Sky
Auteur : Patrick Chauvel
Editeur : Oh Éditions
311 Pages
« J’ai l’impression de moisir dans cette jungle depuis mille ans. » Nous sommes en 1970. Patrick Chauvel, tout jeune photographe, débute dans le métier et patrouille au Vietnam avec des soldats américains. Parmi eux, Sky : « un Apache, notre joker. Le pire fils de pute de tous les salauds qu’on ait jamais vus dans cette saloperie de jungle », ce sont les mots du radio au reporter. Immense, le visage percé par deux yeux gris clair, barré par des peintures de guerre et encadré par de longs cheveux noirs : Sky Eyes l’Indien fixe le photographe, puis disparaît.
« La seule chose que je sens quand je tue un Viet… c'est le recul de mon M-16. » En vérité, à lire le récit de Patrick Chauvel, Sky ne peut se résumer à cette phrase inscrite sur son casque. En tout cas, il va devenir cet ami extraordinaire que l’on ne rencontre qu’une seule fois dans la vie. Et qui lui fait promettre de raconter un jour son histoire. « Ça a été comme un coup de foudre. On était jeunes, naïfs, en quête du Graal » raconte Chauvel. Trente-cinq ans après, il publie enfin un livre éponyme. Promesse tenue.
Sky, c’est donc l’histoire d’une amitié un peu folle qui démarre au Vietnam, passe par Amsterdam et s’arrête brusquement à Paris, jungle urbaine où l’Indien déserteur perd ses repères et bascule. On y rencontre également Jean Chauvel, grand-père de l’auteur et grand diplomate qui a pris part aux accords de Genève en 1954. « Plus tard si tu veux, tu écriras », lui dit le vieil homme. Un jour où il sera temps de parler de sa colère à lui et plus de celle des autres. Des années après, en effet, Patrick Chauvel, déjà auteur de Rapporteur de guerre, s’est donc lancé dans l’écriture d’un roman aux douloureux accents de réalité. Un roman qui parvient à dire l’indicible, la guerre, l’angoisse, la mort. « La vie est parfois pire que les cauchemars », confie Chauvel, marqué au fer rouge par cette amitié qui n’a rien pu contre le destin.
Lire également l’interview de Patrick Chauvel dans notre rubrique « L’invité ».
Texte : Juliette Serfati
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