Koh Phi Phi, une île en mer d'Andaman
Et le soir sur le front de mer...
Retour à Phuket. Cette île mérite mieux que le mépris. Il faut sortir de la ville pour trouver des endroits intéressants, me confie un voyageur. Je n'aurai malheureusement pas le temps de le faire. Sur Patong Beach, c'est le tourisme de masse qui défile. Obèses blonds aux jambes épaisses rougies par le soleil, accompagnés par de frêles créatures, poupées Barbie asiatiques. Sur des kilomètres, des échoppes de souvenirs cheap où des Thaïs las font mine de marchander pour faire plaisir aux touristes.
Ceux qui recherchent l'authenticité iront faire leur shopping au marché thaï à la sortie de la ville. Je marche au hasard et tombe sur le quartier des bars. À l'extérieur, des centaines de filles attendent sagement que le farang leur paie un verre, voire plus si affinités. La vision est impressionnante. Des travestis distribuent des baisers aux passants qui hésitent à s'arrêter. La musique dégouline des bars. Des jeunes mâles nordiques regardent béatement deux filles se trémousser sur une table. Derrière, un groupe de lesbiennes à l'air maussade tente de profiter du spectacle. La lumière des néons frappe les visages sans complaisance. Un touriste au milieu de la rue filme imperturbable ce monde de sexe et d'arrangements.
" Et le soir sur le front de mer, les veufs, les laids, les déçus, les retraités au petit pied, petit talent et petite pension se promènent la main dans la main, heureux [et quel prix à cela ?] avec des jeunes femmes que les illuminations du soir embellissent; elles leur consacrent fugitivement, mais avec intensité, ce qui leur manque à l'évidence le plus, la construction d'un ultime rêve, la restauration d'une dignité dernière avec un soin et une tendresse qui, tout stipendiés qu'ils soient, valent les injustes solitudes du troisième âge dans les banlieues de Hambourg ou de Sydney. "
(Michel Deverge)
Texte : Jean-Luc Bitton
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