Sète, sous le soleil de la Méditerranée
Sète… à vous de choisir comment aborder cette cité maritime de (fort) caractère située dans le département de l’Hérault. Sète est sortie du sable, il y a 350 ans, pour protéger les navires du Roi Soleil et relier le canal du Midi à la Méditerranée. Le plus dur n’est pas d’y accéder par voie de terre ou par la mer, mais d’y circuler, aux beaux jours. Sète à vivre, à goûter, à voir surtout, car l’art est ici chez lui dans les rues, autour du port et même dans les musées qui, comme les cimetières, ici, ne sont jamais tristes. Sète, à vous d’y aller !
Préparez votre voyage avec nos partenairesQuelles sont les bonnes raisons de visiter Sète ?
De Paul Valéry à Agnès Varda, de Jean Vilar à Georges Brassens, d’Hervé Di Rosa à Robert Combas, ils sont nombreux à avoir pris Sète pour modèle, à l’avoir chantée, peinte, filmée. Nombreux aussi à puiser dans sa lumière, ses odeurs, ses saveurs, la gouaille de ses habitants, l’énergie créatrice nécessaire. Chacun persuadé d’avoir trouvé ici « SA » muse.
De beaux musées, dont le MIAM pour les amateurs d’art modeste, des balades artistiques 100 % street art, comme avec le MaCO (Musée à Ciel Ouvert) où des artistes s'expriment sur les murs de la ville, deux théâtres, une douzaine de festivals et des concerts à la pelle, des expos à foison, Sète c'est une ville culturelle où il se passe toujours quelque chose, en toute saison.
Photogénique Sète ? N’en doutez pas. Il n’y a qu’à regarder sa filmographie. Et cela ne date pas d’hier : déjà, en 1937, Julien Duvivier y tournait Pépé le Moko, avec Gabin ! Agnès Varda y tourna son premier film, précurseur de la Nouvelle Vague, durant l’été 1954 : La Pointe courte, hommage à ce village de pêcheurs retranché, petit Sète à l’abri de Sète, qui tourne le dos à la Méditerranée et résiste au tourisme de masse. Parmi d'autres films qui ont utilisé les traits de la ville on peut citer Le Feu aux poudres d'Henri Decoin (1957) avec le célèbre acteur Lino Ventura, Bus Palladium de Christopher Thompson (2010), Coup d'éclat de José Alcala (2011), Robin d'Alice Douard (2017) ou Tout nous sépare de Thierry Klifa (2017).
Né à Sète, un mouvement, à la fois populaire, juvénile et pictural, a bouleversé au début des années 1980 le monde de l’art : la nouvelle « école de Sète », avec Robert Combas, bien sûr, et les frères Di Rosa, peintres et sculpteurs partout reconnus, parlant haut et fort et faisant monter la tension et les prix sur le marché.
Sète à visiter… avec Candice Renoir
C’est Candice Renoir, une série policière tournée à Sète et dans la région depuis 2010, qui a le mieux montré l’envers (et l’endroit, bien sûr) du décor sétois.
Suivons-la pour visiter la ville : le Grand Hôtel, le Théâtre de la Mer, la promenade Leclerc et sa crique, le théâtre Molière, le quai Vauban et le commissariat, le bar du Vieux-Port, Villeroy et ses villas, le phare au bout du môle Saint-Louis, le seul autre roi (après Louis XIV) à être célébré ici, le temps de joutes mémorables sur les canaux, fin août. Une tradition qui remonte effectivement à l’époque des croisades, quand soldats et matelots se combattaient sur l’eau pour tromper leur ennui avant de partir au loin.
La série s’est déplacée au fil du temps à Balaruc, pour montrer Sète depuis la maison de Candice. L’équipe s’est installée près du Lido, à deux pas de la paillotte « Les Salines » où Candice vient se taper un petit cocktail entre deux interrogatoires. De là part cette bande sableuse de 12 km de long et de 2 km de large (au mieux) qui sépare l’étang de Thau de la mer.
Grimpez sinon aux Pierres Blanches et demandez qu'on vous indique l'Endroit, à l'entrée du site du mont saint Clair, caché à l'abri des regards sous les pins. Parmi le grand choix de brochettes à Sète, c'est certainement là que l'on mange les meilleures.
Quelles sont les spécialités à déguster à Sète ?
Sur l’un des flancs du mont Saint-Clair, qui domine la ville du haut de ses 182 m, le musée Paul-Valéry rend hommage à ce grand poète Sétois, mais aussi à d’autres artistes, avec sa belle collection de peintures. L’endroit est sublime, surtout la vue sur la Méditerranée et le cimetière marin. Un lieu célébré par Paul Valéry – « Midi le juste y compose de feux /La mer, la mer, toujours recommencée ! » – dans le poème qui porte son nom.
Sur le boulevard extérieur, on vient écouter le grand Georges, dont la voix nous sert de passerelle entre le monde d’hier et d’aujourd’hui, à l’Espace Georges Brassens, avant d’aller le saluer au cimetière voisin. Le musée de la Mer raconte le port, les joutes, la vie des marins d’autrefois.
