L'Art de négocier à Bali

Forum Bali

Bonjour à toute la communauté !

Aujourd’hui, j’ai decidé de vous écrire un article sur la négociation à la Balinaise. Plus qu’une simple façon de marchander, la négociation est un art, une façon d’interagir que l’on retrouve à tous les niveaux de consommation. De la simple warung en passant par l’embauche de personnel (guide, chauffeur) ou par les achats auprès d’un artisan, en tant que touriste, vous serez appelé à être rapidement confronté devant cette absence de prix affichés.

Cela peut paraître un peu déconcertant à la base, puisqu’on n’a souvent pas idée de la valeur de l’objet qui nous intéresse, surtout s’il s’agit de produits locaux. J’ai lu et relu beaucoup d’entre vous qui se demandaient ; combien payer un guide pour une journée ? Combien vaut un sarung ? Combien dois-je m’attendre à payer pour un massage sur la plage ? Combien, combien, combien… Cet article ne se veut pas un guide tarifaire, mais un ensemble de conseils sur la façon de faire baisser les prix lors de vos transactions.

Je souhaite avant tout mettre une chose au clair ; en tant qu’acheteur, j’ai toujours veillé à ce que la personne qui me vend soit satisfaite de sa transaction, tout comme moi (Everyone is happy !). Il peut être facile de profiter de la malchance d’un vendeur ambulant qui n’a rien vendu depuis quelques jours, et qui se départira de sa marchandise en bas de son prix coûtant afin d’avoir un peu de liquidité, ne serait-ce que pour manger. Gardez en tête que vous êtes privilégié d’être à Bali, et que même s’il vous a fallu de longs mois d’économies avant de pouvoir financer votre voyage, vous demeurez beaucoup plus riche que la majeure partie de la population. Les conseils que je vais vous donner ici vont principalement servir à éviter de vous faire arnaquer, et c’est là tout un monde de différences. Je crois fondamentalement que tout être humain a droit au respect, et la rétribution juste de son travail fait partie de ses droits. Donc, soyez responsables et n’abusez pas de votre pouvoir d’achat et de votre situation en essayant de faire baisser le prix que quelques dixièmes d’euros ; cette « économie » ne représente presque rien pour vous, alors que la personne en face de vous pourra acheter un peu de riz pour sa famille.

Vous devez maintenant avoir hâte que j’entre dans le vif du sujet ! Bien, commençons…

Il existe plusieurs techniques pour faire baisser les prix. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le prix annoncé par un vendeur varie en fonction de la personne qu’il a en face de lui. Il existe une hiérarchie de prix que je diviserais comme ceci : les prix Japonais, les prix Allemands, les prix touristiques, les prix «business» et le prix local. Le prix variera également en fonction de votre âge, de vos vêtements et de votre allure générale ; les bijoux scintillants et les caméras numériques professionnelles feront invariablement grimper les prix. Il faut vous mettre dans la tête du vendeur qui se pose ces questions en vous voyant : Combien est-il en mesure de payer ? Est-il fraichement arrivé ici ? Sait-il négocier ?
Donc, mon premier conseil ; si vous partez faire vos emplettes de souvenirs, habillez-vous sobrement !

Lorsque vous avez repérer un objet qui vous intéresse, ne le faites pas paraître. Évitez les « Chéri ! Regarde comme c’est beau! Tante Yvonne va adoooooorer !!! »… Manipulez-en plusieurs, dont vous demanderez également les prix, même s’ils ne vous intéressent pas. Ainsi, le vendeur ne saura pas à quel objet vous avez attaché une valeur «émotive» pour lequel vous seriez prêt à payer davantage. Deuxième conseil : ayez des réactions neutres dans votre approche de la marchandise, et ne paraissez pas trop intéressé.

