Visiter les châteaux de Louis II de Bavière

Visiter les châteaux de Louis II de Bavière
Neuschwanstein © ecstk22 - stock.adobe.com

Louis II (1845-1886), roi de Bavière entre 1864 et 1886, est entré dans la légende. On ne compte plus les livres, documentaires et films, dont le plus célèbre, Ludwig ou le Crépuscule des dieux (1973) de Luchino Visconti, qui ont tenté de lever le voile sur la vie (et la mort, suspecte) de ce roi excentrique. Un monarque retranché dans son monde imaginaire, fou de Wagner et rongé par la culpabilité de son homosexualité (étonnamment, ni les audioguides ni les guides sur place ne l’évoquent).

Bâtisseur et visionnaire, Louis II a profité de son règne pour semer des châteaux de légende en Bavière, quitte épuiser à les finances du royaume. Le plus fameux est sans nul doute Neuschwanstein, palais marmoréen assoupi sur son piton rocheux, que Walt Disney a copié pour son château de la Belle au bois dormant.

S’il est la pièce maîtresse de ce réseau de bâtisses remarquables, Linderhof, le préféré de notre « roi fou », Herrenchiemsee (au sud-est de Munich), le Versailles de la Bavière, ou Hohenschwangau, qui a été bâti par Maximilien II, le père de Louis II, ne sont à négliger sous aucun prétexte.

Un voyage digne d’un conte de fées à travers la Bavière.

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Neuschwanstein : des mythes médiévaux à Walt Disney

Neuschwanstein : des mythes médiévaux à Walt Disney
Schloss Neuschwanstein © Gunter - stock.adobe.com

C’est un(e valeur) refuge qui ne désemplit depuis des décennies. Chaque année, près d’1,4 million de curieux gravissent les pentes abruptes (30 minutes de marche) du Schloss Neuschwanstein (17,50 €). Résultat, ça se bouscule à l’entrée et les visites (à réserver impérativement plusieurs semaines à l’avance) se font au pas de course (comme pour tous les châteaux bavarois).

La construction de Neuschwanstein débute en 1868. Elle durera 17 ans. Louis II rêvait d’un palais médiéval avec tourelles et donjon. Il ratiboise 8 mètres de la montagne faisant face à Hohenschwangau et en trame une route d’accès. La première pierre est posée en 1869.

Le « roi-lune », l’un de ses surnoms, n’a jamais fait de Neuschwanstein, inachevé de son vivant, l’étendard de sa puissance monarchique. D’ailleurs, il n’y séjournera que 172 jours. Le château était pensé comme un lieu de retraite et d’évasion, un écrin dédié à Richard Wagner, son idole dont il s’était fait le généreux bienfaiteur (la vache à lait diraient certains). Neuschwanstein est d’ailleurs hanté par les légendes germaniques – Lohengrin, Tannhaüser, Tristan et Iseult, Perceval et le chevalier rouge – qui ont fait le sel des œuvres du compositeur romantique.

Neuschwanstein - salle du trône © erlebe.bayern - Thomas Linkel

L’intérieur entrelace les styles alors que Louis II avait été marqué par sa visite du château de la Wartbourg, en Thuringe. La salle du trône est un délire néobyzantin qui ne lésine ni sur le doré ni sur les symboles. Elle donne une bonne idée de la conception de la souveraineté divine de Louis II, supervisé par Jésus-Christ, les douze apôtres et six rois canonisés.

Dans la chambre à coucher néogothique, où le roi fut arrêté et destitué en juin 1886, c’est l’histoire tragique de Tristan et Iseult qui s’incarne dans les peintures murales et jusque dans la marqueterie des portes. On retrouve également le cygne, l’animal héraldique et fétiche de Louis II lié à la légende de Lohengrin, dans la table de toilette. Ce récit du chevalier du Graal est aussi consacré par une série de tableaux dans la salle de séjour. Une fois encore, le palmipède est omniprésent (tissus, boiseries, céramiques, peintures).

Remis de la surprise d’une grotte intérieure, on plonge ensuite dans le cabinet de travail et le Minnesänger de Tannhäuser qui n’est pas le thème central de la salle des chanteurs, contrairement à son modèle du château de la Wartbourg. Perceval règne en maître dans cette somptueuse pièce, qui occupe tout le 4e étage et qui était éclairée, certains soirs, par 600 bougies.

