Rome, balades dans le Trastevere

Rome, balades dans le Trastevere
Basilique Sainte-Marie-du-Trastevere © dudlajzov - stock.adobe.com

C'est l'un des quartiers les plus sympas de Rome. Que voir dans le Trastevere ? Petits immeubles, échoppes d’un autre âge, labyrinthe de ruelles (vicoli), linge aux fenêtres, antiques demeures colorées, palais de la Renaissance et la ravissante place Santa Maria in Trastevere… Situé « de l’autre côté du Tibre », d’où son nom, le Trastevere est incontestablement l’atout charme de Rome. Un quartier animé, jadis populaire et plutôt gentrifié, où l’on se régale de déambuler avant de prendre un verre attablé à une terrasse, le spectacle de la dolce vita romaine sous les yeux. 

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Le Trastevere : Rome, de l’autre côté du Tibre

Le Trastevere : Rome, de l’autre côté du Tibre
Pont Sisto - Trastevere © lamio - stock.adobe.com

On circonscrit historiquement le Trastevere, l’un des 22 rioni (sortes d’arrondissements historiques) de Rome, littéralement « de l’autre côté du Tibre », entre la piazza della Rovere, au nord, et Porta Portese au sud.

Il semble loin le temps où Émile Zola se désolait de son éventration (dans Rome, 1896) ! Aujourd’hui ce quartier, l’un des plus anciens d’obédience chrétienne, en atteste la majestueuse basilique Santa Maria in Trastevere, a troqué ses habits populaires cousus au Moyen Âge pour des frusques plus bobos et gaies (qu’elles sont jolies les maisons colorées…).

Juste en face du pont Sisto, on se presse au crépuscule Piazza Trilussa. Voilà le lieu de ralliement des ragazzi romains (mais pas que, voyez l’été) qui s’engouffrent ensuite dans ses rues à la recherche de frasques. On boit sur les marches d’une église, on trainaille en dégustant un gelato, on sirote un caffè latte à ses terrasses…

Île Tibérine © daliu - stock.adobe.com

Enclave cosmopolite (l’université américaine a pris ses quartiers non loin), gouailleuse (elle fut la terre des chansonniers des années 1920), excentrée des épicentres touristiques de Navona/Pantheon ou du Colosseo, le Trastevere a de bien belles choses à offrir. Ici, une sculpture extatique du Bernin, là une crypte secrète, à deux foulées les mirifiques villa Farnesina et Galleria Corsini.

Surplombé par l’île Tibérine, lacéré en longueur par le viale Trastevere, il présente de nombreux visages. Tantôt exalté, tantôt apaisé, toujours surprenant.

Balade romaine à l’ouest du viale Trastevere

Balade romaine à l’ouest du viale Trastevere
Piazza di Santa Maria © Ekaterina Belova - stock.adobe.com

On est là dans la zone la plus fréquentée. Facile à comprendre quand on sait qu’elle concentre une grande partie des restaurants et quelques-unes des haltes incontournables du Trastevere.

Commençons, en journée, piazza di Santa Maria in Trastevere. Sa plus célèbre locataire, la basilique Sainte-Marie-du-Trastevere, bâtie au 3e siècle après J.-C., mais rajeunie au goût du 12e siècle et agrémentée des statues de papes en 1702, serait la plus vieille église de la capitale dédiée à la Vierge. On dit qu’elle aurait été construite à l’emplacement d’une source d’huile – et pas de Spritz, qui coule pourtant à flots, le soir, dans les cafés alentour !

Sa mosaïque en façade avec un Jésus pendu au sein de sa mère, son formidable plafond à caissons du Dominiquin, les colonnes antiques chipées, selon la légende, aux thermes de Caracalla ou ses riches mosaïques intérieures font de la Sainte Marie un stop étourdissant.

Villa Farnesina © Anna Pakutina - stock.adobe.com

Il faut prendre la via della Lungara qui sectionne la partie occidentale du rione. C’est ici que se prélasse la villa Farnesina (10 €), bâtie pour le banquier des papes, Agostino Chigi. Sous ses atours de style Renaissance du 16e siècle (on la doit à l’architecte Baldassarre Peruzzi), elle recèle des fresques admirables (mais souvent en rénovation).

La truffe en l’air, on se bourre le pif de beautés. Les salles (de la frise, des perspectives, des Noces d’Alexandre et de Roxane, Galatée, la loggia de Psyché) s’égrènent comme les noms illustres (Raphaël et son école, Sebastiano del Piombo, le Sodoma, Peruzzi lui-même) et les chefs-d’œuvre.

Trastevere de nuit © Ekaterina Belova - stock.adobe.com

À trois pas de là, la Galleria Corsini (10 €, fermée depuis le 1er octobre 2020), dont la première pierre a été posée en 1511 (elle sera largement chamboulée au 17e siècle), a été la résidence de l’intrigante reine Christine de Suède avant d’être rachetée par la puissante famille florentine des Corsini. Le long de sa prodigieuse galerie, des peintures du Caravage, de Murillo, Bassano, Rubens (émouvant « Saint Sébastien soigné par les anges ») fanfaronnent en chœur.

