CAP VERT - SANTO ANTAO
EXPLORATIONS AU COEUR DU POUMON VERT DE L’ARCHIPEL
Cette île a éveillé ma curiosité de part sa location éloignée et son côté sauvage, authentique et encore préservée du tourisme de masse ; elle devait abriter une multitude de trésors cachés… Et nous n’avons pas été déçu ! Pour les amateurs de plages de sable blanc et de farniente, c’est raté ! Cette île sauvage ne présente que très peu de plages accessibles à la baignade. Le relief trop souvent escarpé et les puissants courants venus de l’Océan Atlantique rendent la baignade difficile voire impossible. Mieux vaut donc être préparé à explorer l’intérieur de l’île plutôt que ses espaces côtiers ! Ainsi il existe une multitude de circuits de randonnées balisées, comprenant parfois des dénivelés allant jusqu’à 1900m d’altitude ! Rassurez-vous, il existe également de nombreuses randonnées possédant un dénivelé accessible aux randonneurs du dimanche et permettant tout de même d’embrasser de superbes vues panoramiques, parfois même au dessus des nuages !
Espongeiro, petit village à la croisée des sentiers
Ainsi, une fois débarqué au port de Porto Novo, véritable coeur économique de l’île, nous avons emprunté la route de la Corda : une route escarpée quittant rapidement le bord de mer pour s’enfoncer au cœur de l’île. Les locaux l’ont baptisé ainsi de part son caractère étroit et sinueux, telle une corde qui serpente le long des hauts reliefs. Elle permet ainsi de relier de nombreux petits villages perchés dans les montagnes aux villes dynamiques de Porto-Novo et de Ribeira Grande.
Notre première halte fut le petit village d’Espongeiro au cœur de l’île, perché à 1360 mètres d’altitudes.
Ce village est particulièrement bien placé pour ces divers départs de randonnées.
A une heure de marche du village, nous arrivons au bord d’un immense cratère : Le Cratère de Cova. Ce vaste trou large d’environ 1 km2, est un ancien volcan reconverti en espace agricole. Le sentier de Pico da Cruz, non loin du cratère de Cova, est un chemin menant au sommet de la montagne de Cruz, culminant à plus de 1530 m d’altitude !
La vue y est tout simplement sublime…! Avec un panorama sur toute la vallée de Paùl, le sommet culmine au dessus d’une irréelle mer de nuages !
La Vallée de Paùl, poumon vert de l’île
La traversée de la Vallée à pied est un véritable défi sur le papier ! Une randonnée de plus de 8h, possédant parfois des dénivelés impressionnants. Mon compagnon et moi-même sommes donc parti très tôt un matin, du village d’Espongeiro, passant par le cratère de Cova afin d’atteindre le col de Cova Paùl. Ce col marque ici la rupture entre le climat aride et chaud des montagnes d’Espongeiro, avec l’humidité et l’atmosphère quasi tropicale qui règne dans la Vallée de Paùl. Nous avons ensuite entreprit la vertigineuse descente au coeur de la vallée, environ 1200m de dénivelé négatif.
Au fur et à mesure de la descente, les genoux étaient extrêmement sollicités et je me suis même surprise à préférer les montées, finalement moins éreintantes! Cette descente au cœur de la vallée fut un moment magique. La température s’adoucissait à chaque pas et l’humidité qui nous enveloppait au fur et à mesure que nous progressions, était la bienvenue.
Tout autour de nous, une multitude d’arbres fruitiers étaient plantés (bananiers, manguiers etc…) , de petites cascades et rivières sillonnaient la vallée rendant le décor féérique ! Je me souviens surtout des couleurs et des parfums ! Des nuances de vert à perte de vue, des odeurs de café, cannes à sucre et de rhum ! Oui vous avez bien lu ! Cette vallée d’Eden abrite également de petites rhumeries traditionnelles disséminées dans la vallée. On y cultive également du café, réputé parmi les meilleurs au monde ! Rien que ça !
