Voyageuse urbaine avant tout, j’avais choisi le moi de mai pour explorer Reykjavik et ses environs, par peur de rater une aurore boréale en hiver, et pour échapper aux moustiques et au tourisme plus intensif de l’été.
J’avais prévu le dernier jour une excursion au Cercle d’Or, pour découvrir les phénomènes naturels du pays : geysers, cascades, et faille géologique. Hélas, faute d’un nombre suffisant de participants, l’excursion a été annulée la veille ! La météo déplorable de ce jour-là m’a un peu consolée de cette mésaventure. J’aurais du acheter ce “tour” sur place, au lieu de passer par Viator.
Le voyage avec British Airways (Lyon-Londres) puis Icelandair s’est très bien passé, aucun retard et tout le temps d’arpenter le monstrueux aéroport londonien pour trouver le bon terminal, mais je l’ai trouvé plus clair que celui de Francfort.
En atterrissant à Reykjavik, il fait beau, et je trouve facilement le Flybus qui conduit les passagers en ville, en les déposant au fur et à mesure à proximité de leur hôtel. Le service est bien plus cher qu’indiqué sur les guides pourtant récents : 6 900 isk pour l’aller et retour, au lieu des 5 000 annoncés, mais pas le choix! J"ai souvent observé ce décalage financier un peu regrettable.
On roule pendant 50 km à travers des étendues de lave noire réfractaire à toute végétation, hormis des lichens que ne broute aucun troupeau de rennes. Côté mer, c’est plus riant, avec de jolis villages colorés. A peine si on se rend compte de l’entrée dans la capitale, tellement l’habitat est disséminé, mais les deux repères sont bien là : l’église art déco Hallgrimskirja et la coupole en verre sur la colline de Perlan, qui distribue l’eau géothermique à la population.
Mon hôtel, le 100 Iceland, est situé tout près d’une gare routière, au terminus. Il est rare de trouver un hébergement entre le camping ou l’auberge de jeunesse, et l’hotel de luxe. Celui là réalise le bon compromis : situé sur Laugavergur, la principale artère de la ville, en partie piétonne ; il est proche de tout, et propose pour le soir un buffet asiatique et un bon petit déjeuner le matin. La chambre single qui s’apparente à une cellule monacale coûte quand même 130 euros la nuit, et je n’ai jamais compris vraiment le fonctionnement de la fenêtre hors d’âge ni le réglage de la douche.
Il fait si beau et je sais que c’est si rare, que je me précipite vers le “Seabraut” (sentier côtier) qui est tout proche, il suffit de descendre une rue et me voilà sur la promenade qui conduit jusqu’au port. L’air est vif, pur, la lumière à son déclin fait ressortir le bleu profond de la mer et les couleurs chaudes des énormes blocs de lave qui jalonnent le sentier. Au fond, des montagnes enneigées.
Un premier bonjour au "Solfar " (le voyageur du soleil), sculpture en acier de 1990, devenu un des symboles de la ville. Il évoque à la fois un drakkar et un squelette de baleine…
Il se fait tard et j’ai faim, mais je veux absolument voir l’église en forme d’orgue géant sous le ciel bleu, ça tombe bien, elle est juste à l’aplomb du sentier côtier, il suffit de remonter tout droit, et au passage je tombe sur les plus beaux graph de la ville, sans même les chercher, cette arrivée tient du miracle !
L’église est ouverte jusqu’à 21 heures, son apparence est superbe, à la fois élégante et puissante, un orgue géant certes, mais aussi un oiseau de mer qui déplie ses ailes…
Je fais un sort au buffet asiatique, mais ce sera la seule fois, car il ne change jamais !
Jour 1 - Découverte de la ville.
Elle se fera sans le moindre appel aux transports en commun, tout étant à portée de marche à pied, le plus souvent sur du plat.
Au delà du Solfar, la silhouette un peu déjanté de l’Harpa m’attend.
Il s’agit de l’opéra de Reykjavik, qui offre plusieurs salles de concerts dont une à 1800 places. On dit qu’il est surdimensionné, vu la faible population de toute l’île, et il me fait penser au concept de l’opéra d’Oslo, également construit en 2008 à l’extrémité du port. A Oslo il est tout blanc, ici, tout est en acier serti de verre, ce qui reflète la lumière solaire à l’infini dans un arc en ciel de couleurs. L’entrée de cette merveille est libre, aucun contrôle à l’entrée, ça nous change, et l’on peut se balader dans les trois niveaux, apprécier les vues plongeantes ou vers l’extérieur, le dernier jour j’ai pu assister à un concert ouvert à tous, une belle “harmonie”, cuivres et bois uniquement. Les musiciens avaient laissé leurs affaires personnelles en vrac sur les sofas, toujours cette absence de notion de sécurité, que j’ai constatée aussi dans les musées, avec des appareils photos ou des tablettes laissées sans surveillance. L’Islande est réputée pour ça. D’ailleurs, un couple de japonais ont laissé leur fillette de 4ans, seule avec sa tablette, sur un des gradins de l’Harpa, pour aller prendre des photos pendant plus d’une demie-heure !
