Uzerche, la perle du Limousin
À l’ouest de la Corrèze, au cœur de la vallée de la Vézère, Uzerche se dresse fièrement sur son promontoire rocheux, de tout temps stratégique. Un méandre de la rivière serpente à ses pieds, ici particulièrement sinueux. Un cadre magnifique, qui lui vaut le surnom de perle du Limousin. Cette commune de quelque 3 000 habitants fait aussi partie des « 100 plus beaux détours de France ». Un joli point de chute, pour se mettre au vert, à 30 min de Brive-la-Gaillarde et à 45 min de route de Limoges.
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Vieille ville d’Uzerche : un patrimoine remarquable
« Qui a maison à Uzerche a château en Limousin », dit le dicton local. Voilà qui résume bien la richesse du patrimoine uzerchois… On le découvre, à travers 18 points d’intérêt, en empruntant le « Parcours du Patrimoine ».
La porte Bécharie, datant des XVe, XVIe et XVIIe siècles, fait partie des joyaux architecturaux d’Uzerche. Dernière survivante des neuf portes de l’enceinte fortifiée, elle constituait autrefois l’entrée du village. L’hôtel particulier attenant, le château Bécharie, était la demeure de la famille des Clédat.
Rue Pierre Chalaud, on peut admirer l’une des rares maisons à pans de bois du XVIe siècle. Une véritable rescapée du passé, ce type de construction étant très vulnérable lors des incendies. Sans oublier l’abbatiale Saint-Pierre, témoin majeur de l’art roman Limousin. Premier grand chantier médiéval du Bas-Limousin, sa construction remonte au début du XIe siècle. Dépasse des toits de la vieille ville son clocher typique « à gables ».
Pour un très beau point de vue sur l’ensemble d’Uzerche, rendez-vous sur le « parking de la vieille ville » (près du restaurant La table de M). Celui du viaduc, à l’opposé, n’est pas mal non plus…
En bordure de Vézère, sur les pas de Simone de Beauvoir
Au pied de la ville, le parcours du Méandre promet une déconnexion totale, en pleine nature, en bordure de Vézère. Dans son reflet semblent s’amuser à se dédoubler quelques-uns des monuments les plus emblématiques de la vieille ville : l’ancien lycée de garçons, le château Pontier…
D’ici, on mesure toute la grandeur de certains édifices, qui ne paient pas forcément de mine côté vieille ville, à l’image du château Bécharie et de l’hôtel Joyet de Maubec. À leur pied, des jardins en terrasse, comme agrippés au rocher.
Sur les bords de la Vézère, à l’ombre des feuillus et dans un concerto d’oiseaux, on fait la rencontre d’une grande intellectuelle française : Simone de Beauvoir (1908-1986). Petite, elle venait passer ses étés tout près d’ici, chez son grand-père, qu’elle raconte notamment dans Mémoire d’une jeune fille rangée : « Il me disait le nom des arbres, des fleurs, des oiseaux… Je n’imaginais pas qu’il existait sur terre aucun endroit plus agréable à habiter. »
Elle revit désormais sous nos pas : un plaisant sentier aménagé et accessible à tous lui est dédié (5 km, 1 h 30). Dix panneaux relatent sa vie et son œuvre. Le parcours se situe à l’emplacement d’un ancien chemin de fer (la ligne Paris-Orléans Corrèze), dont on aperçoit encore un tunnel, enfoui dans la végétation.
Amoureux de camping au vert, le camping de la Minoterie, est fait pour vous. On s’installe en bordure de Vézère, à l’ombre des feuillus. C’est aussi là que se trouve la station sports nature Vézère Passion, pour réserver une sortie stand-up paddle, canoë-kayak, rafting…
Écoquartier de la papeterie : de l’industrie à la culture
Moulins, tanneries, carderies… la Vézère a vu se développer de nombreuses industries, au fil des siècles. En bordure de rivière, l’écoquartier de la papeterie est en quelque sorte le gardien de cette mémoire industrielle. Du XIXe siècle à 2006 se trouvait là une importante papeterie. Sa fermeture fut un véritable coup de massue.
La friche aurait pu devenir parking ou supermarché, mais – ouf ! – elle s’est transformée à partir de 2012 en quartier à vocation culturelle, touristique et festive. Ce, grâce à une femme, d’ailleurs parente de Simone de Beauvoir : Sophie Dessus, maire d’Uzerche de 2001 jusqu’à 2016, année de sa disparition.
Confiée à l’architecte parisien Jean-Michel Wilmotte, le résultat est remarquable. L’emblématique halle Huguenot, à la magnifique charpente, a été réhabilitée et percée de grandes baies vitrées. Espace polyvalent avec vue sur la Vézère, elle accueille désormais toutes sortes d’événements (salons, marchés, mariages…), ainsi qu’une brasserie artisanale. Mais le cœur du site, c’est encore la salle de la Machine – gigantesque, 2 000 m² ! – où des générations d’ouvriers ont durement œuvré durant des décennies. L’ancienne machine, aux impressionnants rouleaux, a entièrement été démontée, sablée et repeinte. Autour d’elle ont désormais lieu des expositions temporaires.