Rencontre avec Maria
Sur notre route nous avons fait la connaissance de Maria, une grand-mère habitant la vallée. Parlant uniquement la langue locale (créole portugais), nous avons néanmoins réussi à nous comprendre, par la langue du cœur, des gestes et des sourires. Proposant de la suivre chez elle, celle-ci nous a gentille- ment offert une tasse de café locale dans sa petite cour intérieure.
Cette halte arrivait à point nommé car la fatigue musculaire se faisait ressentir. Après cette tasse de café, elle nous a offert une petite bouteille de son rhum local, qui reposait dans un gros baril à l’arrière de la maison. A la louche, elle rempli une petite bouteille vide de son précieux breuvage. L’odeur qui emmenait du baril se caractérisait par un subtil mélange de sucre, de caramel et de vanille. Cette petite bouteille au parfum enivrant fut un véritable Trésor de Voyage ! Et Quelle belle rencontre ! La traversée de la vallée se prolonge en passant de multiples villages, tous très colorés et animés. La vie locale y est douce et paisible, les cultures en escaliers, qui sillonnent la vallée, permettent de faire vivre l’ensemble de ces villages. La randonnée se prolonge ainsi jusqu’au petit village côtier de Pombas, fin d’un périple haut en couleurs, en odeurs, en saveurs et surtout en rencontres.
Partons ensuite vers le Nord
Après avoir exploré le centre de l’île, nous avons repris la route de la Corda pour atteindre l’un des endroits les plus sauvage et inaccessible de l’île, le petit village de Cruzinha Da Garça.
Pour s’y rendre nous avons pris un « collectivo » (un petit bus local), censé comporter 8 places assises, mais qui, au fur et à mesure des arrêts, se remplissait de façon exponentielle ! Nous avons fini coincé, les fesses dans le coffre, les jambes d’un bébé sur les genoux ! Ah l’Aventure !
Après cette course folle le long des reliefs escarpés et étroits, nous sommes arrivés au nord de l’île. Ici, les deux petits villages ne voient pas beaucoup de passages. La route pour y accéder est longue, sinueuse et donc faiblement empruntée. Ainsi, seul le balai des « Collectivo » rythme la vie locale, assurant des connections régulières et ainsi éviter l’isolement de certains villages. Ici les habitants cultivent beaucoup les terres, mais utilisent les parcelles enclavées entre les reliefs, car le vent souffle fort sur cette partie de l’île. Très exposée aux vents puissants de l’Océan Atlantique, la végétation y est très rare et desséchée.
Le village de Cruzinha da Garça se trouve face à la mer, perché au bord d’une falaise. Il n’est accessible que par une route de terre, creusée dans la roche sableuse de la falaise. Nous nous y sommes rendu à pied, afin de découvrir ce petit village local encore totalement préservé du tourisme. Une petite épicerie et un café non loin en font son petit « centre-ville ».
En contrebas de la falaise, se trouve le petit ponton permettant aux pêcheurs locaux d’amarrer leurs barques. Ici la pêche est au cœur de la vie locale et la place centrale du village, près du port, est le théâtre de réunions quotidiennes entre amis, jeunes, enfants et les anciens, tous venant bavarder ensemble.
Une Fin nostalgique
Après quinze jours passés sur cette merveilleuse île, 250 km de randonnées effectués, des centaines de sourires partagés, des milliers de couleurs et de parfums différents, nous arrivons au terme de ce fabuleux voyage au coeur de l’archipel du Cap Vert.
L’hospitalité des habitants, leur accueil chaleureux et sincère m’ont beaucoup touché. Cette chaleur humaine se traduit également dans un respect des aînés particulièrement impressionnant. Cette incroyable solidarité se manifeste constamment et spontanément les plus jeunes s’arrêtent pour venir aider les plus anciens. Il n’est pas rare de voir des chauffeurs de bus s’arrêter dans des coins reculés afin d’apporter courses et médicaments aux plus âgés, sans rien demander en retour. Ce respect de la Vie et de l’Humain est l’une des valeurs qui caractérise le mieux les habitants du Cap-Vert.
Ainsi s’achève ce beau voyage, des sourires, des couleurs, des odeurs et des paysages plein la tête.
Rédaction & Photographies
Stanie Fitoussi (Instagram : @stan_traveler)