Mardi 23 octobre, Etape Manzanillo Bayamo.
Ce matin, le ciel est mitigé, nuages et ciel bleu. A radio
Reloj, la radio de la propagande et de l’information permanente, concernant la
météo, la dépression Sandy est toujours classé comme tourmente tropicale de
catégorie 1 et au large de Cuba, rien de plus. Mais ce qui me préoccupe le
plus, c’est la pluie. Ouf il ne pleuvra pas avant la fin de soirée !
Départ à 9 h pour Santo Domingo.
Nouveau plein d’essence, remplissage du mélangeur d’huile
et vérification de la pression des pneus avec un manomètre. Comme je connais
l’état de la route, je ne sur gonfle pas cette fois.
Je prends la route de Bayamo et à Yara oblique sur
Bartolomé Maso ou se trouve l’agréable petit hôtel avec piscine, le Balcon de
la Sierra. Situé sur un mont, il domine tout les alentours et la vue est
splendide à 360° et spécialement sur la Sierra Maestra.
Commence les premières petites côtes jusqu’au Campismo la
Sierrita et je constate que le chemin d’accès n’a pas encore été remis en état.
Mais les bungalows sont magnifiques et sa situation est excellente, et il y a
un Rio qui permet de se baigner ou pêcher. Les étrangers sont acceptés et les
prix sont corrects.
Plus loin, à l’entrée de Providencia je traverse un pont
gué tout en béton posé sur le Rio, et qui recouvre d’énormes tuyaux pour le
passage de la tumultueuse rivière. Du solide !
J’attaque ensuite la Carretera de la Plata qui mène
directement à Santo Domingo et La Plata, cette route renommée de par ses
montées et des descentes vertigineuses est assez extraordinaire. Elle attaque
directement la montagne, pour redescendre dans une autre vallée et ainsi de
suite. Chez nous il y aurait des lacets pour monter au sommet, ici c’est tout
droit avec des courbes et quelques virages serrés.
La pente est assez élevée, je n’en connais pas le
pourcentage exact, et il y a des risques de faire chauffer les freins en
descente, et il est fortement conseillé d’utiliser le frein moteur, pour ne pas
faire chauffer les freins des véhicules. La route est en béton, avec des rainures
perpendiculaires assez importantes pour favoriser l’adhérence et le freinage et
aussi éviter les écoulements de pluies torrentielles.
Sur chaque coté de la route, il y a une partie lisse d’un
mètre de large, elle est réservée aux chariots de bois avec des roulements a
billes : les chivichanas. Il y a aussi de chaque coté une large rigole
d’écoulement qui suit la route.
J’en rencontre deux ou trois sur la route. Les chivichanas,
ces engins dévalent à toute vitesse ces pentes, à 5 cm du sol, avec pour unique freins
deux morceaux de pneu qui servent en même temps de repose pieds. Une petite
corde relie le timon avant, elle sert de direction, de volant. Le conducteur la
tient fermement de ses deux mains. Sur le châssis composé de trois rondins de
bois, il y a le siège du conducteur et devant lui une fiole d’huile pour
refroidir les roulements. Derrière le conducteur, une plateforme pour
transporter toutes choses nécessaires à la vie de tous les jours. Certains sont
équipés pour transporter rapidement des personnes malades au premier
dispensaire. Ils sont aussi utilisés par
les femmes et les enfants. De les voir et entendre descendre dans un bruit de
ferraille, c’est assez impressionnant !
Sur la route de la Plata, je rencontre aussi quelques mules
très chargées et des cavaliers, mais en réalité pas grand monde. Les mules pour
ne pas déraper avec leur charge, montent et descendent les côtes tout naturellement
en zigzag, en passant d’un bord à l’autre de la route. Elles le font par
instinct.
Quand à moi, avec une charge totale de +/- 90 kg, je monte progressivement, manette de gaz à fond à 20 a l’heure en utilisant la bande réservée aux chivichanas pour éviter les
vibrations des rainures, le scooter ne souffre pas trop. Je suis à l’écoute du
moteur.
Dans les descentes, je comprends vite que si je veux utiliser
le frein moteur pour éviter de trop faire chauffer les freins, du fait qu’il
s’agit d’un scooter avec boite automatique, je dois le maintenir un peu
accélérer, sinon il se retrouve en roue libre. J’en prends vite l’habitude et
ne me sert des freins avant et arrière que par à coups. Mais j’en conviens, les
freins sont bons et le disque avant bien ventilé.
Par la suite dans les montées, les mules m’ont donné une
idée, je fais comme elles, je monte en zigzag et cela me permet de rouler à 30
km/h !
Je rencontre de nombreux troupeaux de chèvres, de jolies
petites chèvres de toutes les couleurs allongées sur la route, qui se reposent
en toute quiétude, ma présence ne les dérangent pas beaucoup…
Le décor est grandiose, il y a de jolis panoramas qui
permettent de voir l’enfilade de la route au loin et de son ruban qui suit la
vallée. Mais le plus surprenant, c’est le silence, seulement troué par le chant
d’oiseaux exotiques.
Dans un ruisseau je récupère de l’eau pour me désaltérer à
l’aide de ma gourde filtrante Katadyn. Tout va bien, et je ne suis pas loin du
but.
La dernière descente avant d’arriver sur Santo Domingo est
des plus impressionnante, certainement la plus pentue, avec en ligne de mire
l’énorme pont au loin qui enjambe la rivière à plus de cinquante mètres de
hauteur.
Il me reste peu avant d’aller boire une bonne bière avec
les guides de la Comandancia, faire une photo souvenir et me restaurer.
Le retour se fait sans anicroches, le scooter et moi sommes
en pleine forme. Je rencontre de nouveau les mules qui avancent lentement, mais
sûrement, les chèvres sont toujours là….
Bayamo est atteint à 16h30, sans une seule goutte de pluie.
Je dors chez Arturo et Esmeralda Reyes au 56 rue Zenea, tél 42 40 51. Arturo
est un excellent chef cuisinier, qui me fait goûter sa nouvelle
spécialité : Le poisson de mer à la sauce maison aux fruits exotiques,
juste après un mojito bien dosé et mérité.
Mais, la météo est différente, il y a de nombreuses
alertes, car Sandy à changé subitement de catégorie, c’est maintenant un
ouragan et il devient un problème qui se rapproche lentement de Cuba. Il doit
pénétrer sur l’île le lendemain à +/- 1h30 du matin, et il est clair pour moi
qu’il passera sur Santiago, où je dois retourner pour récupérer ma valise et
déposer le scooter. J’ai donc du temps devant moi.
Jacques DEPOLLIER du siet JDSDF a Cuba
Voir aussi sur le forum:
Sierra Maestra en scooter. Premier jour et Second jour
Posté le 23 novembre 2012 dans Itinéraires Cuba
Posté le 24 novembre 2012 dans Itinéraires Cuba