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Histoires et dates-clés Rome

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Mythologie

Les anciens avaient sur l’origine de la fondation des villes un regard bien particulier. Pour eux, elles ne pouvaient être fondées que par des dieux ou des héros mythologiques. Rome n’échappe pas à la règle. On raconte que 2 frères jumeaux, Romulus et Rémus, qui vivaient jadis à Albe-la-Longue (l’actuel Castel Gandolfo), s’embêtaient à mourir dans cette ville depuis que leur grand-père Numitor avait été détrôné par son frère, le méchant Amulius. On passe sur les détails qui firent que les frangins, fruit de la rencontre inopportune de Rhéa Silvia (leur mère) avec le dieu Mars, ne doivent la vie sauve qu’à la louve qui les a recueillis tous les 2 après que le méchant Amulius, non content d’avoir d’abord tué leur mère, les eut laissés dériver sur le Tibre.
Bref, plus tard, les jumeaux décident de fonder une ville à l’endroit même où ils avaient été recueillis. Romulus se met alors en tête de tracer les limites de sa ville à l’aide d’une charrue. Mais son frangin, jaloux et moqueur, s’empresse de franchir cette démarcation dérisoire. Mal lui en a pris, car Romulus l’embroche aussitôt avec son glaive. Ça commence bien !

Nous sommes en 753 av. J.-C. Romulus régnera sur Rome jusqu’en 716. Pour la peupler, il fit appel à tous les bannis, les laissés-pour-compte et les esclaves en fuite. Le problème c’est que les nouveaux arrivants étaient tous du sexe masculin. Malin, le Romulus résout le problème en piquant des jeunes filles à ses voisins les Sabins. C’est le fameux « enlèvement des Sabines ».

Les Étrusques

Les sceptiques qui auront fait le rapprochement avec Caïn et Abel, et peut-être même aussi avec Moïse dérivant sur le Nil à la place des jumeaux sur le Tibre, savent que les véritables fondateurs de Rome sont peut-être d’origine étrusque.

Les Étrusques, qui vivent dans la région depuis la fin de l’âge du bronze, auront une influence importante sur les Romains, notamment en ce qui concerne l’apport d’idées religieuses, les techniques, etc. Ils succèdent aux Sabins, et règnent près d’un siècle avant que les Romains ne détrônent leur roi, le sanguinaire Tarquin le Superbe. Nous sommes en 509 av. J.-C., et le 7e roi de Rome vient de mourir. La République romaine peut voir le jour.

La République romaine

Premiers aspects

Les historiens pensent que l’avènement de la République romaine daterait plutôt de 475 av. J.-C. mais, quoi qu’il en soit, Rome, sortie victorieuse de la guerre contre les villes de la Ligue latine (13 cités du Latium) en 494 av. J.-C., devient une ville dominante. Apaisés, les Romains peuvent enfin s’organiser. Leur gouvernement républicain repose sur l’équilibre d’un pouvoir partagé entre différentes institutions : Sénat, magistratures et assemblées populaires. Les magistrats, élus par le peuple, exercent le pouvoir exécutif sous la tutelle du Sénat, lequel incarne l’autorité permanente.

Mais Rome n’est pas tirée d’affaire pour autant. Mise à sac par les Gaulois en 390 av. J.-C., la ville, après avoir entrepris la conquête de la Botte et étendu son influence de la plaine du Pô à la mer Ionienne puis à l’ensemble du Bassin méditerranéen, connaîtra 3 guerres samnites (tribus des régions montagneuses de l’Italie centrale), avant de se heurter à Carthage (l’actuel Tunis) au cours des guerres puniques. Une épopée guerrière dont Rome sortira définitivement victorieuse en 146 av. J.-C., créant alors un véritable empire.

Un colosse aux pieds d'argile

Rappelons que dans le même temps, dès le IIe siècle av. J.-C., la nouvelle République opère de profonds changements au sein de la société. L'influence de la Grèce, dans des dommaines aussi variés que les arts, la langue, la culture, ainsi que l'enrichissement des élites issues des grandes familles creusent un fossé de plus en plus grand avec le peuple, alors ruiné par des conflits incessants (les révoltes d'esclaves notamment).

