Afrique du Sud Blyde River Canyon
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Carte d'identité Afrique du Sud

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- Superficie : 1 219 912 km² (plus de deux fois la France).
- Population : 60,8 millions d’habitants (estimation 2022).
- Capitales : Pretoria (administrative), Cape Town (législative), Bloemfontein (judiciaire).
- Régime : république parlementaire.
- Président de la République : Cyril Ramaphosa, depuis février 2018.
- Monnaie : le rand.
Indice de développement humain : 0,713 (109e rang mondial sur 189).
- Peuples et ethnies : 80,7 % de Noirs, 7,9 % de Blancs (Afrikaners et Blancs d'origine britannique), 8,8 % de métis (coloured people) et 2,6 % d'Indiens. La population noire est composée de plusieurs ethnies : Zoulous, Xhosas, peuples Sothos du Nord et Vendas...
- Langues : 11 langues officielles, dont l'afrikaans, le zoulou et l'anglais. Et aussi le ndebele, le sotho, le swazi, le tswana, le venda, le xhosa (la plus parlée avec le zoulou).
- Symboles nationaux : la protea (fleur typique d’Afrique du Sud) et le springbok, l’antilope.
- Chômage : 33,9 % (2022). En hausse constante depuis quelques années.

- Signes particuliers : seul pays au monde avec 6 couleurs sur son drapeau et un hymne en 5 langues.

- Sites inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco : les sites des hominidés fossiles de Sterkfontein, Swartkrans, Kromdraai et environs ; uKhalamba / parc du Drakensberg ; Robben Island ; le parc de la zone humide d’iSimangaliso ; les aires protégées de la région florale du Cap ; le Dôme de Vredefort ; les montagnes de Barberton ; le paysage culturel et botanique du Richtersveld ; les paysages culturels de Mapungubwe et Khomani ; des sites liés à Nelson Mandela : les bâtiments de l’Union à Pretoria, la Grande Place de Mqhekezweni et les sites de Sharpeville.

Économie

L’Afrique du Sud a longtemps été la 1re puissance économique du continent, mais elle s’est fait dépasser par le Nigeria. Elle demeure néanmoins devant pour le PIB par habitant, mais la richesse est très inégalement répartie sur le territoire. La province du Gauteng (1,5 % du territoire) représente à elle seule un tiers du PIB du pays. Il suffit de prendre l’autoroute de Johannesburg à Pretoria pour comprendre à quel point cette province est le cœur économique de la nation, avec ses alignements de sièges sociaux de compagnies informatiques, de services et de télécoms. L’Afrique du Sud est indéniablement le poids lourd de l’Afrique australe : à Lusaka, Maputo et ailleurs, de nombreuses enseignes sont sud-africaines. Plus largement, elle est également présente sur tout le continent. Longtemps tournée vers l’Occident, l’Afrique du Sud lorgne désormais ses voisins.

L’héritage économique de l’apartheid

Dans les années 1960 et 1970, l'Afrique du Sud blanche était riche. Elle bénéficiait d'une économie mondiale centrée sur les matières premières et ne faisait pas encore l'objet des sanctions et des boycotts de l'ONU. C'est durant ces années que la politique d'apartheid fut la plus dure, que les inégalités furent les plus marquées.
Le 1er gouvernement démocratique a dû composer avec une population largement sous-éduquée, ce qui explique en partie le taux de chômage évalué autour de 40 % dans les townships, et qui ne décroît pas (au 1er trimestre 2021, le taux de chômage était officiellement de 32,6 %, avec une pointe à plus de 50 % pour les 15-24 ans noirs – et encore, ces chiffres ne correspondent-ils qu’à la définition dite « étroite » du chômage, sinon on atteint 43,2 % !). La période de lutte contre l’apartheid a en effet produit une génération sacrifiée, celle qui mettait le feu aux écoles. Une partie non négligeable des adultes noirs de 30 à 50 ans vit de petits boulots et a du mal à voir les avantages de la démocratie. Afin de promouvoir au maximum les chances des plus déshérités de trouver un travail, les charges patronales ont été réduites à un niveau plancher. Si le salaire horaire est extrêmement bas, cette politique est supposée permettre à un maximum de personnes de trouver un petit boulot. Évidemment, les conditions de travail sont loin d’être reluisantes. Le gouvernement a néanmoins créé en 2019 un salaire minimum, une nouveauté à l’échelle de l’Afrique. En 2022, il s’élevait à 4 045 R par mois (environ 230 €). Un « salaire d’esclave », ont protesté les syndicats...

