Bonjour,
Quand j’ai « préparé » mon voyage de cet été en Algérie, j’ai été étonné de trouver très peu d’aide sur internet. Voilà en vrac quelques remarques sur le côté pratique, j’espère qu’elles serviront à de futurs voyageurs. Ne pas hésiter si besoin d’éclaircissements ou rajouter des précisions.
Contexte : voyage seul, 35 ans, budget moyen, mi-juillet 2023 à mi-août. Aller Marseille-Alger en bateau, l’Oranie (Sidi Bel Abbès, Tlemcen, Oran), Delhys, Tizi Ouzou, Constantine, Annaba, Ghardaïa, Tamanrasset, retour Tamanrasset-Paris par avion.
Visa : Touriste un mois, 110€. J’ai le consulat à côté donc pas de soucis. Pour le papier de l’hébergement, réservation d’hôtel (toujours annulable ensuite). Obtenu en 3 semaines. Apparemment ces dernières années c’est beaucoup plus simple de l’avoir.
Ferry : Corsica Linea, 205€ en salon, environ 24h de trajet : prévoir de l’avance (même s’il partira 4h après le départ annoncé) car c’est pas évident de trouver le quai : ils disaient sur le billet d’aller au quai de la Major, c’est en fait quelques kilomètres à l’ouest, mal indiqué. Avoir sa nourriture permet d’éviter le prix et la queue du resto (le goût aussi ?). Bateau vraiment crade : dès le départ la totalité des toilettes bouchées. À part ça super.
Carte téléphone : Mobilis et OOreedoo se partagent le marché, faut acheter la carte puis prendre un forfait internet avec aussi numéro algérien. À la sortie du Ferry Mobilis faisait de la pub : carte gratuite obtenue sur place, forfait de 25 giga qui m’a largement tenu le mois. (10€ j’me souviens plus… Faut payer en dinar). Les appels sont gratuits pour ceux qui ont le même opérateur, on peut recharger internet et le forfait appel séparément.
Change : il y a deux marchés : l’officiel (à la banque) et le parallèle (marché noir). Comprendre que passer par l’officiel c’est perdre un tiers de son argent. Quand j’y étais, 1€ = 150 da à la banque et 225 au marché noir. L’inconvénient d’utiliser le marché noir, c’est qu’il faut partir avec la totalité de son argent en euro depuis la France, puis changer au fur et à mesure. Si vous avez des amis de confiance sur place, y’a des moyens détournés pour sortir des euros sur place, mais pas évident.
Pour changer, à Alger ça se passe au square Port-Saïd (quasiment en face de la gare maritime), impossible de les louper. Sinon les hôtels, les magasins le font aussi (mais moins avantageux). Vérifier sur internet le cours du marché noir, montrer le site si besoin mais on n’a pas essayé de m’arnaquer là-dessus.
Budget : 600€ (200 bateau, 400 avion. Cher car été) pour le trajet, et 850€ sur place pour 25 jours, en dormant un tiers du temps à l’hôtel, faire de folies ni se priver non plus. 1 hôtel c’est environ 4000 dinars, 1 trajet entre villes 1000, 1 trajet en taxi dans une ville 15 minutes 300 dinars, 1 restau rapide à midi 600, 1 bouteille d’eau 50.
Transports entre les villes : beaucoup de possibilités.
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Taxis intervilayas (vilaya = département en gros) : grandes voitures (8 places), elles ont leurs propres gares routières dans chaque ville (souvent à côté des bus), elles partent quand elles sont pleines. Légèrement plus cher que bus, pas hyper confort, opportun pour rencontres et en permanence présentes. Alger-Sidi Bel Abbès par exemple 1200 dinars (plus très certain mais environ), soit dans les 5€.