Mais pour la goûter vraiment, cette vie-là, il faut monter dans le Quartier Haut : le café Le Social accueille le siège de la Jeune Lance sétoise, une des grandes sociétés de joutes locales. Une ambiance de quartier sympathique et populaire pour partager des brochettes, le soir. Ou, bien sûr, faire un tour aux Halles.
Ici, au marché, on ne frime pas, on vit. Entre deux courses, on s’achète une tielle, celle-là même que les mammas italiennes confectionnaient autrefois avec la part du matelot (personne ne voulait manger du poulpe) et un fond de pâte à pain qu’elles tapissaient avec la sauce tomate préparée à leur façon.
Posez-vous au comptoir des « Halles et Manger », consultez la carte du jour, ce serait surprenant qu’il n’y ait pas de sardines à l’escabèche, de seiche « à la sétoise », des encornets farcis ou d’autres plats du pauvre (marin) d’autrefois.
Et, puis, faites un tour des restos pour déguster ces merveilles sétoises : les poissons à l’eau-sel, un genre de bouillabaisse « blanche » avec des pommes de terre cuites dans un court-bouillon très relevé, ou la traditionnelle macaronade aux brageoles, des macaronis énormes farcis avec des alouettes sans tête, des saucisses et de l’échine de porc, servis avec une vraie bonne sauce tomate et du parmesan !
Pour rester dans la modestie, ne manquez pas le MIAM, le musée international des Arts modestes, sur les quais. Un vrai régal, où l’on croise les Shadocks ou d’autres témoins du même genre de l’inventivité des hommes, qui témoignent de cet art de la survie (car, de temps à autres, l’expo du moment vire au noir absolu). Au 2e étage, les vitrines de Belluc sont remplies d’un bric-à-brac délirant constitué d’objets des années 1950-1960, aussi hétéroclites qu’inutiles. Un musée bien vivant, pour les vivants, qui met en appétit !
Fiche pratique
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Comment se rendre à Sète ?
- En train : Sète est desservie par le TGV et le TER. 3 h 40 de Paris, 2 h de Marseille et Toulouse.
- En voiture : A9 ou A75, sortie au péage de Sète/Balaruc-les-Bains. 2 h de Toulouse et Marseille (par l’A9) ; 2 h 30 de Barcelone, Lyon, Grenoble et Nice (par l’A9) ; 3 h 30 de Clermont-Ferrand (par l’A75 et le viaduc de Millau).
Où dormir lors d'un séjour à Sète ?
- Le Grand Hôtel : 17, quai Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny. Ce Grand Hôtel bâti dans les années 1880 n’a rien perdu de son charme, ni le patio de son éclat.
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Où manger et prendre un verre à Sète ?
- Les Halles de Sète : rue Gambetta. Ouv 7j/7.
- Paris Méditerranée : 47, rue Pierre-Sémard. Néobistrot branché, cuisine éminemment méditerranéenne.
- Café Social : 35, rue Villaret-Joyeuse. En haut de la place de l’Hospitalet. Resto des copains, coloré, pour amateurs de vie locale et de brochettes.
- The Marcel : 5, rue Lazare-Carnot. Cuisine de la mer et culture pour tous.
- L'Épicerie : 9, rue Gambetta. Restaurant-boutique où on se sent bien et qui sent bon la vie et la cuisine du pays.
- Le Bar du Vieux Port : 12 quai Maximin-Licciardi, face à la criée, sur le port de pêche. Ambiance copains d’abord.
- La Coquerie : chemin du cimetière marin. La meilleure table avec vue, la plus chère aussi. Cuisine de femme de caractère. Menu unique.
- Les paillottes du Lido : d’avril à septembre, le long des 12 km du littoral sétois.
À ne pas manquer
- Espace Georges-Brassens : 67, bd Camille-Blanc (face au cimetière Le Py). Un rendez-vous intime avec Georges Brassens.
- MIAM (musée international des Arts modestes) : 23, quai de-Lattre-de-Tassigny. Les expositions temporaires ici sont toujours surprenantes, voire décoiffantes.
- Musée Paul-Valéry : rue François-Desnoyer. Derrière le cimetière marin, à traverser. Fonds Valéry bien sûr. Peintres petits et grands (formats), des Orientalistes à Di Rosa. Très bon resto sur place.
- La pointe Courte : dans le prolongement de l’ex-canal Royal, petit port très pittoresque, quadrillé de ruelles et de maisonnettes, et où sèchent les filets et mouillent les barques attendant de partir sur l’étang de Thau. Un village quasi autarcique, volontiers méfiant vis-à-vis des étrangers, qui se réfugient au bar du Passage.
- Les Biscuits Pouget : 47, quai du Bosc. Adresse 100 % sétoise, pour amateurs de navettes et autres madeleines de l’enfance.
- Sète Croisières : quai du Général-Durand, près du pont de la Savonnerie. Balades sur les canaux, sorties en mer et sur l’étang.
- Festivals d’été au Théâtre de la Mer : programmation ininterrompue de mi-juin à fin août.
- Grand pardon de la Saint-Pierre : début juillet. Sortie en mer du saint patron des pêcheurs. Procession dans toute la ville.
-Tournois de joutes : pour les fêtes de la Saint-Louis (patron du port de Sète), autour du 20 août (mais aussi pendant tout l’été, plus touristiques) sur le Grand Canal. Authentique.
Texte : Gérard Bouchu