On distingue deux grands types de nomadisme : celui des peuples chasseurs, pêcheurs ou collecteurs et celui des sociétés pastorales.

Le nomadisme des peuples chasseurs, pêcheurs ou collecteurs

Lances maasaï
© Patrick de Franqueville

Il est dicté par l'alternance des saisons et les ressources du milieu. Le déplacement se fait sur des territoires restreints. Dans les forêts équatoriales, il est pratiqué, par exemple, par les Pygmées. Dans les zones arides, le rythme des déplacements suit les variations des précipitations. Dans les zones tempérées, ce sont les températures qui règlent l'alternance des activités : les Indiens de la forêt boréale d'Amérique du Nord pratiquent la pêche en été et la chasse en hiver. Dans les régions subpolaires, les populations vivent l'hiver dans la taïga, l'été dans la toundra. Les pêcheurs arctiques (Inuits) combinent un habitat stable, l'hiver, à des expéditions lointaines, l'été.

Les chasseurs et les pêcheurs exploitent la faune sauvage et ce sont les migrations de cette faune qui déterminent celles des hommes. Les Indiens d'Amérique du Nord suivaient les bisons et les caribous et les expéditions forestières des Pygmées ou des Indiens d'Amazonie leur permettent d'atteindre le gibier.

Les nomades de la mer (environ 30 000 âmes), Moken et Vezo, sont des pêcheurs qui vivent sur les contreforts escarpés des Andes, les dunes sableuses et les récifs coralliens de Madagascar ou sur les îles des côtes d'Asie du Sud-Est, de la Birmanie aux Philippines. On les appelle aussi « gitans de la mer ». Le bateau est le centre de leur univers social, il représente l'avenir et la vie : on construit son premier bateau lorsque l'on se marie et que l'on fonde une famille. Comme les chasseurs, ce ne sont pas des voyageurs au long cours, mais plutôt des populations des rivages.

Nomades sans bagages, les chasseurs-collecteurs ont été les artisans de techniques ou d'inventions originales (recherche et récupération d'eau par les Bochimans, raquettes et fameux canoës des Indiens du Canada) en utilisant toujours de manière exceptionnelle les richesses de la nature.

Leurs points communs : ils produisent peu de richesse matérielle, croient en la nature éphémère des objets et la polyvalence des individus. Le principe de la coopération est inscrit au cœur de la vie sociale avec la complémentarité de l'homme et de la femme dans la famille conjugale. L'action en groupe est une philosophie de vie qui repose sur des règles de solidarité. On ne trouve dans ces sociétés aucun signe de hiérarchie, les décisions se prennent collectivement même si les aînés sont les plus écoutés, et avec eux quelques personnes au statut particulier : le maître de la chasse, le devin-guérisseur ou le chaman. L'accès au sol est lui aussi collectif et il n'y a pas d'espace clos.

Le nomadisme des sociétés pastorales

Nomade Qachqâï en Iran
© Patrick de Franqueville

C'est la domestication du bétail (entre le Xe et le VIIe siècle av. J.-C. au Proche-Orient) qui a suscité les premières formes du nomadisme pastoral. Il s'est développé là où l'agriculture sédentaire n'était pas possible. Toutes ces sociétés sont organisées autour de la possession et la reproduction d'animaux domestiques, souvent des herbivores rassemblés en troupeaux. Les principaux événements de la vie sociale (mariages, deuils, etc.) sont donc marqués par la circulation des têtes de bétail. Dans le mythe fondateur, c'est le bétail, donné de manière surnaturelle aux hommes, qui produit la société. Au contraire des chasseurs, ces peuples se déplacent sur de très grands espaces à la recherche des ressources dont ils ont besoin. Leur habitat mobile est le plus souvent constitué d'une tente fabriquée avec différents matériaux.

Parmi les plus anciennes sociétés de pasteurs des steppes froides asiatiques, on trouve les Mongols, qui sont aussi le peuple nomade le plus nombreux du monde (un million de personnes). Dans les steppes chaudes, les tribus bédouines pratiquent un élevage qui repose sur les dromadaires. Les Peuls d'Afrique occidentale, les Barabaig, Masaï et autres Nuers d'Afrique orientale, les Hottentots d'Afrique du Sud vivent dans les savanes. Les pasteurs nomades montagnards élèvent du petit bétail (ovins et caprins) et assurent la transhumance annuelle vers les pâturages d'altitude. Ce sont, par exemple ; les Berbères d'Afrique du Nord, les peuples du Tibet, d'Irak, d'Iran ou des Andes. Enfin les pasteurs nomades subarctiques sont des éleveurs de rennes, comme les Evènes en Sibérie, les Lapons ou les Toungouzes.

Aux fondements de la vie sociale, on trouve encore la coopération, la complémentarité homme/femme, l'exploitation collective des ressources. Par exemple, les pâturages d'hivernage des bovins qui vont plus au sud en saison sèche deviennent les pâturages de saison sèche d'autres tribus chamelières qui, de leur côté, remontent dans le désert durant les pluies.

Les nomades ne sont ni des errants ni des vagabonds, ils se déplacent de manière organisée dans un territoire donné, plus ou moins étendu. Dans une époque où l'homme intensifie sa présence partout, les nomades ont cette capacité à exploiter des milieux difficiles : les déserts africains, asiatiques ou océaniens, les toundras sub-arctiques, les forêts équatoriales ou les vastes étendues maritimes. Ils parviennent à mettre en valeur des immensités arides, semi-arides ou forestières, chaudes et froides, où l'agriculture est tout simplement impossible. Mais ces peuples sont de plus en plus menacés.

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