Dans le même temps, écartée des bénéfices apportés par les conquêtes territoriales, la classe rurale s’appauvrit. L’idéal de la République n’existe plus que sur les tablettes ! Le Sénat devient l’outil des puissants.

En 91 av. J.-C., consécutivement à l’assassinat d’un tribun qui avait essayé d’entamer des réformes agraires, la guerre sociale est déclarée. Elle durera 10 ans.

Quelques années plus tard, en 60 av. J.-C., 3 consuls (Crassus, Pompée et César) forment le 1er triumvirat ; pour César, la route vers le pouvoir est désormais tracée. Nommé proconsul des Gaules en 59, il dirigera avec succès la campagne contre les Gaulois avant de franchir le Rubicon en 45 av. J.-C., établissant par là même la dictature en grommelant le célèbre Alea jacta est (en v.f. : « Le sort en est jeté »). Et quel sort ! 

Les derniers soubresauts de la République

En une année, Jules César s’impose à Rome puis dans toute l’Italie. Vaincu, Pompée fuit vers la Grèce, mais César n’a pas dit son dernier mot et finit par écraser ses troupes lors de la bataille de Pharsale en 48 av. J.-C.. Pompée trouve son ultime refuge en Égypte, où il est assassiné par le pharaon Ptolémée XIII. César, apprenant la nouvelle, décide de remplacer Ptolémée par sa sœur Cléopâtre ! Et on connaît la suite... L’immense fortune de Cléopâtre et le prestige des Ptolémée ouvrent à César la conquête de l’Orient et le contrôle de Rome.

De retour à Rome, César entreprend une série de réformes en faveur du petit peuple et des paysans. Nommé dictateur à vie en l’an 44 av. J.-C., il aurait probablement instauré à Rome une démocratie à la grecque s’il n’avait pas été assassiné la même année par une conjuration de jeunes aristocrates dont faisait partie Brutus – son propre fils adoptif ! – qu’il reconnaît avant de s’effondrer, en prononçant sa dernière locution historique (Tu quoque mi fili - « Toi aussi mon fils »).

L'Empire romain

Règlements de comptes

Quelque temps après la mort de César, Octave, son neveu et fils adoptif, s’impose face à Marc Antoine, devenu maître de Rome depuis l’assassinat de César. Une fois vaincu à Modène, Marc Antoine se rapproche d’Octave et, avec Lépide (ancien maître de cavalerie de César), ils forment le 2e triumvirat en 43 av. J.-C. En commanditant l’assassinat de Cicéron, les triumvirs éliminent le parti républicain, avant de se débarrasser des conjurés Brutus et Cassius.
L’heure du partage du monde romain a sonné. Octave prend l’Occident ; Lépide, l’Afrique ; quant à Marc Antoine, il épouse la sœur d’Octave et obtient l’Orient en imaginant réunir Rome et Alexandrie.

Mais cette idée n’est pas du tout du goût d’Octave (son beau-frère), désormais maître de l’Occident romain, qui voit en lui un traître. Vaincu en mer à Actium en 31 av. J.-C. par ce dernier, Marc Antoine se donne la mort sur la fausse annonce du suicide de Cléopâtre... Désormais, Octave a le champ libre pour régner seul. Il annexe l’Égypte au passage...

Le Premier Empire : naissance et apogée

Octave reçoit tous les pouvoirs par décret en 27 av. J.-C., tandis qu’il prend le nom d’Auguste (= majestueux). Pour la 1refois, toutes les terres bordant la Méditerranée appartenaient à un même ensemble politique. Octave allait tenter d'en faire un État unifié. La longueur exceptionnelle de son règne lui permet d'édifier la nouvelle civilisation impériale.

