Admettons. Les statistiques de Cuba, de la Banque mondiale, du FMI et de l’Unesco seraient bidonnées, concernant la santé et l’éducation, la mortalité infantile et la longévité (79 ans). Je découvre cette argumentation. Curieux, cependant, que la statistique du salaire moyen cubain ne soit pas contestée … Il est vrai qu’elle est acceptable, car elle révèle un revenu qui scandalise l’occidental (lequel ne soupconne pas les autres revenus indirects, y compris le marché parallèle) et discrédite le système social cubain, comparé à ce qui n’est pas comparable, notre mode de vie aisé (basé quand même sur un “surnuméraire humain” de 10 millions de personnes pour notre seul pays).
Contester quoi exactement ? Oui, le salaire moyen moyen est de moins de 30 euro, mais comme déjà dit ici, il ne reflète strictement en rien le niveau de vie. A ce salaire moyen, on peut rajouter la Libreta dont les produits sont, certes pas gratuits, mais à un prix très bas (subventionnés) et les marchés subventionnés (dits de la FAR), pas les privés). Allez, soyons fous, rajoutons le marché parallèle. Bon, on ne va pas rajouter les subventions pour le transport. Avec tout ça, pouvez-vous nous dire si c’est suffisant pour vivre ?
Il n’est pas question de comparer ou d’expliquer que ce n’est pas comparable, seuls ceux à court d’arguments sortent ce refrain.
Foin donc des statistiques ! Que reste-t-il au voyageur qui ne se contente pas du rhum et des cigares, mais cherche à en savoir plus sur ce peuple et sa Révolution ?
Il reste des impressions visuelles, des conversations. Par exemple : durant un mois, sans guide, de Vinales à Baracoa, je n’ai pas vu de gosses en haillons, décharnés ou le ventre gonflé par la malnutrition, comme j’en ai vu en Afrique ou dans certains reportages sur des pays d’Amérique latine et d’Asie. Les enfants sont costumés et chaussés même dans les villages reculés. J’ai vu dans une vallée à l’écart de Baracoa, accessible à pied uniquement, une école pimpante dans la forêt tropicale, accueillant 8 éléves avec un maître. Chez nous, elle serait fermée ! Même constat sur mon parcours en ville ou à la campagne : l’école et le péri-scolaire semblent stucturer la vie cubaine.
Surprenant, mais je sens une certaine comparaison… Afrique, Amérique Latine, France. On ne voit pas, donc c’est mieux !
Pour moi, c’est un critère qui peut en dire long sur un système social qui refuse le modèle dominant du libéralisme qui fait tant de mal à la planète. Eux, parlent de capitalisme et ils voient à la télé ce qui se passe chez leur voisin hostile du Nord, les USA. A Baracoa, on apprenait qu’une nouvelle tuerie frappait un lycée Texan, ce qui dépasse l’entendement de nos hôtes.
Une autre comparaison ? Mais c’est vrai, la télévision cubaine se fait un grand plaisir à diffuser les malheurs qui se passe aux USA, ou ailleurs, là où elle cache beaucoup de “réalités” de son pays.
Autre impression : je n’ai pas vu de bidonvilles, comme j’ai pu en voir en Afrique du sud, véritables villes dans les villes avec des conditions de vie infrahumaines.
C’est notre mythomane jiminijou qui va pas être content, lui qui en voit beaucoup et qui a même vu des mogotes à Trinidad.
Pour conclure, Cuba est un pays “pauvre”, certes, mais qui offre apparemment à ses habitants un filet de sauvetage que bien des pays équivalents envient : la quasi gratuité des services publics de base.
C’est quoi les filets de sauvetages ? Remesas, lucha (vol, jineterisme, arnaque, marché noir), tricheries aux déclarations. C’est une offre du pays, ou c’est une “prise” du peuple ?
J’y reviendrai.
Un de nos interlocuteurs nous disait : le système est perfectible. Un autre affirmait : on a des difficultés, mais on est heureux. A Vinales, notre hôte (l’instituteur) reconnaissait qu’il vivait bien. Il vrai que la province est riche de son tabac…
Ben oui, il est heureux, il loue des chambres, il ne fait donc pas partie de ceux le plus dans le besoin. A moins que ce ne soit le tabac qu’il fume qui le rend heureux.
