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Géographie et paysages Poitou, Charentes

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La Charente, un fleuve nonchalant

François Ier l'avait, paraît-il, baptisée « le plus beau ruisseau du royaume ». Comme la Loire, et bien avant la Seine, la Charente, fleuve à la fois mythique et méconnu, a participé, à sa façon, à tout un pan de l'histoire de France.
On y transporta du sel et du bois, puis des tonneaux de cognac. Ses eaux claires alimentèrent les moulins des meilleures papeteries de l'Angoumois. Ses boucles permirent à une kyrielle de charmants villages de prospérer. Ses flancs accueillirent châteaux et abbayes, églises romanes et prestigieuses maisons de négoce.

La Charente est une « artère royale », mais aussi le berceau d'une civilisation fluviale (celle des gabariers), ainsi que le plus beau des fils conducteurs pour découvrir un terroir. Des villes glorieuses la bordent, d'Angoulême à Cognac et de Saintes à Rochefort.
Soucieuse des trésors qu'elle charrie, la Charente ne les dévoile pas au premier visiteur venu. Ses habitants l'ont bordée de croquignolettes chapelles et l'ont embellie de ponts de pierre, de chemins de halage et de dizaines d'écluses, que franchissent ces « croiseurs » venus spécialement pour elle, séduits par la vogue du tourisme fluvial.
On peut aussi longer, à vélo ou à pied, ses rives ombragées, ponctuées de plages de galets pour s'y baigner en été !

Le Marais poitevin

Un milieu naturel d'une grande richesse écologique

Autrefois envahi par la mer, le Marais est né, comme la Hollande, de la main de l’homme. Avant le XIe siècle, les quelques populations courageuses installées là en dépit d’un environnement inhospitalier se contentent d’élever des digues sur le pourtour des îles pour lutter contre la mer, tandis que l’absence de pente, empêchant le cheminement des eaux douces chargées d’alluvions vers l’océan, laisse émerger de nouvelles terres.
Au XIIe siècle, des moines cisterciens et bénédictins sont dépêchés sur les lieux pour défricher les terres et creuser des canaux. Dernier témoignage de cette époque de « pionniers », le canal des Cinq-Abbés reste le principal maillon du système de drainage du Marais.

La guerre de Cent ans puis les guerres de Religion vont mettre un frein au développement de la région. Cependant, Henri IV ordonne à Sully d’entreprendre la restauration et l’amélioration du Marais. Il fait même venir des ingénieurs hollandais, spécialistes des polders.
Lentement, on creuse des canaux, on endigue et on draine. La partie occidentale est desséchée, et on laisse le fond du golfe recevoir les eaux de la plaine vendéenne. Il sert de réservoir.
À la fin du XVIIIe siècle, le Marais desséché connaît sa physionomie actuelle alors que le Marais mouillé reste encore sauvage, servant à la fois d’éponge pour endiguer les crues d’hiver et, en été, de réservoir d’eau pour le Marais desséché. Celui-ci est protégé de la mer par des portes à flots qui se ferment à marée haute.

Du coup, on parle du premier comme d’un enfer où règnent pestilences, maladies et pauvreté. Les habitants du Marais mouillé avaient mauvaise réputation. En effet, les réfractaires de tout poil sont venus s’installer ici, échappant ainsi à la justice, à la conscription ou au bagne. Napoléon Ier donne un élan nouveau au Marais mouillé. La plupart des projets voient le jour dans la seconde moitié du XIXe siècle. Élargissement des canaux, canalisation de la Sèvre niortaise, etc.

À cette période apparaissent les peupliers et les mojettes (des haricots blancs) qui valorisent brutalement ces terres humides où l’on ne vivait que de pêche et de chasse.
Au fur et à mesure, les terres amphibies s’enrichissent avec la diversification des ressources. Les inondations continuent, mais le Marais mouillé voit sa population augmenter au détriment du Marais desséché, touché au XXe siècle par l’exode rural.

Une grande richesse écologique

Aujourd’hui, le Marais représente près de 100 000 ha, pensés, organisés et conquis sur la mer au fil des siècles. Il se partage en trois zones distinctes :

  • le Marais maritime, pourtour de vase bordant la baie de l’Aiguillon ;
  • le Marais desséché, s’étendant de la baie jusqu’à Marans ;
  • et, au fond, le Marais mouillé (inondable par crue ou engorgement en période pluvieuse), de Marans à Niort, avec sa végétation luxuriante.

On y trouve une faune et une flore d’une richesse incroyable. Loutres, anguilles, hérons, roseaux, tamaris, frênes têtards bordant les conches... Des milliers d’oiseaux migrateurs s’y arrêtent en hiver et au printemps principalement. La modification de l’écosystème mettrait en péril l’ensemble du Marais, qui forme une seule et même entité.
Or les scientifiques ne cachent pas leur inquiétude : le Marais est un écosystème qui ne cesse de s’appauvrir de manière alarmante, les effectifs de canards hivernants ont, par exemple, chuté de près de 75 % en 20 ans.

Des intérêts divergents

En fait, l’équilibre précaire de ce site a commencé à vaciller dans les années 1950, avec le remembrement. Mais 2 logiques s’affrontent : celle de l’intensification agricole (subventionnée par la Commission européenne), conduisant à un assèchement progressif, et celle de la valorisation écologique des zones humides.
L’irrigation des champs de « maïs boit-sans-soif » dans les plaines autour du Marais est devenue une réelle menace pour celui-ci. Là où l’eau n’a jamais manqué durant des millénaires, ce sont les eaux maritimes qui remontent vers la terre.

Il est vrai que la gestion des eaux du Marais poitevin fait l’objet d’un véritable enjeu politique. Comment peut-on gérer logiquement une zone couvrant 3 départements, 2 régions administratives ? En attendant, les céréales continuent à gagner du terrain...

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