Vue sur Hohenschwangau et le lac Alpsee © Florent Oumehdi

On regrette que le rythme soutenu de la visite (photos interdites) ne nous laisse pas plus de temps pour contempler le plafond et la richesse des représentations. Pas loin du café, la vue sur Hohenschwangau et le lac Alpsee est remarquable.

Plus d’infos sur Schloss Neuschwanstein Tickets (résa obligatoire) : https://shop.ticket-center-hohenschwangau.de

Le + de routard.com :

Voici plusieurs balades pour admirer Neuschwanstein de plus ou moins loin. La plus courte (moins de 5 minutes en sortant de Neuschwanstein) est celle qui mène au Marienbrücke (le pont de Marie, du prénom de la mère de Louis II), à plus de 90 mètres au-dessus de la gorge du Pöllat mais en contrebas du château.

On vous conseille de dépasser le pont et de vous enfoncer gentiment dans la réserve naturelle de Ammergebirge. Au bout de 20 minutes, vous arriverez à un premier point de vue déserté par les touristes. Encore 10 minutes et vous surplomberez Neuschwanstein. Superbe.

Certains poussent  jusqu’à Tegelberg (2 h 30), mais plus pour les vues sur la vallée de Füssen (possibilité de descente en téléphérique Tegelbergbahn avec panorama sur le château).

Linderhof, le favori du Roi

Linderhof, le favori du Roi
Schloss Linderhof © saiko3p - stock.adobe.com

Voilà un domaine qui vaut autant pour sa villa royale, louchant sur le Petit Trianon, que pour son jardin à la française, planté en pleine vallée du Graswangtal, à 15 km de Garmisch-Partenkirchen et 1 h de route de Neuschwanstein.

Schloss Linderhof (10 €, 5 € pour le parc seulement) est le seul de ses châteaux que Louis II, abandonnant ici ses projets de petit Versailles ou de palais byzantin, put voir achevé (travaux de 1869 à 1878). Il y habita environ deux semaines par mois durant les huit dernières années de sa vie. Érigé à l’emplacement d’une modeste ferme achetée par son père Maximilien II, Linderhof, et son style empruntant autant au baroque qu’au rococo, avait les faveurs du roi.

La visite, une nouvelle fois express (25 minutes, photos interdites), débute dans le vestibule où on est accueilli par une statue équestre de Louis XIV et par la devise des Bourbons, Nec Pluribus Impar (« à nul autre pareil »). Le Roi-Soleil, Louis XV, Marie-Antoinette (Linderhof lui est dédiée), Versailles et la monarchie absolue ont toujours fasciné le souverain bavarois. Nous voici donc dans le vif du sujet.

Linderhof - chambre à coucher © saiko3p - stock.adobe.com

La richesse de chaque salle (stuc, bois d’essences diverses, dorures, rideaux d’Aubusson, tableaux, etc.) tranche avec la relative petitesse de ce palais d’opérette. On traverse quatre charmants cabinets hauts en couleur (jaune, mauve, rose, bleu) et on s’extasie devant la salle d’audience, qui n’en avait que le nom puisque Louis II ne recevait jamais à Linderhof.

La chambre à coucher a de quoi vous décrocher la mâchoire par ses dimensions obèses (100 m² et 7 m de hauteur), son lit plus que king size (2,60 m de longueur et 2,40 m de largeur) et sa dominante bleue, couleur de la royauté, qu’affectionnait tant Louis II. Enfin le Salon des Glaces, qui semble s’étirer à l’infini grâce à un habile jeu de miroirs, étrenne de bien jolis éléments, comme ce lustre blanc en ivoire ou ces deux cheminées tapissées de lapis-lazuli.

Linderhof - pavillon mauresque © imagoDens - stock.adobe.com

Noctambule patenté à partir de 1875, Louis II aimait lire et écrire dans cette pièce quand il ne partait pas, à la nuit tombée, battre la campagne en traîneau ou en carrosse (exposé au musée des Carrosses du château de Nymphenburg à Munich).

Le parc, œuvre du paysagiste Carl von Effner, est serti de trésors : la hutte de chasse , la maison marocaine, le fastueux pavillon mauresque, que le roi acheta après l’Exposition universelle de Paris de 1867, et sutout la grotte de Vénus : une incroyable reproduction de la caverne wagnérienne de Tannhaüser, où des musiciens, planqués, rejouaient les airs du compositeur tandis que Louis II voguait sur un esquif en forme de coquillage !

