Mexico, nos coups de cœur
Trépidante, effervescente, chaotique et tentaculaire. Avec une agglomération de plus de 20 millions d’habitants, Mexico est l’une des plus grandes métropoles au monde et l’une des plus passionnantes d’Amérique latine, malgré une pollution endémique et des problèmes de sécurité dans certaines zones périphériques. D’un quartier à un autre, on inspecte les commerces, on se promène dans ses musées, on s’imprègne d’images. Enseignes à la peinture, street art dans la lignée du muralisme, vendeurs de rue, marchés couverts, cireurs de chaussures, bouquinistes… Tous unis par une fascinante identité mexicaine, mélange d’influences hispaniques, nord-américaines et précolombiennes. Dominée au loin par le volcan Popocatepetl, Mexico possède une âme flamboyante, que les visiteurs patients découvriront des étincelles dans les yeux.
Préparez votre voyage avec nos partenaires- Partir sur les traces des Aztèques à Mexico
- Balade dans le centre historique de Mexico
- Prendre un bol d’oxygène à Chapultepec
- Xochimilco, la Venise mexicaine
- Aller à la rencontre de Frida Kahlo et Diego Rivera
- Se délecter de tacos et d’esquites (entre autres...)
- Boire une tequila dans les quartiers branchés de Zona Rosa, Condesa et Roma
- Admirer des Rodin dans le quartier chic de Polanco
- Arpenter les quartiers populaires de Mexico
- Gravir les marches des temples de Teotihuacán
- Pour en savoir plus
Partir sur les traces des Aztèques à Mexico
Avant d’avoir été envahie par les conquistadors espagnols en 1519, la cité de Tenochtitlan – future Mexico – brillait comme un joyau de la civilisation aztèque. Dans le parc de Chapultepec, l’exceptionnel Musée national d’anthropologie en dévoile toute l'histoire et la richesse, à travers une collection exceptionnelle d’objets précolombiens.
De masques mortuaires en sculptures menaçantes, en passant par des objets usuels ou d’art, derrière les vitrines se déploie un fascinant spectacle immobile. La façade monumentale du musée et sa fontaine – un cylindre géant entouré d’un rideau d’eau – dans la cour du bâtiment rendent déjà humble.
Autre témoignage du passé, moins impressionnant, le Templo Mayor qui se trouve sur le Zocalo, place centrale de Mexico. En 1978, lors d’un chantier de la compagnie nationale d’électricité, les ouvriers sont tombés sur les vestiges de la cité aztèque de Tenochtitlan. Désormais à l’air libre, les ruines sont visibles de l’extérieur ou de plus près. Il faut alors rentrer dans le musée du temple, qui expose les 7 000 objets découverts lors des fouilles archéologiques.
Les restes d’une pyramide aztèque dédiée à Ehecatl, le dieu du vent, décorent même la station Pino Suarez. Rencontre avec le futur : c’est dans ce même métro qu’ont été tournées des scènes d’un film de science-fiction de Paul Verhoeven : Total Recall (1990).
Balade dans le centre historique de Mexico
Le vieux centre (Centro Historico) est formé de rues quadrillées, comme un plan de damier, tout autour de la place de la Constitution (Zócalo). Rassemblant les Mexicains lors des événements populaires, cet espace est bordé par des bâtiments historiques, comme le Palais national, siège de la présidence, ou la Cathédrale métropolitaine de Mexico.
Dans les environs proches, les rues Isabel la Catolica et Republica de Chile présentent comme une succession de magasins pour princesses. Beaucoup de robes de cérémonie kitsch pour célébrer le passage des filles à l’adolescence. Sur la rue José María Pino Suárez, après avoir longé des galeries marchandes, un pas dans le Musée de la ville de Mexico, un palais construit en 1781, permet d’admirer un typique patio intérieur.
Ne pas manquer de monter dans la Torre Latino. Haut de 183 m, ce gratte-ciel, construit en 1956 par les mêmes ingénieurs que l’Empire State Building, a résisté à tous les tremblements de terre. Au sommet, on assimile la (dé)mesure de la ville. Juste en bas, à côté du parc Alameda Central, une pâtisserie en marbre de Carrare surmontée d’une chantilly dorée, c’est le Palais des Beaux-Arts.
