Le pays d’Uzès et le pont du Gard, entre nature et histoire

De l’importance d’Uzès depuis l'Antiquité

Au 1^er siècle de notre ère, Nîmes est en pleine expansion. L’empereur Auguste, dont elle est la ville de cœur, rêve d’en faire la rivale de Rome. Mais pour atteindre la prospérité de la ville Éternelle, Nîmes a besoin d’eau en abondance.

C’est dans le pays d’Uzès que Nîmes trouve sa source salvatrice : l’Eure. Cette dernière réunit toutes les conditions pour être redistribuée : une qualité et un débit exceptionnels (300 à 400l/s) la rendant intarissable et un acheminement par gravité, d’un point haut (72 m) à un point bas (59 m). Pour conduire l’eau, les Romains, - alors sous l’Empereur Claude -, décident de construire un aqueduc, mais ils doivent relever deux défis de taille : contourner le massif des Garrigues qui sépare Uzès de Nîmes et enjamber le Gardon dont les crues peuvent atteindre 17 m de haut.

Les bâtisseurs redoublent d’efforts et d’ingéniosité et achèvent l’édifice long de 52 km en 15 ans. Avec ses 49 m de haut, le pont du Gard en est la partie monumentale. Il est le plus haut du monde romain, construit avec les pierres de la carrière de l’Estel, située à 500 m de là, et remontées à contre-courant sur des barques à fond plat. Alors que les arches des aqueducs mesurent en moyenne 13 m de diamètre à cette époque, celles du premier étage du pont du Gard en mesurent 24,5. Une prouesse.

Depuis la source de l’Eure jusqu’à Nîmes, 35 000 m3 d’eau sont acheminés chaque jour au Castellum aquae (encore visible aujourd’hui 16 rue de la Lampez à Nîmes) qui la redistribue dans toutes les fontaines, termes et maisons privilégiées. La cité passe de quelques milliers d’habitants à 22 000 au milieu du 1^er siècle et le pont du Gard connaît ses heures de gloire, jusqu'à la fin du 6^e siècle.

1er jour : Uzès, de la place aux Herbes à la vallée de l’Eure

La journée débute sur la place Albert 1^er, l’ancienne place du Marché au blé. L’office de tourisme s’est installé ici, dans l’ancienne chapelle des Capucins, construite en 1635 sur l’emplacement d’un temple romain dédié à Auguste. Le samedi matin, le marché s’installe sur la place aux Herbes et les ruelles périphériques s’encombrent joyeusement de marchandises qui donnent la part belle aux mets et à l’artisanat régionaux. On ne peut que vous conseiller de vous y rendre tôt le matin.

Depuis la place Albert 1^er, on emprunte la rue Jacques d’Uzès, puis la place Dampmartin, avec son Hôtel et ses jolis balcons en fer forgés. L’idéal est d’acheter son déjeuner sur le marché, à savourer plus tard au bord de l’Eure : huile d’olive de Saint-Maximin, charcuterie de l’Uzège, pélardon de Vauvert et fougasses d’Aigues-Mortes et de Saint-Gilles, sans parler des vins locaux. La place est encerclée par des arcades qui abritent quelques bars et restaurants ainsi que la librairie de la place aux Herbes, à ne pas manquer. Cette dernière propose un large choix d’ouvrages.

Au bout de la place, on longe la rue du 4 septembre, à gauche, pour déboucher sur la place d'Austerlitz. C’est ici qu’Anna Karin a implanté sa boutique et son atelier de céramique. La Suédoise travaille exclusivement la porcelaine qu’elle apprécie particulièrement en raison de son caractère malléable. Il n’y a pas deux pièces identiques.

Après cette parenthèse hygge, on arrive au jardin médiéval qui reconstitue les plantations telles qu’elles pouvaient être au Moyen Âge. En face, la rue Saint-Théodorite est l’une des rues les plus pittoresques du duché. Tout au bout, le chemin André Gide, balisé en jaune, mène au bord de l’Eure. C’est dans ce cadre verdoyant que l’on pourra admirer les vestiges de l’aqueduc romain et la source qui fut son point de captage.

On revient de cette escapade bucolique par la promenade Jean Racine non loin de laquelle se trouvent la tour Fénestrelle, - le seul clocher circulaire de France, haut de 42 m -, la très belle la cathédrale Saint-Théodorite, datant de 1652, et la cour de l’Evêché qui la jouxte. On peut également visiter le Duché d’Uzès, le plus ancien duché de France, tous les jours de 10 h à 17 h.

En soirée, on rejoint la place aux Herbes pour prendre un verre dans un bar à vin, sinon on déambulera dans les petites ruelles à la recherche d’un lieu plus calme pour dîner.

Le + de routard.com :

La librairie de la place aux Herbes abrite le secret le mieux gardé d’Uzès : un petit amphithéâtre au sous-sol qui permet d’accueillir une soixantaine de personnes lors de rencontres avec des auteurs. N’hésitez pas à consulter le programme de ces rencontres avant votre venue.