Une amorce de changement

Dans les grandes villes, cependant, les effets de la transition démocratique (et des politiques de discrimination positive – affirmative action) sont bien visibles. La middle class « colorée » existe bel et bien, elle est très importante (environ 2 millions) et étale sa réussite sans complexe. Pour elle, les réalités économiques bougent à une vitesse fulgurante, et la place prise par ces jeunes Noirs tout juste sortis de l’université témoigne de ce nouveau dynamisme. Mais si cette nouvelle classe de Buppies (Black yuppies) ou Black Diamonds (Diamants noirs) roule en BMW, les enfants pauvres font encore des bornes et des bornes chaque jour sur le bord des routes vers l’école. Il est loin le beau projet social du parti au pouvoir.
Source d’espoir, on voit dans certains townships le développement (marginal mais réel) d’un habitat de classe moyenne, avec maison en dur, bout de jardin et... barrières de défense, d’ordinaire l’apanage des riches. Cela n’efface pas, bien sûr, la misère de la grande majorité de la population noire ni les conditions, souvent terribles, dans lesquelles vivent de nombreux travailleurs agricoles... Une étude a ainsi montré que 65,5 % des postes de direction étaient encore tenus par des Blancs. L’équilibre dans la répartition des richesses progresse certainement, mais à petits, tout petits pas. Le fossé entre riches et pauvres aurait même tendance à se creuser encore, l’Afrique du Sud se plaçant presque systématiquement dans le peloton de tête des pays du monde les plus inégaux en termes de revenus. Résultat : les plus déshérités restent encore largement en marge de la nouvelle société sud-africaine. Cette misère touche aussi, à un degré moindre, une frange de la population blanche, la couleur seule ne protégeant plus du chômage.

Une fronde sociale qui coûte cher

Pour garder de bonnes relations avec ses alliés étrangers, l’ANC s’est toujours refusé à nationaliser les grandes entreprises du pays (mines notamment), toutes aux mains des Blancs. Une partie des capitaux a bien, peu à peu, été transférée à des investisseurs noirs, mais... des pontes de l’ANC ! Peu soucieux d’améliorer les conditions de travail, ces notables, qui pensent avant tout à leurs propres intérêts, sont devenus le symbole de la trahison des élites noires envers le peuple.
Les années 2012-2014 ont été marquées du sceau de la contestation : BTP, automobile, textile... Mais c’est le massacre par la police, en août 2012, de 34 grévistes dans la ville minière de Marikana, à l’ouest de Pretoria, qui a le plus révolté le pays (lassés de leurs périlleuses conditions de travail, avec chaque année des dizaines de morts à la clé, ils réclamaient le doublement des salaires). Des grèves ont aussi touché les mines de platine en 2014, mais, brandissant le spectre de la faillite, les compagnies minières en ont profité pour licencier plusieurs milliers de grévistes. La situation ne risque pas de s’arranger, désormais, avec le plongeon des cours des matières premières consécutif à la crise du coronavirus.

Des perspectives assez sombres

En 2020, suite à la crise sanitaire, la croissance économique (déjà faible) s’est effondrée à -7,2 %. Et malgré un net rebond de 4,9 % en 2021, de nombreux secteurs restent en difficulté : c’est le cas de l’industrie minière notamment. L’emblématique production d’or a subi un net recul depuis 2018 en perdant sa place de premier producteur africain. Résultat : les plans de licenciement se sont succédé. Le pays ne pointe plus désormais qu’à la 8e place mondiale, alors qu’il était encore le 1er producteur dans les années 1980. Mais depuis 2021, la production sud- africaine a augmenté de 9,6%, ce qui lui a permis au moins de retrouver sa place de leader continental. Le secteur souffre cependant d’un retard technologique criant : 80 % de la production est manuelle, et les coupures d’électricité fréquentes ralentissent encore l’exploitation. Heureusement pour le pays, il reste les diamants (production également en recul), le manganèse, le charbon, l’uranium, le nickel, le fer, le cuivre, l’étain... mais le pays reste tributaire des cours mondiaux et doit urgemment diversifier sa production et ne plus se contenter de vivre sur ses acquis. Les politiques sociales, qui permettent, dans le système clientéliste existant, de maintenir le mécontentement à un niveau relativement bas, coûtent cher au budget de la nation. Mais les géants privés du secteur, comme AngloGold Ashanti, en sont à mettre en place des plans de restructuration, voire à vendre des mines, avec encore d’autres licenciements à la clé.