Nous l’avons constaté, la libéralisation des activités économiques et le tourisme génèrent des différenciations importantes de niveau de vie.
Là, suis d’accord, et encore, je crois que vous n’avez que vu la partie immergée de l’iceberg.
C’est sans doute un défi majeur pour l’avenir de l’île, avec la levée du blocus qui complique la vie des habitants et freine l’évolution du pays.
Simple avis de voyageur qui ne fait que passer brièvement, ne cherche pas à donner de leçons aux autochtones, mais plutôt à en recevoir et à comprendre le pourquoi et le comment des choses dans ce pays controversé (expression du voyageur JP. Lamic).
Savoyeux
Date de l’expérience : 10/06/2018
Vous savez, je ne crois pas vraiment à l’objectivité d’un livre. Son auteur aura toujours une tendance à écrire ses lignes vers ses idées. Et lorsqu’on lit que le régime révolutionnaire est diabolisé par une diaspara de Miami, on a tout compris. Où en sont, aujourd’hui, les réussites de la révolution ? La santé ? Non. L’éducation ? Là encore, non. Certes, il y a de bonnes choses, mais sont-elles suffisantes pour effacer les moins bonnes, voire les mauvaises.
Les cubains qui criaient, les mois qui ont suivis la crétion de “l’opération miracle”, “on préfèrerait payer pour être soignés rapidement”… ou encore cette dame interrogée par la police parce qu’elle avait mis une pencarte “Permuta par Venezuela”, car cela faisait des mois (et encore) qu’elle attendait cette même opération alors que les Venezueliens passaient avant elle. La “cola del trae”, vous connaissez ?
A l’hopital, apportez votre ventillateur, et votre bouffe, sinon… même les draps, votre famille doit les laver. Les kiné sous ordonnance… en mission à l’étranger. Si vous en voulez un autre, vous dever payer.
Sacré service “gratuit” réussite de la révolution. Les pharmacies, vides. Si vous avez une ordonnance, pas certain que vous trouviez ce qui vous est prescrit (et qui n’est pas gratuit), à moins d’aller dans une FRD (Farmacia Recaudadora de Divisas, nom que je donne aux pharmacies dites pour touristes), fréquentées à 99% par des Cubains, où les tarifs sont supérieurs à chez nous, et où tu payes plein pot même avec une ordonnance… alors qu’elles sont alimentées en très grande majorité par les tonnes de dons annuels de l’Europe (entre autres). Ou alors, tentez votre chance vers les chefs de clinique, qui reçoivent des dons de touristes retraités lambdas (à Baracoa surtout) pensant qu’ils aident le peuple alors que le chef leur remet un papier sans valeur en toute illégalité (et avec un grand sourire) et qu’il revend ces médicaments à ses patients.
Vous voulez des anecdotes sur l’éducation ? C’est vrai que tous savent écrire leurs nom et prénom. Ah oui, tout le monde peut faire des études universitaires ou plus. Pensez-vous que tous choisissent vraiment ce qu’ils veulent faire ? Lorsque vous changez d’établissement scolaire, ou plutôt lorsque vous en quittez un pour partir, par exemple, à l’étranger. Soyez généreux avec le directeur de l’établissement si vous voulez avoir votre “parcours scolaires” et les notes pour présenter à l’étranger. c’est comme les cadeaux réguliers (anniversaires, Noël) pour votre instituteur et le directeur. Pas de cadeau, votre évaluation sera proportionnelle, et oui. Allez, une autre ! Une nièce, très forte en électronique et informatique grâce à son père. On lui a refusé de poursuivre cette voie parce qu’elle avait des allergies et qu’elle ne pouvait participer aux “escuelas al campo”, où aux défilés du premier mai ou au travail volontaire, où les vrais volontaires sont surtout des étrangers qui payent pour le faire (et oui, réel). Cuba est le seul pays au monde capable de dire à l’avance le nombre de participants aux marches du premier mai ou autres (et non statistiquement).
Mais, bon, je ne vais pas passer des heures à écrire des anecdotes !
La réalité cubaine, je la vois à travers mes amis et ma belle famille, pas avec des sites ou des livres !
Chrys