Traditions et coutumes Tunisie
Fumer la chicha, c'est en fait fumer du tombac dans une pipe à eau (le narguilé). Le tombac est une plante très proche du tabac, que l'on fait bouillir. Ajouter du miel et un peu de citron puis laisser macérer 30 mn. On en remplit le fourneau de la chicha, que l'on recouvre d'une feuille d'aluminium percée de trous, puis on dispose par-dessus un bout de charbon de bois incandescent.
À la terrasse d'un café, c'est un agréable passe-temps qui accompagne la conversation, mais, selon une étude, il faut savoir qu’au bout de 45 mn, on a ingurgité 20 fois plus de goudron, 2 fois plus de monoxyde de carbone et 3 fois plus de nicotine qu’en fumant une cigarette ; sans parler du risque de transmission de maladies contagieuses si on se passe le tuyau de l’un à l’autre (demander un embout en plastique).
Femmes
Dans aucun autre pays musulman, les femmes n’ont la place qu’elles occupent en Tunisie. La Constitution de 2014 n’a fait que renforcer leurs droits, celle de 2022 ne les a pas démentis. En août 1956, soit quelques mois seulement après l’accès à l’indépendance du pays, le président Bourguiba fait entrer en vigueur un code particulièrement moderne sur le statut des femmes, tandis que, jusqu’ici, il se fondait sur la charia (la loi coranique) : abolition de la polygamie, procédure juridique relative au divorce (qui peut être demandé par la femme), âge minimal pour le mariage (pour lequel le consentement de la femme est exigé), etc.
Habib Bourguiba tente de dissuader les femmes de porter le voile et encourage la création de l’Union nationale des femmes de Tunisie (UNFT), afin de lutter pour leur émancipation. En 1957, le droit de vote leur est acquis. Les femmes tunisiennes doivent à l’UNFT l’information sur leurs nouveaux droits, la promotion de l’éducation et du travail ainsi que l’ouverture des crèches. Un jour férié leur est dédié (le 13 août). L’interruption volontaire de grossesse est autorisée dès 1965 (avant la France), et une large majorité de femmes ont aujourd’hui recours à la contraception. Le nombre moyen d’enfants par femme est d’environ 2,2. La classe moyenne (qui a toutefois beaucoup baissé depuis la révolution, passant en gros de 80 % à 50 % de la population) compte aujourd’hui de nombreux couples bi-actifs.
Actuellement, les femmes représentent 2/3 des diplômés de l’enseignement supérieur, mais seulement 28 % de la population active... et 3 % des directeurs d’entreprise.
Certes, beaucoup de femmes (dans les grandes villes du Nord) ont eu jusqu’à présent une vie très proche de celle des Occidentales, mais d’autres restent toujours soumises à l’autorité de leur mari, notamment dans le Sud ou dans les villages plus reculés. Plus récemment, grâce au travail de terrain remarquable des associations féministes tunisiennes, qui se battent sans relâche, les femmes ont gagné de nouveaux droits : l’autorisation de se marier avec un étranger, de voyager avec ses enfants sans l’accord du père, la reconnaissance par la loi des violences qui leur sont infligées, l’âge de la majorité sexuelle fixée à 16 ans (contre 13 jusqu’alors).
Reste que tous ces acquis demeurent fragiles (la contraception et l’avortement notamment) et que d’autres batailles doivent encore être menées : l’égalité hommes-femmes sur l’héritage, une loi pour reconnaître le viol conjugal, l’égalité au travail, etc.
Aujourd’hui, les femmes font partie intégrante du monde socio-économique. Si elles luttent contre la montée des fondamentalistes, et principalement des salafistes, c’est pour s’opposer à une vision de la société, pour souligner les incompétences politiques et économiques des intégristes, pour se tourner vers l’avenir. Une façon pour elles de préserver la société tout entière et de lui donner des chances de se reconstruire.
Mais le chemin à parcourir reste long. Lors des élections législatives d’octobre 2019, les femmes ne représentaient que 22 % des députés élus (elles étaient plus du tiers à la fin de la précédente mandature). Toutefois, en 2018, c’est une femme qui a été élue maire de Tunis. Souad Abderrahim siège au parti Ennahdha. Ça n’était jamais arrivé depuis 1858, date de la création des municipalités ! Toutefois, la représentation des femmes risque d’être affaiblie par la loi électorale votée en 2022, juste avant les élections législatives. Elle prévoit un nouveau mécanisme pour se présenter.
Hammam
Le hammam a une signification sociale essentielle : pendant longtemps, ce fut la seule sortie autorisée aux femmes. Les hommes, quant à eux, s'y rendaient entre amis. Au hammam, les mères pouvaient juger de l'état physique et de la beauté des jeunes filles afin de choisir leur future belle-fille. De nos jours, la future épousée se rend toujours au hammam accompagnée de sa famille et de ses amies, avant le mariage.
Aujourd'hui, aux hammams populaires, toujours aussi fréquentés, s'ajoutent les instituts de beauté et les spas, souvent installés dans les grands hôtels, où se rend plus volontiers la bourgeoisie tunisienne. Quand elle ne se fait pas carrément construire un hammam à domicile. Bref, une coutume très ancienne qui se modernise (pour ceux qui en ont les moyens).
C'est l'un des rares endroits où les touristes femmes auront une relation privilégiée avec leurs consœurs tunisiennes.
Savoir-vivre et coutumes
La tolérance est généralement présentée comme étant l’un des traits de caractère fondamentaux du peuple tunisien, mais on est en pays musulman, ne l'oublions pas. Un certain nombre de règles s'imposent dans le comportement et dans la tenue vestimentaire.
On est étonné du nombre de touristes légèrement vêtues en Tunisie, ce qui provoque une attitude réprobatrice ou, selon les cas, incite à la drague très insistante.
De nombreux jeunes Tunisiens pensent que les Européennes viennent exclusivement en quête d’aventures amoureuses. Il ne s’agit pas de se déguiser mais de porter des vêtements décents qui ne soient ni trop moulants ni trop décolletés. Attention les amoureux : les démonstrations de « tendresse » en public sont assez mal vues...
Ce qu'il faut faire
- Se déchausser avant d'entrer dans une pièce d'une maison particulière dont le sol est couvert de tapis.
- Ne pas être préssé.
- Prolonger la pause thé en acceptant plusieurs verres, même si l'on n'a plus soif.
- Si l'on a été invité dans une famille, laisser un petit cadeau plutôt que de l'argent.
- Si l’on a photographié ses amis tunisiens, leur montrer le cliché ou leur envoyer immédiatement sur leur portable via Bluetooth, sinon par e-mail.
- Retirer ses lunettes de soleil quand on s'adresse à quelqu'un.
- Ne jamais refuser le couscous que l'on vous offre.
- Pour appeler le garçon de restaurant ou de café, dire : « khouya ! » (mon frère).
- Ne jamais passer devant quelqu'un en prière.
- Ne jamais chercher à pénétrer dans un lieu saint, à moins d'y être invité (en Tunisie, à part quelques rares exceptions, les mosquées sont interdites aux non-musulmans).
- Pour tendre la main à quelqu’un ou faire un signe, toujours le faire de la main droite.
La politesse
Comme on peut le constater dès l'arrivée, les Tunisiens utilisent des formules de politesse beaucoup plus longues que les nôtres. Elles appartiennent à un ancien code d'usages toujours en vigueur. Qui ne connaît le fameux inch Allah (s'il plaît à Dieu) ? Le nom de Dieu revient souvent d'ailleurs dans les formules utilisées.
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