Comme ailleurs sur la planète, la transition énergétique est une nécessité : l’Afrique du Sud, très dépendante des centrales à charbon (89 % de la production d’électricité), s’est lancée dans un programme éolien sur les côtes ouest et sud. En 2022, 25 projets éoliens et solaires ont été sélectionnés afin d’augmenter la production d’électricité d’environ 4,5% d’ici 2024. 

Droits de l'homme

Le pays a été l’un des plus touchés par la crise sanitaire sur le continent. Et, comme partout, la lutte contre le Covid-19 a donné lieu à des restrictions de libertés. Mais, en Afrique du Sud, c’est surtout la violence des forces de l’ordre qui a été remarquée. Au plus fort du confinement, en mars 2020, au moins 76 000 membres de la défense nationale ont été déployés sur le territoire pour faire respecter les mesures imposées. Les remontées d’utilisation excessive de la force contre les populations sont légion. Ainsi, selon Amnesty International, de très nombreuses plaintes concernant des décès faisant suite à des opérations policières ont été rapportées. Au moins 115 personnes sont mortes en garde à vue en 2020 et 8 plaintes pour viol impliquant des policiers signalées. Plusieurs manifestations ont été sévèrement réprimées. Dès mai 2021, le président Ramaphosa avait annoncé des restrictions plus importantes encore, la veille d’une 3e vague.
L’indépendance de la justice s’est accrue. En témoigne le fait que certains crimes commis durant l’apartheid pourraient enfin être élucidés, grâce à une nouvelle direction du parquet national, et à la mise en place d’une unité spéciale chargée d’instruire ces affaires. Autre signe encourageant, le positionnement de la commission d’enquête Zondo. En effet, en janvier 2022, elle concluait que l’ancien président Jacob Zuma aurait été complice d’une vaste opération de corruption visant à siphonner les grandes entreprises de l’État telles que South African Airways ou Eskom (secteur de l’énergie). Déjà condamné dans un premier temps à 15 mois de prison, en juin 2021, l’ex-homme fort de l’ANC risque gros.
Pas certain néanmoins que cela suffise à calmer les tensions, dans un pays où les inégalités sont toujours aussi importantes. 30 ans après la fin de l’apartheid, près des 3/4 des terres demeurent en effet aux mains de la communauté blanche, qui représente pourtant moins de 8 % de la population. Une situation jugée insupportable par beaucoup, comme les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale), qui réclament des expropriations. Il y en aura, mais le gouvernement a présenté un programme de compensations en octobre 2020, qui devrait permettre au pays d’éviter le piège zimbabwéen, et la mise au ban de la communauté internationale après des expulsions brutales de Blancs. Un tribunal spécial devrait en outre être mis en place.
La pauvreté est par ailleurs responsable de poussées de violences xénophobes à l’encontre de migrants venant du Zimbabwe ou de Somalie. En avril 2022, un groupe d’autodéfense a brûlé vif un Zimbabwéen pour la mauvaise raison qu’il n’avait pu lui prouver son identité. Par ailleurs, le taux de violences faites aux femmes demeure extrêmement élevé, malgré une prise de conscience qui a permis d’adopter quelques mesures. Enfin, en dépit d’une hausse des protections judiciaires, les agressions, « viols correctifs » et/ou assassinats pour motivation homophobe sont toujours d’actualité.
Signalons aussi un rapport de Human Rights Watch qui alerte en juillet 2022 sur les sites miniers délaissés pour lesquels l’État ne prend aucune mesure ni de sécurisation ni pour éviter qu’ils ne polluent les nappes phréatiques. Dans le Mpumalanga, 2 jeunes sont morts pour avoir voulu se baigner dans une ancienne fosse minière inondée. Des analyses y ont révélé des eaux acides néfastes tant pour la santé des habitants que pour les récoltes. Des défaillances de la responsabilité sociale des entreprises que les autorités sud-africaines ne peuvent combler à ce jour.
N’oublions pas qu’en France aussi les organisations de défense des Droits humains continuent de se battre contre les discriminations, le racisme et en faveur de l’intégration des plus démunis.

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