Fribourg et Baden-Baden : la Forêt-Noire, entre villes et nature
Pendant des Vosges outre-Rhin, la Forêt Noire, massif montagneux du sud de l’Allemagne, est reconnue réserve de biosphère par l'Unesco depuis juin 2017. Mais les quelque 63 000 ha du Schwarzwald (son appellation germanique), certes couverts à 70% de forêt, présentent des paysages plus variés que son nom laisse supposer : vignes, pâturages, sommets peu élevés, douces collines, vallées encaissées, lacs et communes valant le détour. En particulier Fribourg-en-Brisgau, au sud, et Baden-Baden, au nord. Deux cités aux styles très différents, mais pleines de charme.
Préparez votre voyage avec nos partenairesFribourg, la belle méridionale
Freiburg im Breisgau est la ville la plus méridionale d’Allemagne, mais aussi l’une des plus ensoleillées. Une cité radieuse et verte, pas seulement parce qu’elle est à la lisière de la Forêt-Noire : son maire fut le premier écologiste à la tête d’une commune de cette importance. Le centre est entièrement piéton et, juste au sud, l’éco-quartier Vauban est un modèle de développement urbain durable.
Si la verdure est très présente, l’eau n’est pas en reste. Car, depuis le Moyen Age, les bächle, petits ruisseaux artificiels alimentés par la rivière Dreisam, coulent le long des trottoirs, formant un réseau de 9 km. L’été, les badauds de tous âges aiment s’y tremper les pieds. Dans les quartiers des tanneurs et des pêcheurs, entre les portes de Souabe (Schwabentor) et Saint-Martin (Martinstor), seuls vestiges de l’ancienne muraille, c’est un canal plus large qui passe entre les quais pavés agrémentés de terrasses des cafés, bars ou restaurants. Et au milieu… c’est bien une tête de crocodile (en pierre !) qui affleure à la surface.
Au fil de la promenade, Fribourg dévoile un charme immuable, malgré une destruction à 80% pendant la Seconde Guerre mondiale. Les bombes ont cependant épargné la cathédrale, ou Münster, l’une des plus belles du pays. Sa construction a débuté vers 1200 et s’est achevée plus de 300 ans après. Son style gothique flamboyant impressionne, sa couleur rose, celle du grès de la Forêt-Noire, étonne, et sa taille en impose : 133 marches mènent au sommet du clocher de 116 mètres, ajouré comme une dentelle de pierre.
Dès l’entrée, le porche fascine par ses 400 statues bibliques entourant les superbes portes en bois ouvragé, du XVIIe siècle. À l’intérieur, les vitraux du Moyen Age portent les blasons des confréries ayant participé à leur financement : bretzel des boulangers, ciseaux des tailleurs, botte des cordonniers, etc. Grâce aux quatre orgues, des concerts sont organisés régulièrement.
La place autour de l’édifice religieux séduit par son marché, tous les matins sauf dimanche et jours fériés, et par les demeures de différentes époques : la plus belle est celle des marchands, ou Kaufhaus, intacte depuis 1532, avec tuiles colorées, arcades et petites tours d’angle. L’ancien corps de garde à la façade jaune, appelé Alte Wache est devenu la maison du vin de Bade. Tout près, une demeure baroque de 1761 héberge le musée d’Histoire de la ville, intéressant, notamment, pour ses maquettes de la cité et des remparts en 1600 ou des fortifications de 1700, en forme d'étoile.
Derrière la place de la cathédrale, s’étire nonchalamment Konviktstrasse, adorable rue pavée au tracé médiéval, surmontée d’une glycine, bordée d’une fontaine, de bächle, galeries d’art, antiquaires, jolies boutiques de déco ou de mode et de bâtisses colorées : on dirait le Sud !
Autour de Fribourg : vignes et cimes
Les inconditionnels de la région la surnomment la Toscane allemande. Certes, c’est une terre de viticulture, avec le Kaiserstuhl et le Tuniberg, ou encore, plus au nord, Gengenbach, un bourg charmant dont les vignes donnent de très bons crus.
