Parcs nationaux de l’Utah, le rêve américain
Paysages fantasmagoriques des Arches
Il y a les parcs sauvages et les parcs domptés. Arches est plutôt de l’ordre des seconds. Une unique route bien goudronnée butine sereinement d’un site à l’autre, d’une arche à l’autre.
On pourrait y passer des jours : avec plus de 2 000 ponts de pierre répartis sur 310 km2, Arches connaît la plus forte concentration au monde de ce phénomène.
L’explication géologique est un peu touffue, mais tout, en fin de compte, repose sur le lent travail de l’érosion. L’eau s’infiltre dans les anfractuosités du grès rouge, gèle et le fait exploser, détachant peu à peu blocs et pans entiers de roche. La très forte amplitude thermique, accentuée par l’altitude (1 200-1 800 mètres), contribue au travail de sape.
Résultat ? Une farandole de formes étonnantes : hautes parois de Park Avenue, miracle d’équilibre du Balanced Rock, Double Arch aux fines arches jumelles, Delicate Arch perchée sur le rebord d’une falaise...
On grimpe auprès de cette dernière au flanc d’un gros mamelon rocheux, sorte de baleine de grès échouée en plein cagnard. Là-haut, en fin de journée, le soleil joue les metteurs en scène : la roche s’illumine d’oranges intenses, se détachant sur fond de montagnes enneigées.
Les paysages paraissent figés pour l’éternité, mais ils ne le sont qu’en apparence. En 2008, Wall Arch s’est effondrée sans prévenir par une douce nuit d’été. En 1991, c’est un morceau de la gigantesque Landscape Arch, la plus longue du monde (88 mètres), qui s’est détaché, effilant plus encore cet incroyable trait de roche suspendu dans les cieux.
En tout, ce sont plus de quarante arches qui se sont effondrées depuis les années 1970. À ce rythme, toutes devraient avoir disparu dans 2 000 ans !
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Claude Hervé-Bazin
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