Hambourg, côté port
À la confluence de l’Elbe, de l’Alster et de la Bille, Hambourg, à 150 km de la mer du Nord, a su braver les éléments et une topographie revêche pour devenir, au début du XXe siècle, le troisième plus grand (et plus riche) port du monde (après Londres et New York) et, aujourd’hui, le troisième port européen de conteneurs (après Anvers et Rotterdam).
Hambourg, l’ambitieuse, deuxième ville d’Allemagne (1,8 million d’habitants), ne compte pas en rester là puisqu’elle est lancée à pleine vapeur dans un projet de développement urbain monstre, HafenCity, qui ambitionne d’agrandir son hypercentre de 40 % à l’orée 2025. L’Elbphilharmonie, inaugurée en 2017, après 7 ans de retard et une note – pas de musique – décuplée (de 77 à 789 millions d’euros, on parle aussi de 865 millions), a donné le la (tardif) à ce nouvel élan.
Visite de Hambourg au fil de l'eau, de Speicherstadt à l’Internationales Maritimes Museum, en passant par une balade en bateau dans son port (64 km, près de 2 500 ponts et 60 bassins) ou l’Elbphilharmonie.
Préparez votre voyage avec nos partenairesHambourg, au nom du port
Plus grand port maritime d’Allemagne, troisième port commercial d’Europe, surnommé en Allemagne « la porte du monde »… Au petit jeu des superlatifs, le port de Hambourg, pourtant situé en fond d’estuaire et soumis aux marées, se retrouve très régulièrement en tête de gondole.
Des grues ici, des éoliennes là, des paquebots, des frégates, des porte-conteneurs, des yachts, c’est à y perdre la tête et les chiffres n’aident pas à reprendre ses esprits. En 2022 transitaient par ce port, qui occupe 1/10e de la ville, 120 millions de tonnes de marchandises et ce, malgré un ralentissement dû, notamment, à la guerre en Ukraine et aux sanctions contre la Russie.
Sinon, ce sont près de 150 000 emplois locaux qui dépendent du port, courtisé par les Chinois (l’entreprise Cosco en a acquis en octobre 2022 près de 25 %) et suppléé de 400 km de voies ferrées. Autrefois engraissée par les produits raffinés comme le sucre de Saint-Domingue, Hambourg s’est aujourd’hui fait une spécialité des conteneurs qui s’empilent sur de placides géants des mers. C’est coloré, massif et un poil intimidant.
Moderne, le port de Hambourg l’est assurément. Alors, les nostalgiques, ne vous privez pas d’un A/R (moins d’un kilomètre) dans le passé et dans l’Alter Elbtunnel (le vieux tunnel sous l’Elbe aussi appelé St. Pauli Elbtunnel), creusé en 1911 et qui relie Landungsbrücken à Steinwerder. C’est gratuit, Art déco et à 24 m sous l’Elbe, ce fleuve indissociable de Hambourg.
Découvrir le port de Hambourg : balades organisées en ferry
Si le port peut s’admirer à pied ou à vélo (par le service de vélos en libre-service StadtRAD par exemple), rien de mieux que la voie fluviale pour apprécier son étendue et sa complexité.
Contraintes par le trafic, les différentes compagnies (Rainer Abicht, Kapitän Prüsse, Barkassenbetrieb Bülow, Lukas Rundfahrten, Hamburger Rundfahrten… attention, la plupart des balades sont commentées en allemand) proposent à peu près les mêmes itinéraires d’une heure (30 € en moyenne) ou de deux heures (comptez 45 €), au départ de Landungsbrücken.
Certains parcours poussent le plaisir jusqu’aux cossues Övelgönne et Blankenese (45 €), qui a vu, un temps, s’établir pêcheurs et riches marchands. Aujourd’hui les nababs hambourgeois y coulent de paisibles retraites dans d’opulents pavillons.