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Bus intervilayas : Pareil, à heure fixe, c’est mieux entre les grandes villes ou les très longs trajets (Constantine – Gardaïa, 15h, 800 dinars). Pas hyper confortables. Certains ont la clim, certains ont de la musique. Les grosses affaires vont en soute. C’est conseillé d’aller à la gare routière les jours avant, pour réserver le billet et s’assurer de l’horaire (changeant).
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Train : j’ai testé juste Oran-Alger : on m’avait conseillé la 1ère classe mais complète, la seconde était très bien. Confort, climatisé, propre, jusqu’à une heure de retard n’est pas exceptionnel. J’ai oublié le prix mais très raisonnable encore.
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Avion : entre les villes du sud ça peut valoir le coup : Ghardaïa-Tamanrasset chaque mardi soir, 1h30 de vol pour 9 000 dinars (40 euros). En bus le paysage est pas ultra changeant, et quand on rajoute le temps de récupération ça peut faire gagner deux jours d’y aller en avion. Y’a des avions Taman-Djanet aussi, pour 4 000 dinars, deux fois par semaine. Réserver auprès de Air Algérie en amont. Juste avant de monter dans l’avion, il faut prendre ses bagages en soute qui ont été mis par terre sur le tarmac et les poser dans un camion (apparemment c’est une mesure de précautions héritée de la guerre civile). Retards fréquents.
Transports dans les villes : un peu compliqué de s’y retrouver dans les bus etc, j’ai beaucoup marché, et sinon j’ai utilisé l’application « Yasir », le uber local. Plus cher mais pratique, pas besoin de marchander etc. Avoir quelqu’un pour répondre en darija pas loin.
Logement : je cherchais des hôtels juste propres, climatisés et bien placés, ça faisait entre 3 000 et 6 000 dinars la nuit selon les endroits (13 et 26 €) pour des chambres doubles. On s’enregistre avec le passeport, check out en général à midi, ils ont toujours accepté de garder mes affaires la journée après le check out. J’ai aussi dormi chez l’habitant au fil des rencontres + couchsurfing marche plutôt pas mal en Algérie. Quelques hôtels appréciés :
Hôtel de la poste à Alger (sur le square Saïd, au milieu des cambistes et proche de la gare), hôtel Chanez Dream à Oran (proche gare, très propre, gérant en or), et hôtel Stambouli à Tlemcen.
Alimentation : dans la rue, c’est surtout des cafétérias avec de la nourriture pas toujours excellente (pizzas, tacos, etc) (pour 500-600 dinars, 2,50€, on a pas mal en quantité déjà). Pour manger traditionnel c’était de rares restaurants parfois plus chers, mais le mieux c’est chez l’habitant : chaque région a son couscous à tester. Pour un végétarien c’est très très challengeant, surtout quand on veut rester poli.
Alcool : c’est très mal vu en public, mais beaucoup de bars, branchés et populaires dans les villes du nord (Kabylie ++), et sinon partout même dans le Sud (beaucoup plus conservateur) y’a des gargotes un peu excentrées où on vient le soir acheter de l’alcool. Surtout de la bière, mais le vin local passe très bien.
Arnaques : un des nombreux bons côtés des pays pas touristiques (j’en ai croisé aucun), zéro arnaque nulle part (où alors pas repérée) à part un peu les taxis parfois mais c’est dans leur fiche de poste.
Santé : pas de moustiques sur place, j’ai juste eu un peu des soucis digestifs et surtout un souci de gorge dû à la climatisation (j’ai oublié de l’éteindre en m’endormant) dans un hôtel.
Sécurité : je marche beaucoup partout, y compris la nuit : j’ai pas eu de soucis, ni vol ni physique et à aucun moment me suis senti insécure. Certains algériens (je pense aux vieilles dames dans le ferry surtout) m’ont dépeint une vision alarmiste mais qui prête plutôt à sourire avec le recul. Tamanrasset un peu différent (voir après).
