Premiers voyages, premiers écrits
Dessinateur et reporter
En Amérique du Sud, Julien Viaud séjourne quelque temps à Valparaiso. Bientôt, son navire reprend la mer pour Tahiti, avec une escale prévue à l’île de Pâques. Il s’agit de rapporter des renseignements sur ce territoire très peu connu de la France à l’époque.
Julien débarque sur l’île de Pâques, prend des notes, effectue des croquis des indigènes tatoués et des grandes statues. Il songe alors à proposer ses commentaires illustrés à des journaux et revues. Les photos sont encore rares, et la presse française accepte volontiers ses dessins et ses impressions de voyage. Sa sœur Marie se charge de contacter les directeurs des périodiques. Elle leur transmet les reportages de Julien.
Un pseudonyme tahitien
Le pseudonyme de Pierre Loti lui vient de Tahiti.
Arrivé sur cette île paradisiaque, il tombe sous son charme, comme
il le raconte dans Le Mariage de Loti : « Les heures,
les jours, les mois s’envolaient dans ce pays autrement qu’ailleurs
; le temps s’écoulait sans laisser de traces […]. Il semblait qu’on
fût dans une atmosphère de calme et d’immobilité, où les agitations
du monde n’existaient plus… »
Julien est alors âgé de 22 ans. Il rencontre la reine Pomaré, qui lui donne le nom d’une fleur tropicale, « Loti ». Il l’utilisera plus tard comme pseudonyme. Julien contracte aussi un mariage temporaire avec Rarahu, qui l’appelle « Mata Reva ». Cette expression signifie « œil mystérieux » et fait sans doute référence au regard de jais de Pierre Loti.
Au Sénégal, puis en Turquie
De son séjour à Tahiti, Julien Viaud tire le cadre
romanesque du Mariage de Loti. Ce récit sera publié en 1880,
un an après Aziyadé. Entre-temps, Julien poursuit sa carrière
dans la Marine. Il est promu enseigne de vaisseau. Appelé à servir
au Sénégal, il séjourne en 1873-74 à Dakar et Saint-Louis. L’Afrique
lui fournit la matière du Roman d’un spahi, qu’il écrira
ultérieurement.
De retour en France, Julien sollicite un congé et s’entraîne à l’école de gymnastique de Joinville. Son côté fantasque apparaît alors. En mission à Toulon, il consacre son temps libre à répéter des numéros dans une troupe de cirque. Son départ pour Salonique met un terme à ses velléités d’acrobate, mais c’est là qu’il rencontre la Circassienne Hatidjé, qui deviendra Aziyadé dans son livre du même nom. Cette jeune épouse d’un dignitaire turc s’ennuie au harem. Elle commence une liaison avec Julien, qui se poursuivra à Istanbul.
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