Pour ceux qui voudraient se frotter à l’ambiance festive du Trastevere, c’est le soir que tout se passe. L’été, les rives du Tibre se constellent de buvettes éphémères (Lungo il Tevere) et la piazza di San Cosimato (allez faire un tour à son marché en plein air, du lundi au samedi) de projections en plein air (« Il Cinema in Piazza »). Quelques institutions comme le Caffè di Marzio ou le bar San Calisto, ancien repère des cinéphiles et des artistes romains ; de charmantes placettes (piazza dei Renzi) et un glacier du tonnerre, Fiordiluna.

Balade romaine à l’est du viale Trastevere

Balade romaine à l’est du viale Trastevere
Basilique Santa Cecilia in Trastevere © dbrnjhrj - stock.adobe.com

C’est une autre atmosphère qui conflue à l’est du viale. Plus recueillie, plus indolente. Juste en face de l’île tibérine, la piazza Piscinula a de quoi surprendre, même si on regrette que les voitures aient remplacé les anciens bains qui lui donnèrent son nom. Vous y trouverez la Case Mattei, une maison de style hybride mais principalement médiévale, l’église San Benedetto in Piscinula et quelques curiosités décoratives aux murs.

Construite au 15e siècle (avec un hôpital) puis rafistolée au 18e, l’église San Giovanni Battista dei Genovesi abrite un superbe cloître Renaissance. Organique et antique en diable avec son portique, son puits en travertin, ses rosiers et ses citronniers. Vous ne trouverez rien de plus mignon dans le Trastevere.

Elle semble toute penaude la basilique Santa Cecilia in Trastevere avec son campanile et sa façade, disons sévère. Trois bonnes raisons de pousser sa porte pourtant. Le baldaquin gothique d’Arnolfo di Cambio ; sous l’autel, la sculpture de la décollation de Sainte Cécile par Stefano Maderno ; et sous ses fondations, les vestiges d’une domus romaine et une crypte secrète (2 €) dotée de jolies colonnades et fresques, dont celle du Jugement dernier de Pietro Cavallini (accessible par le chœur des religieuses).

Porta Portese © maudanros - stock.adobe.com

Devant l’extase de la bienheureuse Ludovica Albertoni, à l’église San Francesco a Ripa, on se dit qu’on n’est pas les seuls à tomber en pâmoison devant Rome. Fascinante sculpture en marbre que cette Ludovica alanguie, les mains sur la poitrine, entourées d’angelots, que l’on doit au Bernin, récidiviste puisqu’il est également à l’origine d’une autre extase, celle de Sainte-Thérèse à l’église Santa Maria della Vittoria.

L’église Santa Maria dell'Orto, que l’on doit à un élève de Michel-Ange, et non au maître florentin lui-même, sacrées rumeurs, étrenne sur ses voûtes de virevoltantes silhouettes de stuc blanc. Plafond et abside richement décorés à se coller un torticolis.

Enfin, le dimanche, c’est au pied de la Porta Portese que fait étalage l’un des marchés aux puces les plus courus de la ville. Avis aux amateurs. Attention tout de même aux contrefaçons. On vous aura prévenus.

Le Janicule, l’une des 7 collines de Rome

Le Janicule, l’une des 7 collines de Rome
Vue depuis la passeggiata del Gianicolo © fusolino - stock.adobe.com

Certains Trasteverini vous diront que le Janicule ne fait pas vraiment partie du Trastevere. La montée du passeggiata del Gianicolo, musicalisée par une armada de cigales, pas peureuses puisqu’on les voit jouer des cordes sur le tronc des platanes, peut être sportive sous le cagnard romain. Mais le jeu en vaut la chandelle, à savoir une vue imprenable à 180° sur la capitale.

Pour citer une nouvelle fois ce bon naturaliste de Zola (Rome) : « Il restait un peu surpris de l’aspect plat de la ville, regardée ainsi du haut de cette terrasse, comme nivelée par cette vue à vol d’oiseau, à peine bossuée des sept fameuses collines, une houle presque insensible au milieu de la mer élargie des façades ».

Le grand signore des lieux n’est pas l’auteur de Germinal, mais bien Giuseppe Garibaldi (1807-1882) qui, du haut de l’officieuse 8e colline de Rome, se battit bec et ongles contre de vilains Français pour l’unification de l’Italie. La statue du combattant à la chemise rouge patronne le Janicule, non loin du canon qui, tous les jours, à midi, tire à blanc, un rituel que l’on doit à Pie IX.

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Sites à voir et adresses

Basilique Santa Maria in Trastevere : piazza di Santa Maria in Trastevere, 00153 Roma

Villa Farnesina : via della Lungara, 230, 00165 Roma

Galleria Corsini : via della Lungara, 10, 00165 Roma

Il Cinema in Piazza

Caffè di Marzio : piazza di Santa Maria in Trastevere, 15, 00153 Roma

Bar San Calisto : piazza di S. Calisto, 3, 00153 Roma

Fiordiluna : via della Lungaretta, 96, 00153 Roma

Église San Benedetto in Piscinula : piazza in Piscinula, 40, 00153 Roma

Église San Giovanni Battista dei Genovesi : via Anicia, 12, 00153 Roma

Basilique Santa Cecilia in Trastevere : piazza di Santa Cecilia, 22, 00153 Roma

Église San Francesco a Ripa : piazza di S. Francesco d'Assisi, 88, 00153 Roma

Texte : Florent Oumehdi

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