Débute alors une période de stabilité connue sous le nom de Pax Romana. Le « siècle d’Auguste », qui voit avec Virgile, Tibulle, Properce, Ovide et Tite-Live le triomphe de la littérature latine. Auguste développe les infrastructures et embellit une grande partie des monuments de la ville. Rome connaît à cette époque un rayonnement sans précédent.

À Auguste succèdent Tibère, Caligula et Claude, alors des alliances se font, se défont, on s’empoisonne, on s’assassine.
Claude expulse les juifs de Rome (certainement les tout premiers chrétiens en fait) en 45, alors que dans le même temps, il accorde la citoyenneté romaine aux chefs de la Gaule.
Puis Néron lui succède. Il sera le dernier empereur de la dynastie julio-claudienne. L’histoire gardera de lui l’image d’un despote particulièrement cruel et ambitieux. C’est lui qui bâtira la Domus Aurea au lendemain du grand incendie de Rome en 64.
En 79, Titus succède à son père Vespasien après avoir « régné » en doublon quelques années. De sa prise de Jérusalem en 70 (ce sont ses armées qui ont détruit le second temple), Titus rentre victorieux de sa campagne avec 15 000 prisonniers juifs, qui, réduits en esclavage, participeront à la construction du Colisée.

De 96 à 192 s’ouvre l’âge d’or de l’Empire romain. Cette période correspond au règne des empereurs de la dynastie des Antonins, à savoir Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin et Marc Aurèle. La civilisation urbaine est à son apogée. Grâce au contact avec la civilisation grecque, plus évoluée à l’époque, et à l’arrivée à Rome d’esclaves souvent plus cultivés que leurs maîtres, la vie intellectuelle devient brillante.

L'empire est débordé

Mais en cette fin de IIe siècle, l’empire subit les toutes premières pressions des peuples repoussés vers l’ouest. Les Romains eurent beau construire un limes (un mur en fait) pour marquer leur territoire, la menace se fait de plus en plus pressante, tant et si bien que pendant le règne de Marc Aurèle, Rome doit faire face à ses ennemis sur presque tous les fronts.

À partir des années 230, l’empire subit un assaut généralisé de la part des Barbares.

La fin de la puissance de Rome

L'essor du christianisme

En l’an 306, Constantin Ier est proclamé 1er empereur par ses légions de Germanie. Au même moment, à Rome, Maxence devient lui aussi empereur ! Le choc final se produit le 28 octobre 312, à Pont-Milvius. Durant cette bataille, Constantin a une vision : une croix apparaît dans le ciel avec les mots In hoc signo vinces (« Par ce signe tu vaincras »).
Il n’en fallait pas moins pour que Constantin scelle le destin de l’empire en se convertissant au christianisme par l’édit de Milan (313).

Pour mieux répondre à la menace, les Romains sont contraints de scinder leur empire en 2.

  • D’un côté la pars occidentalis (Empire romain d’Occident) qui, sous le joug des invasions destructrices, vivra ses dernières heures au siècle suivant,
  • et de l’autre la pars orientalis (Empire romain d’Orient) qui donnera l’Empire byzantin et subsistera jusqu’à la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453.

Rappelons que c’est en 484 que les églises de Rome et de Constantinople se séparent.

La valse des papes, du XVe siècle à nos jours

En 1378, 29 ans après le grand tremblement de terre qui ébranla une bonne partie de la ville, détruisant nombre d’édifices, Urbain VI est le 1er pape de nouveau élu à Rome. Mais sa tête ne revient pas aux cardinaux ! Ils élisent Clément VII, qui s’en retourne à Avignon, déclenchant ainsi le Grand Schisme d’Occident. Le concile de Pise (1409) n’arrange rien ! Il donne lieu à l’élection d’un troisième pape ! Avant que la question soit réglée une bonne fois pour toutes avec l’élection de Martin V (1417), se sont succédé 4 papes à Rome et Avignon et 2 à Pise... de quoi y perdre son latin !
En 1417, le retour des papes à Rome ouvre une époque bénie pour l’art italien. Le pape Martin V fait de la Ville Éternelle le lieu de convergence de tous les artistes du moment. On restaure à grands frais les églises, à commencer par Saint-Jean-de-Latran (cathédrale de Rome) et le palais pontifical, récupérant ce qui reste de temples romains. C’est l’époque des Michel-Ange, du Bernin, de Borromini... Sous l’impulsion des papes, la ville se transforme.