L’une de ces routes câble deux terminaux à conteneurs, Tollerort et, plus à l’ouest, Waltershof. Les grues-vigies rouges et bleues et les cargos, parmi les plus gros du monde, lestés de conteneurs, offrent un panorama bizarroïde à la Waterworld.
Cet itinéraire longe également les quais d’Altona, d’où émerge l’anguleux complexe de bureaux, Dockland (possibilité de grimper sur le toit de ce bâtiment pensé par Hadi Teherani), traverse des écluses (Rugenberger ou Ellerholz) et Norderwerft, un chantier naval intégré au port depuis plus de 100 ans, qui rafistole les rafiots fatigués.
Évidemment, aucune de ces croisières ne fait l’impasse sur l’Elbphilharmonie. En revanche, toutes ne vont pas jusqu’à Speicherstadt. Les oiseaux de nuit opteront pour une promenade à la tombée du jour (1 h, environ 30 €) tandis que le port se découvre sous mille feux artificiels.
La Hamburg CARD (de 11,90 € à 48,90 € pour 5 jours) permet d’emprunter métros, RER, bus, trams et ferries. Pour ceux qui voudraient être maîtres de leur itinéraire (et de leur portefeuille), plusieurs navettes balisent la ville par les eaux. La 62, qui s’étire à l’ouest, a notre préférence mais il y en existe bien d’autres. Découvrez toutes les routes ici.
Speicherstadt, les entrepôts inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco
Depuis 2015, Speicherstadt et le quartier de Kontorhaus (Kontorhausviertel, soit le « quartier des maisons de comptoirs ») peuvent se rengorger de leur inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. Et ils ne l’ont pas volée.
Ils sont nombreux, les touristes, à venir à Hambourg pour découvrir Speicherstadt, la « ville des entrepôts », qui a investi, dès 1885 et sur 1,1 km, plusieurs îlots de l’Elbe. Voilà un complexe serré et compact de 17 bâtiments portuaires dont les entrailles (300 000 m² !) fourmillent de thé, de café et, plus récemment, de tapis orientaux.
Une ville dans la ville, posée sur des pilotis en chêne, qui tranche par ses pignons graphiques, ses ponts d’acier et, surtout, par ses briques rouges dans un style néogothique. La vue la plus prisée est celle du Poggenmühlenbrücke, fonçant sur le photogénique Wasserschloss. Attroupement garanti, surtout au crépuscule.
À quelques encablures de là, le quartier de Kontorhaus, sorti de terre (ou de mer), un peu plus tard, dans les années 1920, enfile six gros complexes de bureaux dont les incontournables Chilehaus (la maison du Chili qui fait « le dos rond » et les gros yeux avec ses 2 800 fenêtres) et Sprinkenhof, sévère en diable. Ici aussi, la brique est reine, mais dans une version plus sombre et expressionniste.
Dans un entrepôt de 1888, le Speicherstadtmuseum (5 €) se concentre sur les techniques traditionnelles de stockage et de raffinement des produits phares de Hambourg : café, cacao, thé, caoutchouc. L’institution consacre aussi une partie de son espace à la construction de Speicherstadt en lieu et place d’un ancien quartier de la vieille ville, obligeant au relogement d’une partie de la population hambourgeoise.
Internationales Maritimes Museum, l’histoire maritime sous toutes ses coutures
Il y a de quoi être submergé à l’Internationales Maritimes Museum (17 €) tant l’offre y est foisonnante. Se vautrant dans le Kaispeicher B, un superbe entrepôt de 10 étages en briques (évidemment), le plus ancien des dépôts du port de Hambourg (plus vieux encore que Speicherstadt), la scénographie, d’une richesse infinie, s’exhibe sur neuf niveaux. Et elle ne fait jamais l’économie des moyens multimédias.
On peine à croire que l’on doive cette collection prodigieuse, la plus grande collection maritime privée, à un seul homme, le journaliste Peter Tamm (1928-2016). Un océan d’objets racontant 3 000 ans d’histoire maritime allant de la navigation à la construction, des guerres au tourisme de masse, en passant par l’exploration sous-marine, la piraterie et les bateaux à voile.