Mais les alentours de Fribourg présentent surtout un aspect montagnard. Le sommet le plus proche se nomme Schauinsland (1 284 m d’altitude), que l’on atteint en marchant ou en prenant le téléphérique et où l’on pratique randonnée et ski de fond. Le point culminant de la Forêt-Noire, le Feldberg (1493 m) se trouve à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Fribourg. Il offre un panorama captivant sur les Alpes, les Vosges et les proches environs, parsemés de lacs, comme Titisee, apprécié pour la navigation, ou Schluchsee, le plus grand plan d’eau de la Forêt-Noire.
À la beauté naturelle s’ajoute la richesse des traditions locales. A commencer par les horloges à coucou dont la Forêt-Noire est le berceau… On peut en admirer une vaste collection au musée allemand de l’Horlogerie, à Furtwangen, 40 km à l’est de Fribourg. Il compte quelque 8 000 pièces venues du monde entier, des cadrans solaires aux montres rares, en passant par les pendules.
Plus au nord, le très touristique village de Triberg possède un musée de la Forêt-Noire ou (Schwarzwaldmuseum) exposant, lui aussi, de magnifiques horloges, mais également des automates, orgues de Barbarie et costumes anciens.
Pour rester dans le folklore, il faut visiter l’écomusée en plein air de Vogtsbauernhof. Des bâtisses traditionnelles ont été reconstituées et des artisans font des démonstrations des savoir-faire ancestraux dans les moulins, fours, forges et fermes, dont l’une date de 1570.
En poursuivant encore vers le nord, en direction de Baden-Baden, la route des crêtes (B500) est ponctuée de paysages splendides : landes, ruines, cascades et lacs se dévoilent au fil des kilomètres.
Baden-Baden, un bain de culture
Baden-Baden est la ville allemande où vit le plus de millionnaires rapporté au nombre d'habitants… L’engouement de la haute société pour cette petite cité remonte au XIXe siècle, elle était alors considérée comme la capitale d’été de l’Europe. Les artistes romantiques et de célèbres auteurs comme Victor Hugo, Gérard de Nerval ou Alfred de Musset, y venaient en villégiature, puisant leur inspiration devant les paysages de cascades, rochers et végétation resplendissante. La Reine Victoria, Napoléon III et Brahms ont aussi fréquenté la station thermale.
Dans la Trinkhalle, on venait boire l’eau minérale, mais aussi parader le long d’une colonnade de 90 mètres. Une Russe, qui descendait à l’hôtel en face de cette buvette chic, achevée en 1842, changeait de tenue neuf fois par jour pour se pavaner devant les grands de ce monde. Ou au casino voisin, toujours en activité, le plus beau du monde selon Marlene Dietrich.
Cure thermale
A l’origine, ce sont les Romains qui ont construit les premiers thermes, il y a environ 2 000 ans. On compte aujourd’hui douze sources, jaillissant à 68°C, réputées pour leurs bienfaits contre les douleurs articulaires, les problèmes cardio-vasculaires et respiratoires. L’empereur Marc-Aurèle y avait soigné ses rhumatismes.
Les vestiges de ces infrastructures (Römische Badruinen) sont attenants au Friedrichsbad, l’un des deux établissements thermaux de Baden-Baden, inauguré en 1877. Tous les jours de 9h à 22h, hommes et femmes suivent, dans le plus simple appareil, des soins traditionnels lors d’un parcours en 17 étapes, avec massages, bains vapeur, bouillonnants ou froids, gym aquatique, salle de repos, etc.
Autre possibilité, les thermes de Caracalla, datant de 1985, mixtes mais avec maillot, où l’on peut réserver des soins. Ou bien se « contenter » de profiter des grandes piscines (intérieures et extérieures), jets d’eau, bains à remous, saunas, hammam, grotte d’eau froide (18°C), salle d’inhalation d’eau saline, etc.
Cure d’art
De station thermale, Baden-Baden s’est diversifiée en ville de culture. L’ancienne gare, de la fin du XIXe siècle, est devenue un opéra de 2 500 places, le deuxième plus grand d’Europe après l’opéra Bastille. Sa programmation est prestigieuse et éclectique : opéras, bien sûr, mais aussi ballets, comédies musicales et concerts.