La Renaissance

Le pillage de Rome

Le 6 mai 1527, les troupes de Charles Quint mettent Rome à sac. Pendant près d’un an, Rome vit au rythme sanglant des viols, des meurtres, des saccages... et les morts se comptent par milliers. Le pape se réfugie in extremis au château Saint-Ange. Il y reste cloîtré jusqu’à une certaine nuit de décembre où, déguisé en domestique, il parvient à s’enfuir. Il s’installe à Viterbe, pour ne rentrer à Rome qu’en 1528.

Le pillage de Rome ainsi que les terribles inondations qui frappent la ville dans la 2de moitié du XVIe siècle n’empêcheront pourtant pas les adeptes de la Contre-Réforme de construire à tout-va. Rome prend alors un autre visage. La ville est remplie de statues exhumées, de colonnes, de chapiteaux, de fragments d’architraves (sorte de gros linteau reposant sur les colonnes), autant de matériaux antiques susceptibles d’être incorporés aux nouveaux édifices.

Rome à l’âge baroque

Le concile de Trente (1545-1563) va changer l’aspect de la ville. Initié par le pape Paul III, il est la réponse de l’Église catholique face aux revendications protestantes de Martin Luther. Les papes reprennent la main et lancent la Contre-Réforme.
Sixte V remodèle le centre de la ville selon un plan en étoile dont chaque pointe est marquée par un obélisque. En chantier permanent au XVIIe siècle, Rome multiplie les constructions nouvelles autour du campo dei Fiori, comme la galerie Spada et le palais Farnèse. Michel-Ange donne à la place du Capitole l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui. La ville abrite une population cosmopolite. Les pèlerins y affluent en masse. Paul V puis surtout le jésuite Urbain VIII mènent une politique artistique intensive et déploient l'opulence du style baroque. L’achèvement de la basilique Saint-Pierre est confié au Bernin. Le baroque italien, né à Rome, est adopté par les souverains européens et s’exporte même alors jusqu’au Nouveau Monde.

De 1870 à nos jours

Les acteurs de l’Unité

À partir du XVIe siècle, l’Italie est devenue la proie des grandes puissances européennes. En 1805, un royaume d’Italie est créé par Napoléon. Mais cette entité n’occupe pas tout le territoire, car une partie de la Botte est encore rattachée au royaume de Naples gouverné par les Bourbons. L’Italie se trouve alors prise en étau entre Autrichiens au nord et Bourbons au sud, le tout sur fond d’un cafouillage d’idées entre République, monarchie et souveraineté papale...

Dans leur quête d’indépendance et de liberté, les Italiens doivent apprendre à marcher ensemble. En 1847, Camillo Benso Di Cavour, devenu maître de la politique piémontaise, rencontre Garibaldi. Ce dernier sera de retour au pays 1 an plus tard à la tête des Chemises rouges pour combattre l’ennemi autrichien aux côtés de Cavour, avant de s’emparer de Naples et de la Sicile.
Dix ans plus tard, la France prêtera main forte à Cavour en lui fournissant 200 000 hommes, en échange de la Savoie et du comté de Nice (qui dépendait alors du royaume de Sardaigne). Cette idée est loin de plaire à Garibaldi (et pour cause, Nice est sa ville natale !), mais en signant un armistice avec les Autrichiens, les Français se retirent. En 1860, Cavour, qui s’était éclipsé, revient sur le devant de la scène en déclarant l’annexion du Piémont et des états de l’Italie centrale.

