Leipzig, l'alternative allemande
Musique, histoire, jardins et espaces alternatifs : à un peu plus de 150 km de Berlin, l’ex-deuxième ville de RDA vaut le détour. D’autant que 2015 est marquée par de multiples célébrations. A commencer par l’anniversaire de la cité, mentionnée pour la première fois dans un document officiel il y a mille ans. Un 20 décembre exactement, jour où s’achèveront les festivités, avec un énorme gâteau couvert d’un millier de bougies, qui sera partagé sur Augustusplatz, au cœur de Leipzig.
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L’église Saint-Nicolas, en plein centre, fête cette année ses 850 ans. Elle ne les fait pas, avec son style baroque « meringué », aux stucs verts pâles ou blancs et aux feuilles de palmiers en haut des colonnes grecques…
Bien avant ce lifting, elle avait accueilli la première représentation de la Passion selon Saint-Jean, de Jean-Sébastien Bach. Il a vécu à Leipzig de 1727 à sa mort, en 1750 : il exerçait la haute fonction de maître de chœur, celui des garçons de l’église Saint-Thomas. Cette chorale, réputée dans le monde entier, existe toujours et donne des concerts les vendredis et samedis après-midi dans l’église Saint-Thomas, où se trouve le tombeau du compositeur.
Le musée Bach, tout proche, ravit les mélomanes avec ses installations interactives multimédia, ses manuscrits et instruments d’époque. D’autres grandes figures de la musique ont un lien fort avec Leipzig. C’est la ville natale de Wagner, où il a fait son éducation musicale.
La maison de Robert et Clara Schumann se visite, la maison de Mendelssohn aussi. A partir de 1835, celui-ci fut directeur musical de la célèbre salle de concert Gewandhaus. Kurt Masur fut l’un de ses successeurs : il inaugura l’édifice reconstruit en dirigeant un concert en octobre 1981.
En face, l’opéra, rebâti en 1960, propose également une belle programmation. Enfin, le musée Grassi dispose de plusieurs sections, dont l’une consacrée aux instruments de musique. Grâce à un système acoustique 3D, il est possible d’écouter des modèles très anciens. On peut même jouer sur des copies dans le labo.
Leipzig post-industrielle
L’année 2015 marque aussi les 500 ans de l’imprimerie et de l’édition à Leipzig. Des activités importantes pour la ville, où se tient toujours un salon du livre annuel et où les petits éditeurs et les entreprises de graphisme fleurissent.
La création apporte aussi un nouveau souffle à l’ancien secteur industriel, moribond après 1989, par un autre phénomène : les usines abandonnées sont investies par les artistes, en particulier dans le quartier devenu branché de Plagwitz, à l’ouest du centre.
L’exemple le plus emblématique, c’est la Spinnerei, une filature de coton de dix hectares, qui fut la plus importante d’Europe continentale au début du XXe siècle. Elle a employé jusqu’à 4 000 ouvriers.
Aujourd’hui, mille personnes y travaillent, et y vivent parfois, essentiellement des artistes installés à partir du milieu années 1990. Au total, une centaine de studios et une dizaine de galeries animent les lieux, plus des lofts à louer, une cafét’ pour une agréable pause en journée, un cinéma le soir et même des ruches sur le toit !
L’entrée au site est gratuite mais on ne peut pas tout visiter. Les portes ouvertes, trois week-ends par an, sont donc idéales pour en voir plus. Celles de l’automne se tiennent les 12 et 13 septembre.
Leipzig verte
Leipzig est très verte : les parcs et jardins représentent 60% de la superficie, le centre est entièrement piéton. Pourtant, sous le régime de la RDA, elle souffrait de la pollution engendrée par les nombreuses industries textiles et chimiques ou par les centrales thermiques. Elles étaient alimentées par les mines de charbon creusées tout autour de l’agglomération.
Ces immenses cratères ont été transformés en une vingtaine de lacs, dont le plus proche est celui de Cospuden. Situé au sud, ses plages et son port de plaisance sont facilement accessibles en bus, ou à vélo, le mode de transport favori des habitants de Leipzig.
A moins de monter dans un kayak ou une barque : le réseau de canaux relie la ville à Cospuden. Il a été créé à la fin du XIXe siècle pour acheminer marchandises et matériaux. Puis souvent recouvert de béton à l’époque communiste car il servait de dépotoir. Et désormais réhabilité pour les loisirs.
A l’opposé de Cospuden, au nord de Leipzig, le zoo est l’un des plus anciens et des plus grands d’Europe. Pas d’animaux qui tournent en rond derrière les barreaux, l’habitat naturel de centaines espèces a été reconstitué pour leur donner plus de liberté. Et un immense espace tropical a été récemment créé. Autre originalité, on peut se balader en bateau ou sur un sentier au niveau de la canopée.