D’autres musées s’attellent à éclairer le passé de la ville et du port sous des angles différents. Le musée de l'émigration BallinStadt (ou Auswanderermuseum, 13,90 €) revient sur « la ville d’émigrants » construite entre 1901 et 1907 sur l’île de Veddel par Albert Ballin, directeur de la compagnie HAPAG, quand Hambourg, troisième port du monde, était le lieu de passage incontournable des émigrants. Jusqu’à 5 000 personnes pouvaient attendre, ici, dans une trentaine de baraquements (dont une église et une synagogue, mais seules trois Haus ont été reconstruites à l’identique), leur départ pour le Nouveau Monde. Là encore, on croule sous les ressources interactives, les objets, les documents, les maquettes, les cartes. Pas étonnant quand on sait que près de 5 millions de personnes y ont transité entre 1850 et 1939.
HafenCity et Elbphilharmonie, le port new look
On le tient notre champion. Pensé dès 1997, HafenCity est le plus grand chantier d’aménagement urbain en Europe et il donne à la ville, déjà marquée par sa frénésie portuaire, son visage balafré par les grues, les échafaudages et les bâtiments éventrés.
Cet « über-projet » s’attaque à la réhabilitation de 157 hectares de friches (des entrepôts, des docks, etc.), sur la partie nord de l’Elbe, dans un esprit écoresponsable et en gardant en tête ses objectifs : agrandir de 40 % le centre-ville, loger 12 000 habitants et accueillir 40 000 emplois d’ici 2025. Demain quoi.
Preuve de son allégresse et de son attractivité (n’oublions pas que la carrière des Beatles a débuté ici), la ville est un terrain de jeu prisé des « starchitectes » de tout poil. Zaha Hadid est à l’origine de l’Elbpromenade (hors HafenCity), une digue de 140 millions d’euros, rehaussée, car chargée de contenir la montée des eaux. Depuis son ouverture en 2019, c’est une promenade appréciée des Hambourgeois.
Rem Koolhaas a conçu le musée des Sciences au port de Magdeburger, à côté de l’Internationales Maritimes Museum. Il y a aussi la Marco Polo Tower, un immeuble d’habitation, haut (56 m) et haut de gamme, conçu par l’agence Behnisch Architekten, également aux commandes de l’attenant siège d’Unilever.
Mais la patronne de HafenCity reste l’Elbphilharmonie. Un chantier colossal qui fut problématique et clivant en son temps. On ne reviendra pas sur les chiffres déjà énoncés alors que, sept ans après son inauguration, les colères semblent s’être apaisées.
Les Suisses Herzog et de Meuron furent à la baguette de ce mastodonte, à la fois salle de concert (il y en a même deux, avec une acoustique aux petits oignons), hôtel fastueux de 244 chambres, The Westin, et appartements très luxueux à plus de 40 000 € le mètre carré.
Véritable nid de pie plongeant sur le port à 360°, la terrasse dite la Plaza est accessible gratuitement sur réservation ou au guichet du rez-de-chaussée (mais il peut y avoir un peu d’attente).
Sachez qu’à Hambourg, « Elphi », de son gentil sobriquet, est partout. Sur les cartes postales, les magnets, les photos des touristes qui en apprécient les courbes, les reflets, sa couronne de vaguelettes posée sur un ancien entrepôt de fèves de cacao. Mélange des genres et nouveau phare au milieu de la ville.