Cet Harpa me sera un refuge précieux pendant les averses, car on peut y rester tant qu’on veut, se poser sur les nombreux sofas ou poufs gris et jaunes disséminés un peu partout. Il y a quelques bars, une boutique de souvenirs, et des toilettes en sous sol, à coté du parking.
En effet la météo est ici très capricieuse, on dit qu’il peut y avoir quatre saisons dans la même journée et c’est absolument imprévisible. La température ne dépassera jamais 12 degrés, doudoune et bonnet en laine sont de rigueur, au coeur du mois de mai.
Je ne m’attarderai pas sur le port, même si j’en attendais beaucoup : hélas, d’énormes chantiers de construction en défigurent les quais, on est en train sans doute de le boboïser. Le reste du centre ville se limite à quelques rues, mais surtout de charmantes places agrémentées de jets de vapeur dont j’ignore l’usage et le but, et toujours de partout, des espaces conviviaux avec des bancs où s’asseoir, usage perdu dans nos capitales plus développées…
Je découvre aussi le quartier le plus ancien de la ville, avec ses maisons en tôle qui imitent à la perfection les chalets en bois norvégiens, devinez pourquoi ? à cause du manque d’arbres, bien sur.
D’ailleurs, une vaste opération de plantations d 'arbres a été lancée en Islande, à la faveur du réchauffement climatique.
Chacune de ces maisons est entourée d’un jardinet où est planté un jeune arbre encore, qui arbore sa parure printanière. Il y a aussi des tulipes, des plantes en pots, et entre les doubles fenêtres, chacun expose ses plus jolis objets artisanaux ou simplement domestiques. Cela donne une idée de l’art de vivre nordique, cosy et rassurant. Dans cet ensemble paysager, on ne se croirait pas au coeur d 'une capitale européenne ! Une petite rue et nous revoila en ville, avec ses restaurants, ses hôtels, ses boutiques de souvenirs, quelques immeubles de bureau un peu plus hauts que les autres, peu de voitures, et beaucoup de vélos. Ce genre de quartier résidentiel constitue en fait l’essentiel de la capitale islandaise.
En cherchant bien, je trouve un bout de port pas encore investi par les chantiers, mais les maisons de pêcheurs bleu lapis-lazuli ont été converties en restaurants ou agences diverses. Des gros bateaux sont en radoubement et en cette saison, les départs pour aller voir baleines ou aurores boréales sont au calme plat.
Un lac assez vaste occupe le centre de la cité, cerné par des espaces verts, le Musée National, et le Radhus - Hôtel de ville - qui accueille aussi l’office de tourisme. Autre havre en cas d’averse, car ici aussi, on peut rester pour parcourir les offres touristiques ou consulter ses mails. Dehors, cygnes et canards se font nourrir par les passants.
Une navette, curieusement, passe toutes les demi heures pour emmener gratuitement qui veut au centre commercial Klingan, voila une bonne initiative, que j’utiliserai le dernier jour, faute d’avoir pu faire l’excursion au Cercle d’Or… Maigre consolation que de retrouver les enseignes habituelles, toutes regroupées ici : H&M, Zara, Toys’rus, avec d’autres plus locales (Lindex par exemple, le H&M du nord) car elles n’ont pas droit de cité en ville.
Point de Mac Donald’s même à Klingan, suite à la crise de 2008, l’enseigne n’est pas la bienvenue en Islande. C’est assez rare pour être mentionné…
On préférera les hot dogs célébrissimes du fameux camion Baejarins Betzu, rue Tryggvagata, qui ne volent pas leur réputation (j’ai testé). Pour un prix dérisoire 450 ISK, on a vraiment un repas copieux et bien arrosé d’oignons, de moutarde douce et de ketchup.
Il est bientôt l’ happy hour (à rallonge) dans les pubs de la ville, je n’ai que l’embarras du choix. La bière locale est la “Gull”, autant la goûter, dans une ambiance sympathique et musicale, souvent familiale aussi, avec la présence d 'enfants.
On ne le croirait pas, mais les vikings ont encore leurs descendants ici, j’en ai croisé beaucoup, de vrais géants (même les femmes) et souvent vêtus des fameux pulls en pure laine avec des motifs autour du cou, plus vrais que nature, comme s’ils figuraient dans un film.
Encore un tour de ville car le soleil se montre à nouveau (il vient surtout le matin et le soir), et je savoure la pureté de l’air, et l’ambiance décontractée de la rue.
Demain, je vous emmène au musée, à la piscine et sous la bulle du Perlan.