L’été, les fontaines s’animent toutes les demi-heures entre 9 h et 18 h. L’hiver, en revanche, c’est plus tristounet.

Plus d’infos sur Schloss Linderhof. Les billets peuvent être achetés directement à l’entrée

Le + de routard.com :

Louis II, un poil phobique social, ne voulait surtout pas croiser ses domestiques. La table dans la salle à manger de Linderhof est dite « volante » (Tischlein-deck-dich). Elle était placée sur une plateforme qui permettait de la descendre à l’étage inférieur et de la remonter servie. Wunderbar ! Un système astucieux que l’on retrouve également à Herrenchiemsee.

Herrenchiemsee : une copie de Versailles en Bavière

Herrenchiemsee : une copie de Versailles en Bavière
Herrenchiemsee © Julia - stock.adobe.com

En 1874, Louis II visite Versailles et en revient tout tourneboulé. Le roi de 22 ans, francophile, ne jure que par Louis XIV et l’absolutisme. C’est décidé, lui aussi aura son Versailles. Mais surtout pas pour y retrouver sa cour, lui qui n’aime que sa solitude et la compagnie de la musique wagnérienne.

Après quelques projets avortés, la construction d’Herrenchiemsee (10 €) sur la Herreninsel (l’île des hommes, non loin de la Fraueninsel, l’île des femmes) de 230 hectares, débute en 1878. Elle est dirigée par Georg Dollmann, qui doit ressusciter le tout premier Versailles en l’honneur de Louis XIV. Une vraie gageure.

La visite d’Herrenchiemsee, plus courte (30 minutes pour visiter 20 pièces, photos interdites) que le périple pour le rejoindre, se mérite. Il faut d’abord gagner Prien am Chiemsee (à 2 h 30 en voiture de Schwangau et 1 h 30 de Munich), puis prendre un bateau (10 € l’aller-retour) qui vous dépose en 20 minutes sur l’île.

De là, comptez 20 autres minutes de marche pour le voir apparaître, ce simili-Versailles amputé de ses ailes, pastiche maladroit donc attachant, tantôt trop opulent, tantôt trop idolâtre (ah, toutes ses représentations du Roi-Soleil !).

Herrenchiemsee - Galerie des glaces © expérience.bayern - Peter von Felbert

À l’intérieur, chaque salle rivalise de clinquant, de fresques au plafond, de bronzes, d’effets bling-bling avant l’heure. Le ton est donné dès le départ avec cet escalier des ambassadeurs, disparu depuis 1752 à Versailles, chapeauté d’une verrière. Partout, le marbre (en fait un stuc de marbre qui offrait une plus large palette de couleurs) court sur les murs, les colonnes, au plafond.

La chambre de parade imite celle de Louis XIV en la délestant de ses fonctions cérémoniales mais en conservant la balustrade et la profusion ornementale. En fait, Louis II, guère porté sur le protocole et les affaires du Royaume, n’y dormit jamais

Enfin, que dire de la Galerie des glaces, ses 17 fenêtres, ses 35 lustres, ses 52 candélabres, qui dépasse les dimensions de son modèle (98 m vs. 73 m de longueur) ? Dans le film de Visconti, Sissi (Romy Schneider) éclate de rire à la vue de cette caricature bien trop chargée. Un miroir aux alouettes alors que le monarque sera bientôt destitué.

Ancien couvent des chanoines - salle impériale © Florent Oumehdi

C’est encore Carl von Effner (Linderhof) qui s’est attelé à la reproduction, en plus ramassée, des jardins de Versailles. Deux grands bassins surmontés pour l’un d’une statue de la Renommée, pour l’autre de la déesse de la Fortune qui ouvrent sur une copie du bassin de Latone et une réplique, à la sauce bavaroise, du Grand Canal.

Plus d'infos sur Schloss Herrenchiemsee

Le + de routard.com :

A l’ancien couvent des chanoines, ne manquez pas la salle impériale et le « salon du jardin », deux exemples du baroque profane allemand. Depuis 2001, le château ouvre sa célèbre Galerie des glaces au Herrenchiemsee Festspiele, qui y programme des concerts classiques sur deux semaines en juillet.

Hohenschwangau : le château de son père

Hohenschwangau : le château de son père
Hohenschwangau © scaliger - stock.adobe.com

Le crénelé et jaunâtre Schloss Hohenschwangau (23,50 €) n’est pas un palais bâti par Louis II. Son père, Maximilien II, l’achète en 1832 et le restaure pour en faire l’une de ses résidences de campagne. Cela dit, tout gamin, le futur roi fou y passe ses étés et il semblerait que les 90 peintures murales de ce château néogothique l’aient profondément marqué.

