Géographie et paysages Bornéo
Paysages de Bornéo
3e plus grande île du monde (environ 750 000 km²) après le Groenland et la Nouvelle-Guinée, l’île de Bornéo se situe, dans le sens des aiguilles d’une montre en partant de l’ouest, entre Sumatra, la péninsule Malaise, l’Indochine, les Philippines, les Célèbes ; Bali et Java.
Avant que la déglaciation ne la transforme en île il y a environ 10 000 ans, ses terres formaient avec l’Asie du Sud-Est un vaste ensemble appelé Sunda, bordé à l’est par les profondeurs océaniques correspondant à la ligne Wallace, séparant les faunes et flores d’Asie et d’Océanie.
3 pays se partagent Bornéo : le Sultanat de Brunei, l’Indonésie (province de Kalimantan) et la Malaisie, par l’entremise des états du Sarawak et de Sabah. Situés juste au-dessus de l’équateur et connus également sous le nom de Malaisie Orientale, ces états occupent grosso modo le quart nord de l’île en enserrant le minuscule Brunei. Ils totalisent environ 200 000 km² (2/3 de la superficie de la fédération malaisienne) et sont baignés d’ouest en est par les mers de Chine méridionale, de Sulu et des Célèbes.
De nombreuses rivières sinuent dans les zones côtières souvent marécageuses et flanquées de mangroves (leur surface diminue régulièrement au profit des agglomérations et plantations.
Traversant Bornéo du nord-est au sud-ouest, la chaine de montagne Crocker Range confère à Sabah le Mont Kinabalu, plus haut sommet de Malaisie (alt : 4,095 m), uniquement surpassé en Asie du Sud-Est par les marches himalayennes de Birmanie. Ailleurs, ses reliefs plutôt cantonnés dans les 1000-2000 m soulignent la frontière avec le Kalimantan indonésien.
Avec plus de 500 km, la Rajang (Sarawak) est le grand fleuve de Malaisie, dans une province où les voies d’eaux demeurent 3 fois plus longues que les routes. C’est également au Sarawak, à Mulu, que se trouve la plus spectaculaire région karstique (pics et grottes) de l’île.
Environnement et biodiversité
Dès la fin du 19e siècle, Alfred R. Wallace, théoricien de la sélection naturelle en étroite relation avec Darwin remarque que Bornéo possède l’une des plus grandes biodiversités mondiale. Il récolte dans les environs de Kuching 25 000 insectes et découvre 1000 nouvelles espèces ! Le musée du Sarawak abrite une partie de ses collections.
À Kota Kinabalu, le jardin Ethnobotanique du musée de Sabah rassemble tous les types de plantes de la province, qu’elles soient d’usage commercial, médicinal, rituel etc. et un jardin de montagne.
Malheureusement comme au Kalimantan voisin, les forêts tropicales de Malaisie orientale, parmi les plus anciennes du globe, souffrent de pressions assombrissant leur avenir à moyen voire court terme.
Bornéo, la vache à lait de la Malaisie péninsulaire
La Malaisie voit en Sarawak et Sabah la réserve de ressource naturelle dont elle a besoin pour continuer à croitre. Voir la rubrique « économie ». La forêt tropicale de Bornéo représente 0,5 % de la superficie mondiale mais 25 % du marché mondial !
Estimant ne pas être rétribuée à la hauteur de sa contribution par la péninsule, que ce soit en argent ou équipement public, la Malaisie orientale et particulièrement le Sarawak développent une défiance grandissante envers la fédération, même si le nouveau 1er ministre provincial semble plus proche des intérêts locaux.
Une jungle qui disparaît
Et avec elle la biodiversité… Les chiffres officiels truqués incluant le périmètre des plantations cache une réalité sans appel : 80 % de la couverture forestière a disparu en 25 ans. De nombreux parcs, réserves et sanctuaires ont bien été créés mais leur superficie (- de 3 % des terres), leur entretien et leur protection laisse à désirer.
Perpétuant le travail du Suisse Bruno Manser qui s’opposa avec courage et panache aux compagnies forestières pour protéger l’univers des chasseurs cueilleurs Penan, la fondation portant son nom a mis au point un outil remarquable pour visualiser l’évolution des sols.
La folie des barrages
Entachés d’une énorme corruption mainte fois dénoncée, les barrages de Malaisie orientale résument jusqu’à la caricature ce qu’il ne faut pas faire en la matière.
Sur le bassin supérieur de la rivière Rajang, ceux de Bakun (plus grand d’Asie du Sud-Est, 2500 MW annoncés) et de Murun (944 MV ; en service depuis juin 2015) séparés de seulement 70 km ont entrainé le déplacement de plus de 15 000 personnes sur des terres souvent inadaptées à leur mode de vie et parfois déjà concédées à des compagnies !
Parallèlement, l’acidité des eaux des réservoirs (pollution, mauvaise préparation des sols) détruit déjà les turbines. Plus fort… la fourniture par câbles sous-marin d’électricité à la Malaisie péninsulaire sur laquelle reposait la légitimité économique de ces projets s’avère irréalisable !
Lueur d’espoir, mais prudence est de mise en ce domaine, le nouveau gouvernement semble avoir mesuré l’énormité de la situation. En novembre 2015 la construction du gigantesque barrage de Baram (400 km2 de forêts sacrifiée, 20 000 de personnes à déplacer) a été annulée.