Autre fleuron culturel, le musée Frieder Burda, dans un bâtiment de 2004 imaginé par l’Américain Richard Meier. Les immenses volumes blancs et lumineux, grâce aux larges baies vitrées, offrent une belle répartition de l’espace, idéale pour présenter des pièces monumentales.
La collection privée comporte un millier de tableaux, photos et sculptures de Picasso, Rothko, Pollock, Polke, de Kooning, Georg Baselitz, Gerhard Richter, Neo Rauch, Max Beckmann, Niki de Saint-Phalle, etc. Mais ces œuvres ne sont pas visibles en permanence. Ce sont surtout des expositions temporaires thématiques qui sont organisées. Une passerelle relie l’édifice moderne et épuré à un autre musée, à l’architecture classique : le Staatliche Kunsthalle, dédié à l’art contemporain… Preuve que Baden-Baden ne se contente pas de son glorieux passé !
Autour de Baden-Baden, châteaux et grands vins
Au nord de Baden-Baden, deux superbes châteaux méritent la visite. Le Schloss Rastatt est un mini-Versailles, palais dont les architectes allemands se sont inspirés pour bâtir, en 1700, cette résidence de Louis le Turc. Dans les appartements princiers, le baroque resplendit. Le château abrite aussi un musée militaire, avec des pièces allant du Moyen Age à la Première Guerre mondiale, et un mémorial de la Liberté, célébrant les mouvements de libération dans l’histoire de l’Allemagne, jusqu’à la chute du mur de Berlin.
Tout aussi baroque mais dans un style plus délicat, le Schloss Favorite, ou château de la favorite, est une ravissante construction du début du XVIIIe siècle, où séjournait, en été, Sibylla Augusta, épouse de Louis le Turc. La décoration intérieure foisonne de stucs, fresques, chinoiseries, riches collections de porcelaines et de faïences rares.
Au sud de Baden-Baden, ce sont les vignerons qui règnent sur le Rebland, l’une des régions viticoles les plus connues d’Allemagne, en particulier pour sa production de Riesling. À explorer en suivant la route des vins badois, ou Badische Weinstrasse.
Fiche pratique
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Site de l’office du tourisme d’Allemagne
Site de l’office du tourisme du Bade-Wurtemberg
Site de l’office du tourisme de la Forêt-Noire
Site de l’office du tourisme de Fribourg-en-Brisgau
Site de l’office du tourisme de Baden-Baden
Voir aussi notre reportage sur les marchés de Noël en Forêt-Noire
Comment y aller ?
En train :
- Pour Fribourg-en-Brisgau : un aller-retour direct en TGV, en un peu moins de 4h depuis Paris-Gare de Lyon, via Mulhouse, Belfort- Montbéliard, Besançon et Dijon.
Sinon, liaisons avec Paris en 3h environ avec changements à Karlsruhe ou Strasbourg et Offenburg.
- Pour Baden-Baden : liaison ferroviaire quotidienne directe avec Marseille et Lyon.
Sinon, liaisons avec Paris en 3h environ (changements à Karlsruhe ou Strasbourg et Offenburg).
En avion : aéroport de Bâle-Mulhouse-Fribourg : un bus-navette rallie Fribourg-en-Brisgau en 55 minutes ou aéroport de Baden-Baden
Où dormir ?
- Park Hotel Post : Am Colombipark, Eisenbahnstraße 35-37, Fribourg-en-Brisgau. Tél. : +49 76 13 85 480. Chambre double : à partir de 149 €. Face à un joli petit parc planté de pieds de vigne, l’élégant édifice célèbre la littérature. Les livres sont partout : de la réception aux 45 chambres, baptisées selon un titre de livre, avec sa couverture et la photo de l’auteur à l’entrée. Les hôtes peuvent emprunter ou acheter des ouvrages, mais aussi utiliser des vélos gratuitement. Et ce n’est qu’un petit aperçu de la qualité de l’accueil !