Je me dois ici de faire une petite parenthèse ; selon l’endroit où vous êtes, cela va avoir une énorme incidence sur les prix. Vous voulez acheter une statuette de bois dans une boutique de Tanah Lot ? Mais quelle mauvaise idée ! Le premier prix annoncé va être probablement 10 fois plus élevé que la première offre que vous pourriez recevoir ailleurs, et même après avoir négocié le prix de moitié, vous aurez au final payé votre article 4 à 5 fois trop cher. 3ème conseil : N’achetez pas n’importe où ! Afflux important de touristes = prix beaucoup plus élevé !

Lorsque vous aurez votre premier contact avec le vendeur, commencez par des banalités (Apa Kabar ? Comment ça va ?), souriez, plaignez-vous de la chaleur en riant, et surtout, répondez intelligemment à ses questions… Donc, ne dites pas que c’est votre première fois à Bali et que vous êtes arrivés il y a 3 jours ! Et par la suite, la partie va débuter…

Si vous connaissez un tout petit peu d’Indonésien, cela va grandement vous aider. Si comme la plupart des touristes vous ne savez dire que Bonjour et Merci, il vous faudra travailler un peu plus fort pour obtenir le prix qui vous intéresse. 4ème conseil : apprendre le système de chiffres indonésien, au moins les plus importants (1 à 10, 1000, 100 000, million).

La partie est commencée : le vendeur vous a fait sa première offre. C’est maintenant le temps de vous servir de votre talent d’acteur ; prenez un air étonné, entre la stupéfaction et l’incrédulité, levez les yeux au ciel, secouer négativement la tête, et prenez l’air de l’habitué qui vient de se faire prendre pour un touriste qui n’y connaît rien. Le contact physique est très important dans la négociation, prenez l’avantage en étant le premier à toucher l’autre : mettez la main à son épaule ou son bras en lui donnant des petites tapes amicales et prononcez les mots magiques : Business price…

Eh oui, vous êtes maintenant un homme ou femme d’affaires à la recherche d’échantillons pour son commerce… Soyez logique ; cette stratégie ne fonctionnera pas sur le bord de la plage à Kuta. Il vous faut être dans un endroit moins touristique, du type village d’artisans qui distribuent leur produit aux boutiques de Bali… Bon je reste très vague sur cela, je le sais, mais je ne veux pas dévoiler toutes mes sources… :stuck_out_tongue:

Dites au vendeur que pour aujourd’hui, vous voulez tester le produit, et que vous reviendrez en chercher plusieurs si vos clients sont satisfaits et que le produit se vend bien. Bon, ce n’est pas un très gros mensonge ou encore ce n’en sera pas un. (à ce propos, je vais prochainement écrire un article que je vais appeler Rentabiliser son voyage à Bali, soyez sûr de le lire !) Si la technique vous rend mal à l’aise, il faudra y aller par contre-propositions successives jusqu’à ce que le vendeur refuse d’aller plus bas.

Bon, ça y est, vous avez atteint le prix plancher ; sourires et blagues ne suffisent pas, le vendeur refuse de céder davantage de terrain. Qu’en est-il de ce prix ? S’il vous satisfait, payez et le tour est joué, mais si vous sentez ou savez que l’article est trop cher, la partie n’est pas finie pour autant…

Nous en venons maintenant aux techniques que j’appelle « non-verbales ». Dites que cela est trop cher pour vous, et commencez à vous diriger lentement vers la sortie, en regardant les articles autour de vous dans le magasin. Habituellement, le vendeur va vous rappeler et vous dire un nouveau prix suivi d’un OK OK, et il commencera ensuite à emballer l’article, comme si vous aviez accepté son offre. C’est une technique très courante chez les vendeurs. Si le nouveau prix n’est pas encore à votre convenance (certains vendeurs espèrent la lune et débutent les enchères à un point vraiment haut), dites-lui poliment non, et retournez sur vos pas (n’oubliez pas de faire votre contre-proposition avant !). Vous aurez peut-être à faire ce jeu d’aller-retour entre la sortie de la boutique et le vendeur quelques fois… Si le prix que vous proposiez est honnête, il finira sûrement par l’accepter. Sinon, il existe une autre technique, que j’utilise pour faire des achats coûtant plusieurs millions, que je vous expliquerai un peu plus loin.

