Extraits du chapitre « Droits de l’homme » du GUIDE DU ROUTARD Égypte, paru en octobre 2010
Pour ne pas dire : là non plus, on ne savait pas !
« Magistrats, mouvements de jeunesse, organisations islamistes : face à la montée d’une opposition politique de plus en plus coriace et diversifiée, le régime semble montrer des signes de crispation.
Depuis 2008, les arrestations et interdictions d’organisations se sont ainsi multipliées, et des manifestations ont été sévèrement réprimées. La loi sur l’état d’urgence adoptée en 1981 est toujours en vigueur, et à l’origine de tous les procès récents à l’encontre des opposants au régime.
Selon les ONG égyptiennes,
entre 5 000 et 10 000 personnes seraient toujours détenues sans avoir été jugées. Parmi elles se trouvent de nombreux Frères musulmans - organisation officiellement interdite mais très influente en Égypte -, particulièrement touchés par une importante vague de répression (plus de 700 arrestations durant l’année 2009).
Plusieurs mouvements de la société civile, comme la « Jeunesse du 6 avril » ou
Kefaya (« ça suffit »), revendiquent cependant désormais plus de liberté, et bravent les interdictions en organisant des rassemblements (aussitôt durement réprimés). Les blogs politiques, aussi, se multiplient, mais là encore,
la censure veille et plusieurs blogueurs ont été emprisonnés pour avoir critiqué le régime.
À la censure politique s’ajoute en outre une autre, morale et religieuse, exercée par l’université Al-Azhar. Par ailleurs,
les forces de l’ordre sont régulièrement dénoncées pour leurs violences et pour l’impunité dont elles bénéficient. Les membres de la police aux frontières auraient ainsi tué au moins 16 migrants par balle durant l’année 2009. Enfin, selon le centre égyptien pour les Droits des Femmes, 83 % des Égyptiennes auraient subi une forme de harcèlement sexuel à un moment de leur vie.
Les prochaines élections présidentielles de septembre 2011 sont-elles susceptibles de changer la situation ? C’est en tout cas ce qu’espère initier Mohammed el-Baradei, Prix Nobel de la paix en 2005, qui s’est déclaré prêt à relever le défi en se présentant comme candidat indépendant, mais les obstacles sont encore nombreux jusqu’au pouvoir suprême. »
Ce texte a été écrit en collaboration avec la FIDH (Fédération internationale des Droits de l’homme).
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