Le chagrin de saint Antoine et autres histoires mexicaines
Auteur : B. Traven
Editeur : Éditions La Découverte, collection Culte Fictions
110 Pages
« Après beaucoup d’efforts, Sylvestre, un mineur, avait enfin pu s’offrir une montre de poche. » Ainsi commence Le chagrin de saint Antoine, une histoire au cours de laquelle le héros, qui a perdu son précieux trésor, demande des comptes au fameux saint. B. Traven (vers 1890-1969) la raconte dans ce recueil de nouvelles inédites*. Cette phrase résume assez bien de quoi ces dernières sont faites : un style direct, une forme proche du conte et l’expression d’une grande estime pour le « petit » peuple mexicain.
Anarchiste, B. Traven, alias Ret Marut et autres pseudonymes – il y en a tellement que l’on ne sait toujours pas son vrai nom ! –, a fui l’Allemagne après avoir participé à la République des conseils de Bavière en 1919. Après maintes aventures, il s’est installé au Mexique. De là, il écrivit de nombreux récits dont le plus connu est le Trésor de la Sierra Madre (adapté au cinéma par John Huston, avec Humphrey Bogart). Très proche des Indiens du Chiapas, ainsi que des peones et autres gueux de sa terre d’adoption, il s’est nourri de leur vécu, ainsi que de leurs légendes pour raconter ses histoires. L’absence de jugement moral renforce ces dernières.
Il nous narre par exemple comment l’utilisation de la dynamite peut régler des querelles domestiques. Eh, on est au Mexique ! C’est truculent sans être pittoresque, teinté de fantastique comme souvent lorsqu’on écrit depuis l’Amérique latine, parfois violent, donc, mais pas toujours. Le livre s’achève par une légende qui nous apprend comment la lune a été créée par un brillant Indien assisté d’un lapin. Attention : goûter à ces récits vous rend addict. Heureusement, les Éditions de La Découverte ont déjà réédité quatre autres volumes du même auteur et rien ne dit qu’elles vont s’arrêter en si bon chemin.
* Traduites de l’allemand et présentées par Pascal Vandenberghe
Texte : Michel Doussot
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