À ce petit jeu, on mettrait bien un florin bavarois sur la salle (à manger) du Chevalier du cygne, consacrée à Lohengrin avec, au plafond, l’aigle prussien et le lion de Bavière. Autre source d'inspiration probable pour le jeune roi : la salle des héros et des chevaliers, la plus grande du palais, foisonnant de fresques qui retracent les légendes germaniques, des Nibelungen à Perceval.

La chambre à coucher mauresque de Marie de Prusse, la mère de Louis II, dont un buste en bronze fige la beauté à 25 ans, n’est pas en reste avec ses tons bleus et dorés. Quant à celle du jeune Louis II,  son plafond étoilé et ses peintures féeriques semblent flouter les frontières entre réalité et imaginaire.

Enfin, dans le salon à musique, vous verrez un buste de Wagner, mais aussi le télescope qui permettait à Louis II de surveiller les travaux de Neuschwanstein en face. Dommage, une fois encore, que la visite se fasse au triple galop (35 minutes, photos interdites).

Plus d’infos sur Schloss Hohenschwangau

Le + de routard.com :

Envie d'en savoir davantage sur les rois bavarois, la dynastie des Wittelsbach dont est issu Louis II, ou encore l’abdication de son grand-père Louis Ier empêtré dans des histoires de coucherie avec la danseuse Lola Montès ? Rendez-vous au Museum der Bayerischen Könige, à proximité d'Hohenschwanau, une institution aussi chère (14 €) qu’informative.

Fiche pratique

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Bavière Tourisme

Office de tourisme Allemagne

Billetterie pour Hohenschwangau, Neuschwanstein et le Museum der Bayerischen Könige

Comment y aller ?

– En avion : vols directs avec Lufthansa, Air France, Air Dolomiti entre Munich et Paris. Avec Lufthansa entre Munich et Bordeaux, Bastia, Mulhouse, Lyon, Marseille, Nice et Toulouse. Trouvez votre billet d’avion pour Munich.

– En train : trajets entre Paris ou Strasbourg et Munich, directs ou avec un changement, en 5 h 30 environ. Liaisons TGV et ICE assurées par la SNCF et la Deutsche Bahn.

Évidemment, rejoindre les châteaux en voiture de Munich reste la meilleure option. Pour ceux qui ne seraient pas motorisés :

– pour rejoindre Neuschwanstein et Hohenschwangau : prendre le train de Munich à Füssen, puis le bus 73 ou 78 (arrêt Hohenschwangau Neuschwanstein, Sfagnum). www.dbregiobus-bayern.de

– pour rejoindre Linderhof : prendre le train jusqu’à Oberammergau, puis le bus (n° 9622) jusqu’à Linderhof.

– pour rejoindre Herrenchiemsee : prendre le train jusqu’à Prien am Chiemsee, puis la navette spéciale « Chiemsee train » (seulement en saison haute, vous pouvez aussi marcher 30 minutes) jusqu’au port. De là, un bateau vous déposera sur la Herreninsel (premier arrêt). Le château est encore à 15-20 minutes de marche. www.chiemsee-schifffahrt.de

Où manger ?

– Gasthaus zum Schwanen : Brotmarkt 4, Füssen. On aurait tendance à vous déconseiller les restaurants de Schwangau, pas forcément bons et très chers. C’est un peu mieux à Füssen, à moins de 3 km. La Gasthaus zum Schwanen (encore des cygnes) propose une solide carte traditionnelle qui devrait faire votre bonheur. On a pris le Schnitzel original (23 €), goûtu, et la joue de veau cuite au vin rouge (26 €), un peu trop grasse.

– Buchscharner Seewirt : Buchscharn 1, 82541 Münsing. Sur la rive orientale du lac Sternberg, au sud de l’endroit où Louis II a été retrouvé noyé avec son psychiatre en 1886, une halte gourmande bienvenue sur la route des châteaux. Le cadre est délicieusement bucolique (grosse présence du bois à l’intérieur), très Heidi, et la carte n’a pas peur d’annoncer la couleur, régionale et tradi. Goulash savoureux et épicé qui réchauffe le corridor, ragoût de cerf qui cale pour la journée (comptez 22 € par plat).

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Texte : Florent Oumehdi

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