De l’autre côté, le palais des comtes del Valle de Orizaba, ou Casa de los Azulejos, paraît surgie de Lisbonne, avec murs recouverts de carreaux en faïence bleue. Plus contemporaine, l’entrée du métro Bellas Artes, qui rend hommage à son confrère parisien avec ses fers forgés style Guimard. Même si on n’a pas de carte postale à envoyer, il faut visiter le palacio de Correos, un bureau de poste magnifique par ses escaliers, rambardes et verrières majestueuses.
Prendre un bol d’oxygène à Chapultepec
Dans le poumon vert de la ville pullulent des écureuils et les oiseaux les plus emblématiques de Mexico : le quiscale à longue queue, aux airs de corbeau chétif, et la colombe à queue noire, aussi gracieuse qu’un pigeon.
Le bois de Chapultepec possède un lac sur lequel les habitants se prélassent en pédalo et des rivages propices au pique-nique. Outre son Musée national d’anthropologie, le parc abrite un zoo, le musée d’Art contemporain Tamayo, le Musée d’art moderne… Et un château, perché en haut d’une colline, le seul château d’Amérique du Nord à avoir été la demeure de souverains. Par la suite et jusqu’en 1939, cet élégant édifice néoromantique, aux terrasses en carrelage façon damier hypnotique, fut la demeure des présidents.
Des années plus tard, ce cadre raffiné a servi de décors aux films Vera Cruz (1954) de Robert Aldrich et Roméo + Juliette (1996) de Baz Luhrmann. Le contraste de ces vieilles pierres avec les gratte-ciel à l’opposé – Chapultepec Uno (241 m), Torre Mayor (225 m) – donne le vertige des siècles écoulés.
Xochimilco, la Venise mexicaine
Mexico, à 2 240 m d’altitude, s’affaisse chaque année d’environ deux centimètres. Pour comprendre ce phénomène, il faut remonter aux origines de la ville. Environnée de canaux, la cité de Tenochtitlan était bâtie sur le lac Texcoco, progressivement asséché sous la domination espagnole. De cet ancien paysage lacustre et verdoyant, il ne reste plus que Xochimilco, à 28 km au sud de la ville.
À la fin du 15e siècle, ce quartier était relié à Tenochtitlan par une chaussée qui servait aussi de digue. Xochimilco rassemblait des chinampas, des surfaces cultivables. C’est le reflet d’une époque où les premiers habitants, les Mexica, vivaient en symbiose avec l’eau. Ils avaient fondé comme un jardin fertile avec des champs de haricot, de maïs, de tomate, ces deux derniers aliments étant inconnus en Europe il y a 600 ans.
Parfois surnommé la « Venise mexicaine », Xochimilco a été inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1987. Le lieu peut se visiter à bord de grandes barques colorées à fond plat appelées « trajineras ». Curiosité de l’endroit : « La Isla de la Munecas », une île où des poupées par dizaines sont accrochées aux branches des arbres. Flippant.
Aller à la rencontre de Frida Kahlo et Diego Rivera
En 1904, son père hongrois fit bâtir une maison dans le quartier paisible de Coyoacán. Pour sa fille, Frida Kahlo, elle deviendra la Casa Azul (« la maison bleue ») en référence à la couleur des murs. Dans les années 1930, elle y accueille politiques et artistes avant-gardistes : s’y croisèrent l’écrivain français André Breton et le couple Trotski en exil.
Dans cette villa comme coupée du monde, un jardin luxuriant est parsemé des objets que la peintre avait amassés au cours de sa vie. Les parties anciennement habitées se visitent : les chambres, le lit mortuaire, la cuisine chaleureuse où on a l’impression que Frida Kahlo vient juste de s’absenter. Dans son atelier, ses pinceaux, des livres derrière une bibliothèque, sa chaise roulante et le miroir qui lui servait pour ses autoportraits provoquent un pincement de cœur. Sur les murs, on contemple ses œuvres et celles de Diego Rivera.
