : Les souliers de St Jacques à St Alban et Les Rochers à Golinhac. L’acceuil a particulièrement été chaleureux dans ces 2 endroits ou c’est plus le désir de s’occuper des autres que l’aspect financier qui motivait ces hôtes.
Le GR65 est très bien fléché au début puis peu à peu il faut se montrer vigilant pour aux fourches prendre la bonne car une mauvaise direction peut couter cher en temps.
Le dernier tronçon se fait à pas de fourmis pour savourer ces derniers kilomètres de bonheur, l’arrivée à Conques m’a transpercé de joie. J’avais réussi à parcourir ces 210kms et etrangement un chanoine hollandais m’attendait sur un banc à l’intérieur de l’hotellerie de la cathédrale pour me réconcilier avec la foi.
Compostelle n’est pas un GR, c’est un trek mythique car depuis 1500 ans l’humanité le parcourt et de savoir qu’on pose ses pieds derrière tant d’homme nous fait forcèment quelque chose…