De son côté, Garibaldi, parti de Gênes, débarque le 11 mai 1860 en Sicile avec son armée de volontaires (la fameuse expédition des Mille) ce qui contraint le roi des Deux-Siciles François II à abdiquer. Garibaldi monte sur la Calabre, puis c’est au tour de la Campanie. Le 17 mars 1861, l’Italie est unifiée et Victor-Emmanuel II proclamé roi d’Italie avec Turin pour (éphémère) capitale du nouvel État. Ce n’est que le 1er juillet de la même année que Rome en devient capitale. Après l’indépendance, le Risorgimento favorisera l’essor d'autres capitales régionales comme Milan.

La montée du fascisme

Au terme de la Grande Guerre, les nombreux mouvements de grèves fragilisent durablement le pays. L’Italie est en crise, l’État affaibli. La maison de Savoie, qui a joué un rôle important dans l’unification italienne, donne pourtant un blanc-seing au parti fasciste. Mussolini et ses Chemises noires en profitent pour marcher sur Rome (28 octobre 1922) dans le but d’impressionner le mouvement libéral alors au pouvoir. Finalement élu, Mussolini instaure la dictature et donne un temps l’illusion d’une prospérité (qui profite surtout à la petite-bourgeoisie).

Engagé dans la conquête éthiopienne et rejeté par les démocraties occidentales, Mussolini trouve en Hitler une âme sœur. Mussolini trouve en Hitler une âme sœur. Beaucoup plus faible que son alter ego allemand, le régime fasciste italien rencontre dès 1941 une résistance ouverte. Littéralement occupée par les Allemands, l’Italie est la 1re des forces de l’Axe à subir l’assaut des Anglais et des Américains dès 1943.

Mussolini est tué en 1945 par des partisans italiens.

L’Italie de 1945 aux années 2010

En 1946 quand est proclamée la 1re République, l’Italie est au plus mal : tout n’est que ruines. Quand Umberto II quitte le pays en juin 1946, consécutivement à un référendum, l’échiquier politique est totalement recomposé, et de nouveaux rapports de forces s’installent.
La 1re République rencontre toutes sortes de difficultés : extrémisme de gauche (les Brigades rouges), de droite (type néofasciste), corruption généralisée grippant les rouages de l’État et touchant les plus hauts responsables, scandales divers, sans parler des remous sociaux, de la crise économique...
Dans les années 1990, tout semble prendre une nouvelle tournure avec, enfin, des signes forts de l’État : rigueur économique, opération « Mains propres » conduisant à un grand nettoyage de la vie politique (251 parlementaires mis en examen). L’Italie se débarrasse de ses politiciens corrompus, mais de nouveaux visages apparaissent, dont celui de l’inquiétant Umberto Bossi (leader de la Ligue du Nord), qui cherche à liguer les Italiens du Nord contre ceux du Sud.
En 1996, la gauche revient au pouvoir. L’Italie reprend la route vers l’Europe. La fondation du Parti démocrate en 2007, autour de la personnalité de Romano Prodi, tente d’unir les forces de gauche, mais la coalition est divisée. La droite de Silvio Berlusconi reprend les rênes du pouvoir en 2008, avant de ressortir (provisoirement ?) de l’arène politique en 2011, remplacé par Mario Monti.

Matteo Renzi face à une Italie mécontente

Après un court mandat de Monti et une coalition d’unité nationale qui gouvernera en 2013, le résultat du scrutin de février 2014 désigne un nouveau président du Conseil en la personne de Matteo Renzi (Parti démocrate), le nouvel « homme pressé » de la gauche. Âgé seulement de 39 ans, il est le plus jeune chef du gouvernement jamais nommé !
Le président, lui, laisse sa place en février 2015 à Sergio Mattarella, réputé pour son sens de la justice (il combat ardemment la mafia) et ses bonnes relations avec le gouvernement....
Matteo Renzi s'engage – tambour battant – dans un vaste plan pour réformer l’économie et le pays. Surnommé il rottamatore (le démolisseur), en référence à sa volonté d’envoyer la vieille classe dirigeante italienne à la casse, Renzi bouscule donc l’Italie et perd sa popularité...

