L’héritage de Darwin
Un débat acharné
Dès sa parution, L’origine des espèces est un
ouvrage qui est lu et commenté. Il partage la communauté scientifique
et fait très vite l’objet d’une controverse promise à une longue
postérité. Bien que Darwin n’ait pas explicitement évoqué le cas
de l’homme dans son livre, nombre de lecteurs le font à sa place.
Or, si les humains appartiennent à une famille, tout indique qu’il
s’agit de celle dont font partie les singes… Scandale !
L’ensemble des Églises chrétiennes, y compris le pape, dénoncent
les théories de Darwin. Mais, répandues rapidement à travers tout
le monde occidental, dans toutes les classes sociales qui plus est,
ces dernières ne rencontrent pas une hostilité générale. Nombreux
sont ceux qui prennent le parti du scientifique britannique. En
fait, c’est seulement en 1871 qu’il abordera de front la question
des origines de l’espèce humaine dans La Filiation de l'homme
et la sélection liée au sexe.
Charles Darwin poursuit donc ses travaux durant les deux décennies
qui suivent la parution de L’origine des espèces. L’un d’eux
est resté fameux. Il s’agit de son étude sur les orchidées sauvages
dont il révèle le pouvoir d’attraction sur les insectes, lesquels
deviennent involontairement les agents pollinisateurs.
Il meurt à Downe le 19 avril 1882, après avoir rédigé une Autobiographie.
On l’honore par des funérailles nationales, puis il est enterré
dans l’abbaye de Westminster, près d’un autre grand scientifique,
Isaac Newton.
Plusieurs espèces de descendants
Darwin est un de ces penseurs fondamentaux qui ont bouleversé la perception du monde, au même titre que Galilée, Marx, Freud ou Einstein. Ses théories forment une des bases de la génétique, la biométrie, la biologie moléculaire, la paléontologie, etc. Si, enrichis de multiples découvertes, les travaux de Darwin ont nourrit les plus grands scientifiques qui le suivirent dans une voie rationnelle, ils ont aussi été mal lues par d’autres.
L’idée de sélection naturelle en a fait délirer plus d’un. Les eugénistes ont ainsi prôné l’intervention volontaire de l’homme dans le contrôle de sa descendance, en imaginant des politiques autoritaires s’appliquant aux masses. Selon ce point de vue, c’est aux élites de considérer qui est digne de vivre ou pas ; à ne pas confondre avec le choix fait par des individus de procéder à une interruption volontaire de grossesse, par exemple, en cas de certitude concernant la non viabilité ou la très grave malformation d’un fœtus.
Autre avatar : le darwinisme social. Celui-ci consiste à penser les sociétés humaines comme un milieu naturel et à ne pas se soucier des plus faibles et des pauvres : que le plus fort gagne, en somme. Enfin, « l’homme descend du singe » est un propos erroné que d’aucuns, de bonne foi, continuent d’attribuer à Darwin.
Le créationnisme, une croyance qui n’évolue pas
Les créationnistes, terme sous lequel on regroupe les croyants des trois grands monothéismes qui lisent la Bible au sens littéral, sont les descendants des opposants de la première heure aux théories de Darwin. Pour eux, Dieu a créé l’univers en six jours voilà cinq milliers d’années, façonnant l’homme à son image.
L’un des pays où cette vision des choses fait l’objet d’une offensive permanente organisée depuis 150 ans est les États-Unis. Il est cependant à souligner que la majorité des croyants admettent aujourd’hui l’ensemble des connaissances acquises sur le thème de l’évolution des espèces. Pour leur part, ils lisent la Bible en interprétant les passages consacrés à la Création.
Les traces de Darwin sur les planisphères
Si Darwin a laissé une empreinte profonde dans la pensée humaine, différents lieux dans le monde portent son nom :
- Le canal de Beagle est un détroit qui
a pris le nom du navire où se trouvait Darwin. Il relie l'océan
Atlantique au Pacifique, passant de l’Argentine au Chili à travers
la Terre de Feu. Il permet d’éviter le passage par le cap Horn.
- Le canal de Darwin est un prolongement du précédent,
côté Pacifique. C’est le capitaine FitzRoy qui l’a nommé ainsi
en témoignage du geste de bravoure du jeune naturaliste qui sauva
un jour les barques du navire lors d’une expédition de reconnaissance
au pied de la cordillère des Andes. Des morceaux de glace avaient
provoqué de grandes vagues qui menaçaient d’emporter ces barques
: Darwin les fit hisser à terre juste à temps.
- Une année après cette aventure, le même capitaine
nomme mont Darwin le plus haut sommet de la Terre de Feu
(2 488 mètres), le jour des 25 ans de son compagnon de voyage.
L’ensemble des montagnes de ce bout du monde se nomme à présent
cordillère Darwin, tandis que son point culminant a été
rebaptisé mont Shipton en 2003.
- Le site de Port-Darwin tout au nord de
l’Australie est « découvert » par le capitaine John Lort Strokes
en 1839. Membre de l’expédition du Beagle, il rend hommage à son
ami en donnant son patronyme à ce port naturel. Une colonie britannique
est fondée à proximité en 1869. Elle est appelée Palmerston, nom
d’un premier ministre, puis devient la ville de Darwin
en 1911. On y trouve une université Charles-Darwin et un
parc national Charles-Darwin.
- Quant au Darwin College, partie de l’université de Cambridge,
sa création remonte à 1964. Il a été construit sur des terres
appartenant aux descendants du grand Charles.
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