Un jeune scientifique épris d’aventure
Darwin descend d’une famille aisée
Charles Darwin est né en 1809 à Shrewsbury
dans le Shropshire. Son père est médecin, tout comme son grand-père
paternel, prénommé Erasmus. Ce dernier est également naturaliste,
auteur d’ouvrages qui ont marqué son époque. Le jeune homme entreprend
des études de médecine à Édimbourg, qu’il ne termine pas, puis de
théologie à Cambridge, mais se passionne véritablement pour
l’observation de la nature, en particulier la vie des insectes,
notamment les coléoptères, et des oiseaux, des coquillages, des
minéraux : toutes ces connaissances vont lui servir dans les années
à venir. Il connaît une première expérience sur le terrain dans
le Pays de Galles, en participant à une expédition géologique. Grâce
à son ami le botaniste John Stevens Henslow, il est admis en 1831
à bord du Beagle, un brick en partance pour un tour du monde, dont
la mission est de cartographier les côtes sud-américaines. Il sera
de retour en Angleterre cinq ans plus tard. L’occasion de voir du
pays est pour le jeune homme une de ces chances qui ne se refusent
pas.
Le Beagle, ou un garçon dans le vent de l’Atlantique
Commandé par le capitaine Robert FitzRoy, le petit
trois-mâts Beagle part de Plymouth le 27 décembre 1831. Darwin
est engagé en tant que naturaliste mais à titre gracieux. Il s’agit
pour l’Amirauté d’offrir un compagnon de voyage qui a de la conversation
au capitaine, lequel est à peine plus âgé que lui. Parmi les ouvrages
que ce dernier emporte figure les Principes de géologie de Lyell,
ainsi que des armes. À cette époque, les naturalistes se doivent
en effet d’être de bons chasseurs car on observe les animaux une
fois qu’on a les tués. La route passe par les îles de Madère et
des Canaries, Darwin fait passer le temps en mettant en bocal divers
animaux marins et en prenant des notes dans son journal de bord.
En février 1832, l’expédition fait une halte à Porto Praya dans
les îles du Cap Vert. Darwin explore l’archipel où il vérifie
le bien-fondé des théories de Lyell sur les îles volcaniques.
La découverte de l’Amérique
Après avoir été bizuté lors du passage de l’équateur,
Darwin accoste à Salvador de Bahia, au Brésil. La flore le
fascine, il y fait une razzia d’animaux, de plantes et de minéraux
dont il note scrupuleusement la description dans un registre, ainsi
que les conditions et les lieux dans lesquels il les a trouvés.
Il envoie ensuite ces spécimens en Angleterre afin qu’ils soient
distribués à des spécialistes. Le Beagle n’est en effet pas suffisamment
vaste pour tout entreposer. Au cours des nombreuses escales qui
ponctuent la mission cartographique sur les côtes brésiliennes,
uruguayennes et argentines, cette chasse naturaliste se reproduit.
Ainsi, par exemple, récolte-t-il un jour soixante-huit scarabées
différents. Darwin s’intéresse aussi à la vie des hommes rencontrés
dans la région : les esclaves brésiliens, les Amérindiens — il est
scandalisé par l’exploitation des premiers et les massacres dont
sont victimes les seconds - ou les gauchos de la pampa au sein desquels
il passe plusieurs semaines en partageant leur rude existence en
compagnie de son assistant Syms Covington. Là, il découvre une faune
surprenante, notamment le nandou (sorte d’autruche) et le guanaco
(sorte de lama).
En Argentine, en Uruguay, il met à
jour des fossiles tels que ceux du glyptodon et du mégathérium,
deux animaux disparus qui ressemblent respectivement à un tatou
et à un paresseux géants. Darwin se demande si leur effacement de
la faune terrestre ne peut être expliqué que par le seul déluge
raconté par la Bible. Et puis, pourquoi ces animaux anciens ressemblent-ils
autant à ceux d’aujourd’hui, à ceci près qu’ils sont de taille plus
importante ?
Le Beagle va et vient durant des mois et des mois
au long des rives du sud de l’Atlantique, allant de Buenos Aires
à Montevideo, des îles Falkland à Punta Alta, de Bahia Blanca
à Santa Fe. Les explorations sont nombreuses, notamment dans la
Sierra de Ventana, autour du Rio Negro, du Rio Santa Cruz et du
côté de la Terre de Feu où l’équipage rencontre des Fuégiens,
impressionnants Amérindiens qui vivent dans un dénuement incroyable
; ils seront décimés au cours du XIXe siècle. Environ trois années
après son départ d’Angleterre, le Beagle entame sa traversée du
détroit de Magellan pour rejoindre l’océan Pacifique.
Des coquillages au sommet des Andes
La mission du Beagle continue sur la côte du Chili,
laquelle fait l’objet de patients relevés cartographiques. Comme
à son habitude, Darwin saisit toutes les occasions de partir explorer
l’intérieur des terres. De Valparaiso, il entame notamment une boucle
dans les Andes qui le fait passer par Quillota, San Felipe,
Santiago, Rancagua, San Fernando, Navidad et revenir à Valparaiso.
Deux autres incursions en montagne suivront, ainsi qu’une virée
vers l’île Chiloé. Au cours de ses pérégrinations, il découvre un
gisement de coquillages fossiles dans la roche des environs du col
du Portillo, à 4 000 mètres d’altitude. Il vit aussi un tremblement
de terre à Valvidia dont il constate avec effarement les ravages
sur la population. Au terme d’une année dans la région, le Beagle
remonte vers le Pérou puis s’élance dans l’océan Pacifique
pour une investigation de plusieurs îles et archipels. Le premier
d’entre eux sera les Galápagos.
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