Après un peu moins de 2 ans au pouvoir, il démissionne le 7 décembre 2016 suite à l’échec de son référendum visant à réformer la Constitution ; référendum qu’il voulait comme un plébiscite. Malgré sa réélection à la tête du Parti démocrate en avril 2017, c’est un revers cuisant en mars 2018 car il rassemble à peine 19 % des suffrages. Sa démission est inévitable.

La montée en puissance des partis « eurosceptiques » en Italie donne un résultat pour le moins inhabituel aux élections de mars : une coalition incroyable entre le Mouvement 5 étoiles (antisystème) et la Ligue (extrême-droite) ! Ce gouvernement improbable met plus de 2 mois à trouver un président du Conseil.
C’est finalement Giuseppe Conte, sans précédents politiques, qui est annoncé chef du gouvernement en mai. 

Il nomme en juin le sulfureux et médiatique Matteo Salvini de la Ligue d’extrême droite, aux postes de vice-président du Conseil des ministres et de ministre de l’Intérieur. Les positions anti-immigration radicales de ce dernier lui valent une cote de popularité élevée dans le pays. Il refuse l’ajustement du budget national 2019 aux recommandations de l’Union européenne. Allié des extrêmes droites « eurosceptiques » européennes, Salvini critique aussi régulièrement la vie politique française.

Dans ces conditions, l’avenir de l’Italie se montre instable, voire inquiétant...

Après l’épisode fâcheux en février du retour de l’ambassadeur à Rome en France pendant quelques jours, les relations sont apaisées ou tout au moins le paraissent...

Crise sanitaire mondiale : la Covid-19

La pandémie de Covid n’a pas épargné l’Italie qui enregistre une chute de son PIB de 9 %, l’une des pires de la zone euro. En dépit de ses efforts pour contenir la crise, Giuseppe Conte remet sa démission en février 2021. Le président Mattarella appelle alors Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (2011-2019), à la rescousse.
Draghi élabore un plan de relance sans précédent de 248 milliards d’euros – essentiellement financé par l’UE – pour renflouer l’économie italienne mise à mal par l’épidémie, mais portant l’endettement national à 158 % de son PIB ! Alors que la gauche démocrate remporte les plus grandes villes du pays à l’automne 2021, le président sortant Sergio Mattarella est réélu en janvier 2022. Mario Draghi, lui, gagne ses 1ers succès sur le front des réformes structurelles, et use de son aura pour replacer l’Italie dans l’UE. Très vite, il doit faire face à la guerre en Ukraine et à ses inévitables répercussions socioéconomiques. Il démissionne en juillet 2022.
De retour aux urnes en septembre 2022, les Italiens élisent Georgia Meloni comme présidente du Conseil. Cette figure de la droite dure italienne, issue du parti fascisant Fratelli d’Italia, mène une politique à la fois libérale sur le plan économique et très conservatrice du côté sociétal. Malgré quelques soubresauts et polémiques en 2023, son gouvernement paraît solide en 2024... Bien malin celui qui pourra prédire l’avenir.

Un tournant dans la gestion de la Ville éternelle ?

En octobre 2021, Roberto Gualtieri, du Parti démocrate (centre gauche), devient le nouveau maire de Rome avec 60 % des voix, dans un contexte sanitaire et social difficile. Il succède à Virginia Raggi, qui a laissé une ville au déficit budgétaire abyssal, sans compter le problème des déchets, le casse-tête des transports en commun et ses démêlés avec la justice pour faux témoignages et abus de pouvoir.
L’élection de Roberto Gualtieri, ancien professeur d’histoire, député européen (2009-2019) puis ministre de l’Économie et des Finances (2019-2021), signe le retour d’une vie politique construite sur le clivage gauche-droite. Son élection pourrait aussi marquer un tournant dans cette capitale en manque de rayonnement...

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