La négociation est avant tout un rapport entre 2 humains. Si vous êtes charmant, sourieur et confiant, vous obtiendrez de meilleurs résultats. J’ai l’avantage en résidant à Bali de pouvoir retourner voir les mêmes vendeurs et reprendre une négociation qui n’avait pas tournée comme je le voulais. J’ai parfois négocié des sculptures de bois valant beaucoup de sous sur des périodes de plusieurs mois, laissant un intervalle de quelques semaines entre chacune de mes visites. Vous ne pourrez pas profiter de ce laps de temps, mais souvenez-vous d’une chose : les vendeurs ont une excellente mémoire, et si vous faite plusieurs aller-retour sur la même rue, ils vont souvent vous rappeler lorsque vous passerez à leur hauteur pour vous proposer un nouveau prix.

Il y a la technique du ‘’prête-nom’’ ; il s’agit d’envoyer un local négocier à votre place. Il faut bien connaître la personne et avoir confiance en elle. À ce sujet, éviter de demander à votre guide ou chauffeur d’aller négocier avec vous. Le vendeur et lui échangeront des informations à votre sujet en Balinais (combien vous le payez par jour, dans quel type d’hôtel vous résidez, bref, toutes les infos nécessaires pour connaître votre situation financière).

De plus, de nombreux vendeurs vont offrir une commission à votre chauffeur afin qu’il vous dise que le prix est honnête, pour vous inciter à acheter ce que vous croirez être une bonne affaire. Lorsque cela fera quelques jours que vous parcourrez Bali avec le même chauffeur, il vous semblera très sympathique, et dans votre perception, des liens se seront créés entre vous. Rappelez-vous que vous n’êtes qu’un client parmi d’autres, et que dans ses pensées, il aura très peu de chance de voir revoir un jour. S’il a la chance de faire une commission, il va la prendre, et cela est très compréhensible. Je vais toujours me souvenir de ce couple qui nous a demandé de l’info sur notre gite, et qui voulaient venir visiter avec leur chauffeur, lequel disaient-ils, est un bon ami depuis plusieurs années. Ce qu’ils ignoraient, c’est que leur chauffeur nous avait téléphoné la veille pour nous demander une commission de 100 000 rupiahs par jour afin de nous apporter ses clients ! Donc, utilisez un prête-nom seulement si vous le connaissez très bien, sinon faites la négociation vous-même !

Une de mes techniques préférées est celle de la comparaison. À Bali, vous trouverez un tas de boutiques qui vendent exactement les mêmes produits, et elles sont souvent situées tout près les unes des autres. Lorsque j’ai eu à acheter beaucoup de meubles, je commençais par repérer quelque chose qui me plaisait et qui était vendu à plusieurs places. Lorsque j’avais négocié un prix dans l’une, j’allais voir à une 2ème place pour le même article. Si le prix du premier article était de 3 400 000 rupiahs, je disais au vendeur que je pouvais l’acheter à telle place pour 3 200 000, et la plupart du temps, le vendeur me disait qu’il pouvait égaler le prix. Je me promenais ainsi d’un vendeur à l’autre jusqu’à ce que je trouve le prix plancher duquel aucun vendeur ne voulait descendre. Cette technique prends du temps, mais si vous souhaitez acheter des articles valant plusieurs centaines d’euros, ce temps investi dans la négociation se révèle être très payant en fin de compte. N’hésitez pas à demander au vendeur d’appeler le patron pour soumettre votre offre. Vous pouvez également demandez le prix de plusieurs articles afin d’avoir une réduction sur un gros volume d’achat, changer d’idée et n’en prendre qu’un seul, mais au nouveau prix annoncé…

Il existe d’autres techniques, mais je crois qu’avec celles que je viens de vous expliquer, vous pourrez bien vous en tirez pour être satisfait de vos achats… Je me permets d’écrire cet article parce que je suis fort d’une expérience d’achat de près de 50 000 euros à Bali depuis 2 ans. J’ai passé de longues heures à arpenter villes et villages, à connaître les bonnes boutiques et celles à éviter, à développer des relations d’affaires avec des fournisseurs, bref, à cumuler l’expérience nécessaire pour devenir ce que j’appelle un « Acheteur Professionnel ».