En 2018, l’auditorium Sophie Dessus a vu le jour. Il accueille résidences d’artistes, concerts, spectacles de théâtre et de danse... Chaque été, Uzerche fait partie des lieux d’accueil du Festival de la Vézère, dédié à la musique classique et à l’opéra.
Derrière la cité médiévale, un temple du street art…
Au fond de l’écoquartier de la papeterie, un bâtiment géant n’a pas – encore ? – été réhabilité. En attendant, lui aussi a trouvé une nouvelle vocation : il s’est transformé un temple du street art, à la suite d’un festival d’art urbain en 2017. Il a depuis été rebaptisé « La Graffeterie ».
Sa façade est recouverte d’une fresque monumentale de 250 m², réalisée par l'artiste Yseult « YZ », à l’origine de la Marianne du timbre actuel. À l’intérieur, en libre accès, les graffeurs s’y donnent à cœur joie et en toute légalité. Les jeux de lumière des grandes verrières, laissant percevoir la végétation et le ruissellement de la Vézère, mettent en valeur leurs œuvres, aux mille et un styles. Une rampe de skate a également été installée.
Dans le coin, on croise souvent Clémentine et ses ânes (Les ânes voyageurs), de retour d’une randonnée ou d’une séance de « médiation animale », en EPHAD ou en milieu carcéral. Un écho, d’ailleurs, au chantier de la papeterie : à l’époque, une vingtaine de détenus en fin de peine du centre de détention d’Uzerche avait participé aux travaux. Décidément, Uzerche a tout d’une jolie cité ancienne, mais résolument tournée vers l’avenir.
Pour rejoindre la vieille ville depuis la Graffeterie, on emprunte, juste à la sortie, la passerelle enjambant la Vézère, parfois en compagnie des ânes qui rentrent au pré. Puis on longe la rivière. Cette partie-là, sauvage à souhait, est des plus agréables. Arrivés au lavoir, encore un petit effort : on grimpe jusqu’à la place de la Lunade (magnifique panorama sur la Vézère) et nous voici bientôt à la porte Bécharie.
Fiche pratique
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Comment y aller et se déplacer ?
– En voiture : à 4 h 40 de Paris par l’A20 (axe Paris-Toulouse) ; à 2 h de Toulouse par l’A20, à 5 h 50 de Marseille par l’A20, à 2 h 15 de Bordeaux par l’A89 (axe Lyon-Bordeaux) ; à 3 h 30 de Lyon par l’A89…
– En train : direct Paris Austerlitz-Uzerche (4 h), Bordeaux-Uzerche (via Limoges ou via Périgueux et Brive) en 4 h environ.
– En avion : liaisons aériennes régulières Amélia, Paris Orly Ouest-Brive Vallée de la Dordogne (environ 1 h 20). Trouvez votre billet d’avion
Retrouvez les parcours de visite (patrimoine, méandre) dans le dépliant « Uzerche, La perle du Limousin », proposé par l’office de tourisme.
Bonnes adresses
– Guinguette Chez Armand : 6, rue Paul Langevin. Tél. : 06 75 67 05 39. Dans une ancienne tannerie, une agréable guinguette comme on les aime, à la bonne franquette, en bordure de Vézère. Grillades, planches et camembert rôti, concerts…
– Restaurant La Table de M : place Alexis Boyer. Les chefs, Arnaud et Jérémy, proposent une cuisine à la fois traditionnelle et originale, préparées avec de bons produits de saison. Côté plat, l’entrecôte de viande Limousine est une valeur sûre, tout comme le poisson (selon la pêche) cuit à basse température. Entrées à partir de 9 €, plats à partir de 16 €, desserts à partir de 8 €. Formule du jour (du mardi midi au vendredi midi) 17 € entrée-plat-dessert ou 15 € entrée-plat ou plat-dessert. Menu enfant 12 €.
– Hôtel-restaurant Joyet de Maubec : place des Vignerons, à Uzerche. Installé dans un magnifique ancien hôtel particulier du XVIe siècle, cet hôtel haut perché dans la vieille ville est une splendeur, à l’extérieur, comme à l’intérieur. Et quel bonheur de se réveiller avec vue sur la Vézère… Il abrite également une bonne table gastronomique, La Treille Muscate (en clin d’œil à Colette : c’était le nom de sa maison, à Saint-Tropez), dans une élégante salle. Là aussi, avec vue sur la Vézère en contrebas et, au mur, d’intéressantes photos d’époque. Chambre à partir de 95 €/nuit. Menu découverte entrée-plat-dessert 36 €.
Texte : Aurélie Michel
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