Pour en voir d’autres de son mari, direction notamment le museo mural Diego Rivera, dans les environs de l’Alameda, et bien sûr le Palais national. Le fondateur du mouvement muraliste a réalisé son chef-d’œuvre sur les murs de l’escalier principal : L'Épopée du peuple mexicain. Se munir de son passeport pour entrer au Palais, les autorités ne se satisfont pas d’une photocopie.
Se délecter de tacos et d’esquites (entre autres...)
À l’heure du déjeuner, les stands de nourriture sont pris d’assaut dans les rues. Certains y mangent un coude sur le comptoir, d’autres s’affalent sur les chaises en plastique. Dans ces spots conviviaux et sans chichis – difficile de ne pas faire couler sur les doigts –, on déguste les plats les plus emblématiques du pays : les tacos. Autre plat bien roboratif, les quesadillas, remplies de fromage et de légumes.
Le légume le plus consommé est bien sûr le maïs, transmis aux Aztèques par le dieu Quetzalcóatl. En guise de casse-croûte, il est servi chaud et consommé sous le nom d’« esquites ». Délicieusement assaisonné de jus de citron vert, il est parfois saupoudré de coriandre ou d’épazote, plante aromatique typique du Mexique à la saveur légèrement citronnée.
Pour ce qui est de la boisson, les supermarchés délivrent des sodas à ne plus savoir choisir, comme aux États-Unis. Et beaucoup d’eau, puisque personne ne consomme celle du robinet. On recommande leur boisson chaude et réconfortante à base de maïs, l’atole. Et bien sûr du jus de fruits frais. À propos, les gens aiment parsemer de piments leurs fruits frais. Côté alcool, la bière, la tequila et le pulque, le jus fermenté de l’agave, plus rare.
Boire une tequila dans les quartiers branchés de Zona Rosa, Condesa et Roma
Trois quartiers regorgent de cafés et de boutiques. D’abord la Zona Rosa, à côté de l’avenue Paseo de la Reforma. Cette artère urbaine à l’initiative du dictateur Porfirio Diaz en 1865 n’a rien à envier aux Champs-Élysées et aux boulevards haussmanniens auxquels elle a emprunté le gigantisme. Bon… des Mexicains affirment que la Zona Rosa a perdu de sa superbe. De nombreux établissements, prisés de la communauté LGBT, ont fermé. Mais le quartier demeure un endroit privilégié pour les pots du soir. De chaque bar émanent des musiques qui empiètent l’une sur l’autre. Une cacophonie qui glisse sur les oreilles des jeunes clients.
Tranquille, le quartier bobo de Condesa a des allures parisiennes. Sauf les palmiers au-dessus des bancs, les petits jardins publics ouverts à toute heure, et les jacarandas en fleur. Une floraison qui vaut bien celle des cerisiers au Japon. En mars et avril, le sol se revêt d’un tapis uniforme de fleurs violettes. Enfin, il y a Roma, au cœur d’un film du réalisateur Alfonso Cuaron. Le quartier, ancien lieu de prédilection de la petite et moyenne bourgeoisie de Mexico, gagne en hipsters comme en animation.
Admirer des Rodin dans le quartier chic de Polanco
Si la Défense et le 16e arrondissement parisien avaient eu un enfant sous ces latitudes, ils l’auraient baptisé Polanco… du nom de ce quartier chic et high-tech de Mexico. Les rues sont bordées de galeries, d’ambassades, de villas sophistiquées sous caméra-surveillance. L’un des plus copieux musées de la ville est niché entre un aquarium et un centre commercial. Fondé par Carlos Slim, la plus grande fortune du Mexique, le musée Soumaya, du nom de sa femme décédée, ressemble à l’extérieur à un immense cube distordu, sans fenêtre. Il est constitué de 16 000 tuiles hexagonales en aluminium.
À l’intérieur, sur six étages, le milliardaire a exposé toutes ses acquisitions. Sont présentées des toiles de la Renaissance (Le Greco, Rubens, Botticelli...) jusqu’aux impressionnistes (Edgar Degas, Pierre-Auguste Renoir, Claude Monet...) en passant par quelques œuvres du fabuleux peintre mexicain Alfredo Ramos Martinez. Au dernier étage, des sculptures et de nombreux Rodin. C’est la seconde collection la plus importante après celle dédiée au sculpteur à Paris.
