Allemagne : Stuttgart, 5 raisons d’y aller

Stuttgart, une ville (presque) à la campagne

Sa réputation industrielle est trompeuse. Deux fois plus étendue que Paris, Stuttgart est une ville très aérée et très verte. Cela ne saute pas aux yeux à l’arrivée à la gare centrale, où se déroule un chantier titanesque : la gare sera transférée en sous-sol et un écoquartier va pousser. Mais, à 400 m de là, les vignes escaladent des collines très pentues.

Stuttgart s’étend à cheval sur les vallées creusées par le Neckar et deux de ses affluents. Jadis couvertes de vignes, les collines qui l’entourent sont en partie boisées et urbanisées. De leur passé strictement viticole persistent plus de 600 escaliers (Stäffele) où il fait bon se promener, seul ou lors de visites guidées (voir l’office de tourisme).

Stuttgart abrite également de nombreux parcs. Aux beaux jours, les pelouses de la place du Château (Schlossplatz), autour des deux fontaines, du pavillon de musique et de la colonne du jubilé de Guillaume Ier, roi du Wurtemberg, sont prises d’assaut...

Elles sont le point de départ du Schlossgarten, coulée verte de 3,5 km, qui court rencontrer le Neckar dans le faubourg de Bad Cannstatt où jaillissent des sources thermales.

Avec ses grands arbres, ses lacs, ses vastes étendues d’herbes, cette coulée verte est idéale pour se reposer, s’amuser avec les enfants (jeux sur place), faire du jogging, du vélo et bien sûr, s’offrir une pause déjeuner (nourriture et boisson vendues sur place).

Stuttgart, pays de l’automobile

Stuttgart mérite bien sa réputation de berceau de l’automobile mondiale : le visionnaire Karl Benz y a inventé, en 1886, la première auto au monde. Aujourd’hui, Mercedes et Porsche y ont toujours leurs sièges, tout comme Bosch (équipements électriques, etc.).

Très industrialisée dès le XIX^e siècle, Stuttgart concentre désormais le plus grand nombre d’instituts de recherche, de scientifiques, d’universitaires et de brevets de toute l’Allemagne. En sus, elle abrite la seconde bourse du pays (derrière Francfort).

Dans les années 2000, elle a fait de son industrie une attraction touristique majeure grâce aux musées créés par ses constructeurs automobiles.

Pour retracer toute l’histoire de l’automobile, le musée Mercedes-Benz a déployé des moyens considérables sur neuf étages et 16 500 m². La participation à la folie nazie est évoquée, mais ce musée est d’abord un temple pour fans de technique et de créativité : plus de 160 modèles de voitures de loisirs et de course, camions, ambulances, camions de pompiers, chasse-neige sont exposés.

Un temple pour fans de technique et de créativité : plus de 160 modèles de voitures de loisirs et de course, camions, ambulances, véhicules de pompiers, chasse-neige sont exposés.

Le néophyte, lui, est parfois un peu perdu, même s’il ne boude pas son plaisir devant l’invention révolutionnaire de Benz ou devant la Mercedes grand luxe Classe S W116. Impossible de ne pas être sensible à cette saga industrielle indissociable du XX^e siècle.

Le patrimoine architectural éclectique de Stuttgart

Stuttgart doit, pour partie, son charme à son éclectisme architectural. Dévasté par les bombardements alliés de 1944, son centre historique a été reconstruit à l’identique. D’où la toujours belle identité visuelle de l’immense place du Château (Schlossplatz).

Ses pièces maîtresses ? Le somptueux château en forme de U, résidence des ducs puis des rois du Wurtemberg dès la seconde moitié du XVIII^e siècle (il ne se visite pas). Et l’immense colonnade classique du Königsbau érigé vers 1860.

Non loin, la place Friedrich Schiller, où trône la statue du célèbre historien et philosophe, se distingue ainsi que le « vieux château » Renaissance (il abrite le musée régional du Bade-Würtenberg) et de beaux bâtiments gothiques. Parmi les agréables rues piétonnes à proximité, les charmantes Tübinger Strasse et Marienplatz regorgent de passages, restos et bistrots sympas.

