J’avais huit ans
Auteur : Françoise Huguier
Editeur : Actes Sud
208 Pages
Il est des histoires personnelles qui mettent très longtemps à être racontées. Françoise Huguier a attendu cinquante ans avant de relater un douloureux et fondateur épisode de sa vie. Il n’appartient qu’à elle et, pourtant, on en lit le récit sans avoir l’impression d’être indiscret. Photographe de métier, l’auteure organise son ouvrage autour de prises de vue saisies au cours d’un voyage effectué sur les traces de son enfance. Un texte aussi concis que précis dit ce qu’il faut savoir. En 1950, Françoise a huit ans. Son père exploite une plantation d’hévéa, arbre dont on tire le latex en procédant à des saignées. De ce liquide, on fait du caoutchouc. Elle est, nous sommes, à Krek à la frontière du Cambodge et du Vietnam. La guerre d’indépendance a commencé dans ces deux pays occupés par la France. D’un côté, c’est le mouvement Issarak qui mène le combat, de l’autre le Viêt-minh. Un soir, la famille Huguier se rend à une soirée donnée à la plantation de Chup. La fête bat son train lorsque un groupe Viêt-minh attaque. Des corps tombent, chacun cherche à fuir. Les enfants Huguier, Françoise et son frère, âgé de douze ans, se cachent. Leurs parents croient qu’ils ont pu quitter les lieux sains et saufs. En fait, attrapés par les assaillants, ils vont être retenus en otage durant huit mois dans un camp situé en pleine jungle. D’une part, le texte restitue les événements vus à hauteur de petite fille, d’autre part les photos racontent les sites qu’a pu retrouver la femme d’expérience qu’est devenue Françoise Huguier. Il est impossible d’oublier les visages fermés des gens rencontrés, ces clichés du domaine où se déroula le drame, cette piscine à l’abandon… Avec humanité et sans pathos, Françoise Huguier parvient à rendre sensible ses épreuves, ainsi que celles du peuple cambodgien.
Préparez votre voyage avec nos partenairesTexte : Michel Doussot
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