Le festival franco-vietnamien de Huê
Suite au succès des éditions 2000 et 2002, le festival de Huê met à nouveau le patrimoine culturel du Vietnam à l’honneur : du 12 au 20 juin prochain, une kyrielle d’artistes venus des quatre coins du monde et du Vietnam débarque dans les rues en fête de l’ancienne capitale. Dîners impériaux, spectacles de marionnettes, danses chinoises : le programme des festivités devrait attirer plus d’un million de visiteurs dans cette ville classée au patrimoine mondial par l’Unesco. À l’occasion du 50e anniversaire de Diên Biên Phu, la France parraine le festival, pour sceller l’amitié retrouvée entre deux frères jadis ennemis.
Préparez votre voyage avec nos partenairesLe rendez-vous des artistes du monde
Tout commence en 1992 : le succès du premier festival franco-vietnamien de Huê fait naître l’idée d’une fête culturelle d’envergure qui élargirait les échanges culturels et développerait le tourisme dans la province de Thua Thien Huê. Différents ministres ainsi que l’ambassadeur de France au Vietnam appuient le projet, de sorte qu’en 1998, le gouvernement autorise la province à organiser le festival Huê 2000. L’expérience est renouvelée en 2002.
Pour sa troisième édition, le festival se veut plus international que jamais. Avis aux mordus de folklore russe, de tangos argentins endiablés et de spectacles de cirque chinois : le festival mettra les bouchées doubles pour rendre hommage aux talents du monde. L’entrée des artistes se fera en grande pompe, avant la cérémonie d’ouverture le 12 juin. Sculpteurs, comédiens, danseurs défileront aux couleurs de leur pays devant la Porte du Midi, dans une ambiance multiculturelle digne de celle du Vietnam d’aujourd’hui.
Quant à la France, principale marraine du festival, elle présentera un vaste panel de divertissements : W.H.A., un music-hall moderne créé par Régine Chopinot, Histoire du Soldat, un spectacle musical dirigé par le chef d’orchestre Xavier Rist et le metteur en scène Marcia Fiani sera présenté au Théâtre Royal. Quelques illustres citoyens français apporteront donc au festival la petite touche francophone si chère au cœur des Vietnamiens. Cinquante ans après la terrible défaite du 7 mai 1954, la France se devait de répondre présent à l’appel de son ancienne colonie. La page de Diên Biên Phu est bel et bien tournée, place désormais à la fête !
Hommage au Vietnam d’hier et d’aujourd’hui
Que les voyageurs férus de traditions se rassurent, le festival honorera à leur juste valeur les splendeurs du Vietnam impérial. Tous les trois jours, ballets et dîners dignes de l’époque des empereurs Nguyen plongeront le public dans les fastes du XIXe siècle. Et chaque soir, un banquet célébrera la gastronomie de Huê sur l’esplanade de la Cité Impériale, sur fond de nha nhac, cette musique de cour solennelle récemment reconnue par l’Unesco comme héritage culturel immatériel mondial. Pour le plus grand bonheur des papilles et des petites oreilles des visiteurs.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’édition 2004 se veut résolument moderne : l’art contemporain du Vietnam mérite lui aussi qu’on lui rende les honneurs ! D’où le lancement de la Fashion Week, une semaine de la mode « dernier cri » selon les organisateurs, ponctuée de défilés de mode. Sans compter que des troupes de Hanoi et des Hauts Plateaux viendront inaugurer, sur le lac de la Méditation, le premier festival de marionnettes. Preuve en est que la vie culturelle du Vietnam d’aujourd’hui regorge de nouveaux talents.
Toute une ville en fête
Pas étonnant que Huê soit l’instigatrice d’un tel festival : le rayonnement intellectuel de cette « ville-poésie » – dixit Iu Murdin, architecte russe habitué des métropoles vietnamiennes – est incontestable. Et les habitants se mobilisent pour célébrer leur patrimoine. Est-ce en raison du sang royal ou princier qui coule dans les veines de nombre d’entre eux ? Toujours est-il que du Palais An Dinh aux maisons-jardins de Huê, chaque quartier sera le théâtre de jeux populaires et autres récitals de poésie. La rivière des Parfums connaîtra elle aussi son heure de gloire, puisque des sampans du Delta du Mékong débarqueront, pour des démonstrations à coup sûr enivrantes.
Qui dit festival d’envergure, dit nécessairement infrastructures à la hauteur. Depuis quelques mois déjà, la municipalité de Huê ne lésine pas sur les moyens : villas construites ici et là, restaurants florissants, circuits piétons élaborés… Rien ne semble trop beau pour les visiteurs ! Reste que ce chantier est en fin de compte une valeur ajoutée pour la ville et ses monuments : le palais de la Reine Mère et les tombeaux de Khai Dinh ont même été remis en état. Pourquoi un tel branle-bas ? Pour accueillir plus d’un million de visiteurs pardi ! D’autant que les Vietnamiens devraient également faire le déplacement, car le festival a lieu pendant leurs vacances scolaires. Mais aussi parce que Huê ambitionne de faire de ce festival une véritable institution.
P’tites adresses à Huê
- Hôtel Thanh Nôi : 3, Dang Dung. Tél. : (0084) 54-82-24-78. Un des rares hôtels situés dans la citadelle. Bâtiment d’époque coloniale restauré. Chambre de 10 à 20 US$. L’hôtel fait aussi resto (bon et prix moyens).
- Restaurant Hué : 3 A, Vo Thi Sau. Tél. : (0084) 54-82-29-68. Près de l’angle avec la rue Pham Ngu Lao. Très central. Menus à 5 et 10 US$. Très bonne adresse servant une cuisine fine et copieuse. Service attentionné. Le patron parle français.
À voir sur le Web
- Le site officiel du Festival de Huê 2004, en français.
- Le site de l’office de tourisme vietnamien, en anglais.
Texte : Laure de Charette
Mise en ligne :