Températures : on m’avait beaucoup dit que c’était la plus mauvaise saison pour visiter l’Algérie, surtout le sud. Finalement ça allait vraiment : les grandes villes du nord sous canicule c’était compliqué, surtout à cause du très fort taux d’humidité, mais rien d’insurmontable. Astuce locale pour moins avoir l’air transpirant : le débardeur sous le T-shirt. Sortir plutôt le matin (souvent les sites ferment tôt l’après-midi de toutes façons), et faire une sieste aux heures chaudes. Plus loin de la côte (Sétif, Constantine), sans l’humidité ça devient vraiment très agréable.
Le Sud, Ghardaïa ça allait très bien mais quelques jours avant c’était apparemment insoutenable ( + 50 degrés ?), et Tamanrasset et le désert se sont révélés être parfaits alors que j’avais failli annuler cette partie du voyage en écoutant les algérois, grâce à l’altitude apparemment. Jean et T-shirt on était bien, même petit gilet le soir dans le désert.
Lectures : je savais pas trop quoi lire, c’est Y. Khadra qui sort en premier quand on cherche des auteurs, mais après deux livres (L’attentat et Ce que le jour…) j’ai été déçu. Des livres de Benjamin Stora au top pour combler le vide dans notre scolarité concernant la guerre. Si d’autres conseils je suis preneur.
Pour suivre l’information en ligne et en français sur le pays : tsa et El Watan
Guides touristiques : j’ai été étonné de pas trouver ni de Lonely ni de Routard pour l’Algérie. J’avais commandé le Petit Futé de 2021 mais il n’est jamais arrivé. Du coup je listais par ville ce dont on me parlait, je rajoutais avec ce que je voyais d’intéressant sur Tripadvisor, puis je faisais une liste enregistrée par ville sur google maps et ça passait.
Langues : le français suffit souvent (les hôtels, les personnes âgées, lieux touristiques, plutôt le Nord), des fois (Jeunes, plutôt le Sud) c’est plutôt l’anglais. La langue courante c’est le darija, qui varie beaucoup selon les vilayas. L’arabe standard moderne est largement compris, moins souvent parlé.
Tamanrasset : ville à part. Personne ne sait vraiment pourquoi (ni les agences, ni la police), mais en dehors de la ville, la procédure exige depuis 2010 une escorte pour les étrangers. C’est une ville où on peut se sentir légèrement moins en sécurité à l’intérieur (apparemment risque de vol accru, plus de pauvreté, plus de précarité avec les émigrés mais pas a priori de risque physique), mais en dehors j’ai pas compris. Cela concerne les sites autours (Tadmart, Afilal, Assekrem etc, y compris l’aéroport où on vous prend en charge à la sortie de l’avion). C’est théorique, des fois l’escorte n’arrive pas et on vous dit de partir sans. Il faut également s’inscrire auprès d’une agence, qui doit remettre aux autorités tout votre planning de manière très précise (quels lieux à quels moments) en théorie 10 jours avant (avant c’était 3 jours, et ça passe encore). Comme ça les autorités peuvent prévoir les escortes en fonction. J’étais je crois le seul étranger en août, mais j’imagine pas en haute saison. Si vous arrivez en bus, vous pouvez passer au travers mais l’Algérien qui vous amènera dans le désert prendra un risque vis-à-vis des autorités. Les autres villes du désert (Djanet, Timimoun, Ghardaïa etc) n’ont pas ce protocole. Ça donne pas envie comme ça, mais rien que pour l’Assekrem ça vaut largement le coup. Je mets le nom d’un ami qui m’y a amené, il possède une agence sur place, il est honnête, carré et compétent. Il s’est mis en 4 pour régler tous les soucis (j’étais en retard pour m’inscrire ; il m’a trouvé une place dans un avion plein etc…), vraiment un type en or :
Yacine Souid, agence Desert Voyages,
whatsapp 0671647772, tél 0556634240,
mail desertvoyage408@gmail.com .
J’espère pas avoir écrit d’erreurs, bon voyage !