Le voyageur et l’esthète
Aménagement de la maison de Rochefort
Avec le succès littéraire, vient l’aisance matérielle, qui permet à Pierre Loti d’aménager selon ses goûts sa maison natale de Rochefort. Il s’est marié en 1886 avec Jeanne Amélie Blanche Franc de Ferrière, dont il a un fils, Samuel. Peu à peu, la maison de son enfance, à laquelle il est aussi attaché qu’à ses voyages en mer, devient un palais fantasmagorique. Il transforme une pièce en salon turc, qu’il meuble élégamment de tapis, de coussins et d’objets typiques rapportés de ses séjours orientaux.
Il fait venir de Damas les piliers d’une ancienne mosquée, qu’il
reconstitue dans la maison de Rochefort. Grand amoureux de l’Orient,
Pierre Loti est aussi attiré par le passé européen. Il aménage une
salle gothique et un hall Renaissance. Les époques révolues avivent
sa sensibilité, comme il le rapporte dans ses Souvenirs et récits
intimes : « Le temps passé, tout l’antérieur amoncelé des
durées, obsède mon imagination d’une manière presque constante.
»
De splendides fêtes costumées
L’aménagement de la maison de Rochefort donne lieu à de grandes fêtes costumées auxquelles le Tout-Paris est convié. Cette période fastueuse commence avec une soirée médiévale en 1891 et se poursuit par d’autres fêtes qui connaissent un vaste retentissement. Lorsqu’il se trouve à Rochefort, Pierre Loti habite désormais un lieu qui lui ressemble.
« La maison reflète la démarche de sa vie, elle mélange décor
historique et exotique », souligne David Bodin, adjoint du conservateur
des deux musées municipaux de Rochefort. La Maison de Pierre Loti
est devenue un musée de la Ville. Classée Monument historique, elle
est aussi labellisée Musée de France. Elle est ouverte à la visite,
qui se déroule avec un guide et en petits groupes, pour préserver
les lieux.
Voyageur jusqu’à ses derniers jours
Voyageur infatigable, Pierre Loti se rend à Jérusalem
et au Moyen Orient, il parcourt l’Inde et la Perse. Il découvre
Pékin, la Grande Muraille et la Cité Interdite. Il visite aussi
le mystérieux site d’Angkor, qu’il rêvait de voir depuis son enfance.
Il retourne à Istanbul, voyage au Maroc et en Égypte. Il se rend
à Londres et à New York. Cependant, les grandes tours de New York
ne l’enchantent guère, comme il l’écrit dans Villes d’Occident
et d’Orient : « Les gratte-ciel ! Il faudra beaucoup de temps
pour que mes yeux s’y résignent. Si encore ils étaient groupés […].
Mais non, ils surgissent au hasard, alternant avec des bâtisses
normales. »
Le Pays basque, en revanche, le retient durablement. En mission à Hendaye, il fait la connaissance d’une jeune fille, Juana Josepha Cruz Gainza, dite Crucita, avec laquelle il aura trois fils. Retraité de la marine en 1910, il se rend à nouveau à Istanbul. Il se met au service de la Nation pendant la Première Guerre mondiale. Il meurt en 1923 à Hendaye. Des funérailles nationales lui sont décernées. Conformément à son vœu, il est enterré à l’île d’Oléron, dans la maison de sa famille maternelle, appelée Maison des aïeules.
{ Page précédente | Page suivante }
|