Si Stuttgart n’est pas réputée être un « spot » de l’architecture contemporaine, elle n’en compte pas moins des quartiers hypermodernes et de belles réalisations. Parmi celles-ci, l’élégante double hélice du paquebot de verre et d’aluminium du musée Mercedes-Benz, l’impressionnant vaisseau spatial blanc du musée Porsche, ou, au bout de la Schlossplatz, le spectaculaire cube de verre du musée des Beaux-Arts.

À n’en pas douter, la modernité est dans l’ADN local. Dès 1927, la colline Höhenpark Killesberg a vu naître la cité du Weissenhof, dans le cadre d’un programme de logements abordables de la ville de Stuttgart.

Cet ensemble d’habitations fonctionnelles et à toit plat fut l’œuvre de 17 architectes proches du Bauhaus, parmi lesquels Walter Gropius, Mies van der Rohe et Le Corbusier.

Présentées au public lors d’une exposition d’architecture, ces maisons furent ensuite, comme prévu, louées par la ville. Rénovées, les maisons jumelles conçues par Le Corbusier et son cousin Pierre Jeanneret, sont inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2016.

À l’intérieur, le musée Weissenhof introduit efficacement aux approches de l’avant-garde architecturale des années 1920.

Stuttgart, ville de fête et de culture

La place du Château est l’épicentre de festivités très populaires : marchés de Noël, Festival d’été, Festival international de Jazz, enfin grande Fête du Vin (28 août-2 septembre en 2024). C’est en revanche dans le quartier de Bad Cannstatt que se tiennent la Fête de Printemps, et, fin septembre, la Fête de la Bière, l’une des plus grandes d’Allemagne (1,4 million de visiteurs).

Ville de culture et d’art, Stuttgart a un opéra, un ballet, un théâtre et des musées réputés. Ne pas manquer la Galerie d’État (Staatsgalerie) reconstruite à l’identique après la Seconde Guerre mondiale. Ses collections dont les ducs de Wurtemberg ont jeté les bases au XVII^e siècle, comptent plus de 5 000 œuvres allemandes, italiennes, hollandaises, françaises. La Neue Staatsgalerie expose les artistes du XX^e siècle.

Stuttgart, ville viticole

Depuis 2 000 ans, Stuttgart et la vigne sont inséparables. Si les deux tiers du vignoble ont été détruits, à la fin XIX^e siècle, par le phylloxéra, il reste 500 ha, quatre grandes coopératives (80 % de la production), des domaines privés de très haut niveau (Aldinger, Hans-Peter Wöhrwag, etc.).

Les blancs, fruités et frais, sont excellents. Ce sont cependant les rouges qui dominent à Stuttgart, contrairement au reste de l’Allemagne.

Pour découvrir ce vignoble, le Wein Tour en bus est un bon plan : la StuttCard, vendue à l’office du tourisme, y donne accès. À l’intérieur du bus, explications en anglais et allemand via un audio-guide.

Départ à 10 h du musée Mercedes-Benz, puis haltes dans plusieurs villages. Par exemple à Uhlbach au musée de la viticulture. Panneaux explicatifs, pressoirs, foudres, tonneaux, barriques et outils initient agréablement au monde du vin de la vallée du Neckar.

Ne pas louper non plus l’arrêt du quartier Rotenberg d’Untertürkheim. Un chemin conduit tout en haut de la colline Wurtemberg jusqu’au mausolée néo-classique dédié par le roi Guillaume I^er à son épouse bien-aimée, Catherine Pavlovna.

Ce site romantique, prisé des amoureux, offre une vue splendide sur Stuttgart. On peut se restaurer à proximité, puis randonner au milieu des vignes. Le Wein Tour Bus qui passe à 16 h et à 17 h ramène dans le centre-ville.