2e jour : visite du pont du Gard et rando dans les environs

De grands travaux ont été réalisés en 2000 pour faire du site du pont du Gard, le lieu culturel que l’on connait aujourd’hui avec deux parkings pour les visiteurs (rive droite et rive gauche), des chemins aménagés, un musée, un cinéma et plusieurs offres de restauration. Le billet d’entrée permet de visiter le site de 165 hectares, mais nous vous conseillons aussi la visite guidée La Grande Odyssée du Pont, afin de traverser la canalisation du troisième étage du pont. Deux visites par jour, à réserver à l’avance sur Internet.

Avant ou après cette découverte, plusieurs randonnées intéressantes sont à faire, dont Mémoires de Garrigue (rive gauche). Une boucle d’1,5 km qui chemine à travers 40 parcelles de garrigue, vignes, oliviers, mûriers, chênes verts et arbres fruitiers. Au fil des paysages, il est encore possible de voir le travail des hommes qui ont au fil des siècles défriché, arraché les pierres du sol, construit des murs, cultivé en abondance ou fait paître leurs moutons. L’occasion aussi de découvrir les stratégies d’adaptation des plantes méditerranéennes pour survivre à la sécheresse estivale.

Pour ceux qui ont plus de temps, d’autres randonnées est envisageables, certaines partant de Saint-Bonnet-du-Gard ou de Castillon-du-Gard, d’autres faisant des boucles à travers le site. Accolé au premier étage du pont du Gard, le pont piéton permet de passer de la rive gauche à la rive droite. Il est l’œuvre de l’ingénieur aramonais Henri Pitot qui l’a achevé en 1747 dans le but de faciliter les échanges commerciaux. Rive droite, on remonte encore le temps dans la grotte préhistorique de la Salpêtrière, puis on s’accorde une pause fraîcheur dans le Gardon.

En fin de journée, on peut rester pour les festivités – l’été, le site organise des soirées "Son et lumière" et "Guinguette" -, ou rejoindre Castillon-du-Gard. Cet ancien village médiéval est l’un des plus jolis du coin avec ses grandes portes qui encerclaient la ville, ses ruelles pavées et son point de vue – le seul depuis un village – sur le pont du Gard, à condition de savoir où aller. On vous guide : au fond de la place du 8 Mai, empruntez la promenade qui mène au château d’eau. Faites-vous une place au milieu des boulistes qui l’utilisent comme terrain de pétanque et profitez de cette vue à couper le souffle.  

Le + de routard.com :

Un spot permet de réaliser la plus belle photographie du pont du Gard dans son intégralité. Pour ce faire, traversez le pont piéton et tournez à droite à son extrémité. Montez quelques marches d’escalier et vous accèderez à l’autre face du pont. Et hop, c’est dans la boîte !

Pour aller plus loin : Saint-Quentin-la-Poterie et Lussan

Néophytes ou férus de céramique pourront se rendre à Saint-Quentin-la-Poterie pour partir à la rencontre d'une quarantaine d’artisans à travers un circuit en boucle, puis se rendre au musée de la Poterie méditerranéenne qui permet de découvrir des centaines de céramiques propres au monde méditerranéen de l’époque moderne.

Possibilité de mettre la main à la pâte en s’offrant une initiation à la céramique. On rejoint ensuite le parc Aire de Nature avec ses parcours à 20 m de hauteur et ses tyroliennes vertigineuses.

Une alternative consiste à se rendre à Lussan, sur la route de Saint-Ambroix. Dans ce joli village perché sur un ancien site gallo-romain, on arpente les 800 m de remparts qui offrent une vue à 360° sur les alentours : mont Ventoux, garrigues et concluses que nous allons rejoindre à 5 km d’ici.

Les concluses de Lussan sont des gorges creusées par l’Aiguillon et le Merderis. Elles s’étendent du mont Bouquet à Goudargues et du sud de Lussan à la vallée de la Cèze formant un paysage karstique fait de « marmites de géant », de grottes et de gigantesques portails.

Ermites, brigands, camisards et résistants s’y sont réfugiés depuis des milliers d’années à l’image de Joseph Étienne Théophile Gide – l’ancêtre de l’écrivain – qui s’y cacha de 1793 à 1794. Les sources disparaissent à l’entrée des concluses pour ne réapparaitre qu’après, à Goudargues, et laissent derrière elles un paysage vert et désolé, digne d’un conte merveilleux. Nous voilà partis pour une randonnée de 2,4 km ou plus si affinité. Attention où vous mettez les pieds, des farfadets se cachent, paraît-il, derrière les rochers…

Le + de routard.com :

Lors de votre randonnée dans les concluses de Lussan, ouvrez l’œil (et prenez vos jumelles). Si, a priori, plus aucun fugitif ne se cache dans les grottes à flanc de falaise, ce n’est pas le cas de l'aigle de Bonelli ou du vautour percnoptère. Deux espèces protégées qui survolent le site de temps à autre à la recherche de nourriture.