Leipzig rebelle
Avant de commémorer les 25 ans de la chute du Mur de Berlin, Leipzig a honoré le soulèvement citoyen du 9 octobre 1989. Parti de l’église Saint-Nicolas, il était formé de 70 000 personnes manifestant pacifiquement pour la liberté de parole, de rassemblement et de circulation. L’église accueillait déjà, depuis le début des années 1980, des prières pour la paix.
Un hommage à ce mouvement est rendu à l’entrée du musée de la Stasi, installé à l’intérieur même des anciens bureaux de la Sécurité de l’Etat est-allemand. L’autre partie de l’exposition est consacrée aux techniques d’espionnage, à la propagande anticapitaliste et aux méthodes policières de la RDA.
Avec le retour à la démocratie, la liberté a gagné toute la ville, et en particulier le sud. Dans les années 1990, le quartier de Connewitz est devenu le centre de l’underground. Il garde aujourd’hui encore son esprit alternatif avec des lieux culturels comme Conne Island ou la KulturFabrik Werk II, programmant concerts, DJ, projections, expositions et autres expressions artistiques hors des circuits commerciaux. Leipzig a beau avoir mille ans, elle a encore le cœur battant !
Fiche pratique
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Office de tourisme d’Allemagne
Le site Hidden Leipzig regroupe une centaine de conseils et d’adresses pour découvrir la face cachée de la ville.
Comment y aller ?
- Depuis la France :
Pas de vols directs, mais Lufthansa propose des trajets avec une escale à Francfort, Munich, Zurich, Vienne, etc. Trouvez votre billet d’avion
- Depuis Berlin :
La gare de Leipzig, inaugurée il y a cent ans, est reliée par des trains directs de la Deutsche Bahn aux gares de Hauptbahnof ou Südkreuz (1h15 environ).
Où dormir ?
- Five Elements Hostel : Kleine Fleischergasse, 8. Chambre double : 35 €. Dortoirs : 9,50 à 12,50 € par personne. Une adresse très pratique, centrale et fonctionnelle : dans un cadre contemporain et coloré, 35 chambres et dortoirs, tous équipés d’une salle de bain privative, peuvent accueillir plus de 150 personnes. Il y a même des chambres familiales avec kitchenette.
- Hip Leipzig : Kreuzstrasse, 14. Chambre double : 90 € par nuit (attention, 2 nuits minimum requises).A 10 min à pied de la gare et du centre-ville, Gabriele, la chaleureuse maîtresse de maison, accueille ses hôtes comme des amis. Elle leur réserve une chambre dans son duplex, agrémenté d’une jolie terrasse, aussi design et cosy que le reste de l’appartement.
- Hôtel Arcona Living Bach 14 : Thomaskirchhof, 13.. Chambre double : à partir de 100 € avec petit déj. Tout près du musée Bach, la cinquantaine de chambres et suites confortables est répartie dans deux bâtiments attenants, l’un moderne et l’autre ancien. La déco aussi marie harmonieusement les époques, blanc immaculé et poutres ou briques apparentes.
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Où manger ?
- Weinstock : Markt, 7. Tous les jours, midi et soir. Dans un coin de la place du marché, ce restaurant classique propose des spécialités traditionnelles (comme le Leipziger Allerlei, un plat de légumes de saison) et des vins locaux. Son nom signifie « vigne » : pas étonnant, donc, qu’un cep robuste pousse devant…
- Vleischerei : Zschocherschestrasse, 23. Tous les jours de 11h30 à 23h (vendredi-samedi jusqu’à minuit, dimanche de 13h30 à 22h). Les germanophones auront saisi le jeu de mot entre boucherie (fleischerei en allemand) et le V initial, pour vegan/végétarien. Malgré l’enseigne à tête de cochon et la carte annonçant burgers et kebab, il n’y a pas de viandes préparées ici. Aussi surprenant que le décor destroy !
- Café Kater : Rudolph-Sack-Strasse, 2. Du mardi au dimanche de 10h à 20h. Voisin de Vleischerei, ce nouvel établissement joue la carte de l’élégance, avec un mobilier chiné et des bibelots choisis avec autant de soin que la sélection de café, à déguster au petit déj ou toute la journée Avec des pâtisseries, une soupe, une tarte salée, etc. Idéal pour faire une pause au cœur du quartier branché de Plagwitz.
Où sortir ?
Les cafés sympas se concentrent dans le centre piéton, autour de Barfussgäschen et Klostergasse (Hundertwasser, Spizz…).
Derrière la Thomaskirche, la Gottschedgasse rassemble pas mal de cafés (Maga Pon) et de boîtes, tout comme la Karl-Liebknecht-Strasse, au sud.
Texte : Stéphanie Condis
Mise en ligne :