À côté de ces têtes d’affiche, les bâtiments remarquables ne manquent pas à HafenCity : le siège allemand de Greenpeace, la toute nouvelle université HafenCity (HCU) ou la Campus Tower avec le populaire Puzzle Bar du chef Kevin Fehling à son sommet. On pense également au siège « miroir » du Spiegel à Ericusspitze, sorte d’urne électorale inversée et transparente et, non loin, au tout aussi cristallin Deichtor Center qui abrite les studios de la ZDF (la deuxième chaîne de télévision généraliste allemande). D’ailleurs, beaucoup de médias sont nés à Hambourg et y ont toujours leur siège, comme Stern, Bild, die Zeit…
Pour ceux qui voudraient en savoir davantage sur HafenCity, plusieurs visites gratuites sont organisées.
Fiche pratique
Retrouvez tous les bons plans, adresses et infos pratiques dans le guide du Routard Allemagne en librairie.
Pour préparer votre voyage, consultez notre guide en ligne Allemagne
Office du tourisme d’Allemagne
Office du tourisme de Hambourg
Comment y aller ?
Vols quotidiens directs Paris CDG – Hambourg avec Air France, Eurowings. Vols également avec escale de Toulouse, Marseille, Lyon.
Bonnes adresses
– Jugendherberge « Auf dem Stintfang » : Alfred-Wegener-Weg 5. Une grande AJ moderne et agréable de 88 chambres, bien desservie et située en surplomb du port, au sud de Sankt Pauli. Carte AJ exigée. Nuitée en dortoir 25-32 € et doubles 77-87 €, draps et petit déj inclus ; supplément pour les plus de 27 ans
– 25hours Hotel HafenCity : Überseeallee 5. Ambiance marine dans cet hôtel, un ancien antre de construction du port, qui voisine avec le futur quartier Westfield Hamburg-Überseequartier, l’un des projets centraux de HafenCity. La déco léchée s’amuse à transformer les chambres en cabines de bateau. Les espaces communs fourmillent de clins d’œil à l’univers maritime et au voyage. Chambre double environ 170 €.
– The Cloud One Hamburg-Kontorhaus : Willy-Brandt-Straße 20. Voilà un hôtel moderne (ouvert fin 2023), central et abordable en plein centre de Hambourg, à 400 m de la rue commerçante, Mönckebergstraße. Comme pour les autres établissements du groupe allemand Motel One, les chambres standards sont bien équipées et plutôt spacieuses (16 m²), le bar au rez-de-chaussée agréable. Un point de chute pratique pour visiter la ville. Chambre standard pour deux, 150 € en moyenne.
– Brücke 10 : St. Pauli Landungsbrücken. La mer, ça creuse. Après une balade en bateau dans le port, pourquoi ne pas prolonger le plaisir maritime tout au bout de la jetée. L’occasion rêvée de goûter aux fameux fishbrötchen, deux tranches de pain qui débordent de produits de la mer, au choix, du hareng frit, du crabe (le plus photogénique), du rollmops, du maquereau, du saumon… Et on en oublie. Environ 13 €.
– Brook : Bei den Mühren 91. Depuis 2002, ce restaurant a pris ses quartiers en face de Speicherstadt. L’été, lorsque la terrasse est de sortie, la vue est sympa. Tout comme les plats proposés, et ça toute l’année. Une cuisine raffinée et accessible, qui s’attaque aux classiques (le Wiener Spitzel parfaitement pané, par exemple ; 28,50 €) et ose parfois l’exotisme (en entrée, un poulpe agrémenté de patates douces, chorizo et asperges vertes ; 16,80 €).
– Le Fischmarkt d’Altona et de Sankt-Pauli : une autre institution hambourgeoise pour qui aime se lever tôt ou se coucher tard. Le dimanche (entre 5 h et 9 h 30 d’avril à octobre et de 7 h à 9 h 30 de novembre à mars), c’est jour de marché aux poissons à Altona, à l’ouest de la ville. Des siècles que ça dure (depuis 1703). Et à voir le monde, cette tradition a encore de beaux jours devant elle. Sandwichs de poissons, pêche du jour, fleurs, fruits, légumes, souvenirs. Il y en a pour tous les goûts.
Trouvez votre hôtel à Hambourg
Texte : Florent Oumehdi
Mise en ligne :