Bonjour,
Le sujet tu l’as déjà compris est sensible, et polémique sur ce forum.
Je vais essayer de faire une réponse aussi neutre que possible.
Concernant Bogotá, un certain nombre de quartiers, principalement dans le sud de la ville, sont à éviter.
Une très bonne cartographie des zones dangereuses de la ville, en sachant que dans leur classification, ce sont surtout les risques de type 1 qui sont les plus dangereux.
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Pour ma part, j’évite de trop me promener dans les quartiers plus au Sud que la calle 40, avec comme exception le centre historique (du coté de la Candelaria et de la place Bolivar).
A Cartagena, les quartiers les plus sûrs sont la ciudad amurrallada, Getsemani, et Bocagrande.
Dans ces deux villes, que j’ai pas mal arpenté, j’ai déjà ressenti du risque, principalement de nuit, mais parfois de jour aussi. Mais je dois dire qu’en tant que parisien, j’ai parfois le même sentiment dans certains coins de Paris, de jour comme de nuit. Le principe, c’est de garder les sens en alerte.
Par exemple, lorsque je vais retirer de l’argent à un distributeur, je m’assure de ne pas être suivi, je m’assure qu’il n’y a pas de gens stationnés non loin (les marchands de rue, je les surveille moins, leurs clients beaucoup plus), et pendant toute la transaction, je garde un oeil sur mon environnement immédiat. Si je vois deux gars discuter, qui semblent attendre quelque chose, a proximité d’un distributeur, je passe mon chemin.
Cali, Medellin… je ne connais pas assez bien pour donner un avis.
Concernant les transports, c’est l’avion qu’il faut privilégier. Le transport de passager en train n’existe plus depuis des décennies. Le bus peut être une alternative, mais attention aux temps de trajet! Plus de 20 heures pour faire Bogota - Cartagena en bus. Par ailleurs, selon les zones que traverse le bus, cela peut générer un risque plus important.
En effet, dans les campagnes, le conflit armé n’est pas mort. 4 acteurs majeurs en action: L’armée, dont en principe on n’a rien à craindre, les narcotraficants et leurs bandes armées qui ont des petites mains qui peuvent devenir dangereuses, les FARC qui ne pratiquent plus l’enlèvement, mais qui peuvent de temps à autre braquer un bus, et l’ELN, qui revendique encore aujourd’hui l’enlèvement comme moyen de financement de leurs actions, et qui eux aussi peuvent braquer des bus à la base pour l’argent, mais qui éventuellement de façon opportune garder avec eux un touriste contre rançon. En sachant que la France a décrété qu’elle ne paierait plus de rançon pour ses ressortissants.
Donc prendre un bus qui traverse des zones de conflit comporte un certain risque, principalement de braquage, mais qui de façon exceptionnelle peut terminer en enlèvement.
Sur la version espagnole de Wikipedia, sous l’entrée “Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia”, il y a une cartographie des zones de danger des FARC. Concernant l’ELN, c’est toute la zone frontalière avec le Venezuela, le Sud du Département du Bolivar, La frontière avec l’Equateur (Dpt du Nariño), et le Dpt de la vallée de la Cauca (autour de Cali).
Apres, quelle stratégie pour voyager, de toutes façons tu ne passeras jamais pour un local. Trop clair, trop grand, et même si tu parles bien l’espagnol, l’accent te trahira. Voyager en groupe peut donner des idées à des bandes organisées, qui peuvent traîner dans les gares routières.
Par contre, pour sortir, c’est plus sûr de sortir en groupe. Une agression de rue sera moins facile si tu es en groupe que seul. C’est un conseil valable pour n’importe quel lieu dans le monde d’ailleurs.
Deux conseils pour les sorties: Ne partir qu’avec la somme d’argent nécessaire pour la soirée, plus 50.000 pesos à garder “au cas où”, ca sera la somme qui évitera de te faire tabasser parce que tu n’as pas un rond sur toi. Ne pas sortir avec sa carte de crédit.
Deuxième conseil, en cas d’agression, ne pas opposer de résistance. Ta vie vaut plus que quelques centaines d’euros, et même de quelques milliers.
Pour conclure, la Colombie est un pays avec un taux d’agression bien supérieur à celui de l’Europe, c’est un fait. Il faut donc être un peu plus attentif, mais honnêtement ça reste gérable. Ce qui est vrai, c’est que les agressions sont plus violentes, car elles sont souvent avec une arme à feu. C’est très impressionnant, c’est certain. Par contre, l’enlèvement est un fait rarissime, et dont le risque est limité en gros à la zone frontalière avec le Venezuela. Zone à éviter en ce moment de toute façon.
J’ai eu l’occasion de traîner mes basques dans d’autres parties du monde, en particulier en Afrique centrale et dans l’Océan Indien. Et pour être franc, je me sens beaucoup plus en sécurité à Bogotá qu’à Douala, Yaoundé, ou Antananarivo. J’étais dans un véhicule qui s’est fait braquer à Douala, et à Madagascar, je me suis retrouvé nez à nez avec un gars armé dans une épicerie dans le nord, je connais deux français résidents tués par balle, et une personne enlevée contre rançon. S’il ne faut pas minimiser l’insécurité en Colombie, il faut aussi garder à l’esprit que sa réputation est bien plus alarmiste que la réalité quotidienne, en particulier dans les villes et zones touristiques.