En conclusion, c’est normal de vouloir économiser sur vos achats, mais gardez votre cœur sur votre main, dépensez intelligemment, gardez à l’esprit que vous êtes fortunés ici et agissez de façon responsable, ne soyez pas fâchés contre ceux qui essaieront de profiter de vous, soyez généreux avec ceux qui le méritent, et peu importe le résultat d’une négociation, repartez avec le sourire…

Si cet article vous a plu, laissez un commentaire, ça fait toujours plaisir ! Je vais bientôt en écrire un autre sur la façon de rentabiliser votre billet d’avion, ne manquez pas ça ! Vous pouvez m’écrire en privé si vous avez des questions, il me fait plaisir d’y répondre dans mes temps libres !

Bon séjour sur l’île des Dieux,
David

Bonjour,

Beaucoup de verbiage, je n’ai pas réussi à aller jusqu’au bout!!!

Après 25 ans d’aventures sur presque tous les continents, ma méthode est beaucoup plus simple et surtout je ne traîne pas à discuter.

Pour un article choisi, je donne mon prix, si le vendeur me laisse partir c’est que je suis trop bas. Ensuite je passe à un autre avec un petit plus et en général ça fonctionne bien.

Ainsi, en moins de cinq minutes, j’ai un prix le plus juste possible et les deux partenaires sont satisfaits.

En principe, au moment de payer, j’augmente pratiquement toujours le prix négocié par, disons, une petite prime et je fais un heureux.

Cordialement à tous.

Guil

david est tres pédagogue et dans “son verbiage” TOUT est exact…
mais il y aura toujours des personnes qui “savent” marchander et d’autres qui n’y arriveront JAMAIS car elles sont mal à l’aise dans cet exercice…
il est donc primordial d’arriver à deviner le prix approximatif des choses que l’on veut marchander…primordial aussi le sourire…les blagues. le baratin avec les qqs mots de la langue du pays qu’on maitrise, le contact physique (tape sur l’épaule…) les expressions qui les font rire…(BANKROUT par ex à l’annonce du 1er prix…), le temps …il faut que “marchander” soit un PLAISIR et pas une corvée et si l’on marchande longtemps, UNE FOIS qu’on a accepté un prix …ne pas vouloir encore le faire baisser…
quand le marché est fait, se congratuler,lui souhaiter de bonnes affaires pour le reste de sa journée…
ne pas donner son prix trop tot (où alors bien en dessous de celui qu’on veut “mettre”) afin que l’on puisse faire baisser le prix du vendeur tout en augmentant petit à petit le nôtre…
pour les hébergements ce qui marche aussi c’est de demander le prix pour 1 nuit puis dire et"si je reste 3 nuits.".) les prix baissent tout seuls…
parfois on trouve un souvenir qui n’existe pas ailleurs dans le pays où l’on est…il faut donc si on le veut absolument…marchander jusqu’au refus du vendeur…s’éloigner…et s’il ne vous court pas apres…revenir plus tard et accepter son dernier prix (pas besoin de sentir sa fierté bafouée…)
on marchande toujours plus efficacement pour un objet qui nous plait que moyennement…et on marchande mal pour un objet que l’on veut “à tout prix”…
la personne qui vous accompagne doit “savoir” comment vous faites et pas tout gacher par ses interventions (c’est celui là que je veux!!!en le montrant du doigt…là c’est cuit…)
que ceux qui n’aiment pas “le verbiage” m’excusent…cette contribution était pour les autres…
jean-louis

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