- Hôtel Kreuz Blume : Konviktstrasse 31, Fribourg-en-Brisgau. Tél. : +49 76 13 11 94. Chambre double : à partir de 135 €, avec petit déj. Un énorme pied de glycine cache la façade, alors que l’entrée est dissimulée derrière une grille en fer forgé. La bâtisse moderne de trois étages compte une poignée de chambres, aussi conviviales et mignonnes que la rue dans laquelle elles se trouvent.
- Hotel Beek : Gernsbacherstrasse 44-46, Baden-Baden. Tél. : +49 72 21 36 760. Chambre double : à partir de 99 € avec petit déj. Au rez-de-chaussée, est installée une appétissante pâtisserie, tandis que les étages abritent 23 chambres et un appartement pour six personnes, au cadre classique, confortable et chaleureux avec ses meubles en bois et sa moquette. Un hôtel familial à deux pas des thermes de Caracalla.
- Hôtel Batschari 8 : Mozartstraße 8, Baden-Baden. Tél. : +49 72 21 97 39 90. Chambre double : à partir de 110 € avec petit déj. August Batschari avait créé, voilà près d’un siècle, une fabrique de cigarettes dans ce bâtiment néo-classique, reconverti en hôtel en 2012 et qui a gardé le nom de l’homme d’affaires. Autres clins d’œil au passé, les reproductions de publicités anciennes pour la marque dans les 69 suites, toutes équipées d’une kitchenette, et dont la taille permet de prendre ses aises : de 33m² à 40m² ou 55 m² pour celles avec deux chambres.
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Où manger ?
- Grosser Meyerhof : Grünwälderstraße 1, Fribourg-en-Brisgau. Tél. : +49 76 13 83 73 97. Tous les jours, sauf dimanche, de 11h30 à minuit (dès 10h30 samedi). Environ 20 € à la carte.
Cette institution à l’agréable terrasse donnant sur une rue piétonne pavée sert des spécialités régionales comme le bibeleskäs mit brägele (fromage frais avec des pommes de terre sautées), les spätzle (épaisses pâtes aux œufs), les maultaschen (gros raviolis) ou la salade de saucisse. Des plats copieux et bon marché.
- Kastaniengarten : Schlossbergring 3, Fribourg-en-Brisgau. Tél. : +49 761 32 728. Tous les jours de 11h à minuit. Environ 20 € à la carte. Le restaurant chic Greiffenegg Schlössle déploie, aux beaux jours, son biergarten sous les marronniers. Les différentes terrasses en hauteur offrent une belle vue sur Fribourg, les Vosges et le début de la Forêt-Noire. A admirer en mangeant une kartoffelsalat, des saucisses avec bretzel ou une flammekueche, accompagnées d’une bière fraîche, servie au minimum en demi-litre, bien sûr !
- In der Trinkhalle : Kaiserallee 3, Baden-Baden. Tél. : +49 72 21 30 29 05. Tous les jours, de 10h à 19h (2h du matin vendredi et samedi).La buvette thermale de la Trinkhalle a laissé place à un autre type d’établissement, plus moderne : un café-lounge-bar fort plaisant, avec ses fauteuils club et Chesterfield ou sa terrasse au calme, face à la fontaine et aux pelouses. Il est aussi possible de grignoter des tartes flambées, soupes, salades, bruschettas, etc.
- Gasthaus Weinberg : Umweger route, 68 à Umweg, environ 7 km au sud-ouest de Baden-Baden. Tél. : +49 72 23 96 970. Tous les jours, sauf mardi, de midi à 14h et de 17h30 à 21h30. Environ 30 € à la carte. Dans le Rebland, un coin réputé pour son vignoble, cet établissement (qui fait aussi hôtel) propose, dans un cadre classique, entre rustique et chic, une cuisine locale parfois mâtinée d’influences méditerranéennes. Parmi les spécialités de la maison, le carré d’agneau, avec ratatouille, gratin de pommes de terre et sauce au vinaigre balsamique ; ou le médaillon de cerf au vin.
Texte : Stéphanie Condis
Mise en ligne :