En face du musée, une des attractions récentes de la ville, ouverte en 2004 : l’Acuario Inbursa. Un lieu idéal pour y emmener des enfants, bien que le prix de la visite s’avère un peu cher. Mais sur 3 500 m2, aucun autre lieu proche au Mexique ne propose de voir 3 000 espèces animales : batraciens, reptiles, poissons, méduses…
Arpenter les quartiers populaires de Mexico
Envie de quitter les sentiers battus ? Direction Salto Del Agua, au sud du centre historique. On franchit le Chinatown local. On passe devant les kiosquiers, nombreux et voués à se raréfier, qui accrochent la une souvent sanguinolente du journal à sensation La Prensa. On longe des murs illuminés par des œuvres de street art auquel des circuits sont même consacrés. Et voici Salto Del Agua, un quartier grouillant de vie et de commerces…
Au choix dans les étals : luminaires, vêtements, bibelots, DVD piratés, films pornos, sucreries, cassettes audio... On s’abrite du soleil dans des marchés couverts, comme celui de San Juan. Le Mexique ici se révèle sous sa face consumériste et populaire.
Autre quartier authentique du Cuauhtémoc, cette fois vers le Nord : Santa Maria la Ribera. En remontant l’avenue des Insurgés, la plus longue de Mexico (près de 29 km), on fait un détour par l’imposant Monument à la révolution, construit de 1910 à 1938 et haut de 67 m. Des nombres moins impressionnants que celui des spectateurs ayant assisté à cet endroit au concert gratuit de Britney Spears en 2011 : 80 000 fans !
Non loin, dans cette ville qui compte 150 musées, du chocolat à l’art moderne, en passant par la lumière, voici le Museo Universitario del Chopo. Accueillant des expositions d’art contemporain, ce bâtiment de style Art nouveau a pour particularité d’avoir été bâti en Allemagne en 1902 avant d’être entièrement remonté à Mexico trois ans plus tard. Ses deux tours rappellent deux mini-sommets de la tour Eiffel.
C’est dans ce vieux quartier de Santa Maria La Ribera qu’on trouve aussi un étonnant kiosque, au milieu de sa place Alameda, le kiosco Morisco. Un pavillon de style néo-mudéjar comme tout droit sorti d’un conte des Mille et une Nuits. Donnant sur cette même place, se love un musée de la géologie, tout plein de charme malgré sa désuétude. Les rues adjacentes transportent comme des échos de La Havane : murs fissurés, peintures uniformes et pourtant défraîchies, et parfois sur le trottoir un autel qui rappelle la religiosité fervente des Mexicains.
Gravir les marches des temples de Teotihuacán
Pour se représenter plus fidèlement ce que fut Tenochtitlan, un détour par le site de Teotihuacán s’impose. À une cinquantaine de kilomètres au nord de Mexico, la plus grande ville de toute l’Amérique précolombienne au premier millénaire est facilement accessible en voiture ou en bus.
Il faut prévoir une journée entière pour visiter le site, tellement sa superficie est importante. Les deux monuments les plus emblématiques Pyramide du soleil et Pyramide de la lune se détachent au loin.
La première, à 65 m de hauteur, exige une bonne condition physique, les marches sont hautes et raides. Au sommet, des touristes lèvent les bras en direction des cieux, d’autres groupes se livrent à des rituels ésotériques, assis jambes croisées, entonnant des mélopées insensées.
La vue incroyable, à 360° sur les alentours, permet aussi de juger de l’importance du site. De dimension plus modeste, la Pyramide de la lune se dresse devant une place contenue par des plates-formes en pierre. Une symétrie impeccable.
Plus à l’écart, le Temple du serpent à plumes, que les sculptures ornant les marches semblent figer dans la fureur. Teotihuacán, un lieu magique et exceptionnel, dont ni les cris des vendeurs ambulants ni la foule (importante le dimanche, car l’entrée est gratuite) ne dissipent la splendeur.
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Texte : Joel Metreau
Mise en ligne :